ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Canard (Page 2:587)

Canard de Moscovie, voyez Canard de Barbarie.

Canard (Page 2:587)

Canard d'Inde, voyez Canard de Barbarie.

Dans les lieux de grand passage on fait au milieu des prairies & des roseaux, loin de tous arbres & haies, des canardieres ou grandes marres, où l'on met quelques canards privés qui appellent les passans, & un homme caché dans une hute les tire au fusil. On les prend aussi aux piéges, soit collets ou autres: l'heure la plus favorable pour les tirer est de grand matin, à mesure qu'ils partent. On les prend encore avec des nappes ou à l'appât, ou bien au trictrac avec des panneaux, & à la glu le long des marres d'eau où ils se reposent.

Pour le vol du canard il faut se servir des autours qui font leur coup à la toise, c'est - à - dire tout d'une haleine, d'un seul trait d'aile, & sont toûjours plus vîtes à partir du poing que les autres. Quand on est arrivé sur le lieu, & qu'on a observé où sont les canards, on prend les devants le long du fossé avec l'autour sur le poing; on le présente vis - à - vis les canards, qui prennent l'épouvante & se levent: mais l'autour part aussi - tôt du poing, vole à eux, & en empiete toûjours quelqu'un.

Dans la saison où les canards sauvages font leurs canetons, on suit les bords des étangs & des rivieres avec un filet attaché à la queue d'une barque; on bat tous les endroits couverts & marécageux, les canetons effrayés sortent & se jettent dans les filets; on les prend, on leur brûle les bouts des ailes, & on les mêle avec les canetons domestiques.

Canards (Page 2:587)

Canards, ou bois perdus; voyez Bois.

CANARI (Page 2:587)

CANARI, s. m. oiseau ainsi appellé des îles Canaries d'où on nous l'a apporté. Voyez Serin. (I)

CANARIE (Page 2:587)

CANARIE (la grandé), Géog. île de l'Océan, proche de l'Afrique, l'une des Fortunêes: elle a environ quarante lieues de circuit; sa capitale est,

Canarie (Page 2:587)

Canarie ou Ciutad de Palmas, ville forte. Long. 2. 15. lat. 28. 4.

CANARIES (Page 2:587)

CANARIES (les iles), Géog. îles de l'Océan, ainsi nommées de la plus grande: elles étoient connues des anciens sous le nom d'îles Fortunées. On en compte sept, qui sont celle de Palme, de Fer, Gomero, Ténériffe, la grande Canarie, Fuerteventura, & Lancerote: on pourroit encore y en ajoûter quelques autres moins considérables. Elles sont très fertiles, & produisent des vins délicieux. Les Espagnols en sont les maîtres. L. 0 - 5. 30. lat. 27. 30 - 29. 45.

Canarie (Page 2:587)

Canarie, subst. f. espece d'ancienne danse, que quelques - uns croyent venir des îles Canaries, & qui selon d'autres vient d'un balet ou d'une mascarade, dont les danseurs étoient habillés en Sauvages. Dans cette danse on s'approche & on s'éloigne les uns des autres, en faisant plusieurs passages bisarres, à la maniere des Sauvages.

La canarie, en Musique, est une espece de gigue. Voyez l'article Gigue, & le prologue de l'Europe galante.

CANASSE (Page 2:587)

CANASSE, sub. f. (Commerce.) on nomme ainsi à Amsterdam des especes de grandes caisses, qui sont quelquefois d'étain, dans lesquelles les vaisseaux de la compagnie apportent les différens thés de la Chine & des Indes orientales. Dans la vente de cette marchandise, on donne ordinairement seize livres de tare par canasse. Voyez Tare. (G)

CANATHOS (Page 2:587)

* CANATHOS, (Myth.) fontaine de Nauplia, où Junon alloit, dit - on, se baigner une fois tous les ans, pour recouvrer sa divinité; fable fondée sur quelque particularité des mysteres secrets qu'on y célebroit en l'honneur de la déesse.

CANCALE (Page 2:587)

CANCALE, (Géog.) ville de France, dans la haute Bretagne, sur le bord de la mer. Long. 15d. 48'. 25". lat. 48d. 40'. 40".

CANCAMUM (Page 2:587)

* CANCAMUM, (Hist. nat.) gomme rare, qui paroît plûtôt un assemblage de plusieurs gommes: on y distingue quatre substances différentes, qui ont chacune leur couleur séparée. La premiere ressemble au succin; elle se fond au feu, & a l'odeur de la gomme laque. La seconde est noire, se fond au feu comme la premiere, mais rend une odeur plus douce. La troisieme est semblable à de la corne, & n'a point d'odeur. La quatrieme est blanche, & c'est la gomme animé. On dit que ces gommes découlent d'un arbre qui croît en Afrique, au Bresil, & dans l'île de S. Christophe, & qui a quelque ressemblance avec celui qui donne la myrrhe.

CANCE (Page 2:587)

CANCE, (Géog.) riviere de France, dans le Vivarais, qui se jette dans le Rhône.

CANCELLARIUS (Page 2:587)

CANCELLARIUS, sub. m. (Hist. anc.) mot que quelques auteurs ont rendu en François par chancelier. C'étoit chez les Romains un officier subalterne, qui se tenoit dans un lieu fermé de grilles & de barreaux, cancelli, pour copier les sentences des juges & les autres actes judiciaires, à peu près comme nos greffiers ou commis du greffe. Ils étoient payés par rôles d'écritures, ainsi qu'il paroît par le fragment d'une loi des Lombards, cité par Saumaise. Il falloit que cet officier fût très - peu de chose, puisque Vopiscus rapporte que Numerien fit une élection honteuse, en confiant à un de ces greffiers le gouvernement de Rome. M. du Cange prétend que ce mot vient de la Palestine, où les toits étoient plats & faits en terrasse, avec des barricades ou balustrades grillées nommées cancelli; que ceux qui montoient sur ces toits pour réciter quelque harangue s'appelloient cancellarii; qu'on a depuis étendu ce titre à ceux qui plaidoient dans le barreau, nommés cancellarii forenses. Ménage a tiré du même mot l'étymologie de chancelier, cancellarius, à cancellis; parce que, selon lui, quand l'empereur rendoit la justice, le chancelier étoit à la porte de la clôture ou des grilles qui séparoient le prince d'avec le peuple. (G)

CANCELLATION (Page 2:587)

CANCELLATION, s. f. (Commerce.) terme en usage à Bordeaux, dans le bureau du courtage & de la foraine.

Il signifie la décharge que le commis donne aux marchands, de la soûmission qu'ils ont faite de payer le quadruple des droits, faute de rapporter dans un tems limité un certificat de l'arrivée de leurs marchandises dans les lieux de leur destination. (G)

Sur l'étymologie du mot cancellation, voyez l'article suivant.

CANCELLER (Page 2:587)

CANCELLER, v. act. en Droit, signifie barrer ou biffer une obligation ou autre acte.

Ce mot vient du Latin cancellare, croiser, traverser, fait de cancelli, qui signifie des barreaux ou un treillis; parce qu'en effet en biffant un acte par des raies tirées en differens sens, on forme une espece de treillis. (H)

CANCELLI (Page 2:587)

CANCELLI, subst. m. plur. (Hist. anc.) petites chapelles érigées par les anciens Gaulois aux déesses meres, qui présidoient à la campagne & aux fruits de la tetre. Ces peuples y portoient leurs offrandes avec de petites bougies, & après avoir prononcé quelques paroles mystérieuses sur du pain ou sur quelques herbes, ils les cachoient dans un chemin creux ou dans le tronc d'un arbre, & croyoient par - là garantir leurs troupeaux de la contagion, & de la mort même. Cette pratique, ainsi que plusieurs superstitions dont elle étoit accompagnée, fut défendue par les capitulaires de nos rois & par les évêques. Mém. de l'Acad. tom. VII. (G)

CANCER (Page 2:587)

CANCER, s. m. terme de Chirurgie, est une tumeur dure, inégale, raboteuse, & de couleur cendrée ou livide, environnée tout au - tour de plusieurs veines distendues & gonflées d'un sang noir & limoneux, située à quelque partie glanduleuse; ainsi appellée, à ce que quelques - uns prétendent, parce qu'elle est à peu près de la figure d'une écrevisse, ou, à ce que disent d'autres, parce que semblable à l'écrevisse elle [p. 588] ne quitte pas prise quand une fois elle s'est jettée sur une partie.

Dans les commencemens elle ne cause point de douleur, & n'est d'abord que de la grosseur d'un pois - chiche: mais elle grossit en peu de tems & devient très - douloureuse.

Le cancer vient principalement à des parties glanduleuses & lâches, comme les mamelles & les émonctoires. Il est plus ordinaire aux femmes qu'aux hommes, & singulierement à celles qui sont stériles, ou qui vivent dans le célibat. La raison pourquoi il vient plûtôt aux mamelles qu'à d'autres parties, c'est que comme elles sont pleines de glandes & de vaisseaux lymphatiques & sanguins, la moindre contusion, compression ou piquûre peut faire extravaser ces liqueurs, qui, par degrés contractant de l'acrimonie, forment un cancer. C'est pourquoi les maîtres de l'art disent que le cancer est aux glandes, ce qu'est la carie aux os, & la gangrene aux parties charnues.

Le cancer cependant vient quelquefois à d'autres parties molles & spongieuses du corps, & on en a quelquefois vû aux gencives, au ventre, au cou de la matrice, à l'urethre, aux levres, au nez, aux joues, à l'abdomen, aux cuisses, & même aux épaules.

On appelle loup, un cancer aux jambes; & celui qui vient au visage ou au nez, noli me tangere. Voyez Noli me tangere.

On divise les cancers, selon qu'ils sont plus ou moins invétérés, en cancer occulte, & cancer ouvert ou ulcéré.

Le cancer occulte est celui qui n'a point encore fait tout le progrès qu'il est capable de faire, & qui ne s'est point encore fait jour.

Le cancer ulcéré se reconnoît par ses inégalités & par quantité de petits trous, desquels sort une matiere sordide, puante, & glutineuse, pour l'ordinaire jaunâtre; par des douleurs poignantes, qui ressemblent aux piquûres que feroient des milliers d'épingles; par sa noirceur; par l'enflure des veines de l'ulcere; par la couleur noirâtre, le gonflement, & les varices.

Quelquefois les extrémités des vaisseaux sanguins sont rongées, & le sang en sort. Dans un cancer au sein, la chair est quelquefois consumée au point qu'on peut voir dans la cavité du thorax. Il occasionne une fievre lente, un sentiment de pesanteur, fort souvent des défaillances, quelquefois l'hydropisie, & la mort à la fin.

La cause immédiate du cancer paroît être un sel volatil excessivement corrosif, qui approche de la nature de l'arsenic, formé par la stagnation des humeurs, &c. On est quelquefois venu à bout de le guérir par le moyen du mercure & de la salivation. Quelques - uns croyent que le cancer ulcéré n'est autre chose qu'une infinité de petits vers qui dévorent la chair petit - à - petit. Le cancer passe avec raison, pour une des plus terribles maladies qui puisse arriver. Ordinairement on le guérit par l'extirpation, quand la tumeur est encore petite, qu'elle n'est, par exemple, que de la grosseur d'une noix, ou tout au plus d'un petit oeuf: mais quand il a gagné toute la mamelle, qu'il creve & devient ulcéré, on n'y peut remédier que par l'amputation de la partie.

Le cancer ulcéré est une maladie qui n'est pas méconnoissable: ses bords tuméfiés & renversés; la sanie, semblable à celle d'une partie gangrenée, qui découle de ses chairs baveuses; sa puanteur, & l'horreur qu'il fait au premier aspect, en annoncent le mauvais caractere. Mais il est important pour la pratique, qu'on établisse le diagnostic du cancer occulte commençant. Il y a une infinité de gens qui vantent des secrets pour la guérison des cancers naissans, & qui sont munis de témoignages & d'attestations des cures qu'ils ont faites, parce qu'ils donnent le nom de cancet à une glande tuméfiée qu'un emplâtre résolutif auroit fait disparoître en peu de tems. Les nourrices & les femmes grosses sont sujettes à des tumeurs dures & douleureuses aux mamelles, qui se terminent ordinairement & fort heureusement par suppuration. Il survient souvent presque tout - à - coup des tumeurs dures aux mamelles des filles qui entrent dans l'âge de puberté, & elles se dissipent pour la plûpart sans aucun remede. Le cancer naissant au contraire fait toûjours des progrès, qui sont d'autant plus rapides, qu'on y applique des médicamens capables de délayer & de résoudre la congestion des humeurs qui le forment. On n'en peut faire trop tôt l'extirpation, par les raisons que nous exposerons ciaprès. Il faut donc le connoître par des signes caractéristiques, afin de ne le pas confondre avec d'autres tumeurs qui demandent un traitement moins douloureux, & afin de ne pas jétter mal - à - propos les malades dans de fausses allarmes.

Le cancer des mamelles & de toute autre partie, est toûjours la suite d'un skirrhe: ainsi toute tumeur cancéreuse doit avoir été précédée d'une petite tumeur qui ne change pas la couleur de la peau, & qui reste indolente, souvent plusieurs mois, & même plusieurs années sans faire de grands progrès. Lorsque le skirrhe dégénére en cancer, la douleur commence à se faire sentir, principalement lorsqu'on comprime la tumeur. On s'apperçoit ensuite qu'elle grossit, & peu de tems après elle excite des élancemens douloureux, qui se font ressentir sur - tout dans les changemens de tems, après les exercices violens, & lorsqu'on a été agité trop vivement par les passions de l'ame. La tumeur croit, & fait ensuite des progrès qui empêchent qu'on ne se trompe sur sa nature. Les élancemens douloureux qui surviennent à une tumeur skirrheuse, sont les signes qui caractérisent le cancer. Ces douleurs ne sont point continues; elles sont lancinantes ou pungitives; elles ne répondent point au battement des arteres comme les douleurs pulsatives, qui sont le signe d'une inflammation sanguine: il semble que la tumeur soit de tems à autre piquée & traversée, comme si on y enfonçoit des épingles ou des aiguilles. Ces douleurs sont fort cruelles, & ne laissent souvent aucun repos, ce qui réduit les malades dans un état vraiment digne de pitié: elles sont l'effet de la présence d'une matiere corrosive, qui ronge le tissu des parties solides. Les remedes fondans & émolliens ne conviennent point à ces maladies, parce qu'en procurant la dissolution des humeurs qui forment le cancer, ils en accélerent la fonte putride, & augmentent par - là considérablement les accidens.

On voit par ces raisons, qu'on ne peut pas trop promptement extirper une tumeur cancéreuse, même occulte. Après avoir préparé la malade par des remedes généraux, (je suppose cette maladie à la mamelle), on la fait mettre en situation convenable; elle doit être assisse sur un fauteuil, dont le dossier soit fort panché. Je fais fort volontiers cette opération, en laissant les malades dans leurs lits. On fait tenir & écarter le bras du côté malade, afin d'étendre le muscle grand pectoral. Si la tumeur est petite, on fait une incision longitudinale à la peau & à la graisse qui recouvre la tumeur; on la saisit ensuite avec une errine, voyez Errine, & en la disséquant avec la pointe du bistouri droit qui a servi à faire l'incision de la peau, on la détache des parties qui l'environnent, & on l'emporte. J'ai fait plusieurs fois cette opération, j'ai réuni la plaie avec une suture seche, & cela m'a réussi parfaitement.

Si la tumeur est un peu considérable, qu'elle soit mobile sous la peau, & que le tissu graisseux ne soit point embarrassé par des congestions lymphatiques, on peut conserver les tégumens: mais une incision longitudinale ne suffiroit point; il faut les inciser

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