ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"492"> ils attaquent les plantes, quoique desséchées avec le plus grand soin; on sait que le bois même peut être réduit en poudre par les vers: les papillons ne font pas autant de mal que les scarabées; & il n'y a que ceux qui produisent les teignes qui soient nuisibles. Tous ces insectes pullulent en peu de tems, & leur génération est si abondante, que le nombre en deviendroit prodigieux, si on n'employoit pas différens moyens pour les détruire. La plupart de ces petits animaux commencent ordinairement à éclorre ou à se mettre en mouvement au mois d'Avril, lorsque le printems est chaud, ou au mois de Mai, lorque la saison est plus tardive; c'est alors qu'il faut tout visiter, & examiner si on n'appercevra pas la trace de ces insectes, qui est ordmairement marquée par une petite poussiere qu'ils font tomber des endroits où ils sont logés; dans ce cas il y a déjà du mal de fait; ils ont rongé quelque chose: ainsi on ne doit point perdre de tems, il faut travailler à les détruire. On doit observer ces petits animaux jusqu'à la fin de l'été; dans ce tems il n'en reste plus que des oeufs, ou bien ils sont arrêtés & engourdis par le froid. Voilà donc environ cinq mois pendant lesquels il faut veiller sans cesse; mais aussi pendant le reste de l'année, on peut s'épargner ce soin.

Il suffit en général de garantir l'intérieur d'un cabinet du trop grand froid, de la trop grande chaleur, & sur - tout de l'humidité. Si les animaux desséchés, particulierement ceux de la mer, qui restent toûjours imprégnés de sel marin, étoient exposés à l'air extérieur dans les grandes gelées, apres avoir été imbibés de l'humidité des brouillards, des pluies, ou des dégels, ils seroient certainement altérés & décomposés en partie, par l'action de la gelée & par de si grands changemens de température. Aussi pendant la sin de l'automne & pendant tout l'hyver, on ne peut mieux faire que de tenir tous les cabinets bien fermés; il ne faut pas craindre que l'air devienne mauvais pour n'avoir pas été renouvellé: il ne peut avoir de qualité plus nuisible que celle de l'humidité. D'ailleurs les salles des cabinets sont ordinairement assez grandes pour que l'air y circule aisément: au reste en choisissant un tems sec, on pourroit les ouvrir au milieu du jour. Pendant l'été on a moins à craindre de l'humidité: mais la chaleur produit de mauvais effets, qui sont la fermentation & la corruption. Plus l'air est chaud, plus les insectes sont vigoureux; plus leur multiplication est facile & abondante, plus les ravages qu'ils font sont considérables: il faut done parer les rayons du soleil par tous les moyens possibles, & ne jamais donner l'entrée à l'air du dehors, que lorsqu'il est plus frais que celui du dedans. Il seroit à souhaiter que les cabinets d'Histoire naturelle ne fussent ouverts que du côté du nord; cette exposition est celle qui leur convient le mieux, pour les préserver de l'humidité de l'hyver, & des chaleurs de l'été.

Enfin par rapport à la distribution & aux proportions de l'intérieur, comme les planchers ne doivent pas être fort élevés, on ne peut pas faire de très - grandes salles; car si l'on veut décorer un cabinet avec le plus d'avantage, il faut meubler les murs dans toute leur hauteur, & garnir le platfond comme les murs, c'est le seul moyen de faire un ensemble qui ne soit point interrompu; & même il y a des choses qui sont mieux en place étant suspendues que partout ailleurs. Mais si elles se trouvent trop élevées, on se fatigueroit inutilement à les regarder sans pouvoir les bien distinguer. En pareil cas, l'objet qu'on n'apperçoit qu'à demi, est toûjours celui qui pique le plus la curiosité: on ne peut guere voir un cabinet d'Histoire naturelle, sans une certaine application qui est déjà assez fatiguan<cb-> te; quoique la plûpart de ceux qui y entrent, ne prétendent pas en faire une occupation serieuse, cependant la multiplicité & la singularité des objets fixent leur attention.

Par rapport à la maniere de placer & de présenter avantageusement les différentes pieces d'Histoire naturelle, je crois que l'on a toujours à choisir. Il y en a plusieurs qui peuvent être aussi convenables les unes que les autres pour le même objet; c'est au bon goùt à servir de regle ». M. d'Aubenton ne prétend entrer dans aucune disssion à cet égard; il s'est contenté dans sa description du cabinet du Roi, de rapporter la façon dont les choses de différens genres y sont disposées, & en même tems les moyens de les conserver.

Me sera - t - il permis de finir cet article par l'exposition d'un projet qui ne seroit guere moins avantageux qu'honorable à la nation? Ce seroit d'élever à la nature un temple qui sût digne d'elle. Je l'imagine composé de plusieurs corps de bâtimens proportionnés à la grandeur des êtres qu'ils devroent renfermer: celui du milieu seroit spatieux, immense, & destiné pour les monstres de la terre & de la mer: de quel étonnement ne seroit - on pas frappé à l'entrée de ce lieu habité par les crocodiles, les éléphans & les baleines? On passeroit de - là dans d'autres salles contiguës les unes aux autres, où l'on verroit la nature dans toutes ses variétés & ses dégradations. On entreprend tous les jours des voyages dans les différens pays pour en admirer les raretés; croit - on qu'un pareil édifice n'attireroit pas les hommes curieux de toutes les parties du monde, & qu'un étranger un peu lettré pût se résoudre à mourir, sans avoir vû une sois la nature dans son palais? Quel spectacle que celui de tout ce que la main du toutpuissant a répandu sur la surface de la terre, exposé dans un seul endroit! Si je pouvois juger du goût des autres hommes par le mien, il me semble que pour joüir de cè spectacle, personne ne regretteroit un voyage de cinq ou six cents lieues; & tous les jours ne fait - on pas la moitié de ce chemin pour voir des morceaux de Raphael & de Michel - Ange? Les millions qu'il en coûteroit à l'état pour un pareil établissement seroient payés plus d'une fois par la multitude des étrangers qu'il attireroit en tout tems. Si j'en crois l'histoire, le grand Colbert leur fit autrefois acquitter la magnificence d'une fête pompeuse, mais passagere. Quelle comparaison entre un carrousel & le projet dont il s'agit? & quel tribut ne pourrions - nous pas en espérer de la curiosité de toutes les nations?

Cabinets secrets (Page 2:492)

Cabinets secrets, (Physique) sorte de cabinets dont la construction est telle que la voix de celui qui parle à un bout de la voûte, est entendue à l'autre bout: on voit un cabinet ou chambre de cette espece à l'Observatoire royal de Paris. Tout l'artifice de ces sortes de chambres consiste en ce que la muraille auprès de laquelle est placée la personne qui parle bas, soit unie & cintrée en ellipse; l'arc circulaire pourroit aussi convenir, mais il seroit moins bon. Voici pourquoi les voutes elliptiques ont la propriété dont nous parlons. Si on imagine (fig. 16. n°. 3. Pneumatique.) une voute elliptique A C B, dont les deux foyers soient F & f, voyez Ellipse, & qu'une personne placée au point F parle tout aussi bas qu'on peut parler à l'oreille de quelqu'un, l'air poussé suivant les directions FD, FC, FO, &c. se réfléchira à l'autre foyer f par la propriété de l'ellipse qui est connue & démontrée en Géométrie; d'où il s'ensuit qu'une personne qui auroit l'oreille à l'endroit f, doit entendre celui qui parle en F aussi distinctement que si elle en étoit tout proche.

Les endroits fameux par cette propriété étoient la prison de Denys à Syracuse, qui changeoit en un [p. 493] bruit considérable un sunple chuchotement, & un claquement de mains en un coup très - violent; l'aquéduc de Claude, qui portoit la voix, dit - on, jusqu'à seize milles; & divers autres rapportés par Kircher dans sa Phonurgie.

Le cabinet de Denys à Syracuse étoit, dit - on, de forme parabolique; Denys ayant l'oreille au foyer de la parabole, entendoit tout ce qu'on disoit en bas; parce que c'est une propriété de la parabole, que toute action qui s'exerce suivant des lignes paralleles à l'axe, se réfléchit au foyer. Voyez Parabole & Foyer.

Ce qu'il y a de plus remarquable sur ce point, en Angleterre, c'est le dome de l'église de S. Paul de Londres, où le battement d'une montre se fait entendre d'un côté à l'autre, & où le moindre chuchotement semble faire le tour du dome. M. Derham dit que cela ne se remarque pas seulement dans la galerie d'en - bas, mais au - dessus dans la charpente ou la voix d'une personne qui parle bas est portée on rond au - dessus de la tête juiqu'au sommet de la voute, quoique cette voute ait une grande ouverture dans la partie supérieure du dome.

Il y a encore à Glocester un lieu fameux dans ce genre, c'est la galerie qui est au - dessus de l'extrémité orientale du choeur, & qui va d'un bout à l'autre de l'église. Deux personnes qui parlent bas, peuvent s'entendre à la distance de 25 toises. Tous les phénomenes de ces différens lieux dépendent à peu - pres des mêmes principes. Voyez Echo & Portevoix. (O)

CABIRES (Page 2:493)

CABIRES, s. m. pl. (Myth.) divinités du paganisme révérées particulierement dans l'ile de Samothrace. Ces dieux étoient selon quelques - uns, Pluton, Proserpine, & Cerès; & selon d'autres c'étoient toutes les grandes divinités des payens. Ce nom est Hébreu ou Phénicien d'origine, cabir, & signifie grand & puissant. Mnascas met ces dieux au nombre de trois; Axierès, Cerès; Axiocersa, Proserpine; & Axiocersus, Pluton, auxquels Dionysiodore ajoûte un quatrieme nommé Casimil, c'est - à - dire Mercure. On croyoit que ceux qui étoient initiés dans les mysteres de ces dieux en obtenoient tout ce qu'ils pouvoient souhaiter: mais leurs prêtres avoient affecté de répandre une si grande obscurité sur ces mysteres, qu'on regardoit comme un sacrilége de prononcer seulement en public le nom de ces dieux. De - là vient que les anciens se sont contentés de parler des mysteres de Samothrace & du culte des dieux Cabires, comme d'une chose très - respectable, mais sans entrer dans le moindre détail. M. Pluche dans son histoire du Ciel, dit que les figures de ces dieux venues d'Egypte en Phénicie, & de - là en Grece, portoient sur la tête des feuillages, des cornes, des ailes & des globes, qui, ajoûte cet auteur, ue pouvoient pas manquer de paroître ridicules à ceux qui ne comprenoient pas la signification de ces symboles, comme il arriva à Cambyse roi des Perses en entrant dans leur temple. Mais ces mêmes figures, si singulieres en apparence, désignoient Osiris, Isis & Horus, qui enseignoient au peuple à se préeautionner contre les ravages de l'eau. Voilà, selon lui, à quoi se réduisoit tout l'appareil de ces mysteres, à apprendre à ceux qui y étoient initiés une vérité fort simple & fort commune.

Cabires (Page 2:493)

Cabires, dans Origene contre Celse, se prend pour les anciens Persans qui adoroient le soleil & le feu. Hyde dans son Histoire de la religion des anciens Persans confirme cette étymologie. Cabiri, dit - il, chap. xxix. sunt Gabri, voce Persicâ aliquantulum detortâ; c'est - à - dire, que du mot Gabres ou Guebres, qui est Persan, on a fait celui de Cabires. Voyez Guebres. (G)

CABIRIES (Page 2:493)

CABIRIES, s. f. pl. (Myth.) fêtes que les anciens habitans de Lemnos & de Thebes, célebroient en l'honneur des dieux Cabires.

Cette fête passoit pour être très - ancienne, & antérieure au tems même de Jupiter, qui la renouvella à ce qu'on dit. Les cabiries se célebroient pendant la nuit; & l'on y consacroit les enfans depuis un certain âge. Cette consécration étoit, selon l'opinion payenne, un préservatif contre tous les dangers de la mer.

La cérémonie de la consécration, appellée FRGOW/<-> SIS2, ou FRONISMO\S2, consistoit à mettre l'initié sur un throne, autour duquel les prêtres faisoient des danses. La marque des initiés étoit une ceinture ou écharpe d'un ruban couleur de pourpre.

Quand on avoit commis quelque meurtre, c'étoit un asyle que d'aller aux sacrifices des cabiries. Meursius produit les preuves de tout ce que nous venons d'avancer. (G)

CABITA (Page 2:493)

CABITA, (Géog.) une des îles Philippines avec un port, à deux lieues de Manilla.

CABLAN (Page 2:493)

CABLAN, (Géog.) ville & royaume d'Asie dans l'Inde, au - delà du Gange, dépendant du roi d'Ava.

CABLE (Page 2:493)

CABLE, s. m. (Corderie.) se dit en général de tous cordages nécessaires pour traîner & enlever les fardeaux; ceux qu'on nomme brayers, en Architecture, servent pour lier les pierres, baquets à mortier, bouriquets à moilon, &c. les haubans, pour retenir & haubaner les engins, grues, & gruaux, &c. les vintaines qui sont les moindres cordages, pour conduire les fardeaux en les montant, & pour les détourner des saillies & des échaffauds. Ils servent aussi à attacher les boulins pour former les échaffauds. On dit bander, pour tirer un cable; ce mot vient du Latin capulum, ou caplum, fait du verbe capere, prendre. Voyez Bander. (P)

Cable (Page 2:493)

Cable, s. m. en Marine, que quelques - uns écrivent & prononcent chable: ce dernier n'est point usité par les gens de mer. C'est une grosse & longue corde ordinairement de chanvre, faite de trois hansieres, dont chacune a trois torons. V. Hansiere & Toron.

Le cable sert à tenir un vaisseau en rade, ou en quelque autre lieu. On appelle aussi cables les cordes qui servent à remonter les grands bateaux dans les rivieres, & à élever de gros fardeaux dans les bâtimens par le moyen des poulies.

Il y a ordinairement quatre cables dans les vaisseaux, & le plus gros s'appelle maître - cable. Ce maître - cable est long de 120 brasses, & cela est cause que le mot de cable se prend aussi pour cette mesure: de sorte que quand on dit qu'on mouille à deux ou trois cables de terre ou d'un vaisseau, on veut dire qu'on en est à la distance de 240 ou 360 brasses. A l'égard de la fabrique des cables, voyez Cordage, Corde, & Corderie.

Les plus petits vaisseaux ont au moins trois cables; il y a le cable ordinaire, le maitre cable, & le cable d'affourché qu'on nomme aussi groslin, qui est le plus petit: la longueur la plus ordinaire de ces cables est de 110 & de 120 brasses.

On proportionne souvent la grosseur du cable de la moyenne ancre à la longueur du vaisseau, & on lui donne un pouce d'épais pour chaque dix piés de cette longueur. On se sert bien aussi de ces mêmes cables pour la maîtresse ancre. Lorsqu'on mouille dans un très - mauvais tems, on met jusqu'à deux cables à une même ancre, afin qu'ils ayent plus de sorce, & qu'en même tems l'ancre puisse joüer plus facilement.

Un vaisseau de 134 piés de long de l'étrave à l'étambord, doit être pourvû de quatre cables de treize pouces de circonférence, & de 100 brasses de long, & d'un autre de douze pouces.

Mais les vaisseaux de guerre sont pourvûs de cables de 120 brasses, afin qu'ils joüent plus aisément sur l'ancre: ces cables ont vingt à vingt - deux pouces de circonférence, & sont composés de trois hansie<pb->

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