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BULLE (Page 2:462)
BULLE, s. f. (Hist. anc.) petite boule concave d'or, d'argent, ou d'autres métaux, que les enfans des Romains portoient au cou: on la donnoit aux enfans de qualité en même tems que la robe prétexte ou bordée de pourpre, & ils ne la quittoient qu'en quittant cette robe, c'est - à - dire, à l'âge de dix - sept ans. Quoiqu'il paroisse constant par le témoignage de tous les auteurs qui'il n'y avoit que les enfans des magistrats curules qui eussent droit de porter la bulle d'or; il n'est pas moins certain qu'ils n'étoient pas les seuls qui la portassent; ceux à qui les honneurs du triomphe étoient décernés prenoient aussi cet ornement: Bulla, dit Macrobe, gestamen erat triumphantium, quam in triumpho proe se gerebant: mais cette bulle étoit d'un plus grand volume que celle des enfans. La grande vestale & les dames Romaines en portoient aussi: la premiere par distinction; les autres comme une parure. On regardoit encore ces bulles comme de très - puissans préservatifs contre l'envie, & contre les génies malfaisans. La superstition n'avoit guere moins de part que la vanité dans la coûtume d'attacher ces bulles au cou des enfans des patriciens. (G)
Bulle (Page 2:462)
Bulle (Page 2:462)
On dérive le mot de bulle de bulla, un sceau, &
celui - ci de bulla, une boule ou bouteille ronde qui
se forme dans l'eau. D'autres le dérivent du Grec
La bulle est la troisieme sorte de rescrit apostolique
qui est le plus en usage, tant pour les affaires de
justice que pour les affaires de grace: elle est écrite
sur parchemin, à la différence de la signature qui est
écrite en papier. La bulle est proprement une signature
étendue, & ce qu'elle contient en peu de paroles,
la bulle l'étend: néanmoins elle ne doit pas
être, quoiqu'étendue, plus ample que la signature,
si ce n'est pour les clauses qu'on a coûtume d'étendre
selon le style. Voyez
Si les bulles sont lettres gracieuses, le plomb est pendant en lacs de soie; & si ce sont des lettres de justice & exécutoires, le plomb est pendant à une cordelle de chanvre: elles sont écrites en caractere rond ou gothique.
La bulle en la forme qu'elle doit être expédiée,
se divise en quatre parties, qui sont la narration du
fait, la conception, les clauses, & la date. Dans la
salutation le pape prend la qualité d'évêque, serviteur
des serviteurs de Dieu; servus servorum Dei. Voyez
La bulle n'est proprement que le sceau ou le plomb
pendant qui donne son nom au titre, parce qu'il lui donne
seul autorité; & généralement tout rescrit où il y
a du plomb pendant s'appelle bulle. Ce plomb représente
d'un côté les têtes de S. Pierre à droite, & de
S. Paul à gauche; de l'autre côté est écrit le nom
du pape régnant, & l'an de son pontificat. Voyez
Les jubilés s'octroyent par bulles: on ne sacre point les évêques qu'ils n'ayent leurs bulles. En Espagne on expédie des bulles pour toutes sortes de bénéfices: mais en France on n'a que de simples signa<pb-> [p. 463]
Les bulles qui viennent de Rome en France, sont limitées & modérées selon les usages du royaume, avant que d'être enregistrées. On n'y en reçoit aucunes, qu'après avoir bien examiné si elles ne contiennent rien de contraire aux libertés de l'église Gallicane. Il suffit en France que ces mots proprio motu, de notre propre mouvement, se trouvent dans une bulle, pour la rejetter toute entiere.
Les Espagnols ne reçoivent pas non plus aveuglément les bulles des papes: elles sont examinées dans le conseil du roi; & si l'on trouve qu'il y ait des raisons pour ne pas les mettre en exécution, l'on en donne avis au pape par une supplique; & par ce moyen ces bulles demeurent sans effet. Cette maniere d'agir avec la cour de Rome est établie dans la plûpart des états & des royaumes.
Fulminer des bulles, c'est en faire la publication ou vérification par l'un des trois commissaires auxquels elles sont adressées, soit qu'il soit évêque ou official. On s'oppose quelquefois à la publication des bulles ou des rescrits du pape. Mais quand il s'y trouve de l'abus. l'on a pour lui le respect de n'appeller pas directement de la concession de la bulle, on interjette simplement appel comme d'abus de l'exécution ou fulmination de la bulle. C'est un expédient pour ne point choquer le pape, en ne se plaignant que de la procédure & de la partie qui a obtenu la bulle.
Cependant il y a des cas importans, dans lesquels
on appelleroit sans détour comme d'abus de la bulle
du pape: par exemple, s'il prononçoit l'excommunication
contre la personne du roi; s'il >ntreprenoit
sur le temporel du royaume; s'il disposoit des bénéfices
dont la nomination appartient au >oi par le concordat.
Voyez
Quand le pape est mort, on n'expédie plus de bulles durant la vacance du fiége, & jusqu'à l'élection du successeur: ainsi pour prévenir les abus qui pourroient se glisser, aussi - tôt que le pape est mort, le vice - chancelier de l'église Romaine va prendre le sceau des bulles, puis il fait effacer en présence de plusieurs personnes, le nom du pape qui vient de mourir; il couvre d'un linge le côté où sont les têtes de S. Pierre & de S. Paul; il y met son sceau, & donne ce sceau des bulles ainsi enveloppé, au camérier pour le garder, afin qu'on n'en puisse sceller aucune lettre.
Bulle (Page 2:463)
Le concile de Tours, en 1510, déclara la bulle in coena Domini insoûtenable à l'égard de la France, qui a souvent protesté contre cette bulle en ce qui regarde les droits du roi & les libertés de l'église Gallicane. En 1580, quelques évêques pendant le tems des vacations, tâcherent de faire recevoir dans leurs dioceses la bulle in coena Domini. Le procureur général s'en étant plaint, le parlement ordonna que tous les archevêques & évêques qui auroient reçû cette bulle & ne l'auroient pas publiée, eussent à l'envoyer à la cour: que ceux qui l'auroient fait publier fussent ajournés, & cependant leur temporel saisi; & que quiconque s'opposeroit à cet arrêt, fût réputé rebelle & criminel de lese - majesté. Mézer. hist. de France, sous le regne d'Henri III. (G)
Bulle d'or (Page 2:463)
Bulle d'or (Page 2:463)
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Bulles d'eau (Page 2:464)
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