ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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URABA (Page 17:482)

URABA, (Géog. mod.) province de l'Amérique, dans la Terre - ferme, audience de Santa - Fé, & gouvernement de Carthagène, au levant de celle de Darien. Les forêts y sont remplies de gibier, & les rivieres, ainsi que la mer voisine, abondent en poisson.

Les montagnes Cordilleras ne sont pas éloignées de cette province. (D. J.)

Uraba (Page 17:482)

Uraba, golphe, (Géogr. mod.) autrement & plus communément le golphe de Darien; c'est un golphe celebre de l'Amérique, à l'extrémité orientale de l'isthme de Panama, sur la mer du nord. Son entrée a six lieues de large, & plusieurs rivieres se déchargent dans ce golphe. (D. J.)

VRAI (Page 17:482)

VRAI, VÉRITABLE, (Synon.) vrai marque précisément la vérité objective; c'est - à - dire, qu'il tombe directement sur la réalité de la chose; & il signifie qu'elle est telle qu'on l'a dit. Véritable désigne proprement la vérité expressive, c'est - à - dire, qu'il se rapporte principalement à l'exposition de la chose, & signifie qu'on l'a dit telle qu'elle est. Ainsi le premier de ces mors aura une grace particuliere, lorsque, dans l'emploi, on portera d'abord son point de vue sur le sujet en lui - même; & le second conviendra mieux, lorsqu'on portera le point de vue sur le discours. Cette différence qu'établit M. l'Abbé Girard, est extrémement métaphysique; mais on ne doit pas exiger des différences marquées où l'usage n'en a mis que de très délicates. L'exemple suivant qu'apporte le même auteur, peut donner jour à sa distinction, & faire qu'on la sente mieux dans l'application que dans la définition.

Quelques écrivains, même protestans, soutiennent qu'il n'est par vrai qu'il y ait eû une papesse Jeanne, & que l'histoire qu'on en a faite, n'est pas véritable. Girard. (D. J.)

Vrai (Page 17:482)

Vrai, adj. (Alg.) une racine vraie est une racine affectée du signe +, ou autrement une racine positive, par opposition aux racines fausses, qui sont des racines négatives ou affectées du signe - . Voyez Racine & Equation. (E)

Vraies côtes (Page 17:482)

Vraies côtes. Voyez Côtes.

Vrai (Page 17:482)

Vrai, (Poésie.) Boileau dit après les anciens,

Le vrai seul est aimable! Il doit regner par tout, & même dans la fable.

Il a été le premier à observer cette loi qu'il a donnée: presque tous ses ouvrages respirent le vrai; c'est - à - dire qu'ils sont une copie fidele de la nature. Ce vrai doit se trouver dans l'historique, dans la morale, dans la fiction, dans les sentences, dans les descriptions, dans l'allégorie.

Racine n'a presque jamais perdu le vrai dans les pieces de théatre. Il n'y a guere chez lui l'exemple d'un personnage, qui ait un sentiment faux, qui l'exprime d'une maniere opposée à sa situation; si vous en exceptez Théramène, gouverneur d'Hippolite, qui l'encourage ridiculement dans ses froides amours pour Aricie.

Vous - même, où seriez - vous, vous qui la combattez, Si toujours Antiope à ses lois opposée, D'une pudique ardeur n'eût brûlé pour Thésée.

Il est vrai physiquement qu'Hippolite ne seroit pas venu au monde sans sa mere. Mais il n'est pas dans le vrai des moeurs, dans le caractere d'un gouverneur sage, d'inspirer à son pupille, de faire l'amour contre la défense de son pere.

C'est pécher contre le vrai, que de peindre Cinna comme un conjuré timide, entraîné malgré lui dans la conspiration contre Auguste, & de faire ensuite conseiller à Auguste, par ce même Cinna, de garder l'empire, pour avoir un prétexte de l'afsassiner. Ce trait n'est pas conforme à son caractere. Il n'y a rien de vrai. Corneille peche souvent contre cette loi dans les détails.

Moliere est wai dans tout ce qu'il dit. Tous les sentimens de la Henriade, ceux de Zaïre, d'Alzire, de Brutus, portent un caractere de vérité sensible.

Il y a une autre espece de vrai qu'on recherche dans les ouvrages; c'est la conformité de ce que dit un auteur avec son âge, son caractere & son état. Une bonne regle pour lire les auteurs avec fruit, c'est d'examiner si ce qu'ils disent est vrai en général, s'il est vrai dans les occasions où ils le disent, enfin s'il est vrai dans la bouche des personnages qu'ils font parler; car la vérité est toujours la premiere beauté, & les autres doivent lui servit d'ornement. C'est la pierre de touche dans toutes les langues & dans tous les genres d'écrire. (D. J.)

VRAISSEMBLANCE (Page 17:482)

VRAISSEMBLANCE, s. f. (Métaphysique.) la vérité, dit le P. Buffier, est quelque chose de si important pour l'homme, qu'il doit toujours chercher des moyens sûrs pour y arriver; & quand il ne le peut, il doit s'en dédommager en s'attachant à ce qui en approche le plus, qui est ce qu'on appelle vraissemblance.

Au reste, une opinion n'approche du vrai que par certains endroits; car approcher du vrai, c'est ressembler au vrai, c'est - à - dire être propre à former ou à rappeller dans l'esprit l'idée du vrai. Or, si une opinion par tous les endroits par lesquels on la peut considérer, formoit également les idées du vrai, il n'y paroîtroit rien que de vrai, on ne pourroit juger la chose que vraie; & par - là ce seroit effectivement le vrai, ou la vérité méme.

D'ailleurs, comme ce qui n'est pas vrai est faux, & que ce qui ne ressemble pas au vrai ressemble au faux, il se trouve en tout ce qui s'appelle vraissemblable, quelques endroits qui ressemblent au faux; tandis que d'autres endroits ressemblent au vrai. Il faut donc faire la balance de ces endroits opposés, pour reconnoître lesquels l'emportent les uns sur les autres, afin d'attribuer à une opinion la qualité de vraissemblable, sans quoi au même tems elle seroit vraissemblable & ne le seroit pas.

En effet, quelle raison y auroit - il d'appeller semblable au vrai, ce qui ressemble autant au faux qu'au vrai? Si l'on nous demandoit à quelle couleur ressemble une étoffe tachetée également de blanc & de noir, repondrions - nous qu'elle ressemble au blanc parce qu'il s'y trouve du blanc? On nous demanderoit en même tems, pourquoi ne pas dire aussi qu'elle ressemble au noir, puisqu'elle tient autant de l'un que de l'autre. A plus forte raison ne pourroit - on pas dire que la couleur de cette étoffe ressemble au blanc, s'il s'y trouvoit plus de noir que de blanc. Au contraire, si le blanc y dominoit beaucoup plus que le noir, en sorte qu'elle rappellât tant d'idée du blanc, que le noir en comparaison ne fît qu'une impression peu sensible, on diroit que cette couleur approche du blanc, & ressemble à du blanc.

Ainsi dans les occasions où l'on ne parle pas avec une si grande exactitude, dès qu'il paroît un peu plus d'endroits vrais que de faux, on appelle la chose vraissemblable; mais pour être absolument vraissemblable, il faut qu'il se trouve manifestement & sensiblement beaucoup plus d'endroits vrais que de faux, sans quoi la ressemblance demeure indéterminée, n'approchant pas plus de l'un que de l'autre. Ce que je dis de la vraissemblance, s'entend aussi de la probabilité; puisque la probabilité ne tombe que sur ce que l'esprit approuve, à cause de sa ressemblance avec le vrai, se portant du côté où sont les plus grandes apparences de vérité, plutôt que du côté contraire, supposé qu'il veuille se déterminer. Je dis, supposé qu'il veuille se déterminer, car l'esprit ne se portant nécessairement qu'au vrai, dès qu'il ne l'ap<pb-> [p. 483] perçoit point dans tout son jour, il peut suspendre sa determination; mais supposé qu'il ne le suspende pas, il ne sauroit pencher que du côté de la plus grande apparence de vrai.

On peut demander, si dans une opinion, il ne pourroit pas y avoir des endroits mitoyens entre le vrai & le saux, qui seroient des endroits où l'esprit ne sauroit que penser. Or, dans les hypotheses pareilles, on doit regarder ce qui est mitoyen entre la vérité & la fausseté, comme s'il n'étoit rien du tout; puisqu'en effet il est incapable de faire aucune impression sur un esprit raisonnable. Dans les occasions mêmes où il se trouve de côté & d'autres des raisons égales de juger, l'usage autorise le mot de vraissemblable; mais comme ce vraissemblable ressemble autant au mensonge qu'à la vérité, j'aimerois mieux l'appeller douteux que vraissemblable.

Le plus haut degré du vraissemblable, est celui qui approche de la certitude physique, laquelle peut subsister peut - être elle - même avec quelque soupçon ou possibilité de faux. Par exemple, je suis certain physiquement que le soleil éclairera demain l'horison; mais cette certitude suppose que les choses demeureront dans un ordre naturel, & qu'à cet égard il ne se fera point de miracle. La vraissemblance augmente, pour ainsi dire, & s'approche du vrai par autant de degrés, que les circonstances suivantes s'y rencontrent en plus grand nombre, & d'une maniere plus expresse.

1°. Quand ce que nous jugeons vraissemblable s'acco de avec des vérités évidentes.

2°. Quand ayant douté d'une opinion nous venons a nous y conformer, à mesure que nous y faisons plus de réflexion, & que nous l'examinons de plus près.

3°. Quand des expériences que nous ne savions pas auparavant, surviennent à celles qui avoient été le fondement de notre opinion.

4°. Quand nous jugeons en conséquence d'un plus grand usage des choses que nous examinons.

5°. Quand les jugemens que nous avons portés sur des choses de même nature, se sont vérifiés dans la suite. Tels sont à - peu - près les divers caracteres qui selon leur étendue ou leur nombre plus considerable, rendent notre opinion plus semblable à la vérité; en sorte que si toutes ces circonstances se rencontroient dans toute leur étendue, alors comme l'opinion seroit parfaitement semblable à la vérité, elle passeroit non - seulement pour vraissemblable, mais pour vraie, ou même elle le seroit en effet. Comme une étoffe qui par tous les endroits ressembleroit à du blanc, non seulement seroit semblable à du blanc, mais encore seroit dite absolument blanche.

Ce que nous venons d'observer sur la vraissemblance en général, s'applique, comme de soi - même à la vraissemblance, qui se tire de l'autorité & du témoignage des hommes. Bien que les hommes en général puissent mentir, & que même nous ayons l'expérience qu'ils mentent souvent, néanmoins la nature ayant inspiré à tous les hommes l'amour du vrai, la présomption est que celui qui nous parle suit cette inclination; lorsque nous n'avons aucune raison de juger, ou de soupçonner qu'il ne dit pas vrai.

Les raisons que nous en pourrions avoir, se tirent ou de sa personne, ou des choses qu'il nous dit; de sa personne, par rapport ou à son esprit, ou à sa volonté.

1°. Par rapport à son esprit, s'il est peu capable de bien juger de ce qu'il rapporte; 2°. si d'autres fois il s'y est mépris; 3°. s'il est d'une imgination ombrageuse ou échauffée: caractere très - commun même parmi des gens d'esprit, qui prennent aisément l'ombre ou l'apparence des choses pour les choses mêmes; & le phantome qu'ils se forment, pour la vérité qu'ils croient discerner.

Par rapport à la volonté; 1°. si c'est un homme qui se fait une habitude de parler autrement qu'il ne pense; 2°. si l'on a éprouvé qu'il lui échappe de ne pas dire exactement la vérité; 3°. si l'on apperçoit dans lui quelque intérêt à dissimuler: on doit alors être plus réservé à le croire.

A l'égard'des choses qu'il dit; 1°. si elles ne se suivent & ne s'accordent pas bien; 2°. si elles conviennent mal avec ce qui nous a été dit par d'autres personnes aussi dignes de foi; 3°. si elles sont par elles mêmes difficiles à croire, ou en des sujets où il ait pu aisément se méprendre.

Ces circonstances contraires rendent vraisemblable ce qui nous est rapporté: savoir, 1°. quand nous connoissons celui qui nous parle pour être d'un esprit juste & droit, d'une imagination réglée, & nullement ombrageuse, d'une sincérité exacte & constante; 2°. quand d'ailleurs les circonstances des choses qu'il dit ne se démentent point entre elles, mais s'accordent avec des faits ou des principes dont nous ne pouvons douter. A mesure que ces mêmes choses sont rapportées par un plus grand nombre de personnes, la vraisemblance augmentera aussi; elle pourra même de la sorte parvenir à un si haut degré, qu'il sera impossible de suspendre notre jugement, à la vue de tant de circonstances qui ressemblent au vrai. Le dernier degré de la vraisemblance est certitude, commeson premier degré est doute; c'est - à - dire qu'où finit le doute, là commence la vraisemblance, & où elle finit, là commence la certitude. Ainsi les deux extrêmes de la vraisemblance sont le doute & la certitude; elle occupe tout l'intervalle qui les sépare, & cet intervalle s'accroit d'autant plus qu'il est parcouru par des esprits plus sins & plus pénétrans. Pour des esprits médiocres & vulgaires, cer espace est toujours fort étroit; à peine savent - ils discerner les nuances du vrai & du vraisemblable.

L'usage le plus naturel & le plus général du vraisemblable est de suppléer pour le vrai: ensorte que là où notre esprit ne sauroit atteindre le vrai, il atteigne du moins le vraisemblable, pour s'y reposer comme dans la situation la plus voisine du vrai.

1°. A l'égard des choses de pure spéculation, il est bon d'être réservé à ne porter son jugement dans les choses vraisemblables, qu'après une grande attencion: pourquoi? parce que l'apparence du vrai subsiste alors avec une apparence de faux, qui peut suspendre notre jugement jusqu'à ce que la volonté le détermine. Je dis le suspendre, car elle n'a pas la faculté de déterminer l'esprit à ce qui paroît le moins vrai. Ainsi dans les choses de pure speculation, c'est très - bien fait de ne juger qùe lorsque les degrés de vraisemblance sont tres - considérables, & qu'ils font presque disparoître les apparences du faux, & le danger de se tromper.

En effet dans les choses de pure spéculation, il ne se rencontre nulinconvénient à ne pas porter son jugement, lorsque l'on court quelque hasard de se tromper: or pourquoi juger, quand d'un côté on peut s'en dispenser, & que d'un autre côté en jugeant, on s'expose à donner dans le faux? il faudroit donc s'abstenir de juger sur la plûpart des choses? n'est - ce pas le caractere d'un stupide? tout - au - contraire, c'est le caractere d'un esprit sensé, & d'un vrai philosophe, de ne juger des objets que par leur évidence, quand il ne se trouve nulle raison d'en user autrement: or il ne s'en trouve aucune de juger dans les choses de pure spéculation, quand elles ne sont que vraisemblables.

Cependant cette regle sijudicieuse dans les choses de pure spéculation, n'est plus la même dans les choses de pratique & de conduite, oùil faut par nécessité agir

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