ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"695"> exactes. Les uns n'ont pas représenté les moustaches qui sont au - dessus de la levre supérieure, & celles qui sont au coin des deux levres. Les autres n'ont pas marqué les rayons qui sont sur les écailles, ou la ligne qui se trouve dans toute la longueur du corps sur les deux côtés de la carpe, ou encore la différence de la grosseur du ventre des carpes laitées & des carpes oeuvées. La figure de Willughby est fort belle; celle de Rondelet bien plus exacte, & celle de M. Petit encore davantage.

Les écailles. Tous les poissons sont revêtus de peau ou d'écailles, tant dans la mer & les rivieres, que dans les étangs & les lacs. La carpe est peut - être celui de tous les poissons qui a de plus grandes écailles, à proportion de sa grandeur. Dans la même carpe il y en a de brunes, de jaunes, & de blanches; la couleur brune domine dans les plus grandes écailles; dans les moyennes c'est la jaune & la dorée: on trouve ces trois couleurs dans chacune des grandes écailles. En général plus les carpes sont grandes, plus les écailles sont brunes, quoi qu'en dise Rondelet.

Les plus grandes écailles occupent le milieu des côtes de la carpe par rapport à sa longueur; plus elles sont pres de la tête, plus elles sont petites.

Les écailles de moyenne grandeur sont du côté de la queue; les plus petites sous le ventre, & sont d'autant plus petites, qu'elles sont plus près de la tête.

Dans les carpes les plus communes, qui sont de 16 à 18 pouces de longueur tout compris, ou de 9 à 10 pouces entre oeil & bas, c'est - à - dire, entre la tète & la queue; les plus grandes écailles ont 7 lignes 1/2 jurqu'a 8 lignes de longueur, & 6 lignes jusqu'à 6 lignes & 1/2 de largeur. Il s'en trouve assez souvent qui sont aussi larges que longues; elles sont épaisses de 1/3 ou 1/6 de ligne: en général, plus elles sont petites, plus elles sont allongées. Lorsqu'elles sont encore sur la carpe, il n'en paroît tout au plus que le tiers qui est coloré; cette partie externe est souvent d'un jaune un peu rembruni, couleur qui paroît être dans la propre substance de l'écaille; car on ne peut l'ôter entierement en raclant l'écaille, qu'on n'en enleve une portion, hors un endroit qui appartient à la membrane qui attache les écaies, & c'est aussi l'endroit le plus brun sur l'écaille; il y a sur cette partie externe des lignes en forme de rayons.

Le desious de l'écaille opposé à cette partie externe, est argenté au moyen d'une membrane extremement nne qui porte cette couleur, que l'on enleve facilement avec la membrane, & qui laisse l'écaille blanche en cet endroit.

Toutes les écailles tiennent ensemble par le moyen des membranes qui les en veloppent: mais tout cela n'empêche pas qu'il n'y ait un peu de jeu dans les écailles, les unes à l'égard des autres; sans cela la carpe ne pourroit se courber vers les côtés, comme elle fait dans ses mouvemens. Ces membranes tiennent tres - fortement à la membrane tendineuse qui enveloppe tout le corps de la carpe, & en sont une continuité.

Si l'on examine bien la partie externe de la carpe, on remarque une ligne brune de chaque côté qui s'étend depuis la tête jusqu'à la queue. Cette ligne paroît brune, parce que la membrane qui attache la partie inférieure de l'écaille, est très - brune dans le milieu; quelquefois elle est rouge.

On trouve dans la substance des écailles, où l'on voit cette ligne, un canal long de deux lignes ou deux lignes & demie, qui a environ un quart de ligne de diametre. On peut y introduire une petite épingle de cette grosseur: mais elle y entre plus facilement par la partie interne & inférieure, que par la partie externe & supérieure de l'écaille. Ce canal va de haut en bas de cette écaille, ou de bas en haut, & obliquement de dehors en dedans; il se continue d'une écaille dans l'autre successivement depuis la tête jusqu'à la queue: il y a entre chaque écaille un petit canal membraneux qui en fait la continuité.

Après avoir observé ce qu'il y a de plus singulier dans les parties externes de la carpe, il faut venir aux parties internes.

Division de la carpe. On peut diviser la carpe en quatre parties: 1°. la tête, 2°. la poitrine, 3°. le bas - ventre, 4°. la queue. La tête se prend depuis le museau jusqu'à l'extrémité des couverts des ouies, vis - à - vis desquelles se trouve la poitrine; car il n'y a point de cou entre la tête & le tronc de la carpe. La poitrine est séparée du bas - ventre par le diaphragme; elle renferme seulement le coeur, & une partie considérable des reins; le bas - ventre contient les entrailles; la queue commence à l'anus, & est toute musculeuse.

La tête. La tête est un composé d'un nombre prodigieux d'os emboîtés ensemble avec un art admirable: on y trouve entre autres un os pierreux assez large, plat, triangulaire, blanc, placé au haut du palais; c'est proprement l'os hyoide. On prétend qu'étant réduit en poudre subtile, & donné depuis un scrupule jusqu'à demi - drachme, il est propre pour arrêter les cours de ventre, pour exciter l'urine, pour atténuer les pierres des reins, pour l'épilepfie. C'est l'opinion des Schroders, des Boeclers, des Lémerys: mais n'est - ce point me rendre moi - même ridicule que de la rapporter?

La mâchoire supérieure de la carpe est garnie de six dents molaires, rangées trois à trois. L'inférieure a un os cartilagineux de la forme d'une olive applatie; cet os lui sert peut - être pour appuyer & aider à broyer ses alimens.

Ses yeux sont fort remarquables; le crystallin dans sa partie centrale, a une fermeté qui approche presque de la dureté de la corne. Dans une carpe de quinze pouces de longueur, il fait par sa convexité antérieure une portion de sphere qui a trois lignes de diametre, & la postérieure deux lignes & demie; il a deux lignes & demie de largeur ou de diametre de sa circonférence, & deux lignes un tiers d'axe ou d'épaisseur: il pese deux grains & demi.

Le coeur. Chacun sait que le coeur de tous les poissons qui ne respirent pas l'air, n'a qu'une cavité, & par conséquent qu'une oreillette à l'embouchure du vaisseau qui y rapporte le sang; celle du coeur de la carpe est appliquée au côté gauche.

Sa chair est fort épaisse, & ses fibres très - compactes: mais il faudroit des figures pour bien expliquer la structure de cet organe: on en trouvera de très - bonnes dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de l'année 1699.

L'abdomen. Ce poisson a la cavité du bas - ventre formée par les vertebres du dos, & par des muscles qui sont tous différens de ceux de l'homme, & des animaux à quatre piés. Il a de plus seïze arrêtes de chaque côté en forme de côte, qui sortent de chaque vertebre, depuis le diaphragme jusqu'à l'anus, où se termine le bas - ventre comme en pointe de cone.

L'anus. L'anus, que les mariniers appellent ombilic, ou le fondement, a aussi ses singularités dans la carpe. Il ne consiste pas seulement dans une ouverturc par où elle décharge les excrémens des boyaux: il comprend encore deux autres ouvertures; l'une donne passage aux oeufs dans les femelles, & à la semence dans les mâles lorsqu'ils s'en déchargent; & l'autre laisse passer l'urine de la vessie: desorte que voilà trois conduits qui aboutissent à cet endroit.

L'anus appellé podex par Rondelet, est en quelque maniere triangulaire dans les carpes laitées, moins dans les carpes oeuvées, & a environ quatre à cinq li<pb-> [p. 696] gnes de diametre. Si l'on pique cette partie dans les carpes vives avec la pointe d'une aiguille, on n'y apperçoit aucun mouvement, & néanmoins elle se retrécit insensiblement de moitié.

L'estomac. L'estomac ou le ventricule prend son origine du fond de la gorge; il passe à travers le centre du diaphragme, & a la figure d'un boyau. Il a cinq ou six pouces de longueur, & s'étend le long de l'abdomen; à son extrémité du côté de l'anus, il se replie pour former le premier boyau.

Cet estomac est enveloppé de tous côtés par les boyaux & le foie; dans l'endroit où il se replie pour produire le premier boyau, il n'y a ni pylore ni valvule à ce repli, comme dans le brochet & d'autres poissons.

Les intestins. Les intestins au nombre de six, n'ont point de mésentere; ils sont liés ensemble par les parties du foie, qui se trouvent logées & attachées entre les espaces qu'ils laissent entre leurs circonvolutions.

Le foie. Le foie est divisé en plusieurs parties, & comme par appendices, qui ont peu d'épaisseur. Il est aussi long que le paquet des boyaux, logé avec eux entre les deux laites. Sa couleur est d'un rouge de chair musculeuse, tantôt plus, tantôt moins pâle. Il recouvre près de la moitié de la grosse vésicule aërienne, avec laquelle il a une légere adhérence, & il est recouvert à ses côtés par le paquet des oeufs.

La vésicule du fiel. La vésicule du fiel se trouve enchâssée dans le milieu de la partie principale du foie, tout le long de la partie supérieure de l'estomac.

Le canal cholidoque & le canal cystique ne font qu'un canal continu & de même diametre, qui a deux à trois lignes de longueur.

La vésicule du fiel dans une carpe de dix - huit pouces tout compris, est longue d'environ quinze lignes, & a six à sept lignes de diametre. La bile qu'elle contient est ordinairement verte & liquide. Lémery dit qu'elle est propre pour éclaircir la vue: mais on s'en servira bien plus utilement pour le dégraissage.

La rate. La rate est attachée au commencement de l'estomac, à cinq ou six lignes du diaphragme; sa situation est entre le paquet des boyaux & la grosse vésicule aërienne vers le côté gauche; sa longueur dans une carpe de dix - huit pouces est de trois ou quatre pouces, sa longueur de 1/2 pouce, & son épaisseur de deux lignes. Cette partie varie très - fort dans ses dimensions; elle est d'un rouge foncé, comme du sang caillé.

Les oeufs. Les oeufs de la carpe forment deux paquets, un de chaque côté de l'abdomen; ils s'étendent depuis le diaphragme jusqu'à l'anus; ils couvrent de chaque côté le paquet formé par les intestins & le foie, & s'étendent entre ce paquet & la vessie aërienne, qu'ils couvrent de part & d'autre depuis la moitié de la grosse vésicule aërienne jusqu'à l'anus.

Ils sont revêtus d'une membrane très - fine & transparente, formant une capsule qui enveloppe entierement les oeufs, auxquels elle est très - peu adhérente; si l'on souffle dans cette capsule, elle se sépare facilement des oeufs, & se gonfle beaucoup.

Les deux capsules se réünissent en un feul canal, qui se termine à la partie postérieure de l'anus. Cette capsule est adhérente au péritoine, & au paquet du foie & des boyaux, mais très - légerement.

Les oeufs qu'elle contient sont adhérens les uns aux autres; ils sont ronds, ou à peu près ronds, & ont 1/2 ligne jusqu'à 2/3 de ligne de diametre, ce qui est rare.

Ils sont d'un jaune très - léger, plus ou moins; si on les fait bouillir, ils deviennent blancs: mais étant refroidis, ils redeviennent jaunes.

Leur quantité. M. Petit a été curieux de voir combien il y avoit d'oeufs dans une carpe; pour y parve<cb-> nir, il a mis dans une balance, très - fine, la quantité d'oeufs qu'il falloit pour la pesanteur d'un grain, & il a trouvé qu'il en falloit 71 ou 72. Les deux paquets qu'en avoit une carpe de dix - huit pouces de longueur, compris la tête & la queue, pesoient huit onces deux gros, qui font 4752 grains, qui multipliés par 72, font 342144 oeufs, ou environ, que cette carpe contenoit.

Dans une autre carpe moins grosse, c'est - à - dire de seize pouces, les deux paquets d'oeufs ne pesoient que sept onces deux gros quarante - deux grains, & ne contenoient que 303552 oeufs. Dans une carpe de 14 pouces, le paquet d'oeufs pesoit six onces quatre gros quarante - deux grains, & ne contenoit par conséquent que 262224 oeufs. Les oeufs de toutes ces carpes paroissoient de la même grosseur. Il suit de ces observations, que plus les carpes sont grosses, plus elles contiennent d'oeufs. Ce doit être un fait fort rare de rencontrer juste dans de pareilles opérations, & ce seroit bien peu de chose de ne se tromper que de quelques centaines.

Leuwenhoeck, tom. I. de ses OEuvres, ne donne aux carpes que 211629 oeufs, & quatre fois plus aux morues, ajoûtant que les oeufs d'un poisson d'un an, sont aussi gros que ceux d'un poisson de vingt - cinq ans. Il établit ensuite que la morue contient 9344000 (neuf millions trois cents quarante quatre mille) oeufs, ce qui fait non pas quatre fois plus d'oeufs que la carpe, comme il avoit dit auparavant, mais quarante - quatre fois plus & d'avantage. Il s'est apparemment glissé quelque faute d'impression dans les chiffres du nombre des oeufs de la morue; car l'édition latine des ouvrages de cet habile artiste, pour le dire en passant, est toute pleine de pareilles fautes; & il n'y a que l'édition originale de Leuwenhoeck en Hollandois, qui soit bonne.

La laite. La laite que l'on nomme aussi laitance, est une partie dans les carpes mâles, composée de deux corps blancs, très - irréguliers: ce sont les testicules dans lesquels se filtre la semence; ils sont presque aussi longs que la cavité du bas - ventre. Le côté droit est quelquefois un peu plus long que le gauche, parce qu'il commence un peu plus près du diaphragme; il recouvre par les côtés, le paquet des boyaux, la vessie aërienne, & la vessie urinaire.

Les vésicules séminales. Chaque corps blanc ou testicule, est composé de deux parties. La premiere & la plus considérable, qui prend son origine près le diaphragme, est le corps du testicule qui est uni & lisse à sa superficie; la seconde partie consiste dans les vésicules séminales, qui sont près de l'anus.

Ces vésicules séminales paroissent formées par des petites vésicules distinguées les unes des autres. Pour les voir avec facilité, il faut les presser doucement avec le doigt en ramenant du côté de l'anus; & par ce moyen on en fait sortir par l'ouverture qui est au - dessous de l'anus, la semence qu'elles contiennent. Si après cela on souffle dans cette ouverture, on voit gonfler ces vésicules qui paroissent très - distinctes les unes des autres à l'extérieur. Ces deux vésicules séminales se réunissent en un canal commun, qui se termine au dehors comme l'anus à la partie postérieure duquel il est situé. Il est long de quatre à cinq lignes, & n'a qu'une ligne & demie jusqu'à deux lignes de diametre. Si on ouvre ce canal, on y voit l'ouverture de la vessie, qui ne paroît pas toûjours au - dehors dans les carpes laitées.

La vessie aërienne. On trouve dans la carpe & dans la plûpart des autres poissons une vessie remplie d'air, & qu'on peut appeller pour cela vessie aërienne. C'est pour la même raison que quelques auteurs l'ont nommée vesicula pneumatica, d'autres utriculus natatorius, parce qu'il paroît que les poissons s'élevent plus ou

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