ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"697"> moins facilement vers la superficie de l'eau, selon qu'elle se trouve plus ou moins remplie d'air.

Elle est située entre les reins & les oeufs ou la laite. Elle s'étend depuis le diaphragme jusqu'à la vessie urinaire.

Elle est attachée légerement par des fibres & des vaisseaux à toutes les parties qui la touchent, mais elle tient très - fort à la base d'un petit os qui ressemble de figure à la partie antérieure d'une mitre. La partie supérieure de la membrane externe de cette vessie est attachée si fortement à cet os, qu'on ne peut la séparer sans la couper ou la déchirer; il y a même quelques - unes des fibres de cette membrane, qui sont continues avec le diaphragme.

Cette vessie est composée de deux vésicules. La premiere est la plus grosse & la plus près du diaphragme; elle a trois pouces ou environ de longueur, & dix - huit à vingt lignes de diametre à l'endroit où elle a plus de grosseur; elle forme une espece d'ovale.

La seconde vésicule qui est plus petite en grosseur que la précédente, est de deux ou trois lignes plus longue que la premiere; mais elle n'a qu'environ douze lignes de diametre dans l'endroit où elle a le plus de grosseur.

Chacune de ces vésicules a deux membranes, une externe & une interne. La premiere tendineuse & forte, est double; ce que l'on apperçoit très - bien en la déchirant, principalement lorsqu'elle a été macérée dans l'eau. On voit que chacune des deux lames qui la composent a des fibres, dont la direction est différente. Les fibres de la lame extérieure sont plus obliques que celles de l'intérieure.

La seconde membrane est très - fine: malgré cela, on reconnoît par la macération, qu'elle est double; elle renferme dans sa duplicature un muscle dont les fibres sont transverses, & occupent toute la longueur de la vésicule, ou peu s'en faut, & environ le tiers de sa circonférence. Les fibres inférieures se croisent à angles droits, avec d'autres fibres charnues, qui sont à la partie inférieure de la vésicule.

La seconde vésicule a les mêmes membranes: mais les externes sont plus fines que celles de la premiere vésicule. Elle a deux plans de fibres charnues & transverses, un de chaque côté, qui regnent dans toute la longueur de la vésicule: mais chaque plan n'occupe qu'environ le quart dela circonsérence.

Les deux vésicules communiquent l'une à l'autre par un petit canal qui a environ une ligne de diametre, & 2/3 de ligne de longueur pour l'ordinaire. Il n'y a point de valvule, & l'air passe librement de l'une à l'autre vésicule.

Tout le monde connoît l'usage de la vessie aérienne; selon qu'elle est plus ou moins remplie d'air, elle rend le corps du poisson plus ou moins pesant, & par là propre à monter à la superficie de l'eau, ou à s'enfoncer plus ou moins dans l'eau.

Tout le monde connoît aussi la nécessité absolue de l'air, & même du renouvellement d'air pour la vie des poissons. La machine du vuide a prouvé l'un & l'autre depuis long - tems; & c'est sur la carpe que les expériences en ont été faites le plus souvent, ce poisson étant fort commun.

Si l'on met une carpe mâle dans un vaisseau plein d'eau, placé fous le récipient de la machine pneumatique, & que l'on pompe l'air trois ou quatre fois, la carpe commence à s'agiter; toute la fursace de son corps devient perlée; il lui sort par la bouche & par les ouies une infinité de bulles d'air fort grosses, & la région de la vessie aérienne s'enfle considérablement. Si l'on recommence à pomper, les ouies recommencent à battre, mais peu de tems & foiblement; ensuite la carpe demeure sans aucun mouvement, & la régioa de la vessie aérienne devient si gonflée & si tendue, que la laite fort en s'éfilant par l'anus: enfin au bout d'une demi - heure ou environ, la carpe meurt; si on l'ouvre, on trouve d'ordinaire la vessie aérienne crevée.

Les reins. Les reins de la carpe sont rouges - bruns, mollasses, semblables en quelque maniere à du sang caillé: ils occupent la plus grande partie de la poitrine, & de - là s'étendent dans toute la longueur du bas - ventre jusqu'à la vessie; ils sont adhérens au péritoine, auffi bien qu'aux ovaires, ou à la laite; ils se grossissent en bosse triangulaire, & sont logés entre les deux vésicules aériennes; ils remplissent l'espace que ces vésicules laissent entr'elles.

L'urine passe immédiatement de la substance des reins dans les uréteres, par le moyen des vaisseaux excrétoires qui s'y rendent. Les uréteres sont, comme l'on sait, des canaux qui transportent l'urine des reins dans la vessie. Ils sont dans la carpe cachés en partie dans la substance des reins, & principalement dans la partie qui est renfermée dans la poitrine.

La vessie urinaire. La vessie urinaire est une capsule oblongue, arrondie, & qui étant gonflée, ressemble à une petite cucurbite renversée, dont l'embouchure est tres - étroite. Elle ne paroît composée que d'une seule membrane qui est fort fine; son embouchure est tout près de celle du rectum, à la partie postérieure de l'anus dans les carpes oeuvées: mais dans les carpes laitées, on ne la découvre point au - dehors; on la trouve dans le canal commun des vésicules séminales.

Des carpes hermaphrodites. M. Morand a fait voir à l'Académie des Sciences en 1737, les parties intérieures d'une grosse carpe, où l'on voyoit distinctement d'un côté les oeufs, & de l'autre la laite: elle étoit donc véritablement hermaphrodite. A cette occasion, M. de Reaumur dit qu'il avoit observé plusieurs fois la même chose dans le brochet; & M. Marchand dans le merlan. On y peut ajoûter les moules, dont nous parlerons: & voilà bien des poissons hermaphrodites qui en feroient soupçonner beaucoup d'autres. Que d'éclaircissemens à desirer sur ce sujet! Toute une espece n'aura - t - elle que des hermaphrodites, ou fera - t - elle mêlée? Plusieurs hermaphrodites ont le besoin ordinaire d'un autre animal de leur espece pour engendrer; les moules engendrent toutes seules. De quel genre seront ces nouveaux hermaphrodites qui se trouvent parmi les poissons? ce sont tout autant de que stions de M. de Fontenelle.

De la respiration de la carpe. Mais de quelque sexe que soient les carpes, oeuvées, laitées, hermaphrodites, elles ont toutes besoin de respirer pour vivre.

M. Derham dit, que pourvû qu'on les mette dans un endroit frais & dans une position qui ne gêne point leur respiration, elles peuvent vivre long - tems dans l'air, & hors de l'eau; ce qu'il prouve d'après le témoignage d'une personne très - illustre & très - curieuse, par la maniere dont on les engraisse en Hollande, laquelle a aussi été pratiquée en Angleterre. On les suspend à la cave, ou en tout autre lieu frais, dans un petit filet, sur de la mousse humide; ensorte que la tête de la carpe sorte hors du filet. On les nourrit de cette maniere de pain blanc qui a trempé dans du lait.

Ce fait est aisé à vérifier: il n'est pas aussi facile de démontrer toutes les pieces qui servent à la respiration de ce poisson; elles montent à un nombre si surprenant, que l'imagination même en est effrayée. Mais sans entrer dans un détail que je ne saurois faire par écrit, je me contenterai d'en donner le dénombrement, que personne ne sera fâché de voir; & je ne donnerai point ce dénombrement en chiffres, de peur que quelqu'un ne soupçonne ici des fautes d'impreffron.

Les pieces osseuses sont an nombre de quatre mille [p. 698] trois cents quatre - vingts - fix: il y a soixante - neuf muscles.

Les arteres des ouies, outre leurs huit branches principales, jettent quatre mille trois cents vingt rameaux; chaque rameau jette de chaque côté sur le plat de chaque lame, une infinité d'arteres capillaires transversales, dont le compte ne seroit pas impossible: il passe de beaucoup tous ces nombres ensemble.

Il y a autant de nerfs que d'arteres, les ramifications des premiers suivant exactement celles des autres.

Les veines ainsi que les arteres, outre leurs huit branches principales, jettent quatre mille trois cents vingt rameaux, qui sont de simples tuyaux, & qui à la différence des rameaux des arteres; ne jettent point de vaisseaux capillaires transversaux.

Ce nombre prodigieux d'os, de muscles, de vaisseaux, de nerfs, de veines, & d'arteres, concourant au même but, arrangés avec tant d'industrie, marquent sans doute la main du souverain artiste. Que ses oeuvres sont admirables! Et puisqu'il ne s'est point lassé de les produire dans les eaux comme sur la terre, suivant la remarque de Galien, les hommes peuvent - ils jamais se lasser de les lire & de les étudier! Que cette étude est belle! qu'elle est intéressante!

Etude de tout tems, de tous lieux, de tout âge, Que n'épuiseront point les siecles à venir! Je la propose aux grands, je la propose au sage: Par où saurois - je mieux finir?

Article communiqué par M. le Chevalier de Jaucourt.

La pêche de la carpe n'a rien de particulier.

CARPÉE (Page 2:698)

* CARPÉE, s. m. (Hist. anc.) espece de pantomime ancienne, que les Athéniens & les Magnésiens peuples de Thessalie, avoient coûtume de danser de la maniere suivante. Un des danseurs mettoit bas ses armes, sembloit labourer & semer, regardoit souvent derriere lui, comme un homme inquiet. Un second danseur imitoit l'action d'un voleur qui s'approche. Le premier reprenoit aussi - tôt ses armes, & il y avoit entr'eux un combat autour de la charrue & des boeufs: ce combat se livroit en cadence & au son de la flûte. Le voleur remportoit la victoire; lioit le laboureur, & emmenoit les boeufs; quelquefois le laboureur étoit victorieux. Rien n'a plus de rapport avec les ballets que le sieur Dehesse imagine avec tant d'esprit, & qui sont si bien exécutés par nos comédiens Italiens.

On dit que cette danse sut instituée pour accoûtumer les paysans à se défendre contre les incursions des brigands.

CARPEN (Page 2:698)

CARPEN, (Géog.) petite ville forte de la haute Hongrie dans le comté de Bars.

CARPENEDOLO (Page 2:698)

CARPENEDOLO, (Géog.) petite ville d'Italie dans le Brescian, aux Vénitiens.

CARPENTER - LAND ou CARPENTARIA (Page 2:698)

CARPENTER - LAND ou CARPENTARIA, (Géog.) pays d'Afie de la nouvelle Guinée, dans la nouvelle Hollande.

CARPENTRAS (Page 2:698)

CARPENTRAS, (Géog.) ville de France en Provence, capitale du comté Venaissin. Long. 22d. 42'. 53". lat. 44d. 3'. 33".

CARPENTUM (Page 2:698)

* CARPENTUM, (Hist. anc. & antiq.) char à plusieurs usages chez les Romains. Il étoit ordinairement employé à porter les matrones, & les impératrices sous les empereurs. Il étoit tiré par des mules; il n'avoit que deux roues, rarement quatre; il ne servoit pas seulement pour les femmes. Florus fait mention d'un roi Gaulois qui fut pris combattant sur un carpentum d'argent, & mené en triomphe sur le même chariot.

CARPI (Page 2:698)

CARPI, (Géog.) ville d'Italie en Lombardie dans le Modénois. Long. 28. 25. lat. 44. 45.

Carpi (Page 2:698)

Carpi, (Géog.) petite ville d'Italie dans l'état de Venise au Veronois, sur l'Adige.

CARPIO (Page 2:698)

CARPIO, (Géog.) petite ville d'Espagne dans l'Andalousie, sur le Guadalquivir.

CARPOBALSAMUM (Page 2:698)

CARPOBALSAMUM, (Hist. nat. bot.) baie ou fruit de l'arbre qui produit le vrai baume de Judée. Ce fruit n'a pas de nom François. Il est fort semblable en grosseur, en figure, & en couleur, à celui du térébinthe. Ce mot vient de deux mots Grecs, KARPE\S2, fruit, & BA/LEAMOS2, baume.

Le carpobalsamum est une baie oblongue, avec un petit calice & une écorce brune ridée, marquée de quatre côtés, d'un goût & d'une odeur agréable. On en trouve peu dans les boutiques. Il faut s'y connoître pour l'acheter. Il est très - rare. Celui qu'on vend d'ordinaire n'est que du poivre de la Jamaïque. D'autres y substituent les cubebes ou les baies de génevrier.

Le carpobalsamum entre dans la composition de la thériaque & du mithridate: on voit par - là qu'il est regardé comme stomachique, cordial, & propre à fortifier. (N)

CARPOBOLUS (Page 2:698)

CARPOBOLUS, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont les individus paroissent ronds lorsqu'ils sont renfermés dans leur enveloppe: mais dans la suite l'enveloppe & le corps qu'elle renfermoit s'ouvrent par le haut, de sorte qu'ils ressemblent à une cloche renversée & découpée par les bords. Il y a au centre de la plante un fruit rond, recouvert d'une membrane très - mince, composé de semences très petites, & environné d'une certaine liqueur très claire. Cette liqueur n'est pas plûtôt évaporée, que le carpobolus change de forme; de concave qu'il étoit, il devient convexe: ce changement se fait en un instant, & avec tant de violence, que le ressort du fond de la plante lance le fruit en haut. Aussitôt que le fruit est sorti, le carpobolus perd une partie de sa convexité; une moitié s'affaisse & se recourbe en - dedans. Ces observations ne se peuvent faire qu'à l'aide du microscope. Micheli, Nova pl. gen. Voyez Plante. (I)

CARPOCRATIENS (Page 2:698)

CARPOCRATIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui parurent dans le xi. siecle, & prirent ce nom de leur chef Carpocrate, natif d'Alexandrie. C'étoit une branche de la secte des Gnostiques, que renouvella les erreurs de Simon le Magicien, de Menandre, de Saturnin, de Basilide, &c.

Les Carpocratiens reconnoissoient un principe unique & pere de toutes choses, mais dont ils ne disoient ni le nom, ni la nature: cependant ils pensoient que le monde avoit été créé par des anges ou des génies bien inférieurs à ce premier principe. Ils nioient la divinité de Jesus - Christ, qui, disoient - ils, étoit fils de Joseph, né comme les autres hommes, mais favorisé de dons extraordinaires, & distingué par sa vertu. Pour arriver à Dieu il falloit, selon eux, avoir accompli toutes les oeuvres du monde & de la concupiscence, à laquelle il falloit obéir en tout; prétendant qu'elle étoit cet adversaire à qui l'Evangile ordonne de céder, tandis que l'on est avec lui dans la voie (Matth. v. vers. 25.): que l'ame qui résistoit à la concupiscence, en étoit punie en passant après la mort successivement d'un corps dans un autre, jusqu'à ce qu'elle eût accompli toutes les oeuvres de la chair; & que par conséquent on ne pouvoit trop se hâter d'acquitter cette dette. De - là ces impudicités en tout genre auxquelles ils se livroient sans remords: au moins pour leur imposer silence avoient - ils imaginé ce principe qui conduit aux derniers excès, qu'il n'y a point d'action bonne ou mauvaise en soi, mais seulement par l'opinion des hommes. Ils détestoient le jeûne, recherchoient tous les plaisirs des sens, & admettoient la communauté des femmes. Fleury, Hist. ecclés. tom. I. liv. III. pag. 333.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.