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Vers enjambé (Page 17:160)
Quelqu'un fit mettre au cou de son chien qui mordoit Un bâton en travers: - lui se persuadoit Qu'on l'en estimoit plus, - quand un chien vieux & grave, Lui dit: on mord en traître aussi souvent qu'en brave.
La Fontaine en fournit aussi cent exemples qui plaisent, & entr'autres celui - ci:
Un astrologue un jour se laissa cheoir Au fond d'un puits. On lui dit: pauvre bête, Tandis qu'à peine à tes piés tu peux voir, Penses - tu lire au - dessus de ta tête?
Quoique ce soit une faute en général de terminer au milieu du vers le sens qui a commencé dans le vers précédent, il y a des exceptions à cette regle qui ne partent que du génie; c'est ainsi que Despreaux fait dire à celui qui l'invite à dîner, Sat. 3.
N'y manquez pas du moins, j'ai quatorze bouteilles D'un vin vieux . . . . . . Boucingo n'en a point de pareilles.
La poésie dramatique permet que la passion suspende l'hémistiche, comme quand Cléopatre dit dans Rodogune.
Où seule & sans appui contre mes attentats, Je verrois ..... mais, seigneur, vous ne m'écoutez pas.
L'exception a encore lieu dans le dialogue dramatique, lorsque celui qui parloit est coupé par quelqu'un, comme dans la même tragédie de Rodogune, elle dit à Antiochus, act. IV. sc. 1.
Est - ce un frere! Est - ce vous dont la témérité S'imagine . . . . .
Quand le dialogue est sur la scène, chaque récit doit finir avec un vers entier, à moins qu'il n'y ait occasion de couper celui qui parle, ou que le tronçon de vers, par où l'on finit, ne comprenne un [p. 161]
De Troie en ce pays réveillons les miseres, Et qu'on parle de nous, ainsi que de nos pères. Partons, je suis tout p>èt.
Cet hémistiche ne tient à rien; & Ilermone finissant, sa réponse est interrompue avant la fin du vers.
Courez au temple, il faut immoler . . . . . Oreste. Qui? Hermione. Pyrrhus.
Tout cela non - seulement est dans les regles, mais c'est un dialogue plein de beautés. (D. J.)
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