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Personne n'ignore combien la morsure des viperes est dangereuse, ainsi que celle des serpens qui ne sont proprement que des viperes de différentes especes. Le remede le plus assuré que l'on ait trouvé jusqu'ici contre leurs morsures, est l'eau de luce, c'est - à - dire un alkali volatil très - pénétrant combiné avec le succin; on en met dix gouttes dans un verre d'eau que l'on fera prendre à plusieurs reprises à la personne qui aura été mordue, qui se couchera dans un lit bien bassiné, où elle éprouvera une transpiration très - forte, qui fera disparoître les accidens. Cette découverte est dûe à M. Bernard de Jussieu, qui en a fait l'expérience avec beaucoup de succes.
Vipere (Page 17:322)
Les viperes sont principalement consacrées encore aujourd'hui aux maladies de la peau; elles sont regardées comme excitant principalement l'excrétion de cet organe, & comme le délivrant par - là de certains sucs malins qui sont censés l'infecter & causer la plûpart de ces maladies. Elles sont regardées encore, comme purifiant le sang & comme chassant le venin, soit celui des animaux vénéneux, soit celui des fievres malignes, &c. ce qui est une autre conséquence de l'opinion qu'on a de leurs qualités sudorifiques. Comme l'exercice de cette derniere propriété n'existe point sans que le mouvement du sang soit augmenté & que la vipere d'ailleurs est évidemment alimenteuse; c'est encore une suite nécessaire de cette opinion, qu'elle soit regardée comme cordiale & analeptique.
La vipere se donne ordinairement en substance ou en décoction, de l'une & de l'autre maniere sous diverses formes pharmacéutiques dont nous parlerons dans la suite de cet article. Il est écrit dans les livres de médecine, & la tourbe ne manque pas de répéter que ces remedes font suer, échauffent, donnent même la fievre, qu'on est souvent obligé d'en suspendre & même d'en supprimer l'usage, &c. mais il est écrit aussi, & le même ordre de médecins répete que la vipere contient beaucoup de sel volatil, ce qui est démonstrativement faux, qu'elle abonde en es<cb->
Cette derniere préparation, qui est la plus usitée parce qu'elle est la plus élégante, & qu'on croit par ce moyen mieux retenir les parties volatiles précieuses, se fait ainsi.
Bouillon de vipere. Prenez une vipere en vie, rejettez - en la tête & la queue; écorchez - la & éventrez - la, & coupez - la par morceaux, que vous mettrez dans un vaisseau convenable, avec le coeur, le foie & le sang que vous aurez conservé, & avec douze onces d'eau commune, & si vous voulez quelques plantes ou racines, selon l'indication. Fermez exactement votre vaisseau, & faites cuire au bain - marie pendant sept à huit heures. La pharmacopée de Paris dit trois ou quatre, mais ce n'est pas assez: passez avec une légere expression.
On prépare encore une gelée de vipere, en faisant cuire une certaine quantité de viperes récemment écorchées & éventrées, dans suffisante quantité d'eau, au degré bouillant pendant cinq ou six heures, en clarifiant & filtrant la décoction, l'évaporant au bain - marie, & la faisant prendre dans un lieu froid.
La poudre de vipere se prépare ainsi. Prenez des
troncs, des coeurs & des foies de viperes, sechés selon
l'art (Voyez
Les trochisques de vipere, appellés aussi trochisci theriaci, se préparent de la maniere suivante. Prenez de la chair de viperes choisies, dont vous aurez séparé les têtes, les queues, que vous aurez écorchées & éventrées; faites cuire cette chair dans suffisante quantité d'eau, avec de l'aneth verd & du sel, jusqu'à ce qu'elle se soit séparée des épines; prenez - en huit onces; battez - la dans un mortier de marbre avec un pilon de bois, en y jettant peu - à - peu 2 onces & demie de mie de pain de froment très - blanc, séchée [p. 323]
De ces préparations celle qui mérite le plus de considération, est le bouillon de vipere; c'est celle - là qu'on ordonne communément contre la lepre, les dartres rebelles, & les autres maladies de la peau; contre les bouffissures, les obstructions commençantes, attribuées à une lymphe épaisse, & à une circulation languissante, &c. les pâles - couleurs dépendantes de cette derniere disposition, &c. & c'est aussi sur celle - la qu'il conviendroit de tenter les expériences dont nous avons parlé plus haut.
La gelée de vipere est fort peu usitée; il est très vraissemblable qu'elle a les mêmes vertus que le bouillon.
L'usage ordinaire de la poudre de vipere est absolument puérile; on la fait entrer à petite dose dans les potions cordiales ou sudorifiques, & l'on y imagine bonnement, d'après l'erreur que nous avons déjà relevée plus haut, qu'elle y produit le même effet, quoique véritablement un peu plus doux que l'alkali vo>atil de vipere.
Les trochisques de viperes ne sont point du tout d'usage dans les prescriptions magistrales; on ne les prépare absolument que pour les employer à la composition de la thériaque.
Outre les remedes dont nous avons parlé jusqu'à
présent, qui ne sont que la substance même de la vipere, ou qui en sont véritablement retirés sans avoir
essuyé aucune altération; on en retire par l'art chimique,
par une décomposition manifeste, une substance
qui est employée à titre de médicament, je
veux dire de l'alkali volatil, tant sous forme fluide,
que sous forme concrete. Mais ce sel qui est un des
produits de la distillation analytique de la vipere, n'a
absolument que les vertus communes des produits
analogues des substances animales. Voyez
Les Apoticaires gardent ordinairement chez eux dans des cucurbites profondes de verre, des vipe>es en vie. Ils les prennent pour l'usage avec de longues pinces, par le cou. Il est vrai, ce qu'on dit communément, que si on les prend par la queue, & qu'on les laisse pendre la tête en bas, elles n'ont pas la force de se redresser & d'aller piquer la main à laquelle elles sont suspendues. Il est pourtant plus sûr de les prendre par le cou, parce que de l'autre maniere elles peuvent facilement atteindre la main libre de celui qui les tient, ou quelque assistant mal avisé. On doit encore observer que la morsure des têtes séparées du corps, est aussi à craindre, & aussi dangereuse que la morsure de la vipere entiere. Les Apothicaires ont coutume de jetter ces têtes dans de l'eau - devie à mesure qu'ils les séparent, elles y meurent bientôt; dans plusieurs pays le peuple les achete pour faire des amulettes.
On trouve dans les pharmacopées, sous le nom de sirop de vipere roborant, une composition très - compliquée, & dont les viperes sont un ingrédient assez inutile. Au reste, ce sirop doit être très - cordial & sudorifique.
Les Pharmacologistes ont mis encore au rang des remedes, indépendamment des plus usuels dont nous venons de parler, le fiel de vipere, à titre d'ophtalmique; la graisse, comme un puissant résolutif, sudorifique; anodin, prise intérieurement à la dose d'un gros. Wedelius rapporte deux observations de phthisiques, traités avec succès par l'usage intérieur de cette graisse. Elle est encore célébrée pour l'usage extérieur, comme un excellent ophthalmique
La poudre de vipere est appellée par quelques auteurs besoard - animal: la poudre du coeur & du foie porte le même nom chez plusieurs autres. (b)
VIPÉRINE (Page 17:323)
VIPÉRINE, s. f. (Hist. nat. Bot.) echium; genre
de plante à fleur monopétale, en forme d'entonnoir
un peu courbé, dont le bord supérieur est plus long
que l'inférieur. Le calice est ordinairement divisé
jusqu'à sa base; le pistil sort de ce calice; il est attaché
comme un clou à la partie postérieure de la fleur,
& entouré de quatre embryons; ils deviennent dans
la suite autant de semences qui ressemblent à une tête
de vipere; elles murissent dans le calice même, qui
s'agrandit. Tournefort, inst. rei herb. Voyez
L'espece appellée par Tournefort, echium vulgare, I. R. H. a la racine bisannuelle; elle pousse plusieurs tiges à la hauteur de deux à trois piés, velues, fermes, vertes, marquetées de points noirs; ses feuilles sont oblongues, étroites, lanugineuses, rudes au toucher, placées sans ordre, d'un goût fade. Ses fleurs garnissent les tiges presque depuis le bas jusqu'en haut; elles sont formées en entonnoir, courbé & découpé par les bords, en cinq segmens inégaux; elles sont d'une belle couleur bleue, tirant quelquefois sur le purpurin; quelquefois cendrées, ayant au centre cinq étamines purpurines, à sommets oblongs, & un pistil blanc; le tout est soutenu par un calice fendu jusqu'à la base en cinq parties, longues, étroites, pointues, cannelées. Quand la fleur est tombée, il lui succede quatre semences jointes ensemble, ridées, semblables à la tête d'une vipere.
Elle croît dans les champs, dans les terres incultes, dans les blés, le long des chemins & sur les murs. Elle fleurit en Juin & Juillet, demeure verte tout l'hiver; & périt la seconde année, après avoir poussé sa tige & mûri sa graine. (D. J.)
Vipérine (Page 17:323)
Cette plante est très - analogue à la bourrache, à la buglose, à la pulmonaire, &c. & peut très - bien être substituée à ces plantes. Sa racine entre dans l'emplâtre diabotanum. (b)
Vipérine de Virginie (Page 17:323)
VIPITENUM (Page 17:323)
VIPITENUM, (Géogr. anc.) nom d'une ville de la Germanie, selon l'itinéraire d'Antonin. On sait que c'est aujourd'hui Stertzingen dans le Tirol par une ancienne inscription qu'on y a déterrée.
VIR (Page 17:323)
VIR, (Géogr. anc.) fleuve de l'Espagne tarragonoise.
Ptolomée, l. II. c. vj. marque son embouchure
entre le promontoire où étoient les autels du
soleil & un autre promontoire qu'il ne nomme point.
On croit que c'est le fleuve Florius de Pline. (D. J.)
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