ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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GRAVURE EN LETTRES, EN GEOGRAPHIE ET EN MUSIQUE. (Page 22:6:1)

GRAVURE EN LETTRES, EN GEOGRAPHIE ET EN MUSIQUE. GRAVURE EN LETTRES, EN GEOGRAPHIE ET EN MUSIQUE. | (Page 22:6:1)

Contenant deux Planches.

GRAVURE EN LETTRES, EN GEOGRAPHIE ET EN MUSIQUE. | |PLANCHE Iere. (Page 22:6:1)

PLANCHE Iere. Gravure en lettres.

ON commence d'abord par tamponner la planche, c'est - à - dire qu'après avoir répandu une goute d'huile dessus, on la frotte d'un bout à l'autre avec un tampon fait d'un morceau de vieux chapeau, afin de détruire le brillant que lui donne son bruni (a), après quoi on fixe, au moyen du compas & de la regle, le nombre des points d'où l'on doit tracer légerement des lignes paralleles, soit avec une pointe, soit avec un ou - til de ce nom, dans l'intérieur desquelles lignes est comprise la hauteur des caracteres que l'on veut graver. Cette préparation faite, la planche posée sur un cous - sinet, on dessine par un simple trait de pointe pour les déliés, & par un double trait pour les pleins, les lettres que l'on a intention de faire, en commençant par la droite de la planche, au rebours de l'écriture; & telles que l'offre la premiere ligne de chaque exemple de la planche. Ensuite on ébauche avec une échoppe propor - tionnée tous les pleins de ces lettres dessinées, ainsi qu'on le voit dans la seconde ligne de chacun de ces mêmes exemples; ce qui se fait à deux reprises, c'est - à - dire d'abord en coupant les pleins de bas en haut, & ensuite en rentrant de haut en bas, en retournant la planche; après quoi on liaisonne la lettre de même par le bas & par le haut; ce qui s'opere avec le burin, en reprenant délicatement le simple trait du dessein qu'a tracé la pointe, en le conduisant au commencement de l'ébauche, en y rentrant à plusieurs fois, afin de for - mer la gradation & la dégradation des pleins dont la figure est plus ou moins arrondie, & cela sans passer au - delà des paralleles, ce qui est très - important pour la régularité; c'est ce qu'offre la troisieme ligne de chaque exemple. Cela fait, on se sert d'un ébarboir pour enlever les barbes qu'on a laissées en coupant le cuivre, l'échoppe & le burin; alors on talonne au bu - rin à deux fois, c'est - à - dire du haut & ensuite du bas, toutes les lettres qui ont besoin d'être talonnées. Pour cet effet, on fait rentrer le burin dans le trait de chaque parallele, à la terminaison des lettres à tête, à jambage ou à queue, afin d'en justifier nettement la coupe, & lui donner l'obliquité que rend naturellement le trait de la plume dans l'écriture, voyez à la fin des exemples les fig. 4. Le tout fini, l'on ébarbe encore l'ouvrage, pour lui donner son dernier point de perfection.

Cette maniere de toucher la lettre à sept reprises, n'est pas généralement employée par la plûpart des ar - tistes en ce genre, qui sont dans la malheureuse néces - sité d'accélérer un ouvrage qui a souvent pour but plus l'intérêt de l'entrepreneur, que la perfection & la gloire de l'artiste qui y travaille; mais nous croyons devoir donner la préférence à cette maniere sur toute autre, attendu qu'elle est celle du fameux Bailleul, dont la mémoire sera toujours chere aux éleves qu'il a laissés après lui.

Nous n'entrerons pas ici dans un plus grand détail sur les différentes formes des lettres; le précis qu'offre cette Planche, suffit pour donner une idée du reste. Les curieux auront recours pour plus ample satisfaction à cet égard, à l'article Ecriture, & aux Planches. On n'a inséré dans le bas de cette Planche que quelques es - sais de différentes lettres majuscules rondes, bâtardes, capitales penchées, romaines, coulées, &c. afin de ser - vir de guide ou de modele dans l'occasion, & même

(a) Cette opération n'a lieu que par rapport aux planches de cuivre qui sortent toutes brunies des mains du cuivrier; à l'égard des planches d'étain, elles ne sont susceptibles d'au - cune préparation, vu qu'elles sortent toutes brunies & po - lies des mains du potier d'étain.
encore quelques capitales d'ornement qu'on appelle à deux traits; d'autres grises ou hachées; d'autres qu'on appelle piquetées; d'autres fleuronnées, &c. qui se font toutes au burin, & dont la forme dépend plus du goût de l'artiste, du lieu où il les emploie, que des regles.

Les regles rigoureuses de l'art se réduisent à celles - ci. Que toutes les lettres capitales ou majuseules droites ou penchées, ainsi que les majeures bâtardes, doivent être toujours doubles en hauteur des caracteres infé - rieurs, & que leurs pleins soient aussi proportionnés à leur hauteur, c'est - à - dire qu'ils soient doubles de ceux de ces mêmes caracteres inférieurs, comme en la fig. 5. du bas de la Planche.

Il faut éviter d'allier les capitales ou majuscules droi - tes ou penchées, à la bâtarde, & les majeures bâtardes à la romaine, &c. & conserver toujours une analogie exacte entre les genres des caracteres que l'on emploie.

Des outils.

A. Parallele à vis, laquelle sert à tracer des paralleles de toutes especes, que l'on pourroit appeller parallele mobile. B & C autre espece de paralleles servant au même usage, mais dont les pointes sont fixes. D. échop - pe vue de toute sa longueur. e, son manche. f, sa face. Quant à cet outil, il a été dit ci - dessus qu'il devoit être proportionné au corps ou plein de la lettre qu'on veut graver. C'est ce qui a engagé à faire voir ici en g & en h deux faces différentes de ces outils simplement, au - dessous desquels sont représentées leurs coupes ou tail - les; & comme ces tailles produisent dans leurs cavités une surface plane comme en i, où le noir d'impression ne pourroit tenir, sur - tout lorsqu'il s'agit de forts ca - racteres; il est nécessaire que le burin dont la face est en k, rentre à plusieurs tailles dans les pleins, afin d'y faire griffer le noir; c'est ce qu'offre la fig. b, démons - tration un peu outrée à la vérité, mais qui n'est ainsi, que pour la rendre plus sensible. Article de Madame De - lusse.

La fig. 1. est un poinçon appellé positionnaire. Les Graveurs en Géographie s'en servent quelquefois pour frapper toutes les positions qui se trouvent sur les car - tes. La fig. 2. est l'empreinte de ce poinçon. La fig. 3. est un autre poinçon pour frapper les villes archiépis - copales. Les fig. 4. 5. 6. 7. 8. 9. & 10. sont d'autres em - preintes de poinçons. Toutes ces figures appartiennent à la Planche suivante, où l'on verra qu'il vaut mieux graver tous les lieux que ces poinçons désignent, que de les frapper.

GRAVURE EN LETTRES, EN GEOGRAPHIE ET EN MUSIQUE. | |PLANCHE II. (Page 22:6:1)

PLANCHE II. Gravure en Géographie, Topographie, & en Musique.

Le haut de cette Planche offre trois modeles de gra - vure dans les genres de Géographie & de Topographie.

Fig. A. Exemple de gravure dans le genre purement géo - graphique. C'est de cette maniere qu'on a toujours représenté, & que l'on représente encore les cartes particulieres des provinces, même les royaumes, & différentes parties de la terre.

B. Exemple dans le genre semi - topographique. Les blancs de ce modele qui expriment la campagne, se trouvent remplis dans la fig. C. par les pieces de terres labourées, les portions de bruyeres, de prés, de marais, vignes, &c. & se trouvenr variés selon les habitations & la fertilité du pays. On trouve aussi dans cette fig. B des portions de bois, bruye - res, prés, vignes, même les plans de quelques châteaux & parcs considérables; mais ce n'est tou - tefois que les plus grandes masses, ce genre ne permettant pas d'entrer dans les plus petits détails. [p. 6:2] La carte générale de la France, exécutée sous la direction de M. Cassini, est traitée dans ce genre qui jusqu'alors n'avoit point encore été mis en usage dans aucune carte géographique.

C. Exemple dans le genre topographique. Il représente exactement la nature du terrein. La maniere avec laquelle on représente dans ce genre les villes, bourgs, paroisses, châteaux, hameaux, maisons particulieres, & généralement tout ce qui peut exister sur le terrein, s'y trouve détaillé au point d'y reconnoître jusqu'à la moindre habitation, soit enclos, jardins, parcs, bois, vignes, prés, marais, friches ou terres labourées, les routes plantées, celles qui sont revêtues de fossés, ou qui ne le sont pas, les chemins ordinaires bordés de haies ou non, en un mot toutes les pieces de terre de quelque nature qu'elles puissent être, y sont représentées au point de pouvoir mesurer sur l'échelle la quantité d'arpens & même de perches qu'elles peuvent contenir chacun en particulier; & c'est en quoi differe cet exemple de la fig. B.

On s'est contenté d'écrire sur les modeles qui repré - sentent ces trois sortes de gravures, les noms aux diffé - rentes expressions dont on se sert pour désigner tout ce qui se trouve sur le terrein, ou qui ne sont seulement que des signes de convention, comme les mouillages, les courans, les roches sous l'eau, &c.

La Géographie & la Topographie se gravent sur des planches de cuivre planées ou brunies, comme il a été dit pour la Gravure en taille douce. Le cuivre doit être verni de même, & la maniere de calquer ou de trans - mettre le dessein sur la planche vernie est exactement la même aussi. On se sert des mêmes pointes pour graver à l'eau - forte, & les burins sont les mêmes. Voyez la Planche de Gravure en taille - douce.

Quant à la maniere de graver, voici la plus en usage & celle qui fait le mieux. On trace à la pointe sur le verni tout ce qui est trait, comme murs d'enclos, che - mins, plans de villes, de bourgs ou de hameaux. On ne trace seulement que les contours des rivieres, des mers, des lacs, des étangs. Les bois, les bruyeres, les vignes, les jardins potagers, les terres labourées, les prairies, les marais & les chemins plantés d'arbres, doi - vent être faits entierement à l'eau forte, ou préparés au ton que l'on voit dans les modeles B, C. Les posi - tions, soit fermes, moulins, &c. doivent être tracées & ombrées à la pointe sur le verni, tels qu'on les voit dans les modeles A ou B. Les montagnes, les côtes es - carpées, les colines & les dunes doivent etre préparées en grande partie à l'eau - forte, en frappant davantage les côtés de l'ombre, ou en se servant de pointes plus fines sur les côtés éclairés. Voilà en général tout ce qui se peut faire sur le verni; alors on fait mordre la plan - che soit à l'eau - forte à couler, soit à l'eau - forte de dé - part, ce qui se pratique comme on le voit dans les Plan - ches du Graveur en taille - douce. Voyez ces Pl.

Lorsque la planche est mordue, on emploie le burin & la pointe seche, pour achever & donner plus de per - fection à ce que nous venons d'indiquer. Les rivieres dont on n'aura tracé que les contours à l'eau - forte, se - ront ondées par des tailles de burin. Les lacs, les étangs, les mers, & généralement toutes les surfaces d'eau doi - vent être exprimées par des tailles du burin filées & adoucies. Les sables doivent être faits à la pointe seche par des points près les uns des autres le long de la rive, & plus légers & plus clair semés vers le milieu ou vers la berge de la riviere, s'ils s'y rencontrent. Les massifs des emplacemens de maisons dans les villes & bourgs doivent être pointillés aussi à la pointe seche, pour plus de propreté. Les pentes des montagnes, des colines, &c. doivent être prolongées par des tailles en points filées au burin ou à la pointe seche, afin d'adoucir le travail trop tranchant de l'eau - forte. On peut remettre dans les clairieres des bois & dans les bruyeres quel - ques petites tailles pointillées à la pointe seche, pour donner plus de variété, & former quelques masses plus ou moins garnies & sablonneuses.

Il y a des Graveurs qui font tout ce que l'on vient de dire à l'eau - forte; mais quelque soin qu'ils pren - nent pour observer les différentes gradations que ce travail exige, une carte gravée toute à l'eau - forte, sera toujours desagréable ou grossierement faite, en com - paraison des modeles qu'on a sous les yeux. Il y a aussi des exemples de cartes géographiques, dont les posi - tions & les bois ont été frappés avec des poinçons; cette maniere est sujette à beaucoup d'inconvéniens. 1°. Les positions deviennent toujours lourdes & s'im - priment malproprement; 2°. tout se trouve du même ton, les arbres sont de même forme & de même gros - seur sans aucune variété, & par conséquent ne jouent pas assez; 3°. les coups de poinçons font étendre le cuivre au point qu'une gravure qui demanderoit la précision géo - métrique, se trouveroit absolument fausse dans ses par - ties. Enfin toutes ces manieres n'approchent pas de la précision & de la beauté de celle que nous avons indi - quée. Voyez les figures des poinçons dans le haut de la Planche précédente, numérotées 1, 2, 3, 4, 5, 6, &c.

Ces différentes parties exigeant beaucoup de soin & de propreté, sont devenues un genre particulier en gra - vure, c'est - à - dire que les artistes qui s'y distinguent le plus, sont ceux qui s'en occupent essentiellement. Ce genre a, comme tous les autres, besoin d'une étude de dessein qui lui soit propre. Savoir dessiner la Géogra - phie & la topographie est la base de ces parties qui ont en gravure chacune des expressions particulieres. C'est aux Géographes & aux Ingénieurs à donner des leçons en ce genre; & nous observerons que s'il étoit possible que toutes les cartes fussent gravées par des hommes qui réunissent à l'art du Graveur la science du Géogra - phe & de l'Ingénieur, on auroit sans contredit les cartes les plus correctes, les mieux exprimées, & les détails les plus vrais & les mieux ressentis.

Bas de la Planche. Gravure en Musique.

L'Art de graver la Musique n'est pas ancien; il a pris naissance dans le xvij. siecle, & c'est en 1675 qu'a pa - ru la premiere édition de gravure de Musique en taille - douce. La figure des notes étoit alors celle d'un losange, imitée de celle des caracteres de fonderie inventés & gravés vers 1520 par Pierre Hautin, & qu'on a conti - nué d'employer depuis. Dès ce tems quelques essais par - ticuliers parurent; ils étoient gravés sur bois; les uns avoient la figure des notes quarrées ou losanges; d'au - tres avoient la figure ronde, comme dans les copies ma - nuscrites; mais cela ne fut pas généralement connu. Lors - qu'on grava sur le cuivre, quelques - uns dessinerent en - core ces caracteres de même, mais à la pointe, & ils les faisoient mordre après à l'eau - forte; ce qui ne ve - noit pas si régulier que ce que les poinçons frapperent dans la suite. Les recueils de pieces d'orgue de ce tems en fournissent des exemples; une grande partie des opé - ras de Lully & de Mouret; les motets de Campra & de Lalande, & les cantates de Bernier & de Clairam - bault, qui parurent ensuite, sont des preuves de ce qu'étoit dans les commencemens ce genre de gravure. Depuis on est parvenu à corriger l'irrégularité de ces figures de notes, en les rapprochant exactement de celles qu'offrent les manuscrits, & auxquelles on s'est arrêté jusqu'à présent. Cet art ayant acquis par degrés le point de perfection où il est, devient d'autant plus utile aujourd'hui, qu'il sert à conserver & à transmettre à la postérité les plus ex ellens morceaux de musique, que les auteurs les plus célebres, anciens & modernes, ont pu produire.

La maniere d'opérer dans ce genre de gravure con - siste à imiter son manuscrit avec exactitude, soit sur une planche de cuivre, soit sur une planche d'étain; & cela simplement à vue, sans se servir du moyen de réduc - tion dont les Graveurs en taille douce font usage. On commence par compasser la planche, afin de détermi - ner dans son étendue un parallelogramme qu'on trace légerement à la pointe & avec une regle, pour prendre de - là les distances justes des portées, desquelles le nom - bre n'est déterminé que par le plus ou le moins de place qu'offre la grandeur de la planche. Ces portées se fixent ensuite; puis les distances prises au compas avec une griffe à cinq pointes, qui en marque les extremités: ensuite on

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