ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Dans les capitulaires de Charlemagne, ces mêmes officiers sont nommés vicatrii comitum, comme qui diroit licutenans des comtes; ils étoient au - dessus des centeniers.

On les appella aussi vice comites, d'où l'on a fait en françois le titre de vicomtes.

Ils étoient d'abord élus par les comtes mêmes, le comte de chaque ville étoit obligé d'avoir son vicomte ou lieutenant, & comme le pouvoir du comte s'étendoit non - seulement dans la ville, mais aussi dans tout le canton ou territoire dépendant de cette ville, le pouvoir que le vicomte avoit en cette qualité s'étendoit aussi dans la ville & dans tout son territoire.

Cependant en général la compétence des comtes étoit distincte de celle de leurs vicomtes ou lieutenants: les premiers connoissoient des causes majeures, les vicomtes jugeoient en personnes les affaires légeres; de - là vient sans doute qu'encore en plusieurs lieux, la justice vicomtiere ne s'entend que de la moyenne justice, & qu'en Normandie les juges appellés vicomtes, qui tiennent la place des prevôts, ne connoissent pas des matieres criminelles.

Mais en l'absence ou autre empêchement du comte, le vicomte tenoit les plaids ordinaires du comte, & même présidoit aux plaids généraux.

La fonction du comte embrassant le gouvernement & le commandement militaire aussi - bien que l'administration de la justice; celle du vicomte s'étendoit aussi à tous les mêmes objets au défaut du comte.

Vers la fin de là seconde race, & au commencement de la troisieme, les dues & comtes s'étant rendus propriétaires de leurs gouvernemens, qui n'étoient auparavant que de simples commissions; les vicomtes à leur exemple firent la même chose.

Les offices de vicomtes furent inféodés, de même que les offices de ducs, de comtes, & autres; les uns furent inféodés par le roi directement, les autres sous - inféodés par les comtes.

Les comtes de Paris qui avoient sous eux un prevôt pour rendre la justice, avoient aussi un vicomte, mais pour un objet différent; ils sous - inféoderent une partie de leur comté à d'autres seigneurs qu'on appella vicomtes, & leur abandonnerent le ressort sur les justices enclavées dans la vicomté, & qui ressortissoient auparavant à la prévôté. Une des fonctions de ces vicomtes, étoit de commander les gens de guerre dans la vicomté, droit dont le prevôt de Paris jouit encore en partie, lorsqu'il commande la noblesse de l'arrierc - ban.

Le vicomte de Paris avoit aussi son prevôt pour rendre la justice dans la vicomté, mais on croit que s'il exerçoit la justice, c'étoit militairement, c'est - à - dire sur le champ, & par rapport à des délits qui se commettoient en sa présonce; dans la suite la vicomté fut réunie à la prevôté.

Présentement en France, les vicomtes sont des seigneurs dont les terres sont érigées sous le titre de vicomte.

En Normandie les vicomtes sont des juges subordonnés aux baillfs, & qui tiennent communément la place des prevôts. Loiseau prétend que ces vicomtes sont les juges primitifs des villes; mais Basnage fait voir qu'en Normandie, comme ailleurs, les comtes furent les premiers juges, qu'ils avoient leurs vicomtes ou lieutenans, & que quand les comtes cesserent de faire la fonction de juge, les ducs de Normandie établirent à leur place des baillifs, auxquels les vicomtes se trouverent subordonnés de même qu'ils l'étoient aux comtes; il croit pourtant que les vicomtes furent ainsi appellés tanquam vicorum comites, comme étant les juges des villes.

En quelques villes de Normandie, l'office de mai<cb-> re est réuni à celui de vicomte, comme à Falaise & à Bayeux.

En quelques autres il y a des prevôts avec les vicomtes, comme dans le bailliage de Gisors.

La coutume de Normandie, tit. de jurisdict. art. 5. porte qu'au vicomte, ou son lieutenant, appartient la connoissance des clameurs de haro civilement intentées; de clameur de plege pour chose roturiere; de vente & dégagement de biens, d'interdits entre roturiers, d'arrêts, d'exécutions, de matiere de namps, & des oppositions qui se mettent pour iceux namps, de dations de tutelle & curatelle de mineurs, de faire faire les inventaires de leurs biens, d'ouir les comptes de leurs tuteurs & administrateurs, de vendue des biens desdits mineurs; de partage de succession, & des autres actions personnelles, réelles, & mixtes, en possessoire & propriété, ensemble de toute matiere de simple desrene entre roturiers, & des choses roturieres, encore que esdites matieres échée, vue & enquête. Voyez Brodeau sur Paris; Loiseau, des scigneuries; Basnage, & les autres commentateurs de la coutume de Normandie, sur l'article 5. du tit. de jurisdict. & le mot Comte, Comté, & ci - après le mot Vicomté. (A)

Vicomte des aides (Page 17:239)

Vicomte des aides, il est parlé des vicomtes des aides dans une ordonnance de Charles VII. du premier Mars 1388. qui porte que les trésoriers ne pourront voir les états des grenetiers & receveurs & vicomtes des aydes, avant la rendue de leurs comptes.

M. Secousse croit qu'il y a faute en cet endroit, & qu'il faut lire grenetiers & receveurs des aides & vicomtes, parce que, dit - il, les vicomtes qui recevoient les revenus ordinaires du roi, ne se mêloient point de la levée des aides.

Cependant il n'est pas étonnant que l'on ait appellé vicomtes des aides ceux qui faisoient la recette des aides, de même que l'on appelloit vicomtes du domaine ceux qui faisoient la recette du domaine; il est parlé de ces vicomtes des aides dans Monstrelet, vol. l. ch. xcix. Voyez aussi le glossaire de M. de Lauriere, au mot vicomte.

Vicomte du domaine (Page 17:239)

Vicomte du domaine, étoit celui qui faisoit au - lieu du comte la recette du domaine, de même que les vicomtes des aides faisoient la recette des aides. Voyez Monstrelet, ch. xcix du premier volume, Lauriere au mot vicomte, & le mot Vicomte des aides.

Vicomte de l'eau (Page 17:239)

Vicomte de l'eau, est un juge établi en la ville de Rouen, lequel se qualifie conseiller du roi, vicomte de l'eau à Rouen, juge politique, civil & criminel par la riviere de Seine, & gardes des étalons, poids, & mesures de la ville.

Sa jurisdiction s'étend tant en matiere civile que criminelle, sur les rivieres de Seine & d'Eure, chemins & quais le long desdites rivieres, depuis la pierre du poirier au - dessous de Caudebec, jusqu'au ponteau de Blaru, au - dessus de Vernon, faisant la séparation de la Normandie d'avec le pays de France. Voyez l'hist. de la ville de Rouen, édit. de 1738. le coutumier général des anciens droits dûs au roi, qui se percoivent au bureau de la vicomté de Rouen, & le recuail d'arrêts du parlement de Normandie, de M. Froland.

Vicomte extraordinaire (Page 17:239)

Vicomte extraordinaire, étoit celui qui étoit commis extraordinairement pour la recette du domaine, ou bien pour la recette des aides, lesquelles ne se levoient autrefois qu'extraordinairement; il en est parlé dans une ordonnance de Charles VI. du 3 Avril 1388. Voyez Vicomte des aides, & Vicomte ordinaire.

Vicomte fermier (Page 17:239)

Vicomte fermier, étoit celui qui tenoit à ferme la recette de quelque vicomté; il est parlé des vicomtes fermiers du vicomté d'Abbeville, dans des [p. 240] lettres de Charles V. du 9 Mai 1376. Voyez le recueil des ordonnances de la troisieme race.

Vicomte ordinaire (Page 17:240)

Vicomte ordinaire étoit celui qui étoit chargé de la recette du domaine, ou bien on les appelloit ordinaires, parce que la recette du domaine étoit ordinaire, à la différence de celle des aides, qui ne se tenoit qu'extraordinairement. Voyez l'ordonnance de Charles VI du 3 Avril avant Pâques 1388.

Vicomte - receveur (Page 17:240)

Vicomte - receveur, dans la plûpart des anciennes ordonnances, les vicomtes sont appellés vicomtes ou receveurs, ou bien vicomtés & receveurs, parce qu'ils étoient alors chargés de faire la recette du domaine dans l'étendue de leur vicomté. Voyez Vicomtes des aides & du domaine.

Sous - vicomte est le nom que l'on donne en quelques endroits au lieutenant du vicomte comme chez les Anglois. Voyez Cowel, Spelman.

VICOMTE (Page 17:240)

VICOMTE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) ce terme a trois significations différentes; il se prend 1°. pour la dignite de vicomte qui est celui qui tient la place d'un comte; 2°. pour une terre érigee sous le titre de vicomté; 3°. pour un tribunal érigé sous le titre de vicomte, & où la justice est rendue par un juge appellé vicomte. Voyez ci - devant le mot Vicomte.

Vicomté advourie (Page 17:240)

Vicomté advourie ou Voulvie Vourie, ces termes sont employés comme synonymes en plusieurs occasions. Voyez le Glossaire de du Cange au mot vice comitatus.

Vicomté (Page 17:240)

Vicomté, impôt, les droits de vicomtés sont comptés au nombre des impôts dans une ordonnance de Charles régent du royaume du mois d'Août 1359; c'etoit apparemment un droit que les vicomtes étoient chargés de recevoir, & qui se payoit à la recette de la vicomté.

VICOMTIER (Page 17:240)

VICOMTIER, s. m. (Gram. & Jurisprud.) signifie ce qui appartient au vicomté.

Seigneur vicomtier est celui qui a la moyenne justice. Voyez les coutumes de Ponthieu, Artois, Amiens, Montrcuil, Beauquesne, Vimes, Lille, Hesdin, &c.

Justice vicomtiere est la moyenne justice. Voyez les coutumes citées dans l'alinéa précédent.

Ces vicomtiers sont ceux dont la connoissance appartient à la justice vicomtiere.

Chemins vicomtiers sont les chemins non royaux qui sont seulement d'un bourg à un autre, ou d'un village. Ils ont été ainsi appellés, parce qu'ils tendent de vico ad vicum. Voyez au mot Chemin.

Voyez aussi ci - devant les mots Vicomte & Vicomté.

VICOVARO (Page 17:240)

VICOVARO, (Géog. mod.) bourg d'Italie dans la Sabine, à trois milles au nord du Teverone, & à neuf au nord oriental de Tivoli.

Sabellicus (Marc - Antoine Coccius) naquit dans ce bourg l'an 1436, & lui donna le premier nom de Vicus Varronis, pour le rendre plus célebre, au lieu qu'il s'appelloit auparavant Vicus Valenus. Sabellicus a fait plusieurs ouvrages qui ont été recueillis en 1560 à Bâle, en 4 vol. in - fol. Il mourut en 1506 à 70 ans d'une maladie honteuse, comme Jove l'a dit en prose, & Latomus en vers dans l'épitaphe qu'il lui a faite.

In venere incertâ tamen hic contabuit, atque. Maluit italicus gallica sata pati.

Il témoigna en mourant que comme auteur il avoit la même tendresse que les peres qui sentent plus d'amitié pour les plus infirmes de leurs enfans, que pour les mieux constitués; car il recommanda l'impression d'un manuscrit qui n'étoit pas capable de lui faire honneur, & que Egnatius, son collegue, mit au jour à Strasbourg en 1508, sous le titre de Marci Antonii Coccii sabellici exemplorum libri decem, ordine, elegantiâ, & utilitate proestantissimi; cependant malgré ce titre fastueux, jamais livre ne mérita mieux que celui - ci, qu'on lui appliquât cette pensue de P ne: inscriptiones propter quas vadimonium deseri posse At cum intraveris, dii; deoeque, quàm nihil in medio invenies!

Ses autres ouvrages sont 1°. Rapsodioe historiarum cnneades; espece d'histoire universelle qui ne vaut pas grand chose. Paul Jove dit que c'est un ouvrage où les matieres sont si presiées, qu'elles n'y paroissent que comme des points. 2°. Rerum venetarum torioe, livre plain de flatteries & de mensonge. 3°. De vetustate Aquiletoe libri sex, &c. On peut voir son article dans les mem. des homm. illust. du Pere Niceron, tom. XII. p. 144, & suiv. (D. J.)

VICTIMAIRE (Page 17:240)

VICTIMAIRE, s. m. (Hist. anc.) c'étoit chez les anciens un ministre ou serviteur des prêtres, un bas officier des sacrifices dont la fonction d'amener & de délier les victimes, de préparer l'eau, le couteau, les gâteaux & toutes les autres choses nécessaires pour les sacrifices.

C'étoit aussi à eux qu'il appartenoit de terrasser, d'assommer ou d'égorger les victimes; pour cet effet ils se plaçoient auprès de l'autel, nuds jusqu'à la ceinture, & n'ayant sur la tête qu'une couronne de laurier. Ils tenoient une hache sur l'épaule ou un couteau à la main, & demandoient au sacrificateur s'il étoit tems de frapper la victime, en disant, agone? frapperai - je. C'est de là qu'on les a appellés agones, cultellarii ou cultrarii. Quand le prêtre leur avoit donné le signal, ils tuoient la victime, ou en l'assommant avec le dos de leur hache, ou en lui plongeant le couteau dans la gorge; ensuite ils la dépouilloient, & après l'avoir lavée & parsemée de fleurs, ils la mettoient sur l'autel: ils avoient pour eux la portion mise en réserve pour les dieux, dont ils faisoient leur profit, l'exposant publiquement en vente à quiconque vouloit l'acheter. Ce sont ces viandes offertes aux idoles dont il est parlé dans les épîtres de S. Paul sous le nom d'Idolothyta, & qu'il étoit défendu aux chrétiens de manger. Voyez Sacrifices.

VICTIME humaine (Page 17:240)

VICTIME humaine, (Hist. des superstit. relig.)

Soepiùs olim Relligio peperit scelerosa, atque impia facta. Lucret. l. I. v. 83.

« Depuis long - tems la religion superstitieuse a produit des actions impies & détestables ». principale est certainement les sacrifices humains faits aux dieux pour leur plaire, ou pour les appaiser. L'histoire nous offre tant de faits contraires à la nature, qu'on seroit tenté de les nier s'ils n'étoient prouvés par des autorités incontestables: la raison s'en étonne: l'humanité en frémit: mais comme après un mûr examen la critique n'oppose rien aux témoins qui les attestent, on est réduit à convenir en gémissant qu'il n'y a point d'action atroce que l'homme ne puisse commettre quand le cruel fanatisme arme sa main.

C'est lui qui dans Raba, sur les bords de l'Arnon Guidoit les descendans du malheureux Ammon, Quand a Moloc leur dieu, des meres gémissantes, Offroient de leurs enfans les entrailles fumantes. Il dicta de jephté le serment inhumain: Dans le coeur de sa fille il conduisit sa main. C'est lui qui de Calcas ouvrant la bouche impie, Demanda par sa voix la mort d'Iphigénie. France, dans tes forêts il habita long - tems; A l'affreux Teutâtes il offi it ton encens! Tu n'as pas oublié ces sacrés homicides, Qu'à tes indignes dieux présentoient des druides. Dans Madrid, dans Lisbonne, il allume ces feux; Ces buchers solemnels, où des Juifs malheureux Sont tous les ans en pompe envoyés par des prêtres, Pour n'avoir point quitté la soi de leurs ancêtres. Henriade, chant 1.

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