ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"2:4"> dant il y a des especes qui n'en ont pas; ceux qui habi - tent les pays très - froids ou très - chauds, n'ont que du poil plus ou moins dur; au contraire, plus un climat est tempéré, plus la laine des Béliers qu'on y éleve est belle: au reste on ne peut pas regarder la laine des Bé - liers comme une production de la nature, c'est plutôt un effet de l'art & du soin des hommes, on ne connoît point de Béliers sauvages qui portent de la laine. Le Moufflon, fig. 2. que M. de Buffon regarde avec tant de fondement, comme la souche primitive de tous les différens Béliers transportés dans tous les pays habités, est le seul Bélier sauvage que l'on connoisse, il n'a qu'un poil rude au - lieu de laine, & il est beaucoup plus fort & plus vigoureux que tous les Béliers domestiques, il se trouve dans les montagnes de Grece, dans les îles de Corse, de Chypre, de Sardaigne, sur les montagnes de la Sibérie méridionale; il est presque entierement d'un gris mêlé de brun; il a sur le dos une raie roussâ - tre; les fesses & le dedans des jambes sont de même couleur roussâtre, & le ventre est jaunâtre.

HISTOIRE NATURELLE, REGNES ANIMAL, |QUADRUPEDES. |PLANCHE IV. (Page 23:2:4)

PLANCHE IV.

Le Bouc a pour caracteres génériques le pié fourchu, les cornes simples & dirigées en haut, les cuisses des jambes de devant égales en longueur à celles des jam - bes de derriere, & point de dents à la mâchoire supé - rieure.

Tous ces caracteres sont communs à un grand nom - bre d'animaux, dont on n'a fait qu'un seul genre; mais M. de Buffon croit qu'on ne doit pas ranger les Gazelles avec les Chevres & les Boucs, & il ne regarde toutes les prétendues especes de Boucs ou de Chevres que comme des variétés du Bouc sauvage, c'est à dire le Bouquetin. Ces variétés sont devenues des races constantes, comme on en observe parmi les Chiens, & elles se mêlent toutes, & produisent ensemble, de façon qu'on pour - roit augmenter de beaucoup le nombre de ces races en faisant de nouvelles combinaisons, c'est - à - dire, en mêlant ensemble les races les plus éloignées, & en perpétuant le produit qui résulteroit de ce mélange.

M. de Buffon distingue dix races de Chevres; savoir, 1°. le Bouquetin, fig. 1. duquel toutes les autres races qui suivent ont tiré leur origine; 2°. le Chamois qui n'est qu'un Bouquetin dégénéré, & qui a plus participé du Bouquetin femelle que du Bouquetin mâle; 3°. le Capricorne, qui est aussi un Bouquetin dégénéré par le climat, mais qui semble plus tenir du Bouquetin mâle que du Bouquetin femelle; 4°. le Bouc domestique, 5°. la petite Chevre d'Amérique à cornes droites & recourbées à la pointe, qui tire son origine du Chamois; 6°. le Bouc d'Afrique; 7°. la Chevre Naine; 8°. le Bouc de Juda; 9°. la Chevre d'Angora: ces quatre dernieres races ne sont que des variétés de notre Chevre com - mune, dont elles sont différentes à raison de l'influence du climat, la Chevre d'Angora a donné une variété, connue sous le nom de Chevre Mambrine, qui fait la dixieme race. Voyez le tome XII. in - 4°. de l'Histoire Naturelle, pag. 136.

Les Chevres & les Gazelles different particulierement entre elles, en ce que les Chevres ont une barbe pen - dante, plus ou moins apparente, & la queue plus lon - gue que les Gazelles; d'ailleurs les Gazelles ont les cor - nes annelées & le ventre blanc, avec une bande brune ou noire sur les côtés du corps.

Le Guib, fig. 2. est un animal qui a tous les mêmes caracteres génériques des Chevres & des Gazelles que nous avons rapportés plus haut; mais elle n'est cepen - dant ni Chevre ni Gazelle, elle n'a point de barbe, & sa queue est courte, comme celle des Gazelles, mais ses cornes n'ont point d'anneaux comme celles des Gazel - les, elles ont au contraire deux arêtes longitudinales, & sont applaties à - peu - près comme celles des Chevres; cependant il a plus de rapport avec les Gazelles qu'avec les Chevres.

Le Guib est en grande partie d'une couleur fauve, à l'exception du ventre & de la poitrine qui sont d'un marron brun. Il a sur le dos & sur les côtés du corps des bandes blanches, disposées comme les courrois d'un harnois, ce qui le fait aisément distinguer. On trouve cet animal au Sénégal; il est à - peu - près de la grandeur du Daim.

HISTOIRE NATURELLE, REGNES ANIMAL, |QUADRUPEDES. |PLANCHE V. (Page 23:2:4)

PLANCHE V.

La Giraffe est de la classe des ruminans, dont elle forme un genre particulier; elle a pour caracteres géné - riques le pié fourchu, huit dents incisives à la mâchoire inférieure, & point à la mâchoire supérieure, les cor - nes simples & dirigées en haut à leur origine, comme celles du Bouc.

On ne connoit que très - imparfaitement la Giraffe, quoique plusieurs auteurs en aient fait mention, parce qu'ils n'ont parlé que des caracteres qui lui sont com - muns avec tous les autres ruminans, & les figures qu'ils en ont données ont été très - mal dessinées. On ne sait seu - lement pas si la substance de ses cornes ressemble à celle des cornes du Boeuf ou à celle du bois du Cerf, c'est - à - dire, si leurs cornes sont solides comme celles du Boeuf, ou si elles tombent & se renouvellent comme les bois du Cerf.

J'ai cru devoir donner la figure de cet animal d'après une estampe qui a été faite d'après nature, sur une Giraffe qui appartenoit au grand Turc, parce que cette figure m'a paru moins mauvaise que les autres; on trouve cette figure dans l'Histoire générale du Serrail, &c. par Michel Baudier, à Paris 1631. Cette Giraffe avoit dix - huit piés de hauteur. Voyez la description au mot Giraffe.

Le Chevrotin, fig. 2. est le plus petit des animaux ruminans à pié fourchu, car il n'a gueres qu'un pié de longueur. M. Brisson lui donne pour caractere distinctif des autres animaux à pié fourchu, de n'avoir point de cornes, mais il y en a une espece qui a des cornes; elles sont simples & fort ressemblantes à celles des Gazelles, comme on peut le voir à la figure 3. de sorte que si on vouloit classer cet animal, il faudroit le mettre au rang des Gazelles, parce qu'il a plus de rapport avec ce genre d'animaux qu'avec aucun autre; mais cepen - dant comme il y a une seconde espece de Chevrotin qui ne porte point de cornes, il semble qu'il faut faire un genre à part de ces deux animaux.

Les deux especes de Chevrotins ressemblent au Cerf par la forme des jambes & par le museau, ce qui leur 2 fait donner le nom de Cerf de Guinée, ils sont d'une couleur rougeâtre, à l'exception du ventre & de la poitrine qui ont une couleur blanchâtre. Ces deux ani - maux ne se trouvent que dans les climats chauds de l'Afrique, & dans l'Asie méridionale.

HISTOIRE NATURELLE, REGNES ANIMAL, |QUADRUPEDES. |PLANCHE VI. (Page 23:2:4)

PLANCHE VI.

Il y a deux sortes d'animaux ruminans; le plus grand nombre a des cornes comme le Boeuf, le Cerf, le Daim, les Rennes, &c. D'autres n'en ont pas, comme le Cha - meau, le Dromadaire, &c. Parmi les ruminans de la premiere classe, les uns ont les cornes creuses, simples & solides comme le Boeuf, les Chevres, les Gazelles, &c. Les autres les ont pleines, branchues, & elles tom - bent & se renouvellent tous les ans; on a donné à ces cornes le nom de bois. De tous les ruminans dont les cornes se renouvellent, on ne connoît que le Renne, dont la femelle porte un bois; au contraire parmi la plûpart des ruminans dont les cornes sont solides, les femelles ont des cornes, mais moins longues que celles des mâles.

On a mis tous les ruminans dont les cornes tombent tous les ans dans le même genre des Cerfs; ils ont pour caracteres génériques le pié fourchu, des cornes bran - chues ou plutôt des bois, huit dents incisives à la mâ - choire inférieure, & point à la mâchoire supérieure.

L'Elan, fig. 1. est l'animal qui porte le plus gros & le plus pesant bois, dont le poids va quelquefois jusqu'à cinquante livres. On trouve de grandes variétés dans le nombre & la position des andouillers, comme dans les bois de tous les autres ruminans. L'Elan en général est beaucoup plus fort & plus grand que le Cerf, & ses piés sont beaucoup plus gros; on le trouve en Pologne, en Russie, en Sibérie, &c. [p. 2:5]

Le Renne, fig. 2. est moins gros que l'Elan, & plus fort que lé Cerf, il porte un bois qui a quelque rapport avec celui du Cerf, mais qui est beaucoup plus grand. Son poil est long, moins dur que celui de l'Elan, & d'un gris blanchâtre; la femelle porte, comme nous avons dit, un bois qui ne differe de celui du mâle qu'en ce qu'il est plus petit. Le Renne endure le froid beau - coup mieux que l'Elan, car on en trouve non - seule - ment dans tous les endroits où il y a des Elans, mais même jusqu'au fond du Nord où les Elans ne peuvent vivre. Les Lapons élevent des Rennes, & en forment des troupeaux qui font toutes leurs richesses; ils les nourrissent d'une espece de mousse qui les engraisse beaucoup. On trouve aussi des Elans & des Rennes au Canada, où ils sont connus, le premier sous le nom d'Orignal, & le second y est appellé Caribou.

HISTOIRE NATURELLE, REGNES ANIMAL, |QUADRUPEDES. |PLANCHE VII. (Page 23:2:5)

PLANCHE VII.

Le Babiroussa, fig. 1. ou Babiroesa, est du genre du Cochon, qui a pour caracteres génériques deux dents incisives aux deux mâchoires, & le pié fourchu. Le ca - ractere qui le fait le plus aisément distinguer des autres animaux de son genre, & même de tous les autres, c'est qu'il a deux défenses qui lui sortent de la mâchoire supérieure, & qui se recourbent en haut jusqu'auprès des yeux: ces défenses sont de la nature du plus bel ivoire: les deux dents canines de la mâchoire inférieure sont moins longues & ressemblent à celles du Sanglier. Le Babiroussa a le poil court, laineux, & d'un gris mêlé de noir & de roux, il est beaucoup plus grand que le Cochon, & même que le Sanglier. On le trouve en plusieurs endroits de l'Asie & de l'Afrique, cependant on ne le connoît que d'après les descriptions impar - faites & les mauvaises figures que les voyageurs en ont données; j'ai fait copier celle que Thomas Bartholin nous a laissée de cet animal. Hist. Anat. cent. 11.

Le Tapir, l'Anta ou Manipouris, fig. 2. a quatre doigts ongulés aux piés de devant, & trois aux piés de der - riere, comme le Cabiai, tous reunis les uns aux autres par une membrane, mais il differe de cet animal par les dents incisives qui sont au nombre de dix dans chaque mâchoire, ce qui a déterminé M. Brisson à faire deux genres particuliers de ces deux animaux.

Le Tapir est le plus grand des animaux de l'Améri - que, cependant il n'a que la grosseur d'une petite Va - che: on pourroit placer cet animal au rang des amphi - bies, car, selon Barrera, il se retire dans les rivieres, où il reste plus long tems que sur la terre. Les parties de son corps paroislent très - mal proportionnées; il a les jambes courtes & informes, la tête grosse, la queue très - courte & dégarnie de poils, la machoire superieure beaucoup plus longue que l'inférieure, de sorte qu'il semble avoir une trompe, son poil est court & d'une couleur brune, excepté quand cet animal est jeune, alors il a une couleur rougeâtre, avec des taches blan - ches comme le Chevreuil quand il porte la livrée: le Tapir est du nouveau continent, & se trouve particu - lierement dans la Guiane & au Brésil.

Le Cabiai, fig. 3. a pour caracteres génériques deux dents incisives à chaque mâchoire, & les doigts ongulés qui sont au nombre de quatre aux piés de devant, & seu - lement trois aux piés de derriere; le Cabiai étoit aussi peu connu que le Babiroussa & le Tapir avant qu'on eût la description & la figure de cet animal qui se trouve dans l'Hist. Nat. tom. XII. in - 4°. Il a une cou - leur rousse mêlée de noir & de brun; il est moins gros que le Cochon, avec qui il a quelque rapport par les soies dont son corps est couvert, mais il en differe principalement par les doigts qui sont réunis les uns aux autres par une membrane; il n'a point de queue; la levre supérieure est échancrée au - dessous du nez, & la levre inférieure est beaucoup moins avancée que la levre supérieure; ses soies sont moins rudes que celles du Cochon.

Le Cabiai nage très - aisément, & se plait à rester dans l'eau, où il cherche du poisson pour sa nourriture; il mange aussi des graines, des fruits, des herbes, &c. on le trouve comme le Tapir, dans la Guiane & au Brésil.

HISTOIRE NATURELLE, REGNES ANIMAL, |QUADRUPEDES. |PLANCHE VIII. (Page 23:2:5)

PLANCHE VIII.

Le Lion, fig. 1. a un caractere qui le fait distinguer, non - seulement des autres animaux de son genre, mais même de tous les autres; c'est une espece de criniere formée par de longs poils assez doux & lisses, qui cou - vre le cou & toute la partie antérieure de son corps. Il a beaucoup d'autres caracteres communs avec les Chats, le Tigre, le Léopard, la Panthere, l'Ours, le Couguar, le Linx, le Caracal, & le Chat - pard. Tous ces animaux ont cinq doigts aux piés de devant, & quatre aux piés de derriere, garnis chacun d'un ongle crochu, que l'animal peut cacher ou faire paroître au - dehors à son gré, la tête arrondie & le museau obtus, la langue garnie de pointes acérees qui la rendent fort rude au toucher, les yeux gros & ronds, & enfin la vue très - bonne, même dans l'obscurité; ils se ressem - blent encore tous par leurs inclinations meurtrieres, ils font tous la chasse aux autres animaux, & ils ne vivent que de leur proie. Ils vont toujours par sauts & par bonds, à moins qu'ils n'aillent très - lentement, enfin leur urine a une odeur très - forte & très - désagréable: le Lion a la verge courbée en - dessous, ce qui lui fait jetter son urine en arriere, mais il n'est point vrai, comme l'ont prétendu quelques auteurs, qu'ils s'accou - plent aussi en arriere, parce que la verge étant en ére - ction perd sa courbure & se trouve alors dirigée en avant. La femelle du Lion n'a point de criniere, elle differe encore du mâle en ce qu'elle est environ d'un quart plus petite; ils ont l'un & l'autre l'extrémité de la queue garnie de poils beaucoup plus longs que ceux du reste de la queue, ces poils sont plus longs dans le Lion que dans la Lionne. On ne trouve des Lions que dans les climats les plus chauds de l'ancien conti - nent. Il y a en Amérique un animal connu sous le nom de Puma, que quelques auteurs ont voulu faire passer pour un Lion, mais c'est une espece différente de celle du Lion, car il n'a point de criniere.

On a donné le nom de Tigre à différentes especes d'animaux, comme au Léopard, à la Panthere, au Ja - guar, &c. mais M. de Buffon vient de dissiper le nuage qui rendoit obscure la nomenclature de tous ces ani - maux. Les anciens naturalistes n'ont jamais confondu le Tigre avec la Panthere & le Léopard, ce sont les voya - geurs qui ont commencé à répandre de la confusion dans cette partie de l'Histoire Naturelle, en donnant le nom de Tigre aux animaux féroces, tels que le Léo - pard, la Panthere, &c. & les nomenclateurs ont aug - menté cette confusion en faisant un nom générique du mot Tigre. Je vais donner la nomenclature de tous ces animaux d'après M. de Buffon (a), & rapporter les caracteres qui sont particuliers à chaque espece.

Le Tigre, fig. 2. est très - aisé à distinguer de toutes les autres especes d'animaux de ce genre, par sa gros - seur & par sa couleur, c'est le plus grand de tous, car on dit qu'on en trouve qui ont jusqu'à quinze piés de longueur, y compris la longueur de la queue. Il a une couleur fauve, avec des taches longitudinales noires, en forme de bandes, sur les côtés du corps, sur le de - vant de la poitrine, & sur les côtés de la tête.

HISTOIRE NATURELLE, REGNES ANIMAL, |QUADRUPEDES. |PLANCHE IX. (Page 23:2:5)

PLANCHE IX.

La Panthere, fig. 1. est beaucoup plus petite que le Tigre, mais plus grande environ d'un tiers que le Léo - pard; elle a une couleur fauve plus ou moins foncée, avec des taches noires de différentes grandeurs sur les diverses parties du corps. Les taches de la tête sont très - petites, celles du cou & de la partie antérieure de la poitrine sont plus grandes; enfin les taches qui carac - térisent le mieux la Panthere, sont celles des côtés du corps; au lieu d'être pleines comme celles de la tête & des jambes, elles sont en forme d'anneau, les unes à - peu - près rondes, les autres approchant plus du quarré; la plûpart de ces anneaux ont à leur centre une petite

(a) Voyez l'Histoire Naturelle, générale & particuliere, avec la Des - cription du Cabinet du Roi, tom. IX.

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