ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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VISÉU, ou VÉISO (Page 17:340)

VISÉU, ou VÉISO, (Géog. mod.) ville de Portugal, dans la province de Beira, à 5 lieues au nord de Mondégo, à 16 au nord - ouest de Cuarda, à 20 au nord - est de Coïmbre, dans une plaine délicieuse par sa fertilité. Cette ville est épiscopale, & son évêque jouit de quinze mille ducats de revenu. Véiso est encore la capitale d'une comarea & d'un duché qui a été quelquefois possédé par des princes du sang royal. Longit. 9. 40. latit. 40. 32.

Barros (Jean dos) naquit à Viseu en 1496, & fut élevé à la cour du roi Emmanuel au près des infans. Jean III. étant monté sur le trône, le nomma trésorier des Indes, tesoreiro da casa da India; cette charge très - honorable & d'un grand revenu, lui inspira la pensée d'écrire l'histoire d'Asie ou des Indes, qu'il a publiée sous le nom de decadas d'Asia. Il donna la premiere décade en 1552, la seconde en 1553, & la troisieme en 1563; la quatrieme décade de son histoire ne fut publiée qu'en 1615 par les ordres du roi Philippe III. qui fit acheter les manuscrits des héritiers de cet auteur. D'autres écrivains ont travaillé à la continuation de cette histoire jusqu'à la douzieme décade. L'ouvrage de Barros est généralement estimé, quoi qu'en dise le sieur de la Boulaye, & il a été traduit en espagnol par Alphonse Ulloa. (D. J.)

VISIAPOUR (Page 17:340)

VISIAPOUR, (Géog. mod.) ou Visapour, ou Visapor, royaume des Indes, dans la presqu'ile de l'Inde en - deçà du Gange, sur la côte de Malabar. Ce royaume confine par le nord au royaume de Dehli, & aux autres états du Mogol, au joug duquel il est soumis. La capitale de ce royaume en porte le nom. (D. J.)

Visiapour (Page 17:340)

Visiapour, (Géogr. mod.) Visapour, Visapor, ville des Indes, dans la presqu'île en - deçà du Gange, capitale du royaume de Décan, sur le fleuve Mandova. On lui donne trois lieues de circuit & de grands fauxbourgs. Le roi du pays y a son palais; ce prince est tributaire du grand Mogol. Longit. suivant le pere Catrou, 124. 30. lat. 19. 25. (D. J.)

VISIBLE (Page 17:340)

VISIBLE, adj. (Optique.) se dit de tout ce qui est l'objet de la vue ou de la vision, ou ce qui affecte l'oeil de maniere à produire dans l'ame la sensation de la vue. Voyez Vision.

Les philosophes scholastiques distinguent deux especes d'objets visibles, les uns propres ou adéquats, qu'il n'est pas possible de connoître par d'autres sens que par celui de la vue, & les autres communs, qui peuvent être connus par différens sens, comme par la vue, l'ouie, le toucher, &c.

Ils ajoutent que l'objet propre de la vision est de deux especes, lumiere & couleur.

Selon ces philosophes, la lumiere est l'objet formel, & la couleur l'objet matériel. Voyez Objet.

Les Cartésiens raisonnent d'une maniere beaucoup plus exacte en disant que la lumiere seule est l'objet propre de la vision, soit qu'elle vienne d'un corps lumineux à - travers un milieu transparent, soit qu'elle soit réfléchie des corps opaques sous une certaine modification nouvelle, & qu'elle en représente les images, soit enfin qu'étant réfléchie ou rompue de telle ou telle maniere, elle affecte l'oeil de l'apparence de couleur.

Selon le sentiment de M. Newton, il n'y a que la couleur qui soit l'objet propre de la vue; la couleur étant cette propriété de la lumiere par laquelle la lumiere elle - même est visible, & par laquelle les images des objets opaques se peignent sur la rétine. Voyez Lumiere & Couleur.

Aristote, de animâ, lib. II. compte cinq especes d'objets communs qui sont visibles, & que l'on regarde ordinairement comme tels dans les écoles, le mouvement, le repos, le nombre, la figure & la grandeur. D'autres soutiennent qu'il y en a neuf, qui sont compris dans les vers suivans.

Sunt objecta novem visûs communia: quantum, Inde figura, locus, sequitur distantia, situs, Continuumque & diseretum, motusque, quiesque.

Les philosophes de l'école sont fort partagés sur ces objets communs de la vision: il y a là - dessus deux opinions principales parmi eux. Ceux qui tiennent pour la premiere opinion disent que les objets communs visibles produisent une représentation d'eux - mêmes par quelque image particuliere, qui les fait d'abord appercevoir indépendamment des visibles propres.

Suivant la seconde opinion qui paroît plus suivie & plus naturelle que la premiere, les objets communs visibles n'ont aucune espece formelle particuliere qui les rende visibles; les objets propres se suffisent à eux - mêmes pour se faire voir en tel ou tel endroit, situation, distance, figure, grandeur, &c. par les différentes circonstances qui les rendent sensibles au siege du sentiment.

I. La situation & le lieu des objets visibles s'apperçoivent sans aucunes especes intentionnelles qui en émanent; cela se fait par la simple impulsion ou réflexion des rayons de lumiere qui tombent sur les objets, les rayons parviennent à la rétine, & leur impression est portée au sensorium ou au siege du sentiment.

Un objet se voit donc par les rayons qui en portent l'image à la rétine, & il se voit dans l'endroit où la faculté de voir est, pour ainsi dire, dirigée par ces rayons. Suivant ce principe, on peut rendre raison de plusieurs phénomenes remarquables de la vision.

1°. Si la distance entre deux objets visibles forme un angle insensible, les objets, quoique eloignés l'un de l'autre, paroîtront comme s'ils étoient contigus; d'où il s'ensuit qu'un corps continu n'étant que le résultat de plusieurs corps contigus, si la distance entre plusieurs objets visibles n'est apperçue que sous des angles insensibles, tous ces différens corps ne paroîtront qu'un même corps continu. Voyez Continuité.

2°. Si l'oeil est placé au - dessus d'un plan horisontal, les objets paroîtront s'élever à proportion qu'ils s'éloigneront davantage, jusqu'à ce qu'enfin ils paroissent de niveau avec l'oeil. C'est la raison pourquoi ceux qui sont sur le rivage s'imaginent que la mer s'éleve à proportion qu'ils fixent leur vue à des parties de la mer plus éloignées.

3°. Si l'on place au - dessous de l'oeil un nombre quelconque d'objets dans le même plan, les plus éloignés paroîtront les plus elevés; & si ces mêmes objets sont placés au - dessus de l'oeil, les plus éloignés paroîtront les plus bas.

4°. Les parties supérieures des objets qui ont une certaine hauteur, paroissent pancher ou s'incliner en avant, comme les frontispices des églises, les tours, &c. & afin que les statues qui sont au - haut des bâtimens paroissent droites, il faut qu'elles soient un peu renversées en - arriere. La raison générale de toutes ces apparences est que quand un objet est à une distance un peu considérable, nous le jugeons presque toujours plus près qu'il n'est en effet. Ainsi l'oeil étant placé en A, fig. 20. au - dessous d'un plancher horisontal B C, l'extrémité C lui paroît plus proche de lui comme en D, & le plancher B C paroît incliné en B D. Il en est de même des autres cas.

II. L'ame apperçoit la distance des objets visibles, en conséquence des différentes configurations de l'oeil, de la maniere dont les rayons viennent frapper cet organe, & de l'image qu'ils impriment.

Car l'oeil prend une disposition différente, selon les différentes distances de l'objet, c'est - à - dire que, [p. 341] pour les objets éloignés, la prunelle se dilate, le crystallin s'approche de la rétine, & tout le globe de l'oeil devient plus convexe: c'est le contraire pour les objets qui sont proches, la prunelle se contracte, le crystallin s'avance & l'oeil s'alonge; & il n'y a personne qui n'ait senti en regardant quelque objet fort près, que tout le globe de l'oeil est alors, pour ainsi dire, dans une situation violente. Voyez Prunelle, Crystallin, &c.

On juge encore de la distance d'un objet par l'angle plus ou moins grand sous lequel on le voit, par sa représentation distincte ou confuse, par l'éclat ou la foiblesse de sa lumiere, par la rareté ou la multitude de ses rayons.

C'est pourquoi les objets qui paroissent obscurs ou confus, sont jugés aussi les plus éloignés; & c'est un principe que suivent les Peintres, lorsqu'en représentant des figures sur le même plan, ils veulent que les unes paroissent plus éloignées que les autres. Voyez Perspective, &c.

De - là vient aussi que les chambres dont les murailles sont blanchies, paroissent plus petites; que les champs couverts de neige ou de fleurs blanches, paroissent moins étendus que quand ils sont revêtus de verdure: que les montagnes couvertes de neige paroissent plus proches pendant la nuit: que les corps opaques paroissent plus éloignés dans les tems du crépuscule. Voyez Distance.

III. La grandeur ou l'étendue des objets visibles se connoit principalement par l'angle compris entre deux rayons tirés des deux extrémités de l'objet au centre de l'oeil, cet angle étant combiné & composé, pour ainsi dire, avec la distance apparente de l'objet. Voyez Angle, Optique.

Un objet paroît d'autant plus grand, toutes choses d'ailleurs égales, qu'il est vu sous un plus grand angle: c'est - à - dire que les corps vus sous un plus grand angle paroissent plus grands, & ceux qui sont vus sous un plus petit angle, paroissent plus petits; d'où il suit que le même objet peut paroître tantôt plus grand, tantôt plus petit, selon que sa distance à l'oeil est plus petite ou plus grande: c'est ce qu'on appelle grandeur apparente.

Nous disons que pour juger de la grandeur réelle d'un objet, il faut avoir égard à la distance; car puisqu'un objet proche peut paroître sous le même angle qu'un objet éloigné, il faut nécessairement estimer la distance; si la distance apperçue est grande, quoique l'angle optique soit petit, on peut juger qu'un objet éloigné est grand, & réciproquement.

La grandeur des objets visibles est soumise à certaines lois démontrées par les Mathématiciens, lesquelles doivent néanmoins recevoir quelques limitations dont nous parlerons plus bas. Ces propositions sont:

1°. Que les grandeurs apparentes d'un objet éloigné sont réciproquement comme ses distances.

2°. Que les co - tangentes de la moitié des angles sous lesquels on voit un même objet, sont comme les distances; d'où il suit qu'étant donné l'angle visuel d'un objet avec sa distance, l'on a une méthode pour déterminer la grandeur vraie; en voici la regle: le sinus total est à la moitié de la tangente de l'angle visuel, comme la distance donnée est à la moitié de la grandeur vraie. Par la même regle, étant donnée la distance & la grandeur d'un objet, on déterminera l'angle sous lequel il est vu.

3°. Que les objets vus sous le même angle ont des grandeurs proportionnelles à leur distance.

Dans toutes ces propositions on suppose que l'objet est vu directement, c'est à - dire que le rayon qui lui est perpendiculaire, le partage en deux également; mais cette proposition ne doit être regardée comme vraie que quand les objets que l'on compare, sont l'un & l'autre fort éloignés, quoiqu'à des distances inégales. Ainsi le soleil, par exemple, qui est vu sous un angle de 32 minutes environ, seroit vu sous un angle d'environ 16 minutes, s'il étoit deux fois plus éloigné, & son diametre nous paroîtroit deux fois moindre. Voyez Apparent.

Lorsque les objets sont à des distances assez petites de l'oeil, leur grandeur apparente n'est pas simplement proportionnelle à l'angle visuel. Un géant de six piés est vu sous le même angle à six piés de distance qu'un nain de deux piés vu à deux piés; cependant le nain paroit beaucoup plus petit que le géant.

La corde ou la soutendante A B d'un arc quelconque de cercle (Pl. d'Optiq. fig. .) paroît sous le même angle dans tous les points D, C, E, G, quoique l'un de ses points soit considérablement plus près de l'objet que les autres; & le diametre D G paroit de même grandeur dans tous les points de la circonférence du cercle. Quelque auteurs ont conclu de - là que cette figure est la forme la plus avantageuse que l'on puisse donner aux théâtres.

Si l'oeil est fixe en A (fig. 52.), & que la ligne droite B C se meuve de maniere que ses extrémités tombent toujours sur la circonférence d'un cercle, cette ligne paroîtra toujours sous le même angle; d'où il suit que l'oeil étant placé dans un angle quelconque d'un poligone régulier, tous les côtés paroîtront sous le même angle.

Les grandeurs apparentes du soleil & de la lune à leur lever & à leur coucher, sont un phénomène qui a beaucoup embarrassé les philosophes modernes. Selon les lois ordinaires de la vision, ces deux astres devroient paroître d'autant plus petits, qu'ils sont plus près de l'horison; en effet ils sont alors plus loin de l'oeil, puisque leur distance de l'oeil, lorsqu'ils sont à l'horison, surpasse celles où ils en seroient, s'ils se trouvoient dans le zénith d'un demi - diametre entier de la terre, & à proportion, selon qu'ils se trouvent plus près ou plus loin du zénith dans leur passage au méridien; cependant les astres paroissent plus petits au méridien qu'à l'horison. Ptolemée, dans son almageste, liv. I. c. iij. attribue cette apparence à la réfraction que les vapeurs font subir aux rayons. Il pense que cette réfraction doit agrandir l'angle sous lequel on voit la lune à l'horison précisément comme il arrive à un objet placé dans l'air qu'on voit du fond de l'eau; & Théon, son commentateur, explique assez clairement la cause de l'augmentation de l'angle sous lequel on voit l'objet dans ces circonstances. Mais on a découvert qu'il n'y a en effet aucune inégalité dans les angles sous lesquels on voit la lune ou le soleil à l'horison ou au méridien; & c'est ce qui a fait imaginer à Alhazen, auteur arabe, une autre explication du même phénomène, laquelle a été depuis suivie & éclaircie ou perfectionnée par Vitellien, Kepler, Bacon & d'autres. Selon Alhazen, la vue nous représente la surface des cieux comme plate, & elle juge des étoiles, comme elle feroit d'objets visibles ordinaires qui seroient répandus sur une vaste surface plane. Or nous voyons l'astre sous le même angle dans les deux circonstances; & en même tems appercevant de la différence dans leurs distances, parce que la voûte du ciel nous paroît applatie, nous sommes portés à juger l'astre plus grand lorsqu'il paroit le plus éloigné.

Descartes, & après lui le docteur Wallis & plusieurs autres auteurs, prétendent que quand la lune se leve ou se couche, une longue suite d'objets interposés entre nous & l'extrémité de l'horison sensible, nous la font imaginer plus éloignée que quand elle est au méridien où notre oeil ne voit rien entr'elle & nous: que cette idée d'un plus grand éloignement nous fait imaginer la lune plus grande, parce que

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