ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"645"> ture assez grande pour donner lieu au mouvement de la pagaie ou rame. On proportionne les rangs des rameurs à la grandeur du bâtiment. Chaque rang est ordinairement de 10 ou 12 hommes. Les pagaies sont composées de palettes plates, avec des manches courts; elles sont toutes égales & fort légeres. Il y a quelquefois un rang de rameurs en - dedans du bordage. C'est en chantant & en battant la caisse, ou en joüant de quelque instrument de musique, qu'on commande aux rameurs ce qu'ils ont à faire. Le bâtiment flotte sur l'eau, & vogue par le moyen du pont de roseaux, dont la saillie se trouve sur la surface de l'eau, & sans laquelle le caracore, étroit comme il est, ne manqueroit pas de se renverser; l'avant ne s'éleve point au - dessus du bordage de planches.

Quelquefois les saillies ou galeries de pont descendent depuis le haut du bâtiment en talus sur l'eau, & alors on ne peut ramer du dedans du vaisseau. (Z)

CARACOSA (Page 2:645)

CARACOSA, (Géog.) petite ville d'Espagne dans la nouvelle Castille.

CARACTERE (Page 2:645)

CARACTERE, (Ordre encyclopédique. Entendement. Raison. Philosophie ou Science. Science de l'homme. Logique. Art de communiquer la pensée. Grammaire. Science de l'instrument du discours. Signes. Caractere.) Ce mot pris dans un sens général, signifie une marque ou une figure tracée sur du papier, sur du métal, sur de la pierre, ou sur toute autre matiere, avec la plume, le burin, le ciseau, ou autre instrument, afin de faire connoître ou de désigner quelque chose. Voy. Marque, Note, &c.

Ce mot vient du Grec XARAKH\R, qui est formé du verbe KARKDDEIN, insculpere, graver, imprimer, &c.

A peine les hommes furent - ils en société, qu'ils sentirent le besoin qu'ils avoient d'inventer une langue pour se communiquer leurs pensées. Cette langue ne consista sans doute d'abord qu'à désigner par certains sons & par certains signes les êtres sensibles & palpables qu'ils pouvoient se montrer, & par conséquent elle étoit encore fort imparfaite: mais les hommes ne furent pas long - tems sans s'appercevoir que non - seulement il leur étoit nécessaire de représenter, pour ainsi dire, ces êtres à l'oreille par des sons, mais de les représenter aussi en quelque maniere aux yeux, en convenant de certaines marques qui les désignassent. Par là le commerce de la société devoit s'étendre, puisqu'il devenoit également facile de désigner ces êtres présens ou absens, & que la communication des idées étoit rendue également possible entre les hommes absens, & entre les hommes présens. Il y a bien de l'apparence que les figures même de ces êtres, tracées grossierement sur quelques corps, furent les premiers caracteres par lesquels on les désigna, & la premiere espece d'écriture, qui a du naître à - peu - près dans le même tems que les langues. Voyez Ecriture. Mais on dût bientôt sentir l'insufsiance de ces caracteres; & peut - être cette insuffisance contribua - t - elle à faire mieux sentir l'inperfection des premieres langues. Voyez Langue. Les hommes qui avoient la facilité de se parler en désignant les êtres palpables par des sons, pouvoient suppléer par d'autres signes, comme par des gestes, à ce qui pouvoit manquer d'ailleurs à cette langue; c'est ainsi qu'un muet fait entendre sa pensée en montrant les objets dont il parle, & suppléant par des gestes aux choses qu'il ne peut montrer: mais une telle conversation devenoit impossible entre des hommes éloignés, & qui ne pouvoient se voir. Les hommes comprirent donc bientôt qu'il falloit nécessairement 1°. inventer des sons pour désigner, soit les êtres non - palpables, soit les termes abstraits & généraux, soit les notions intellectuelles, soit enfin les termes qui servent à lier des idées; & ces sons furent inventés peu à peu: 2°. trouver la maniere de peindre ces sons une fois inventés; & c'est à quoi les hom<cb-> mes purent parvenir, en convenant de certaines marques arbitraires pour désigner ces sons. Peu à peu on s'apperçut que dans la multitude infinie en apparence des sons que forme la voix, il y en a un certain nombre de simples auxquels tous les autres peuvent se réduire, & dont ils ne sont que des combinaisons. On chercha donc à représenter ces sons simples par des caracteres, & les sons combinés par la combinaison des caracteres, & l'on forma l'alphabet. Voyez l'article Alphabet.

On n'en resta pas là. Les différens besoins des hommes les ayant portés à inventer différentes sciences, ces sciences furent obligées de se former des mots particuliers, de se réduire à certaines regles, & d'inventer quelquefois des caracteres, ou du moins de saire un usage particulier des caracteres déjà inventés pour désigner d'une maniere plus courte certains objets particuliers. L'Arithmétique ou science des nombres a dû être une de ces premieres sciences; pace que le calcul a dû être un des premiers besoins des hommes réunis en société: les autres sciences à son exemple se firent bientôt des caracteres plus ou moins nombreux, des formules d'abréviation, formant comme une espece de langue à l'usage de ceux qui étoient initiés dans la science.

On peut donc réduire les différentes especes de caracteres à trois principales; savoir les caracteres littéraux, les caracteres numéraux, & les caracteres d'abréviation.

On entend par caractere littéral, une lettre de l'alphabet, propre à indiquer quelque son articulé: c'est en ce sens qu'on dit que les Chinois ont 80000 caracteres. Voyez Alphabet.

Les caracteres littéraux peuvent se diviser, eu égard à leur nature & à leur usage, en nominaux, & en emblématiques.

Les caracteres nominaux sont ce que l'on appelle proprement des lettres qui servent à écrire les noms des choses. Voyez Lettre.

Les caracteres emblématiques ou symboliques expriment les choses mêmes, & les personifient en quelque sorte, & représentent leur forme: tels sont les hléroglyphes des anciens Egyptiens. (O)

Suivant Hérodote, les Egyptiens avoient deux sortes de caracteres, les uns saciés, les autres populaires: les sacrés étoient des hiéroglyphes ou symboles; ils s'en servoient dans leur morale, leur politique, & sur tout dans les choses qui avoient rapport à leur fanatisme & à leur superstition. Les monumens où l'on voit le plus d'hiéroglyphes, sont les obélisques. Diodore de Sicile, liv. III. pag. 144. dit que de ces deux sortes de caracteres, les populaires & les sacrés, ou hiéroglyphiques, ceux - ci n'étoient entendus que des prêtres. Voyez Hiéroglyphe, Symbole, &c. (F)

Les hommes qui ne formoient d'abord qu'une société unique, & qui n'avoient par conséquent qu'une langue & qu'un alphabet, s'étant extrémement multipliés, furent forcés de se distribuer, pour ainsi dire, en plusieurs grandes sociétés ou familles, qui séparées par des mers vastes ou par des continens arides, ou par des intérêts différens, n'avoient presque plus rien de commun entr'elles. Ces circonstances occasionnerent les différentes langues & les différens alphabets qui se sont si fort multipliés.

Cette diversité de caracteres dont se servent les différentes nations pour exprimer la même idée, est regardée comme un des plus grands obstacles qu'il y ait au progrès des Sciences: aussi quelques auteurs pensant à affranchir le genre humain de cette servitude, ont proposé des plans de caracteres qui pussent être universels, & que chaque nation pût lire dans sa langue. On voit bien qu'en ce cas, ces sortes de caracteres devroient être réels & non nominaux, [p. 646] c'est - à - dire exprimer des choses, & non pas, comme les caracteres communs, exprimer des lettres ou des sons.

Ainsi chaque nation auroit retenu son propre langage, & cependant auroit été en état d'entendre celui d'une autre sans l'avoir appris, en voyant simplement un caractere réel ou universel, qui auroit la même signification pour tous les peuples, quels que puissent être les sons, dont chaque nation se serviroit pour l'exprimer dans son langage particulier: par exemple, en voyant le caractere destiné à signifier boire, un Anglois auroit lû to drink, un François boire, un Latin bibere, un Grec PI/NEI\N, un Allemand trincken, & ainsi des autres; de même qu'en voyant un cheval, chaque nation en exprime l'idée à sa maniere, mais toutes entendent le même animal.

Il ne faut pas s'imaginer que ce caractere réel soit une chimere. Les Chinois & les Japonois ont déjà, dit - on, quelque chose de semblable: ils ont un caractere commun que chacun de ces peuples entend de la même maniere dans leurs différentes langues, quoiqu'ils le prononcent avec des sons ou des mots tellement différens, qu'ils n'entendent pas la moindre syllabe les uns des autres quand ils parlent.

Les premiers essais, & même les plus considérables que l'on ait fait en Europe pour l'institution d'une langue universelle ou philosophique, sont ceux de l'évêque Wilkins & de Dalgarme: cependant ils sont demeurés sans aucun effet.

M. Leibnitz a eu quelques idées sur le même sujet. Il pense que Wilkins & Dalgarme n'avoient pas rencontré la vraie méthode. M. Leibnitz convenoit que plusieurs nations pourroient s'entendre avec les caracteres de ces deux auteurs: mais, selon lui, ils n'avoient pas attrapé les véritables caracteres réels que ce grand philosophe regardoit comme l'instrument le plus fin dont l'esprit humain pût se servir, & qui devoient, dit - il, extrèmement faciliter & le raisonnement, & la mémoire, & l'invention des choses.

Sivant l'opinion de M. Leibnitz, ces caracteres devoient ressembler à ceux dont on se sert en Algebre, qui sont essectivement fort simples, quoique très - expressifs, sans avoir rien de superflu ni d'équivoque, & dont au reste toutes les variétés sont raisonnées.

Le caractere réel de l'évêque Wilkins fut bien reçu de quelques savans. M. Hook le recommande après en avoir pris une exacte connoissance, & en avoir fait lui - même l'expérience: il en parle comme du plus excellent plan que l'on puisse se former sur cette matiere; & pour engager plus efficacement à cette étude, il a eu la complaisance de publier en cette langue quelques - unes de ses découvertes.

M. Leibnitz dit qu'il avoit en vûe un alphabet des pensées humaines, & même qu'il y travailloit, afin de parvenir à une langue philosophique: mais la mort de ce grand philosophe empêcha son projet de venir en maturité.

M. Lodwic nous a communiqué, dans les transactions philosophiques, un plan d'un alphabet ou caractere universel d'une autre espece. Il devoit contenir une énumération de tous les sons ou lettres simples, usités dans une langue quelconque; moyennant quoi, on auroit été en état de prononcer promptement & exactement toutes sortes de langues; & de décrire, en les entendant simplement prononcer, la prononciation d'une langue quelconque, que l'on auroit articulée; de maniere que les personnes accoûtumées à cette langue, quoiqu'elles ne l'eussent jamais entendu prononcer par d'autres, auroient pourtant été en état sur le champ de la prononcer exactement: enfin ce caractere auroit servi comme d'étalon ou de modele pour perpétuer les sons d'une langue quelconque.

Dans le journal littéraire de l'année 1720, il y a aussi un projet d'un caractere universel. L'auteur, après avoir répondu aux objections que l'on peut faire contre la possibilité de ces plans ou de ces projets en général, propose le sien. Il prend pour caracteres les chiffres Arabes ou les figures numériques communes: les combinaisons de ces neuf caracteres peuvent suffire à l'expression distincte d'une incroyable quantité de nombres, & par conséquent à celle d'un nombre de termes beaucoup plus grand que nous n'en avons besoin pour signifier nos actions, nos biens, nos maux, nos devoirs, nos passions, &c. par là on sauve à la fois la double incommodité de former & d'apprendre de nouveaux caracteres; les figures Arabes ou les chiffres de l'Arithmétique ordinaire ayant déjà toute l'universalité que l'on demande.

Mais ici la difficulté est bien moirts d'inventer les caracteres les plus simples, les plus aisés, & les plus commodes, que d'engager les différentes nations à en faire usage; elles ne s'accordent, dit M. de Fontenelle, qu'à ne pas entendre leurs intérêts communs. (O)

Les caracteres littéraux peuvent encore se diviser, eu égard aux différentes nations chez lesquelles ils ont pris naissance, & où ils sont en usage, en caracteres Grecs, caracteres Hébraïques, caracteres Romains, &c.

Le caractere dont on se sert aujourd'hui communément par toute l'Europe, est le caractere Latin des anciens.

Le caractere Latin se forma du Grec, & celui - ci du Phénicien, que Cadmus apporta en Grece.

Le caractere Phénicien étoit le même que celui de l'ancien Hébreu, qui subsista jusqu'au tems de la captivité de Babylone; après quoi l'on fit usage de celui des Assyriens, qui est l'Hébreu dont on se sert à présent; l'ancien ne se trouvant que sur quelques médailles Hébraïques, appellées communément Médailles samaritaines. Voyez Samaritain.

Postel & d'autres prouvent qu'outre le Phénicien, le caractere Chaldéen, le Syriaque, & l'Arabe, étoient pareillement dérivés de l'ancien Hébreu. Voyez Hébreu, &c.

Les François furent les premiers qui admirent les caracteres Latins, avec l'Office Latin de S. Grégoire. L'usage des caracteres Gothiques, inventés par Ulfilas, fut aboli dans un synode provincial, qui se tint en 1091, à Léon, ville d'Espagne, & l'on établit en leur place les caracteres Latins. Voyez Gothique.

Les Médaillistes observent que le caractere Grec, qui ne consiste qu'en lettres majuscules, a conservé son uniformité sur toutes les médailles jusqu'au tems de Gallien; on n'y trouve aucune altération dans le tour ou la figure du caractere, quoiqu'il y ait plusieurs changemens considérables, tant dans l'usage que dans la prononciation. Depuis le tems de Gallien, il paroît un peu plus foible & plus rond. Dans l'espace de tems, qui s'écoula entre le regne de Constantin & celui de Michel, qui fut environ de 500 ans, on ne trouve que des caracteres Latins. Après Michel, les caracteres Grecs recommencerent à être en usage; mais depuis ce tems, ïls reçurent des altérations, ainsi que le langage, qui ne fut alors qu'un mêlange de Grec & de Latin. Voyez Grec.

Les médailles latines conserverent leurs caracteres & leur langue jusqu'à la translation du siége de l'empire à Constantinople. Vers le tems de Decius, le caractere commença à s'altérer & à perdre de sa rondeur & de sa beauté: on la lui rendit quelque tems après, & il subsista d'une maniere passable jusqu'au tems de Justin; il tomba ensuite dans la derniere barbarie, dont nous venons de parler, sous le regne de Michel; ensuite il alla toûjours de pis en pis, jusqu'à ce qu'enfin il dégénérât en Gothique. Ainsi plus le caractere est rond & mieux il est formé, plus l'on peut

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