ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"432"> par la glotte, n'y faisant proprement que l'office d'un archet sur les fibres tendineuses de ses levres, qu'il appelle cordes vocales ou rubans de la glotte: c'est, dit - il, la collision violente de cet air & des cordes vocales qui les oblige à frémir, & c'est par leurs vibrations plus ou moins promptes qu'ils les rendent différens, selon les lois ordinaires des instrumens à cordes.

Voix (Page 17:432)

Voix des animaux, (Physiolog.) le son que rendent les animaux, insectes, oiseaux, quadrupedes, est bien différent de la voix de l'homme.

Il y a dans quelques insectes un son qu'on peut appeller voix, parce qu'il se fait par le moyen de ce qui leur tient lieu de poumons, comme dans les cigales & les grillons qui ont une espece de chant.

Il y a un autre son commun qu'on trouve dans les insectes aîlés, & qui n'est autre chose qu'un bourdonnement causé par le mouvement de leurs aîles, ce qui se démontre, parce que ce bruit cesse aussi - tôt que ces insectes cessent de voler.

Il y a un petit animal nommé grison qui forme un son, en frappant avec sa tête sur des corps minces & resonnans, tels que sont des feuilles seches & du papier, ce qu'il exécute par des coups fort fréquens & espacés assez également. Ces animaux sont ordinairement dans les fentes de vieilles murailles.

Le chant du cygne, dont la douceur est si vantée par les poëtes, n'est point produit par leur gosier, qui ne fait ordinairement qu'un cri très - rude & très désagréable; mais ce sont les aîles de cette espece d'oiseau, qui étant à demi levées & étendues lorsqu'il nage, sont frappées par le vent, qui produit sur ces aîles un son d'autant plus agréable, qu'il ne consiste pas en un seul ton, comme dans la plûpart des autres oiseaux, mais est composé de plusieurs tons qui forment une espece d'harmonie, suivant que par hazard, l'air frappant plusieurs plumes diversement disposées, fait des tons différens; mais il résulte toujours que ce son n'est point une voix.

La voix prise dans sa propre signification est de trois especes; savoir la voix simple qui n'est point articulée, celle qui ne l'est qu'imparfaitement, & celle qui l'est parfaitement qu'on appelle parole.

La voix simple est un son uniforme qui ne souffre aucune variation, telle qu'est celle des serpens, des crapauds, des lions, des tigres, des hiboux, des roitelets. En effet, la voix des serpens n'est qu'un sifflement qui sans avoir d'articulation, ni même de ton, est seulement ou plus sort, ou plus foible. Celle des crapauds est un son clair & doux qui a un ton qui ne change point. Les tigres, les lions, & la plûpart des bêtes féroces ont une voix rude & sourde tout ensemble, fans aucune variation. Le hibou, le roitelet, & beaucoup d'autres oiseaux ont une voix très - simple, qui n'a presque point d'autre variation que celle de ses entrecoupemens; car quoique les oiseaux soient fort recommandés pour leur chant, on doit pourtant convenir qu'il n'est que foiblement articulé, excepté dans le perroquet, le sansonnet, la linote, le moineau, le geai, la pie, le corbeau, qui imitent la parole & le chant de l'homme.

Il faut même remarquer que dans toutes les infléxions du chant des oiseaux qui font une si grande diversité de sons, il ne se trouve point de ton; ce n'est que la diversité de l'articulation qui rend ces infléxions différentes, par la différente promptitude de l'impulsion de l'air, par ses entrecoupemens, & par toutes les autres modifications, qui peuvent être diversifiées en des manieres infinies, sans changer de ton.

Les organes de la voix simple, sont les parties qui composent la glotte, les muscles du larynx & du poumon. Les membranes cartilagineuses de la glotte produisent le son de la voix, lorsqu'elles sont secouées par le passage soudain de l'air contenu dans le poumon. Les muscles du larynx servent à la modification de ce son, & aux entrecoupemens qui se rencontrent dans la voix simple. L'usage du poumon pour la voix est principalement remarquable dans les oiseaux, où il a une structure particuliere, qui est d'être composé de grandes vessies capables de contenir beaucoup d'air; ce qui fait que les oiseaux ont la voix forte & de durée.

Dans les oyes & les canards, ce n'est point la glotte qui produit le son de leur voix, mais ce sont des membranes mises à un autre larynx qui est au bas de leur trachée - artere. L'effet de cette structure se fait aisément connoître, si après avoir coupé la tête à ces animaux & leur avoir ôté le larynx, on leur presse le ventre; car alors on produit en eux la même voix que lorsqu'ils étoient vivans, & qu'ils avoient un larynx. Il y a encore un autre effet de cette structure qui est le nazard particulier au son de la voix de ces animaux, & que les anciens nommoient gingrisme: on imite ce gingrisme dans les cromornes des orgues par une structure pareille, en mettant par - dessus les anches un tuyau de la longueur de l'âpreartere au - delà des membranes qui tiennent lieu d'anche.

Les grues ont le tuyau de l'âpre - artere plus long que leur col, & en même tems redoublé comme celui d'une trompette.

La structure du larynx interne qui est particuliere aux oyes, aux canards, aux grues, &c. consiste en un os, & en deux membranes, qui sont dans l'endroit où l'âpre - artere se divise en deux pour entrer dans le poumon. L'os est fait comme un hausse - col. La partie supérieure de leur larynx est bordée de trois os, dont il y en a deux longs & un peu courbés, & le troisieme qui est plat sort entre les deux qui forment la fente ou la glotte; de maniere que le passage de la respiration est ouvert ou fermé, lorsque le larynx s'applatissant ou se relevant, fait entrer ou sortir ce troisieme os d'entre les deux autres, pour empêcher que la nourriture ne tombe dans l'âpre - artere & pour laisser passer l'air nécessaire à la respiration.

Quelques animaux terrestres ont la voix plus articulée que les autres, & la diversifient non - seulement par l'entrecoupement du son, mais encore par le changement de ton. Et cette articulation leur est naturelle; ensorte qu'ils ne la changent & ne la perfectionnent jamais, comme certains oiseaux. Les chiens, & sur - tout les chats, ont naturellement une diversité de ports de voix & d'accens qui est admirable; cependant leur voix n'est articulée que très imparfaitement, si on la compare avec la parole.

C'est la parole qui est particuliere à l'homme. Elle consiste dans une variation d'accens presque infinie; toutes leurs différences étant sensibles & remarquables, dépendent d'un grand nombre d'organes que la nature a fabriqués pour cet effet.

Cependant la parole dans l'homme dépend beaucoup moins des organes que de la prééminence de l'être qui les possede; car il y a des animaux comme le singe qui ont tous les organes de même que l'homme pour la parole, & les oiseaux qui parlent n'ont rien approchant de cette structure. C'est une chose remarquable que la grande différence qu'on voit entre la langue du perroquet & celle de l'homme qui est assez semblable à celle d'un veau, tandis que celle du perroquet est ordinairement épaisse, ronde, dure, garnie au bout d'une petite corde, & de poil par - dessus.

On fait parler des chats & des chiens, en donnant à leur gosier une certaine configuration dans le tems qu'ils crient. Cela ne doit pas paroître surprenant depuis qu'on est venu à bout de faire prononcer une [p. 433] sentence assez longue à une machine, dont les ressorts étoient certainement moins déliés que ceux des animaux. On doit être encore moins surpris de ce phénomene dans ce siecle, après qu'on a vû le fluteur de M. de Vaucanson.

Remarquons enfin, que dans chaque créature on trouve une disposition différente de la trachée - artere, proportionnée à la diversité de leur voix. Dans le hérisson qui a la voix tres - petite, elle est piesqu'entierement membraneuse; dans le pigeon, qui a la voix basse & douce, elle est en partie cartilagineuse, en partie membraneuse: dans la chouette dont la voix est haute & claire, elle est cartilagineuse: mais dans le geai, elle est composée d'os durs, au lieu de cartilages: il en est de même de la linotte, & c'est à cause de cela que ces deux oiseaux ont la voix plus haute & plus forte, &c.

Les anneaux de la trachée - artere sont très - bien appropriés pour la modulation différente de la voix. Dans les chiens & les chats, qui comme les hommes, diversifient extrèmement leur ton, pour exprimer diverses passions, ils sont ouverts & fléxibles, de même que dans les bommes. Par - là, ils sont tous, ou la plûpart, en état de se dilater ou de se resserrer plus ou moins, selon qu'il est convenable à un ton plus ou moins élevé & aigu, &c. au lieu qu'en quelques autres animaux, comme dans le paon du Japon, qui n'a guere qu'un seul ton, ces anneaux sont entiers, &c. voyez de plus grands détails dans la cosmolog. sacr. de Grew. (D. J.)

Voix (Page 17:433)

Voix des oiseaux, (Anatom. comparée.) la voix, le cri des oiseaux approche beaucoup plus de la voix humaine que celle des quadrupedes, que nous examinerons séparément; il y a même des oiseaux qui parviennent à imiter assez passablement notre parole & nos tons. Cependant leur voix differe beaucoup de celle de l'homme, & présente un grand nombre de singularités qui ne sont pas épuisées; mais on en a découvert quelques - unes qu'il convient d'indiquer dans cet ouvrage.

Les oiseaux ont comme les hommes, une espece de glotte placée à l'extrémité supérieure de la trachée - artere; mais les levres de cette glotte, incapables de faire des vibrations assez promptes & assez multipliées, ne contribuent presque en vien à la formation des sons: le principal & le véritable organe qui les produit, est placé à l'autre extrémité de la trachée - artere. Ce larynx, que nous nommerons interne d'après M. Perrault, est placé au bas de la trachée - artere, à l'endroit où elle commence à se séparer en deux, pour former ce qu'on appelle les bronches: du - moins M. Hérissant, de l'académie des Sciences de Paris, dit ne l'avoir encore vu manquer dans aucun des oiseaux qu'il a disséqués. Cet organe, au reste, n'est pas le seul qui soit employé à la formation de ia voix des oiseaux; il est ordinairement accompagné d'un nombre plus ou moins grand d'organes accessoires, quisont probablement destinés à fortifier les sons du premier, & à les modifier.

L'organe principal de la voix varie dans les différens oiseaux; dans quelques - uns, comme dans l'oie, il n'est composé que de quatre membranes disposées deux à deux, & qui font l'effet de deux anches de haut - bois, placées l'une à côté de l'autre aux deux embouchures osseuses & oblongues du larynx interne, qui donnent entrée aux deux premieres bronches; mais, comme nous l'avons dit, ces anches membraneuses ne sont pas le seul organe de la voix des oiseaux; M. Hérissant en a découvert d'autres, placés dans l'intérieur des principales bronches de ce poumon des oiseaux, que M. Perrault nomme poumon charnu.

On trouve dans ces canaux une grande quantité de petites membranes très - deliées en forme de crois<cb-> sant, placées toutes d'un même côté les unes au - dessus des autres, de maniere qu'elles occupent environ la moitié du canal, laissant l'autre libre à l'air, qui ne peut cependant y passer avec vîtesse, sans exciter dans ces membranes ainsi disposées des trémoussemens plus ou moins vifs, & par conséquent des sons.

Dans quelques oiseaux aquatiques du genre des canards, on découvre encore un organe différent, composé d'autres membranes posées en divers sens, dans certaines parties osseuses ou cartilagineuses. La figure de ces parties varie dans les différentes especes, & on les rencontre ou vers la partie moyenne de la trachée - artere, ou vers sa partie inférieure.

Mais il est un organe qui se trouve dans tous les oiseaux, & qui est si nécessaire à la formation de leur voix, que tous les autres deviennent inutiles lorsqu'on abolit ou qu'on suspend les fonctions de celui - ci. C'est une membrane plus ou moins solide, située presque transversalement entre les deux branches de l'os connu sous le nom d'os de la lunette; cette membrane forme de ce côté - là une cavité assez grande, qui se rencontre dans tous les oiseaux à la partie supérieure & interne de la poitrine, & qui répond à la partie externe des anches membraneuses, dont nous venons de parler.

Lorsqu'un oiseau veut se faire entendre, il fait agir les muscles destinés à comprimer les sacs du ventre & de la poitrine, & force par cette action l'air qui y étoit contenu à enfiler la route des bronches du poumon charnu, où rencontrant d'abord les petites membranes à ressort dont nous avons parlé, il y excite certains mouvemens & certains sons destinés à fortifier ceux que doivent produire les anches membraneuses que le même air rencontre ensuite; mais ces dernieres n'en rendroient aucun, si une partie de l'air contenu dans les poumons ne passoit par de petites ouvertures, dans la cavité située sous l'os de la lunette. Cet air aide apparemment les anches à entrer en jeu, soit en leur prêtant plus de ressort, soit en contrebalançant par intervalles l'effort de l'air qui passe par la trachée - artere. De quelque façon qu'il agisse, son action est si nécessaire, que si l'on perce dans un oiseau récemment tué la membrane qui forme cette cavité, & qu'ayant introduit un chalumeau par une ouverture faite entre deux côtes, dans quelqu'un des sacs de la poitrine, on souffle par ce chalumeau, on sera maître, avec un peu d'adresse & d'attention, de renouveller la voix de l'oiseau, pourvû qu'on tienne le doigt sur l'ouverture de la membrane; mais sitôt qu'on l'ôtera, & qu'on laissera à l'air contenu dans la cavité la liberté de s'échapper, l'organe demeurera absolument muet, quelque chose qu'on puisse faire pour le remettre en jeu. Il n'est pas étonnant que l'organe des oiseaux, destiné à produire des sons assez communément variés, & presque toujours harmonieux, soit composé avec tant d'art & tant de soin. Hist. de l'acad. des Scienc. ann. 1753. (D. J.)

Voix (Page 17:433)

Voix des quadrupedes, (Anatom. comparée.) la différence qui se trouve entre la voix humaine & les cris des différens animaux, & sur - tout ceux de ces cris qui paroissent composés de plusieurs sons différens produits en même tems, auroit dû depuis longtems faire soupçonner que les organes qui étoient destinés à les produire, étoient aussi multipliés que ces sons. Cette réflexion si naturelle a échappé; on regardoit les organes de la voix des animaux, & surtout de celle des quadrupedes, comme aussi simples & presque de la même nature que l'organe de la voix de l'homme.

Il s'en faut cependant beaucoup que dans plusieurs des quadrupedes, & plus encore dans les oiseaux, l'organe de la voix jouisse d'une aussi grande simpli<pb->

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