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Quelquefois les saillies ou galeries de pont descendent depuis le haut du bâtiment en talus sur l'eau, & alors on ne peut ramer du dedans du vaisseau. (Z)
CARACOSA (Page 2:645)
CARACOSA, (Géog.) petite ville d'Espagne dans la nouvelle Castille.
CARACTERE (Page 2:645)
CARACTERE, (Ordre encyclopédique. Entendement. Raison. Philosophie ou Science. Science de l'homme.
Logique. Art de communiquer la pensée. Grammaire.
Science de l'instrument du discours. Signes. Caractere.)
Ce mot pris dans un sens général, signifie une marque
ou une figure tracée sur du papier, sur du métal,
sur de la pierre, ou sur toute autre matiere, avec la
plume, le burin, le ciseau, ou autre instrument, afin
de faire connoître ou de désigner quelque chose. Voy.
Ce mot vient du Grec
A peine les hommes furent - ils en société, qu'ils
sentirent le besoin qu'ils avoient d'inventer une langue
pour se communiquer leurs pensées. Cette langue
ne consista sans doute d'abord qu'à désigner par
certains sons & par certains signes les êtres sensibles
& palpables qu'ils pouvoient se montrer, & par conséquent
elle étoit encore fort imparfaite: mais les
hommes ne furent pas long - tems sans s'appercevoir
que non - seulement il leur étoit nécessaire de représenter,
pour ainsi dire, ces êtres à l'oreille par des
sons, mais de les représenter aussi en quelque maniere
aux yeux, en convenant de certaines marques
qui les désignassent. Par là le commerce de la société
devoit s'étendre, puisqu'il devenoit également facile
de désigner ces êtres présens ou absens, & que la communication
des idées étoit rendue également possible
entre les hommes absens, & entre les hommes présens.
Il y a bien de l'apparence que les figures même
de ces êtres, tracées grossierement sur quelques corps,
furent les premiers caracteres par lesquels on les désigna,
& la premiere espece d'écriture, qui a du naître
à - peu - près dans le même tems que les langues.
Voyez
On n'en resta pas là. Les différens besoins des hommes les ayant portés à inventer différentes sciences, ces sciences furent obligées de se former des mots particuliers, de se réduire à certaines regles, & d'inventer quelquefois des caracteres, ou du moins de saire un usage particulier des caracteres déjà inventés pour désigner d'une maniere plus courte certains objets particuliers. L'Arithmétique ou science des nombres a dû être une de ces premieres sciences; pa>ce que le calcul a dû être un des premiers besoins des hommes réunis en société: les autres sciences à son exemple se firent bientôt des caracteres plus ou moins nombreux, des formules d'abréviation, formant comme une espece de langue à l'usage de ceux qui étoient initiés dans la science.
On peut donc réduire les différentes especes de caracteres à trois principales; savoir les caracteres littéraux, les caracteres numéraux, & les caracteres d'abréviation.
On entend par caractere littéral, une lettre de l'alphabet,
propre à indiquer quelque son articulé: c'est
en ce sens qu'on dit que les Chinois ont 80000 caracteres. Voyez
Les caracteres littéraux peuvent se diviser, eu égard à leur nature & à leur usage, en nominaux, & en emblématiques.
Les caracteres nominaux sont ce que l'on appelle
proprement des lettres qui servent à écrire les noms
des choses. Voyez
Les caracteres emblématiques ou symboliques expriment les choses mêmes, & les personifient en quelque sorte, & représentent leur forme: tels sont les hléroglyphes des anciens Egyptiens. (O)
Suivant Hérodote, les Egyptiens avoient deux
sortes de caracteres, les uns saciés, les autres populaires: les sacrés étoient des hiéroglyphes ou symboles;
ils s'en servoient dans leur morale, leur politique,
& sur tout dans les choses qui avoient rapport
à leur fanatisme & à leur superstition. Les monumens
où l'on voit le plus d'hiéroglyphes, sont les
obélisques. Diodore de Sicile, liv. III. pag. 144.
dit que de ces deux sortes de caracteres, les populaires
& les sacrés, ou hiéroglyphiques, ceux - ci n'étoient
entendus que des prêtres. Voyez
Les hommes qui ne formoient d'abord qu'une société unique, & qui n'avoient par conséquent qu'une langue & qu'un alphabet, s'étant extrémement multipliés, furent forcés de se distribuer, pour ainsi dire, en plusieurs grandes sociétés ou familles, qui séparées par des mers vastes ou par des continens arides, ou par des intérêts différens, n'avoient presque plus rien de commun entr'elles. Ces circonstances occasionnerent les différentes langues & les différens alphabets qui se sont si fort multipliés.
Cette diversité de caracteres dont se servent les différentes nations pour exprimer la même idée, est regardée comme un des plus grands obstacles qu'il y ait au progrès des Sciences: aussi quelques auteurs pensant à affranchir le genre humain de cette servitude, ont proposé des plans de caracteres qui pussent être universels, & que chaque nation pût lire dans sa langue. On voit bien qu'en ce cas, ces sortes de caracteres devroient être réels & non nominaux, [p. 646]
Ainsi chaque nation auroit retenu son propre langage,
& cependant auroit été en état d'entendre celui
d'une autre sans l'avoir appris, en voyant simplement
un caractere réel ou universel, qui auroit la même
signification pour tous les peuples, quels que puissent
être les sons, dont chaque nation se serviroit pour
l'exprimer dans son langage particulier: par exemple,
en voyant le caractere destiné à signifier boire, un
Anglois auroit lû to drink, un François boire, un Latin
bibere, un Grec
Il ne faut pas s'imaginer que ce caractere réel soit une chimere. Les Chinois & les Japonois ont déjà, dit - on, quelque chose de semblable: ils ont un caractere commun que chacun de ces peuples entend de la même maniere dans leurs différentes langues, quoiqu'ils le prononcent avec des sons ou des mots tellement différens, qu'ils n'entendent pas la moindre syllabe les uns des autres quand ils parlent.
Les premiers essais, & même les plus considérables que l'on ait fait en Europe pour l'institution d'une langue universelle ou philosophique, sont ceux de l'évêque Wilkins & de Dalgarme: cependant ils sont demeurés sans aucun effet.
M. Leibnitz a eu quelques idées sur le même sujet. Il pense que Wilkins & Dalgarme n'avoient pas rencontré la vraie méthode. M. Leibnitz convenoit que plusieurs nations pourroient s'entendre avec les caracteres de ces deux auteurs: mais, selon lui, ils n'avoient pas attrapé les véritables caracteres réels que ce grand philosophe regardoit comme l'instrument le plus fin dont l'esprit humain pût se servir, & qui devoient, dit - il, extrèmement faciliter & le raisonnement, & la mémoire, & l'invention des choses.
S>ivant l'opinion de M. Leibnitz, ces caracteres devoient ressembler à ceux dont on se sert en Algebre, qui sont essectivement fort simples, quoique très - expressifs, sans avoir rien de superflu ni d'équivoque, & dont au reste toutes les variétés sont raisonnées.
Le caractere réel de l'évêque Wilkins fut bien reçu de quelques savans. M. Hook le recommande après en avoir pris une exacte connoissance, & en avoir fait lui - même l'expérience: il en parle comme du plus excellent plan que l'on puisse se former sur cette matiere; & pour engager plus efficacement à cette étude, il a eu la complaisance de publier en cette langue quelques - unes de ses découvertes.
M. Leibnitz dit qu'il avoit en vûe un alphabet des pensées humaines, & même qu'il y travailloit, afin de parvenir à une langue philosophique: mais la mort de ce grand philosophe empêcha son projet de venir en maturité.
M. Lodwic nous a communiqué, dans les transactions philosophiques, un plan d'un alphabet ou caractere universel d'une autre espece. Il devoit contenir une énumération de tous les sons ou lettres simples, usités dans une langue quelconque; moyennant quoi, on auroit été en état de prononcer promptement & exactement toutes sortes de langues; & de décrire, en les entendant simplement prononcer, la prononciation d'une langue quelconque, que l'on auroit articulée; de maniere que les personnes accoûtumées à cette langue, quoiqu'elles ne l'eussent jamais entendu prononcer par d'autres, auroient pourtant été en état sur le champ de la prononcer exactement: enfin ce caractere auroit servi comme d'étalon ou de modele pour perpétuer les sons d'une langue quelconque.
Dans le journal littéraire de l'année 1720, il y a
Mais ici la difficulté est bien moirts d'inventer les caracteres les plus simples, les plus aisés, & les plus commodes, que d'engager les différentes nations à en faire usage; elles ne s'accordent, dit M. de Fontenelle, qu'à ne pas entendre leurs intérêts communs. (O)
Les caracteres littéraux peuvent encore se diviser, eu égard aux différentes nations chez lesquelles ils ont pris naissance, & où ils sont en usage, en caracteres Grecs, caracteres Hébraïques, caracteres Romains, &c.
Le caractere dont on se sert aujourd'hui communément par toute l'Europe, est le caractere Latin des anciens.
Le caractere Latin se forma du Grec, & celui - ci du Phénicien, que Cadmus apporta en Grece.
Le caractere Phénicien étoit le même que celui de l'ancien
Hébreu, qui subsista jusqu'au tems de la captivité
de Babylone; après quoi l'on fit usage de celui des
Assyriens, qui est l'Hébreu dont on se sert à présent;
l'ancien ne se trouvant que sur quelques médailles
Hébraïques, appellées communément Médailles samaritaines.
Voyez
Postel & d'autres prouvent qu'outre le Phénicien,
le caractere Chaldéen, le Syriaque, & l'Arabe, étoient
pareillement dérivés de l'ancien Hébreu. Voyez
Les François furent les premiers qui admirent les
caracteres Latins, avec l'Office Latin de S. Grégoire.
L'usage des caracteres Gothiques, inventés par Ulfilas,
fut aboli dans un synode provincial, qui se tint en
1091, à Léon, ville d'Espagne, & l'on établit en leur
place les caracteres Latins. Voyez
Les Médaillistes observent que le caractere Grec, qui
ne consiste qu'en lettres majuscules, a conservé son
uniformité sur toutes les médailles jusqu'au tems de
Gallien; on n'y trouve aucune altération dans le tour
ou la figure du caractere, quoiqu'il y ait plusieurs
changemens considérables, tant dans l'usage que dans
la prononciation. Depuis le tems de Gallien, il paroît
un peu plus foible & plus rond. Dans l'espace de tems,
qui s'écoula entre le regne de Constantin & celui de
Michel, qui fut environ de 500 ans, on ne trouve
que des caracteres Latins. Après Michel, les caracteres
Grecs recommencerent à être en usage; mais depuis
ce tems, ïls reçurent des altérations, ainsi que le langage,
qui ne fut alors qu'un mêlange de Grec & de
Latin. Voyez
Les médailles latines conserverent leurs caracteres
& leur langue jusqu'à la translation du siége de l'empire
à Constantinople. Vers le tems de Decius, le caractere commença à s'altérer & à perdre de sa rondeur
& de sa beauté: on la lui rendit quelque tems
après, & il subsista d'une maniere passable jusqu'au
tems de Justin; il tomba ensuite dans la derniere barbarie,
dont nous venons de parler, sous le regne de
Michel; ensuite il alla toûjours de pis en pis, jusqu'à
ce qu'enfin il dégénérât en Gothique. Ainsi plus le
caractere est rond & mieux il est formé, plus l'on peut
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