ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ZIMENT - VASSER (Page 17:714)

ZIMENT - VASSER, (Minéral.) c'est le nom que les auteurs allemands donnent à des eaux qu'on trouve quelquefois près des mines de cuivre, & qui sont légérement impregnées des particules de ce métal. La plus fameuse source de cette espece se trouve à la distance d'environ une de nos lieues de New - Soll en Hongrie, dans la grande mine de cuivre appellée par les Allemands, Herrn - grundt. Ces eaux étoient connues a Kircher, Brown, Toll, & autres qui en font mention; mais il est vraissemblable qu'elles n'étoient pas encore découvertes du tems d'Agricola, puisqu'il n'en dit mot, & qu'une chose si curieuse qu'il avoit sous sa main, ne lui auroit pas échappée, d'autant plus qu'il fait mention de vertus semblables, attribuées aux eaux de Schmolnich, qui sont beaucoup moins fameuses en ce genre que celle de New - Soll.

On trouve l'eau de cette derniere mine à différentes profondeurs, où elle est rassemblée dans des bassins pour en séparer le cuivre; mais dans quelques endroits, cette eau est beaucoup plus saoulée de ce métal que dans d'autres, & ce sont celles qui produisent aussi plus promptement le changement supposé de fer en cuivre.

Les morceaux de fer dont on se sert communément pour ces sortes d'expériences sont des fers de cheval, des clous, & choses semblables; & on les trouve très - peu altérés dans leur forme après l'opération, la seule différence est, que leurs surfaces sont un peu grossies.

L'eau qui produit ce changement, paroît verdâtre dans les bassins où elle repose; mais si l'on en prend dans un verre, elle est aussi claire que le crystal; elle n'a point d'odeur, mais elle est d'un goût vitriolique si fort & si astringent, qu'en y goûtant, la langue & les levres en sont écorchées; cependant on n'apperçoit point cet effet, quand on goûte de ces eaux dans la mine même; on éprouve alors seulement une légere démangeaison au bord des levres; mais [p. 715] aussitôt qu'on vient à l'air, elles commencent à enfler, & à sournir un peu de matiere dans les pustules.

Ces eaux n'ont pas en tout tems la même force, soit à brûler les levres, soit pour changer le fer; moins les sources sont abondantes, plus elles sont fortes. Les cavernes où l'on a mis des bassins pour recevoir cette eau, n'ont point d'odeur offensive, & ce qui paroit un peu singulier, on n'y trouve point de vitriol, au - lieu qu'il abonde dans tous les autres endroits de la mine; les pierres mêmes sont blanches dans les cavernes, & ont partout ailleurs un oeil bleuâtre, qui ne vient que des particules de cuivre qui s'y sont attachées; peut - être que l'humidité de l'air de ces endroits emporte avec elle les particules de ce sel dans les endroits où elles peuvent aisément se fixer.

Ceux qui travaillent aux mines, prennent de ces eaux pour se purger quand ils sont malades, & elles produisent cet effet très - promptement par haut & par bas. Ils s'en servent aussi pour les maux des yeux, en quoi elles sont quelquefois fort unles, mais le plus souvent nuisibles.

Le cuivre qu'on tire de ces eaux est plus estimé par les gens du lieu qu'aucun autre, parce qu'ils prétendent qu'il est plus ductile & plus facile à fondre.

Une livre de cette eau la plus forte, étant évaporée sur un feu doux, devient d'abord trouble, & dépose ensuite un sédiment jaunâtre; quand on la fait évaporer jusqu'à siccité, ce sédiment pese deux scrupules & demi; si l'on verse dessus de l'eau chaude, & qu'on la filtre, elle laisse dans le filtre plus de six grains d'une terre jaunâtre; la solution verdâtre étant de nouveau évaporée, & la même opération répétée plusieurs fois, il s'en sépare un peu plus de deux scrupules de vitriol, d'un verd bleuâtre, & en petits crystaux.

Présentement, si l'on ajoute un peu d'nuile de tartre à une livre de cette eau vitriolique, le tout devient trouble, & laisse beaucoup de résidu dans le filtre; ce résidu étant sec pese environ deux scrupules & demi, & se trouve être un vrai vitriol cuivreux avec un leger mélange de sel neutre. Si finalement, on met une pinte de cette eau dans une bouteille, & qu'on y jette un petit morceau de fer, on verra quelques bulles s'attacher immédiatement à ce morceau de fer, ensorte que par degrés il prend la couleur du cuivre; le second jour l'eau est extrémement trouble; elle s'éclaircit ensuite, & des fils blancs se ramassent au fond, aux côtés du verre, & du morceau de fer, qui pour lors se trouve avoir partout une couleur cuivreuse.

Toutes ces expériences justifient que cette eau contient une très - grande quantité de vitriol de cuivre, dont elle a fait la solution par le secourside l'acide ordinaire. Ce fait étant connu, on conçoit bien qu'il ne se fait point de changement réel de métal dans un autre, mais que les particules d'un métal ont pris leur place. Cette eau ainsi imprégnée, est un menstrue capable de dissoudre le fer, & s'affoiblit assez dans la solution de ce métal, pour laisser détacher en petites particules le cuivre qu'elle contenoit auparavant. Cela semble être ainsi en examinant le métal changé; car tant qu'il reste dans l'eau, le cuivre ne paroît pas une masse douce & malléable, mais un assemblage de petits grains serrés les uns contre les autres, & pour lors le métal paroît friable & cassant.

La dissolution d'un métal, & la déposition des particules d'un autre à sa place, est une chose commune en chimie, mais elle ne donne guere le phénomene dont nous parlons, j'entends la dissolution du fer & du cuivre dans le même menstrue; l'eau dont il s'agit ici ne peut jamais déposer qu'autant de cuivre qu'elle en contenoit, & il paroit par les expé<cb-> riences, que cette quantité est peu considérable, puisqu'elle ne monte qu'à deux scrupules de vitriol dans une livre d'eau; c'est donc à tort que les habitans du lieu s'imaginent que si l'on mettoit une plus grande quantité de fer dans l'eau, il y auroit une plus grande quantité de cuivre qui se précipiteroit à sa place; il est pourtant vrai qu'on en retire annuellement assez de cuivre, parce que les eaux qui le fournissent sont fort abondantes. Philos. transact. n°. 479. p. 355. 359. Voyez Cementatoire, eau. (Le chevalier de Jaucourt.)

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