ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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BULGARES (Page 2:461)

BULGARES, s. m. (Hist. ecclés.) hérétiques qui sembloient avoir ramassé diverses erreurs des autres hérésies pour en composer leur croyance, & dont la secte & le nom comprenoit les Patarins, les Cathares, les Joviniens, les Vaudois, les Albigeois, & encore d'autres hérétiques. Les Bulgares tiroient leur origine des Manichéens, & ils avoient emprunté leurs erreurs des Orientaux & des Grecs leurs voisins, sous l'empire de Basile le Macédonien, dans le ixe siecle. Ce mot de Bulgares qui n'étoit qu'un nom de nation, devint en ce tems - là un nom de secte, & ne signifia pourtant d'abord que ces hérétiques de Bulgarie: mais ensuite cette même hérésie s'étant répandue en plusieurs endroits, quoiqu'avec des circonstances qui y apportoient de la diversité, le nom de Bulgares devint commun à tous ceux qui en furent infectés. Les Pétrobrusiens, disciples de Pierre de Brüis, qui fût brûlé à S. Gilles en Provence; les Vaudois, sectateurs de Valdo de Lyon; un reste même des Manichéens qui s'étoient long - tems cachés en France; les Henriciens, & tels autres novateurs, qui dans la différence de leurs dogmes s'accordoient tous à combattre l'autorité de l'Eglise Romaine, furent condamnés en 1176 dans un concile tenu à Lombez, dont les actes se lisent au long dans Roger de Hoveden, historien d'Angleterre: il rapporte les dogmes de ces hérétiques, qui tenoient entr'autres erreurs qu'il ne falloit croire que le nouveau - Testament; que le baptême n'étoit point nécessaire aux petits enfans; que les maris qui joüissoient de leurs femmes ne pouvoient être sauvés; que les prêtres qui menoient une mauvaise vie ne consacroient point; qu'on ne devoit point obéir ni aux évêques, ni aux autres ecclésiastiques qui ne vivoient pas selon les canons qu'il n'étoit point permis de jurer en aucun cas; & [p. 462] quelques autres articles qui n'étoient pas moins pernicieux. Ces malheureux ne pouvant subsister sans union & sans chef, se firent un souverain pontife qu'ils appellerent pape, & qu'ils reconnurent pour leur premier supérieur, auquel tous les autres ministres étoient soûmis; & ce faux pontife établit son siége dans la Bulgarie, sur les frontieres de Hongrie, de Croatie, de Dalmatie, où les Albigeois qui étoient en France alloient le consulter & recevoir ses décisions. Reyner ajoûte que ce pontife prenoit le titre d'évêque, & de fils aîné de l'église des Bulgares. Ce fut alors que ces hérétiques commencerent d'être nommés tous généralement du nom commun de Bulgars; nom qui fut bientôt corrompu dans la langue Françoise qu'on parloit alors; car au lieu de Bulgares, on dit d'abord Bougares & Bougueres, dont on lit le Latin Bugari & Bugeri; & de - là un mot très - sale en notre langue, qu'on trouve dans les histoires anciennes, appliqué à ces hérétiques, entr'autres dans une histoire de France manuscrite qui se garde dans la bibliotheque du président de Mesmes, à l'année 1225, & dans les ordonnances de S. Louis, où l'on voit que ces hérétiques étoient brûlés vifs lorsqu'ils étoient convaincus de leurs erreurs. Comme ces misérables étoient fort adonnés à l'usure, on donna dans la suite le nom dont on les appelloit à tous les usuriers, comme le remarque du Cange. Marca, Hist. de Bearn. La Faille, Annales de la ville de Toulouse. Abregé de l'ancienne Hist. Du Cange, Gloss. Latin. (G)

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