ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Après cette derniere attitude, il faut se remettre en garde dans telle position qu'on jugera à propos, soit pour attendre l'attaque, soit pour attaquer le premier.

Si l'on se trouvoit trop près de son adversaire, après avoir fait en avant la passe du pié gauche, il faudroit se remettre en garde en portant le pié gauche en arriere pour éviter un coup de surprise, & ne pas recevoir la pre - miere botte; car il est permis de tirer aussi tôt qu'on est placé en garde, parce qu'il est probable qu'on est sur la défensive.

Les figures qui suivent, ont le fleuret à la main dans toutes les positions expliquées, afin que les jeunes gens apprennent à fixer la pointe de leur épée dans sa juste direction.

Dans l'exercice des armes, tout dépend d'un coup d'oeil juste, de beaucoup de vivacité dans le poignet, d'une grande fermeté dans les parades, de bien sou - tenir son corps en tirant une botte, d'avoir le corps sur la partie gauche en parant, d'être bien libre dans tou - tes ses parties, de ne pas s'emporter ni s'abandonner, d'être ferme sur ses jambes, & de bien connoître la me - sure de chaque mouvement. On ne parvient à la perfec - de tion ce talent qu'à force de pratique sur le plastron & de tirer au mur. On donnera la méthode & l'explica - tion à la suite.

Méthode pour rendre un écolier actif & ferme sur ses jambes, & lui apprendre à se placer après avoir tiré tierce & quarte.

On doit s'appliquer non - seulement à tirer toutes les bottes avec vivacité, mais aussi en détachant les coups faire mouvoir les jointures de toutes les parties du corps comme des ressorts. Il est essentiel de se remettre en gar - de avec autant de vivacité afin d'etre en état de parer en cas de riposte. Pour cet effet, sitôt qu'on commence à ti - rer des bottes avec fermeté, au lieu de revenir dans la position de sa garde, il faut porter le pié droit près du pié gauche ou le pié gauche près du pié droit. Afin qu'un écolier exécute aisément ces positions, le maître d'armes doit l'aider de cette sorte jusqu'à ce qu'il soit aslez délié pour les éxécuter de lui - même.

On doit tirer la quarte sans toucher le plastron, & au lieu de se remettre en garde dans la position ordi - naire, garder l'équilibre du corps, porter légerement & vivement la pointe du pié droit près du talon gauche, tenir le poignet droit & le bras gauche dans la position de la botte, le corps bien droit, la tête élevée, & les genoux bien tendus, comme on peut le voir à la qua - torzieme Planche dans la cinquieme position du salut.

Le second mouvement est le plus difficile. Après avoir tiré la tierce, au - lieu de se remettre en garde, il faut por - ter le pié gauche en - avant sans roidir le genou ni le coup - de - pié. On doit faire ce mouvement avec aisance, afin de se trouver immédiatement droit sur ses jambes, & avoir le talon gauche près de la pointe du pié droit. Il faut se remettre en garde en portant en - avant le pié droit, ou en - arriere le pié gauche, & toujours observer de ne remuer qu'un seul pié.

Le maître, afin d'aider son écolier, après qu'il s'est alongé, doit soutenir son poignet droit avec sa main gauche jusqu'à ce qu'il soit ferme & droit sur ses jam - bes. Cette méthode est la plus sûre pour faciliter un écolier à se remettre en garde avec légéreté & bonne grace. Cela le dispose à faire le mouvement des passes dont on donnera l'explication à la suite.

Il est nécessaire aussi, lorsqu'un écolier prend sa le - çon au plastron, que le maître ait l'attention de retirer souvent le corps en - arriere dans le tems que l'écolier tire son coup. Il seroit dangereux pour lui par la suite que le maître lui laissat fixer sur son plastron le bouton de son fleuret à chaque botte qu'il tireroit. Il s'accou - tumeroit à abandonner sa main & son corps; & au - lieu d'apprendre à diriger la pointe de son épée au corps de son adversaire, il tireroit ses coups sans regle de la cein - ture en bas. Le danger à venir seroit d'autant plus grand pour l'écolier, qu'il ne pourroit pas se remettre en gar - de, ni parer en cas de riposte. Mais lorsqu'un maî - tre fait souvent tirer à vuide son écolier dans le tems qu'il croit trouver de l'appui, il lui donne de l'aisan - ce pour tirer ses coups, & se remettre sur la défensive; & en le rendant attentit à soutenir son corps & sa main, il l'accoutume à porter la pointe de son épée à sa juste direction.

Les six bottes qu'on a expliquées ci - dessus peuvent être tirées non seulement de la lame au corps de l'adversaire (ce qui ne doit former qu'un tems droit), mais après un battement d'épée par une attaque du pié, par un glisse - ment d'épée, par un simple dégagement, ou par un dé - gagement avec l'attaque du pié.

Le battement d'épée se fait en engageant la lame soit en quarte, soit en tierce, ou quarte sur les armes. On la quitte d'environ quatre pouces, on la touche vive - ment, & on tire ferme & droit au corps.

L'attaque du pié se fait en levant le pié droit à deux pouces de terre, en le posant ferme, & on tire droit au corps.

Le glissement d'épée se fait en touchant ferme la la - me de son adversaire. Il faut plier un peu le coude, éle - ver la pointe de l'épée, gagner le foible de la lame en avançant le poignet d'environ un pié, pour déranger de la ligne la pointe de son épée, & lui tirer droit & ferme au corps.

Le simple dégagement se fait, lorsqu'on est engagé au - dedans, ou au dehors des armes, en dégageant sans toucher l'epée de son adversaire. Le dégagement fait, lui tirer droit au corps.

Le dégagement avec l'attaque du pié se fait d'un seul tems; & dans le tems qu'on dégage, il faut joindre l'é - pée de son adversaire, en attaquant du pié, & tirer droit & ferme au corps. On observera que cette opération, quoique formée de deux tems, dont le premier est le dégagement avec l'attaque du pié, & le second est de tirer, doit être exécutée aussi vivement qu'on diroit à soi - même une, deux.

Des parades simples.

Chaque botte a sa parade & chaque parade sa ripos - te. La parade est la principale partie des armes. Pour être bon tireur, il ne suffit pas de se présenter de bon - ne grace, de tirer avec vivacité & justesse. Le grand point est de savoir se défendre, & parer les coups que l'adversaire tire. Lorsqu'on est maître de sa parade, on le lasse bientôt, & on trouve jour à le toucher. On doit donc s'appliquer à bien former ses parades, en tenant ferme son épée depuis la garde jusqu'à la pointe. Il faut que le corps soit bien effacé sur la partie gauche, & que le poignet & le coude agissent.

De la parade de quarte, au dedans des armes sur le coup de quarte.

Fig. 15. La parade de quarte, au dedans des armes, se forme par un mouvement sec du poignet avec le fort de la lame & le tranchant du dedans. Il faut effacer bien le corps, opposer le poignet d'environ quatre pouces sur la gauche, racourcir un peu le bras, & aussi - tôt après avoir paré, presenter la pointe de l'é - pée ferme vis - à - vis l'estomac de son adversaire, afin d'ê - tre prêt à la riposte.

ESCRIME, | |PLANCHE V. (Page 21:6:4)

PLANCHE V. De la parade de tierce sur le coup de tierce.

Fig. 16. Pour parer le coup de tierce, il faut parer du tranchant du dedans, tendre bien le bras, opposer le poignet à la lame sans le déranger de la posi - tion de tierce, & baisser la pointe de l'épée au corps afin d'être en état de riposter droit en tierce.

On peut aussi parer le coup de tierce en pliant un peu le coude, soutenant bien son poignet, tenant la pointe de l'épée vis - à - vis l'épaule droite de son adver - saire. De cette maniere, on est en état de riposter en seconde.

De la parade de quarte au dehors des armes sur le coup de quarte hors des armes.

Fig. 17. Pour parer le coup de quarte au dehors des [p. 6:5] armes, il faut opposer le tranchant du dehors de la lame, tenir le poignet dans la position de la quarte au dehors des armes, tendre le bras, avoir la main sur la ligne de l'épaule droite, & toucher ferme la lame de son adversaire avec le talon de l'épée.

On pare aussi ce coup en racourcissant le bras, en te - nant le poignet un peu plus au dehors des armes & la pointe de l'épée plus haute. Le coup paré, il faut glisser sur la lame du foible au fort. De cette maniere on écarte non seulement la pointe de son épée, mais aussi on peut la lui faire sauter de la main.

De la parade de seconde sur le coup de seconde.

Fig. 18. Il faut parer le coup de seconde avec le tranchant du dedans, & hausser le poignet en seconde à la hauteur de l'épaule droite, tenir la pointe de l'é - pée basse & bien soutenue du fort au foible, diriger la pointe entre l'aisselle & la mamelle droite de son ad - versaire, & tendre le bras ferme pour déranger la pointe de son épée.

ESCRIME, | |PLANCHE VI. (Page 21:6:5)

PLANCHE VI. De la parade du demi cercle sur le coup de quarte basse.

Fig. 19. La parade du demi cercle doit être formée au dedans des armes par un coup ferme sur le foible de la lame de l'adversaire, avec le tranchant du dedans & du fort de l'épée. Il faut tourner les ongles en dessus, tendre bien le bras, tenir le poignet à la hauteur du menton, & la pointe de l'épée basse & soutenue du fort au foible.

De la parade du coup flanconade par le cavé, avec l'ex - plication de la parade du même coup par un liement d'épée.

Fig. 20. Le cavé, est une parade où il faut tourner vivement le poignet de quarte en tierce dans le tems que l'adversaire gagne la lame du foible au fort, pour tirer la flanconnade, former un angle du poignet à la pointe; par ce moyen on évite la botte, & la pointe de l'épée se trouve exactement dans la ligne du corps de l'adversaire. On doit aussi observer de bien tendre le bras, & de soutenir avec fermeté sa lame depuis le fort jusqu'à la pointe de son épée.

Le liement d'épée se fait aussi dans le tems qu'il tire le coup de flanconnade. Il faut céder la pointe sans quit - ter sa lame, ensorte que la pointe forme un demi - cer - cle en passant par - dessous son poignet; & lorsque la parade sera formée, les deux poignets & lames se trou - veront dans la position de quarte, comme on étoit avant que le coup fût tiré, avec cette différence, que le poi - gnet se trouvera plus bas que dans la garde ordinaire.

De la parade de prime sur le coup de seconde.

Fig. 21. Pour parer de prime sur le coup de seconde, il faut passer la pointe de l'épée par - dessus la lame de son adversaire dans le tems qu'il tire la seconde, la bais - ser à sa ceinture, lever la main droite à la hauteur de la bouche, tourner les ongles tout - à - fait vers soi, te - nir le coude plié & le corps bien en arriere, & dans cette position donner un coup ferme & sec sur la lame en parant du fort de l'épée & du tranchant du dehors.

Il faut, en parant de prime, opposer la main gau - che, comme il est expliqué dans le coup de flanconna - de, ou sortir de la ligne.

L'opposition de la main gauche se fait, quand on pa - re, en serrant la mesure & pour éviter la pointe de l'é - pée de l'adversaire, en cas qu'on veuille riposter sur la même ligne.

Sortir de la ligne se fait dans le même tems qu'on pare son coup. Ainsi dans ce tems il faut porter le pié droit à plat & ferme à six pouces sur la droite, & faire suivre le pié gauche du même côté d'environ un pié étant plus éloigné du centre. Selon mon avis cette der - niere opération est préférable à l'opposition de la main gauche. Comme elle est pratiquée dans plusieurs aca - démies, sur tout dans celles d'Italie, on a jugé à pro - pos d'en donner l'explication.

La raison pour laquelle on préfere la derniere à la pre - miere, est parce que les pointes des deux épées se trou - vent basses & au dedans des armes. Il vaut mieux sor - tir de la ligne pour faire sa riposte, puisqu'on voit à découvert toute la partie gauche de l'adversaire.

ESCRIME, | |PLANCHE VII. (Page 21:6:5)

PLANCHE VII. De la parade de quinte sur le coup de quinte.

Fig. 22. On tire le coup de quinte, en trompant la parade du demi cercle, ou de prime & tenant la main en quarte; il faut dégager la pointe de l'épée par - des - sus la lame de son adversaire dans le tems qu'il pare du demi - cercle, de prime, & lui tirer au flanc.

On pare ce coup en tenant la main en quarte, le poi - gnet élevé & la pointe basse, en opposant le même fort du tranchant du dehors en écartant sa pointe par la fer - meté du poignet, en soutenant bien la lame du fort au foible, & ayant le bras bien tendu, & le corps porté sur sa partie gauche.

Explication des différentes bottes qu'on peut parer avec la même parade outre celles qui sont expliquées.

Toutes les parades en général se font de pié ferme en avancant, ou reculant. Avec la parade de quarte on pare, en baissant le poignet, la quarte basse & la secon - de: en le haussant, on pare les coupés sur pointe au de - dans des armes, & la flanconnade. Avec la parade de tierce, on pare la quarte au dehors des armes; en haussant le poignet, on pare les coupés sur pointe tirés en tierce, ou en quarte au dehors des armes. Avec la parade de quarte au dehors des armes, on pare la tierce. En haussant le poignet, on pare lesdits coupés sur poin - te. Avec la parade de seconde, on pare tous les coups de dessous le poignet soit de quinte soit de quarte basse ou de flanconnade, en tenant le poignet haut & la poin - te de l'épée à la ceinture. Avec la parade du demi - cercle on pare la quarte, la tierce, la quarte hors des armes, & la seconde. Avec la parade de prime, on pare la quarte, la quarte basse & la seconde. Avec la parade de quinte, on pare la seconde & la flanconnade.

Observations sur les parades.

Une parade est d'autant plus nécessaire, lorsqu'elle est bien formée & à propos, qu'elle est aussi dange - reuse, lorsqu'elle est éxécutée sans jugement & qu'elle est écartée. La parade est une défense qui empéche d'ê - tre touché. Ainsi on doit observer, en défendant le côté par où l'on est attaqué, de ne pas donner un plus grand jour à son adversaire, qui trouvant plus d'aisance, pour - roit en profiter. Pour cet effet, il ne faut pas s'étonner des différens mouvemens qu'il pourroit faire soit du corps, soit des piés ou de la pointe de son épée. Il n'est pas douteux qu'on a un grand avantane en le for - çant à se défendre, puisque dans ce tems - là il lui est im - possible d'attaquer. Alors on est en état de profiter du plus grand jour qu'il peut donner par ignorance, ou par inadvertance; mais aussi il est certain que l'avantage est plus grand de lui riposter, si l'on souffre l'attaque, lors - qu'on est en état de parer suivant les regles des armes.

De la riposte après la parade.

Chaque parade a sa riposte. On est regardé com - me bon tireur d'armes, lorsqu'on pare avec jugement & qu'on riposte avec vivacité & justesse. Il y a dans les armes deux manieres de riposter, l'une dans le tems que l'adversaire tire son coup, & l'autre dans le tems qu'il se remet en garde. La premiere ne convient qu'à ceux qui sont bien formés dans l'exercice des armes, car elle exige beaucoup de précision, un coup - d'oeil juste, & une parade ferme & seche, puisque l'adversaire, qui n'a pas fini son coup, doit recevoir la riposte au corps, ce qu'on appelle en fait d'armes riposter de la main.

La seconde qui est la riposte dans le tems qu'il se remet en garde, après avoir tiré sa botte, se fait en le touchant au corps avant que son pié droit pose à ter - re, lorsqu'il se remet en garde. Pour la bien exécuter, il faut la faire en s'alongeant avec vivacité.

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