ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"489"> lit ce palais de statues, de peintures, & d'une bibliotheque de livres précieux. On peut consulter aû sujet de cette ville un ouvrage intitulé, Memorie concernenti la citta di Urbino, Romoe 1724, in - fol. fig. Long. suivant Cassini & Bianchini, 30, 21. latit. 43, 48. 30.

Urbin se vante avec raison d'avoir produit des hommes célebres dans les sciences. Il est certain que Virgile, ou plutôt Vergile (Polydore) né dans cette ville au xv. fiecle, ne manquoit ni d'esprit ni d'érudition. Il fut envoyé en Angleterre au commencement du siecle suivant pour y lever le tribut que l'on nommoit denier de saine Pierre; mais il se rendit si recommandable dans son ministere, & il se plut de telle sorte dans ce pays, qu'il résolut d'y passer sa vie; il renonça donc à la charge d'exacteur de ce tribut, & obtint la dignité d'archidiacre de l'église de Wells. Il ne se dégoûta point du royaume lorsque les affaires de la religion changerent sous Henri VIII. & sous Edouart; ce ne fut qu'en 1550 qu'il en sortit, à cause que sa vieillesse demandoit un climat plus chaud; & le roi lui accorda la jouissance de ses bénéfices dans les pays étrangers. On croit qu'il mourut à Urbin l'an 1556.

Son premier livre fut un recueil de proverbes qu'il publia en 1498. Son second ouvrage fut celui de rerum inventoribus, dont il s'est fait plusieurs éditions. Son traité des prodiges parut l'an 1526; c'est un ouvrage bien différent de celui de Julius - Obsequens, augmenté par Lycosthènes; car Polydore y combat fortement les divinations. Il dédia à Henri VIII. en 1533 son histoire d'Angleterre, dont les savans critiques anglois ne font aucun cas. Voici ce qu'en dit Henri Savil: Polydorus in rebus nostris hospes, & (quod capue est) neque in republicâ versatus, nec vir magni ingenii; pauca ex multis delibans, & falsa plerùmque pro veris amplexus, historiam nobis reliquit, cùm catera mendosam, tùm exiliter sanè & jejunè conscriptam.

Le comte Bonarelli (Gui Ubaldo) naquit à Urbin en 1563, & mourut à Fano en 1608, à 45 ans. Il est auteur de la Philis de Scyro, Filli di Sci o, pastorale pleine de graces & d'esprit, dont j'ai déjà parlé au mot Scyros.

Commandin (Fréderic) naquit à Urbin, en 1509, & mourut en 1575, âgé de 66 ans. Il étudia d'abord la médecine, mais trouvant trop d'incertitude dans les principes de cette science, & trop de dangers dans ses expériences, il s'appliqua tout entier à l'étude des mathématiques, & y gagna beaucoup de gloire. Le public lui est redevable de plusieurs ouvrages des mathématiciens grecs qu'il a traduits & commentés; par exemple, d'Archimede, d'Apollonius, de Pappus, de Ptolemée, d'Euclide. On lui doit encore Aristarchus de magnitudinibus ac distantiis solis & lunoe, à Pésaro 1572, in - 4°. Hero de spiritalibus, à Urbin, 1575, in - 4°. Machometes Bagdedinus de superficierum divisionibus, à Pésaro 1570, in - fol. Le style de Commandin est pur, & il a mis dans ses ouvrages tous les ornemens dont les mathématiques sont susceptibles. Baldus (Bernardin) a fait sa vie, & nous assure que s'il n'avoit pas trop aimé les femmes, Momus n'auroit rien pu trouver à reprendre dans cet habile géometre. Commandin mérite sans doute d'être loué; mais ce n'est pas la plus petite de ses louanges, que d'avoir eu le même Baldus pour disciple.

En effet, Baldus se montra un des plus savans hommes de son tems. Il naquit à Urbin l'an 1553, fut fait abbé de Guastalla, l'an 1586, & mourut l'an 1617, à 64 ans. Il passa sa vie dans l'étude, sans ambition, sans vaine gloire, plein de bonté dans le caractere, excusant toujours les fautes d'autrui, & cependant fort dévot, non - seulement pour un mathématicien, mais même pour un homme d'église, car il jeûnoit deux fois la semaine, & communioit tous les jours de sêtes.

Son premier ouvrage est un livre des machines de guerre, de tormentis bellicis, & eorum inventoribus. Les commentaires qu'il publia l'an 1582 sur les méchaniques d'Aristote, prouverent sa capacité en cette sorte de connoissances. Il mit au jour quelque tems après, le livre de verborum vitruvianorum significatione. Il publia, l'an 1595, cinq livres de novâ gnomonice.

Comme il possédoit les langues orientales, il traduisit sur l'hébreu le livre de Job, & les lamentation de Jérémie. Il fit aussi un dictionnaire de la langue arabe. Ce n'est pas tout, il traduisit Heronem de automaticis & balistis, les paralipomenes de Quintus Calaber, & le poeme de Musée. Enfin il donna dans le cours de ses voyages, quelques poëmes, les uns en latin, les autres en italien; & c'est dans cette derniere langue qu'est écrit celui de l'art de naviger. II aimoit tellement le travail, qu'il se levoit à minuit pour étudier, & qu'il lisoit même en mangeant. Fabricius Scharloncinus a écrit sa vie que les curieux peuvent consulter.

Un des plus savans antiquaires du dernier siecle, Fabretti (Raphael), naquit à Urbin, l'an 1619. II voyagea dans toute l'Italie, en France & en Espagne, où il demeura 13 ans, avec un emploi considérable que lui procura le cardinal Imperiali; mais l'amour qu'il avoit pour les antiquités, lui fit desirer de revenir à Rome, où les papes Alexandre VIII. & Innocent XII. le comblerent de bienfaits. Fabretti en profita, pour se donner entierement à son étude favorite. Plusieurs excellens ouvrages en ont été les fruits. En voici le catalogue.

1°. De aquis & aquoe - ductibus veteris Romoe dissertationes tres. Romoe 1680, in - 4°. Il y avoit dans l'ancienne Rome environ vingt fortes de ruisseaux que l'on avoit fait venir de lieux assez éloignés par le moyen des aqueducs, & qui y produisoient un grand nombre de fontaines. Ces aqueducs tenoient leur rang parmi les principaux édifices publics, non - seulement par leur utilité, mais encore par la magnificence, la solidité & la hardiesse de leur structure. Fabretti tâche dans cet ouvrage d'expliquer tout ce qui regarde ces sortes d'antiquités; & son livre peut beauconp servir à entendre Frontin, qui a traité des aqueducs de Rome, tels qu'ils étoient de son tems, c'est - à - dire sous l'empire de Trajan. Les dissertations de Fabretti contiennent quantité d'observations utiles, au jugement de Kuster. Elles ont été insérées dans le quatrieme volume des antiquités romaines de Grevius, avec des figures. Utrecht, 1697, in - fol.

2°. De columna Trajana, syntagma. Accesserune veteris tabelloe anagliphoe Homeri iliadem, atque ex Stesichoro, Archino, Lesche, Ilii excidium continentis & emissarii lacus Fucini descriptio. Romoe, 1683, in - fol. Ce livre est rempli de recherches d'antiquités fort curieuses.

3°. Inscriptionum antiquarum, quoe in oedibus paternis asservantur, explicatio. Romoe, 1699, in - fol. Cet ouvrage est divisé en huit chapitres. Le premier traite de titulis & columbariis. Pour l'intelligence de ces terme, il faut savoir que les anciens, & principalement les personnes de distinction, avoient de fort grands tombeaux qui servoient pour toutes les personnes de la même famille. Ces tombeaux étoient partagés en différentes niches, semblables à celles d'un colombier, ce qui leur a fait donner le nom de columbaria par les Latins.

Dans chaque niche il y avoit une urne où étoient les cendres d'une personne, dont le nom étoit marqué dessus; ces inscriptions s'appelloient tituli. Fabretti prouve qu'il n'y a jamais eu de loi chez les Romains de brûler les morts; & que depuis le tems de [p. 490] Sylla le dictateur, qui est le premier dont on a brûlé le corps, l'ancien usage d'enterrer les morts n'a jamais entierement cessé. Les urnes où l'on recueilloit les cendres s'appelloient olloe, & avant que les cendres y fussent mises, virgines. L'auteur établit dans ce même chapitre, que par les mots livia Augusti dans les inscriptions, les anciens désignoient la femme d'Auguste, & non sa fille; & que tous les gladiateurs n'étoient pas de condition servile, mais qu'il y en avoit de l'ordre des chevaliers. Dans le chapitre second il justifie que le nom de genii se donnoit tantôt aux dii manes, tantôt aux ames humaines, tantôt à ces puissances qui tenoient le milieu entre les dieux & les hommes.

Il prouve aussi que la ville de Parme s'appelloit anciennement Julia Chrysopolis. Il observe dans le troisieme chapitre, que les anciens mettoient un point à la fin de chaque mot dans leurs inscriptions, mais toujours à la fin de chaque ligne, & quelquefois à la fin de chaque syllabe. Il recherche la signification du mot ascia dans les anciennes inscriptions; terme, dit - il, qu'il ne trouve guere que dans les inscriptions des Gaules. Il remarque dans le quatrieme chapitre, que le mot d'alumnus, ne se prend jamais dans les bons auteurs dans un sens actif, mais dans un sens passif. Il montre dans le septieme, que les poids des anciens étoient plus grands que ceux des modernes. Il soutient dans le huitieme, que les vaisseaux de verre que l'on trouve auprès des tombeaux des anciens chrétiens, sont des preuves de leur martyre, & que les taches rouges qu'on y apperçoit, sont des restes du sang que les fideles y ont mis, ce qui n'est nullement vraissemblable, & est peu physique.

A la fin de ce recueil, il rend compte des corrections qu'il a faites dans les inscriptions recueillies par Gruter en deux volumes; outre un grand nombre d'autres corrections sur divers autres compilateurs d'inscriptions, qui sont répandues dans l'ouvrage même.

M. Fabretti avoit une capacité merveilleuse pour déchiffrer les inscriptions qui paroissent toutes défigurées, & dont les lettres sont tellement effacées, qu'elles ne sont presque plus reconnoissables. Il nettoyoit la surface de la pierre, sans toucher aux endroits où les lettres avoient été creusées; ensuite il mettoit dessus un carton bien mouillé, & le pressoit avec une éponge, ou un rouleau entouré d'un linge; ce qui faisoit entrer le carton dans le creux des lettres pour en prendre la poussiere qui s'y attachoit, & dont la trace faisoit connoître les lettres qu'on y avoit autrefois gravées.

M. Baudelot dans son livre de l'utilité des voyages, indique un secret à - peu - près semblable, pour lire sur les médailles les lettres qu'on a de la peine à déchiffrer. (Le Chevalier de Jaucourt.)

URBINUM (Page 17:490)

URBINUM, (Géog. anc.) ville d'Italie, dans l'Umbrie, près de la voie Flaminienne du côté du couchant, entre le Metaurus & le Pisaurus, à - peu - près à égale distance de ces deux fleuves, selon Tacite, Procope & Paul diacre. Elle conserve encore son ancien nom; car on l'appelle Urbino.

Pline, l. III. c. xiv. nomme ses habitans Urbinates: mais il distingue deux sortes d'Urbinates, les uns surnommés Metaurenses, & les autres Hortenses; & comme il est sans contredit, que les premiers demeuroient sur le bord du Metaurus, où étoit la ville Urbinum Metaurense, aujourd'hui Castel - Durante, il s'ensuit que les Urbanites Hortenses habitoient la ville d'Urbinum, devenue depuis la capitale du duché d'Urbin.

Procope dit qu'il y avoit dans Urbinus une fontaine, où tous les habitans puisoient de l'eau. Cette fontaine, selon Cluvier, Ital. ant. l. II. c. vj. est aujour<cb-> d'hui hors de la ville, au pié de la citadelle. C'étoit un municipe considérable, comme le prouvent plusieurs inscriptions qu'on y voit encore présentement. (D. J.)

URBS (Page 17:490)

URBS ou URBIS, (Géog. anc.) fleuve d'Italie, dans la Ligurie, selon Claudien, de Bel. get. v. 534. qui en parle ainsi:

. . . . . . . . Ligurum regione supremâ Pervenit ad fluvium miri cognominis Urbem. Ce fleuve se nomme encore aujourd'hui Urba ou Orba: il mouille la ville d'Ast.

Urbs - Salvia, (Géog. anc.) aujourd'hui Urbi - Saglia, ville d'Italie dans le Piscenum, en - deçà de l'Apennin. La table de Peutinger, écrit Urbe - Salvia, & la marque à douze milles de Ricina. (D. J.)

Ures - Vetus, (Géog. anc.) ville d'Italie, dans l'Etrurie, selon Paul - Diacre, Longobard, liv. IV. c. xxxiij. Procope la met sur le Clanis aujourd'hui la Chiana, & la nomme Urbiventus. On croit que cette ville est Orviete.

URE (Page 17:490)

URE, s. m. (Hist. nat. des quadrupedes.) en latin urus, & je ne peux mieux rendre ce mot qu'en le francisant; car le mot de boeuf sauvage ne répond pas aussi bien au terme latin. L'ure est un quadrupede, dont les anciens ont beaucoup parlé; cet animal a la corne large, le poil noir & court, le corps gros, la peau dure, & la tête fort petite proportionellement à la grosseur du corps. Virgile appelle avec raison ces animaux sylvestres, Georg. l. II. v. 374.

Sylvestres uri, assiduè capraque sequaces Illudunt.

« Les ures & les chevreuils qui se suivent de près, feroient de grands dégats dans votre vigne ». Servius remarque que les ures de Virgile naissent dans les Pyrénées, & qu'ils sont ainsi nommés du mot grec OROS2, montagne.

César est le premier romain qui les ait décrits, l. VI. de bell. gallico. Il dit que les ures sont un peu moins grands que les éléphans; qu'ils ressemblent à un taureau, & qu'ils en ont la couleur & la figure; qu'ils sont d'une force & d'une vîtesse merveilleuse; qu'ils se jettent sur tout ce qu'ils apperçoivent, homme ou bête, qu'on les prend dans des fosses ou trapes, & qu'on les met à mort; il ajoute que les jeunes gaulois s'exerçoient à leur chasse, qu'ils rapportoient les cornes de ces animaux pour témoignage de leur valeur; que ceux qui en tuoient le plus acquéroient le plus de gloire, que les ures ne pouvoient s'apprivoiser, pas même quand on les prenoit tout petits; que l'ouverture & la forme de leurs cornes étoit fort différente de celle de nos boeufs; que les Gaulois les recherchoient avec soin; qu'ils en revêtoient les bords d'un cercle d'argent, & s'en servoient au - lieu de coupes dans les festins solemnels.

Solin met les ures en Germanie. Pline prétend que les forêts des Indes en sont pleines; nous savons aussi que l'Afrique en a quantité; mais les ures de l'Europe different beaucoup des ures de l'Afrique & de l'Asie; nous en avons parlé avec quelqu'etendue au mot Taureau sauvage. (D. J.)

UREDELÉE (Page 17:490)

UREDELÉE, s. f. terme de Pêche, sorte de rets qui est une espece de picot, à la côte & à pié. Ce rets a environ 15 à 20 brasses de longueur, une brasse de chûte par les bouts, & il augmente à mesure qu'il avance dans le milieu, où il a alors au moins 3 à 4 brasses de chûte.

Il faut ordinairement dix à douze hommes pour faire la pêche avec ce filet, & un seul acon pour porter le rets à l'eau. Il y a aux deux bouts un bâton, comme aux seines & aux colerets, avec cette différence que le rets ne traîne jamais; qu'il n'est chargé ni de

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