ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"729"> la fleur de la beauté, & lui donne uue couleur sombre & des traits grossiers; ce qui est pis encore, les actions cruelles de ces peuples, leurs jalousies furieuses, leur aveugle rage, & leur vengeance barbare, allurnent sans cesse leurs esprits ardens. L'amour, les doux regards, la tendresse, les charmes de la vie, les larmes du coeur, l'ineffable délire de la douce hmanité n'habitent point dans ce séjour; toutes ces choses sont des fruits de plus doux climars. Là tout est confondu dans le desir brutal & dans la sure ur sauvage des sens; les animaux mêmes brûlent d'un horrible feu.

Le serpent d'un verd effrayant, sortant à midi de son repaire sombre, que l'imagination craint de parcourir, déploie tout son corps dans les orbes immenses; s'élançant alors de nouveau, il cherche la fontaine rafraichissante auprès de laquelle il quitte ses plis, & tandis qu'il s'éleve avec une langue menaçante & des machoires mortelles, ce monstre dresse sa crête enflammée. Tous les autres animaux, malgré leur soif, fuient effrayés & tremblans, ou s'arrêtent à quelque distance, n'osant approcher.

Aussi - tôt que le jour pur a fermé son oeil sacré, le tigre s'élance avec fureur, & fixe ses regards sur sa proie; l'ornement du désert, le vif & brillant léopard, tacheté de différentes couleurs, méprise aussi tous les artifices que l'homme invente pour l'apprivoiser. Tous ces animaux indomptables sortent des bois inhabités de la Mauritanie ou des îles qui s'élevent au milieu de la sauvage Libye. Ils admirent leur roi hérissé, qui marchant avec des rugissemens impérieux, laisse sur le sable la trace de ses pas. Les troupeaux domestiques sont saisis de frayeur à l'approche de ces monstres. Le village éveillé tressaillit, & la mere presse son enfant sur son sein palpitant. Le captif échappé de l'antre du pirate & des fers du fier tyran de Maroc, regrette ses chaînes, pendant que les cris sont retentir les déserts depuis le mont Atlas jusqu'au Nil effrayé.

Malheureux celui qui séparé des plaisirs de la société, est laisié seul au milieu de cette region d'horreur & de mort. Tous les jours il s'assied tristement sur la pointe de quelque rocher, & regarde la mer agitée, espérant que de quelque rivage éloigné où la vague forme un tourbillon, il découvrira des vaisseaux qu'il se trace dans les nuages. Le soir il tourne un oeil triste au coucher du soleil, & son coeur mourant sans secours, se plonge dans la tristesse, quand le rugisse nent accoutumé vient se joindre au sifflement continuel, pendant la nuit, si longue & si terrible.

Souvent les élémens furieux semblent porter dans cette aride zone, le démon de la vengeance. Un vent suffoquant souffle une chaleur insupportable de la fournaise inamense du firmament, & de la vaste & brillante étendue du sable brûlant. Le voyageur est frappé d'une atteinte mortelle. Le chameau, fils du désert, accoutumé à la soif & à la fatigue, lent son coeur percé & desseché par ce souffle de feu.

Mais c'est principalement sur la mer & sur ses vagues flexibles que l'orage exerce son cruel empire. Dans le redoutable Océan, dont les ondes flottent sous la ligne qui entoure le globe, le typhon tournoie d'un tropique à l'autre, & le terrible ecnéphia regne; des vents rugissans, des flammes & des flots combattant, se précipitent & se confondent en masse. Tout l'art du navigateur est inutile. Opprimé par le destin rapide, son vaisseau boit la vague, s'enfonce, & se perd dans le sein du sombre abysme. Gama combattit contre une semblable tempête pendant plusieurs jours & plusieurs nuits, voguant sans cesse autour du cap orageux, conduit par une ambition hardie, & par la soif encore plus hardie de l'or.

Le requin, antropophage, accroît la terreur de cette tempête; il paroît avec ses mâchoires armées d'une triple défense; attiré par l'odeur des morts & des mourans, il fend les vagues irritées aussi promptement que le vent porte le vaisseau; il demande sa part de la proie aux associés de ce cruel voyage, qui va priver de ses enfans la malheureuse Guinee: le destin orageux obéit, la mort enveloppe les tyrans & les esclaves; à l'instant leurs membres déchirés lui servent de pâture; il teint la mer de sang, & se livre à ce repas vengeur.

Le soleil regarde tristement ce monde noyé par les pluies équinoxiales; il en attire l'odeur infecte, & il naît un million d'animaux destructifs de ces marécages mal - sains où la putréfaction fermente. Dans l'ombre des bois, retraite affreuse. enveloppée de vapeurs & de corruption, & dent la sombre horreur ne fut jamais pénétrée par le plus téméraire voyageur; la terrible puissance des maladies pestilencielles établit son empire. Des millions de démons hideux l'accompagnent, & flétrissent la nature affoiblie; fléau terrible, qui souffle sur les projets des hommes, & change en une désolation complette les plus hautes esperances de leur orgueil. Tel fut dans ces derniers tems le désastre qui altéra la nation britannique, prête à réduire Carthagène.

Faut - il que je raconte la rigueur de ces climats, où la peste, cette cruelle fille de la déesse Némésis, descend sur les villes infortunées. Cette destructrice du monde est née des bois empoisonnés de l'Ethiopie, des matieres impures du grand Caire, & des champs infectés par des armées de sauterelles, entassées & putréfiées. Les animaux échappent à sa terrible rage; l'homme intempéré, l'homme seul lui sert de proie. Elle attire un nuage de mort sur sa coupable demeure, que des vents tempérés & bienfaisans ont abandonnée: ce nuage est taché par le soleil d'un melange empoisonné, & cet astre se montre lui - même sous un aspect irrité.

Tout alors n'est que désastre. La sagesse majestueuse détourne son oeil vigilant; l'épée & la balance tombent des mains de la justice, désormais sans fonctions; on n'entend plus le bruit du travail; les rues sont désertes & l'herbe y croît tristement. Les demeures agréables des hommes se changent en des lieux pires que des déserts; rien ne se montre, hormis peut - être quelque malheureux, qui frappé de frénesie, brise ses liens, & s'échappe de la maison fatale, sejour funeste de l'horreur, & fermée par la crainte barbare: cet infortuné pousse des cris au ciel & l'accuse d'inhumanité. La triste porte qui n'est pas encore infectée craint de tourner sur ses gonds; elle abhorre la société, les enfans, les amis, les parens; l'amour lui - même, éteint par le malheur, oublie le tendre lien & les doux engagemens du coeur sensible. Mais sa tendresse meme est inutile; le firmament & l'air qui anime tout, sont semés des traits de la mort; chacun à son tour frappé, tombe dans des tourmens solitaires, sans secours, sans derniers adieux, & sans que personne le pleure. Ainsi le noir desespoir étend son aîle funèbre sur la ville terrassée, tandis que pour achever la scène de désolation, les gardes inéxorables dispersés tout - au - tour, refusent toute retraite, & donnent une mort plus douce au malheureux qui fuit.

Ce ne sont pas là tous les désastres de l'intempérie des élémens brûlans. La fureur d'un ciel d'airain, les champs de fer, la sécheresse, n'offrent pour moisson que la faim & la soif. La montagne en convulsion, pousse des colonnes de flamme, allumées par la triple rage de la torche du midi, qui produit le tremblement de terre. Ce dernier fléau se forme dans le monde souterrein; il frappe, ébranle, renverse sans effort les villes les plus célebres, & fait sortir du fond des mers de nouvelles îles couvertes de [p. 730] pierres calcinées, inconnues aux siecles précédens.

Arrêtons, c'est assez, j'ai moi - même besoin de respirer; outre que d'autres scènes d'horreur & d'épouvante doivent entrer dans le tableau des zones glaciales: lisez - en l'article. (Le chevalier de Jaucourt.)

Zones glaciales (Page 17:730)

Zones glaciales, (Géog. mod.) les géographes distinguent deux zones glaciales: elles sont renfermées entre les deux cercles polaires qui les embrassent, l'une autour du pole arctique, & l'autre autour de pole antarctique. On les appelle glaciales, parce que pendant la plus grande partie de l'année il y fait un froid excessif, tant par les longues nuits de plusieurs mois qui s'y rencontrent, qu'à cause de l'obliquité des rayons du soleil quand il les éclaire.

Il y a dans ces zones quantité d'étoiles qui ne se couchent jamais, & quantité d'autres qui sont toujours cachées au - dessous de l'horison. Les habitans ont une si grande inégalité de jours & de nuits, que le soleil paroît sur l'horison pendant plusieurs jours, & quelquefois plusieurs mois; les nuits y sont aussi de plusieurs jours & de plusieurs mois. Ils ont le soleil très - éloigné de leur zénith, & ne voient qu'un solstice, savoir celui de l'été, le solstice d'hiver étant caché sous l'horison. La lune s'y leve quelquefois devant le soleil, & se couche quelque tems après, savoir lorsqu'elle est au signe du taureau, & le soleil au commencement du signe des poissons ou du bélier.

Ceux qui sont sous le cercle polaire, n'ont qu'un jour de 24 heures, le soleil étant au solstice d'été, & ont aussiune nuit de 24 heures, le soleil étant au solstice d'hiver. Les crépuscules y sont fort grands, le pole étant élevé sur l'horison de soixante - six degrés & demi; & depuis le 5 d'Avril jusqu'au 9 de Septembre il n'y a point de nuits closes.

Ceux qui habitent au milieu des zones glaciales, c'est - à - dire sous les poles, ont la sphere parallele, & n'ont en toute l'année qu'un jour & qu'une nuit, chacune de six mois. Les étoiles qui sont dans l'hémisphere supérieur, ne se couchent jamais, & celles qui sont dans l'hémisphere inférieur, ne se levent jamais, parce que les poles sont au zénith & au nadir. Ils n'ont aucun orient ni aucun occident, parce que le soleil fait toutes ses révolutions paralleles à l'horison, & n'ont par conséquent qu'une ombre circulaire.

Le cercle polaire arctique passe presque par le milieu de l'Islande, la partie septentrionale de la Norwege, par l'Océan du Nord, le pays de Laponie, la baie de Russie, le pays des Samoyedes, la Tartarie, l'Amérique septentrionale & le Groenland.

Ce cercle polaire arctique passe par la terre du Sud ou Magellanique dont nous ne connoissons rien.

Il y a sous la zone glaciale septentrionale, moitié de l'Islande, la partie septentrionale de Norwege & de Laponie, le Finmare, la Samogitie, la nouvelle Zemble, le Groenland, le Spitzberg & quelques pays septentrionaux d'Amérique encore inconnus.

Il y a sous la zone glaciale méridionale, de la terre ou de la mer; mais nous ne savons pas laquelle des deux.

Le soleil ne se couche ni ne se leve pendant quelques jours pour ceux qui sont sous les zones glaciales; & plus il y a de ces jours, plus le lieu est proche du pole, de sorte que sous le pole même, il ne se couche ni ne se leve pendant six mois entiers; les lieux situés sous les cercles arctique & antarctique ont un jour pendant lequel le soleil ne se couche point, & un autre pendant lequel il ne se leve point; mais dans les autres tems il se leve & se couche.

Pour démontrer cette proposition, choisissez un lieu sous la zone glaciale, & élevez le pole suivant sa latitude; ensuite appliquant un morceau de craie ou un cray on au nord de l'horison, c'est - à - dire proche du pole, décrivez un parallele en faisant tourner le globe: ce parallele coupera l'écliptique en deux points, où le soleil arrivant, ainsi qu'aux points intermédiaires, il ne se couche point; car tous les paralleles qui passent à - travers ces points dans la rotation du globe, sont au dessus de l'horison. Si on applique le crayon au point opposé, & qu'on décrive un cercle parallele, il passera par deux points de l'écliptique, où le soleil arrivant, ainsi qu'aux points intermédiaires, il ne s'éleve point au - dessus de l'horison; mais il en arrivera tout autrement si on choisit le lieu dans l'autre zone glaciale. Ainsi par rapport aux lieux situés sous les cercles arctique & antarctique, si on éleve le globe à 66 degrés 30 minutes, & qu'on le fasse tourner, le premier degré du cancer touchera précisément l'horison, & ne se couchera point; de même le soleil ne se levera point pour ce lieu, étant au premier dégré du capricorne; mais il aura son lever & son coucher dans les autrés degrés de l'écliptique.

Un lieu étant donné sous la zone glaciale, voici comme on peut déterminer quels sont les jours où le soleil ne s'y couche ni ne s'y leve, & quand ces jours commenceront & finiront.

Prenez un globe, mettez le lieu sous le méridien, & élevez le pole suivant sa latitude; ensuite faisant tourner le globe, remarquez les deux points de l'écliptique qui ne descendent point sous l'horison. Le premier qui est proche du bélier, montre le jour que le soleil ne se couche point, & celui d'auprès de la balance indique le jour où il commence à se lever; les deux jours dans lesquels le soleil est dans ces points, il ne fera que toucher l'horison, & son centre sera un peu au - dessus; c'est ainsi qu'on trouve les jours pendant lesquels le soleil sera sous l'horison dans la partie opposée de l'année.

Les jours augmentent continuellement dans les lieux septentrionaux, tant que le soleil avance depuis le premier degré du capricorne jusqu'au premier du cancer; c'est - à - dire depuis le 21 Décembre jusqu'au 21 Juin; mais il en arrive tout autrement dans les lieux méridionaux; c'est - à - dire quand le soleil se meut depuis le cancer jusqu'au capricorne, ou depuis le 21 Juin jusqu'au 21 Décembre.

Pour prouver cette proposition, prenez un lieu quelconque au nord de l'équateur, & élevez le pole suivant sa latitude; prenez deux lieux ou plus dans l'écliptique, & vous trouverez que le plus proche du premier degré du cancer restera le plus long tems sur l'horison. La même chose arrivera pour les lieux qui sont au sud de l'équateur; si on éleve le pole du sud à la latitude du lieu, les degrés les plus proches du premier du capricorne seront ceux qui resteront le plus long - tems sur l'horison.

Les causes des saisons & de la durée du jour sont les suivantes, sous la zone glaciale.

1°. Le centre du soleil ne monte pas au - dessus de l'horison pendant quelques jours ou quelques mois, selon que le soleil est éloigné du pole.

2°. Quand le soleil est au - dessus de l'horison, ses rayons tombent obliquement, pendant qu'il tourne autour de l'horison.

3°. Le soleil ne va pas beaucoup au - dessous de l'horison, même pour les lieux situés au pole arctique ou aux environs; & quoique son centre ne monte pas, une partie de son disque paroît quelques jours avant le centre; car le demi - diametre du soleil soutient un angle de 15 minutes. Par exemple, choisissez un lieu près du pole arctique, dont la latitude soit de 67 degrés; élevez le globe à cette latitude, vous verrez qu'aucun degré de l'écliptique, depuis le dix - neuvieme du sagittaire, jusqu'au onzieme du

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