ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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VEXILLUM (Page 17:224)

VEXILLUM, (Art milit. des Romains.) les Romains se servoient indifféremment des mots signum & vexillum pour désigner toutes sortes d'enseignes; néanmoins le mot vexillum dénotoit 1°. d'une ma<pb-> [p. 225] niere expresse, les enseignes des troupes de cavalerie, que nous nommons dans notre langue étendarts, guidons, cornettes; 2°. il désignoit encore les enseignes des troupes fournies par les alliés de Rome; 3°. il se trouve quelquefois employé pour exprimer les enseignes de l'infanterie romaine. (D. J.)

VEXIN, le (Page 17:225)

VEXIN, le, (Géog. mod.) pays de France, avec titre de comté. On le divise en Vexin francois & en Vexin normand. Voyez Vexin - françois & Vexinnormand. (D. J.)

Vexin - françois, le (Page 17:225)

Vexin - françois, le, (Géog. mod.) pays de France, dans la province de l'ile de France. Il est ainsi nommé pour le distinguer du Vexin - normand, qui en firt démembré par le roi Louis IV. Ce pays est borné à l'orient par la riviere d'Oyse, au midi par celle de Seine, au couchant par celle d'Epte, qui le sépare du Vexin - normand, & au septentrion par le Beauvaisis. On y remarque Pontoise, capitale, Magny, Chaumont, Mante, Meulan, Poissy, Saint - Germain, Montfort - l'Amaury, Dreux & autres lieux.

Le premier comte du Vexin - françois s'appelloit Louis. Il vivoit sous le regne de Louis d'Outremer, & épousa Eldegarde de Flandre, qui le fit pere de Gautier I. Celui - ci fut aieul de Dreux I. qui s'allia avec Edith, soeur de S. Edouard, roi d'Angleterre. Sa posterité étant éteinte, le Vexin fut uni à la couronne. Depuis ce tems - là, Louis le jeune le donna en dot à Marguerite sa fille, en la mariant avec Henri, fils de Henri II. second roi d'Angleterre; mais après que Richard II. eut répudié Alix, soeur de Philippe Auguste, ce pays fut incorporé de nouveau à la couronne.

Abelli (Louis) naquit au Vexin - françois en 1604. Il succéda à M. de Péréfixe dans l'évêché de Rodez, qu'il quitta pour se retirer à Paris dans la maison de S. Lazare, où il mourut l'an 1691, âgé de 88 ans.

Il a écrit plusieurs ouvrages qui sont aujourd'hui très - méprisés. La moëlle théologique, medulla theologica, lui a fait donner ironiquement par Despréaux (lutrin. chant. IV.) le titre de moëlleux.

Alain tousse, & se leve; Alain ce sava ne homme, Qui de Bauny vingt fois a lu toute la somme, Qui possede Abelli, qui sait tout Raconis, Et même entend, dit on, le latin d'à Kempis . . . . Etudions enfin, il en est tems encore; Et pour ce grand projet, tantôt dès que l'aurore Rallumere le jour dans l'onde enseveli, Que chacun prenne en main le moëlleux Abeli. Ce conseil imprévu de nouveau les étonne: Sur - tout le gras Evrard d'épouvante en frissonne . . . (D. J.)

C'est aussi au Vexin - françois que naquit en 1568 Pierre du Moulin, fameux théologien calviniste. Il fut ministre à Charenton, & entra en cette qualité auprès de Catherine de Bourbon, princesse de Navarre, soeur du roi Henri IV. mariée en 1599 avec Henri de Lorraine, duc de Bar. Du Moulin refusa en 1619 une chaire de théologie que l'université de Leyde lui offrit, & accepta la chaire de Sedan que le duc de Bouillon lui donna. Il fut employé dans les affaires les plus importantes de son parti. Ses ouvrages, en grand nombre, roulent sur les controverses, & par cette raison même n'ont plus de cours aujourd'hui, quoiqu'il y regne beaucoup d'art & d'esprit.

Pierre du Moulin son fils aîné devint chanoine de Cantorberi, où il mourut en 1684, âgé de 84 ans. Son livre intitulé la paix de l'ame, est également estimé des Catholiques & des Protestans; la meilleure édition est celle de Genève en 1729, in - 8°.

Louis & Cyrus du Moulin, freres de ce dernier, le premier médecin, & l'autre ministre protestant, sont aussi auteurs de quelques ouvrages. (D. J.)

Vexin normand (Page 17:225)

Vexin normand, le, (Géogr. mod.) pays de France, dans la Normandie, dont les principales villes sont Rouen, Gisors, Andely, Ecouy, &c. Le Vexin normand est beaucoup plus fertile que le Vexin françois. Le roi Louis IV. le démembra de la couronne de France en faveur des Normands. Geoffrol & Henri II. roi d'Angleterre le donnerent au roi Louis le Jeune, pour les frais de la guerre qu'il avoit faite à Etienne comte de Boulogne. Marguerite de France, fille du roi Louis, le porta en dot au fils aîné de Henri Il. roi d'Angleterre: mais ce prince étant mort sans enfans, Henri II. son pere ne voulut point rendre le Vexin au roi, prétendant qu'il étoit de l'ancien domaine du duché de Normandie. Sur ce refus, Philippe - Auguste lui déciara la guerre en 1198; & par le traité qui fut conclu entr'eux, Henri II. lui rendit le Vexin.

L'un des plus polis & des plus aimables poëtes françois du dernier siecle, Chaulieu (Guillaume Anfrie de) naquit en 1639 dans le Vexin normand, au château de Fontenay qu'il a immortalisé par ces beaux vers:

Fontenay, lieu délicieux, Où je vis d'abord la lumiere; Bientôt au bout de ma carriere, Chez toi je joindrai mes ayeux.

Muses, qui dans ce lieu champêtre Avec soin me fites nourrir; Beaux arbres qui m'avez vu naître, Bientôt vous me verrez mourir.

L'abbé de Chaulieu (car il étoit abbé d'Aumale) avoit une conversation charmante, & fit pendant sa vie les délices des personnes de goût & de la premiere distinction. Ses poésies fourmillent de beautés hardies & voluptueuses; la plûpart respirent la liberté, le plaisir, & une philosophie dégagée de toute crainte après la mort. On sait comme il s'exprime sur ce sujet.

Plus j'approche du terme, & moins je le redoute: Sur des principes sûrs mon esprit affermi, Content, persuade, ne connoît plus le doute: Des suites de ma fin je n'ai jamais frémi.

L'avenir sur mon front n'excite aucun nuage, Et bien - loin de craindre la mort, Tant de fois battu de l'orage, Je la regarde comme un port Où je n'essuierai plus tempéte, ni naufrage.

Eleve de Chapelle, voluptueux, délicat, il ne se fit jamais un tourment de l'art de rimer. Ses vers negligés sont faciles, pleins d'images & d'harmonie. Les sentimens du coeur y sont exprimés avec feu. Il charme le lecteur lors même qu'il l'entretient de ses maux & des incommodités qui accompagnent sa vieillesse.

En vain la nature épuisée Tâche à prolonger sagement, Par le secours d'un vis & fort tempéramment, La trame de mes jours que les ans ont usée; Je m'apperçois à tout moment Que sette mere bienfaisante, Ne fait plus d'une main tremblante Qu'étayer le vieux bátiment D'une machine chancelante. Tantôt un déluge d'humeur, De sucs empoisonnés inonde ma paupiere; Mais ce n'est pas assez d'en perdre la lumiere, Il faut encor que son aigreur Dans d'inutiles yeux me forme une douleur, Qui serve à ma vertu de plus emple matiere.

La goutte d'un autre côeé [p. 226]

Me fait depuis vingt ans un tissu de souffrance! Que fais - je en cette extrémité? J'oppose encor plus de constance A cette longue adversité, Qu'elle n'a de persévérance; Et m'accoutumant à souffrir, J'apprends que la patience Rend plus légers les maux que l'on ne peut guérir.

Au milieu cependant de ces peines cruelles, De notre triste hiver, compagnes trop fidelles, Je suis tranquille & gai. Quel bien plus précieux Puis - je espérer jamais de la bonté des dieux! Tel qu'un rocher, dont la tête Egalant le mont Athos, Voit à ses piés la tempête Troubler le calme des flots; La mer autour bruit & gronde; Malgré ses émotions, Sur son front élevé regne une paix profonde, Que tant d'agitations, Et que les fureurs de l'onde Respectent à l'égal du nid des alcyons.

On voit par cette sublime comparaison que les maux ne prenoient rien sur la beauté de son génie.

L'abbé de Chaulieu a fait lui - même son portrait à la priere de M. de la Fare, son intime ami, qui le lui avoit demandé. Je voudrois fort pouvoir l'insérer ici tout entier, car le lecteur s'apperçoit bien que je cherche à le délasser de la sécheresse purement géographique; & pour preuve de ma bonne volonté, voici les premiers traits de ce tableau, qui, dit l'abbé du Bos, durera plus long - tems qu'aucun de ceux du Titien.

O toi, qui de mon ame es la chere moitié, Toi, qui joins la délicatesse Des sentimens d'une maitresse A la solidité d'une sûre amitié! La Fare, il faut bientôt que la barque cruelle Vienne rompre de si doux noeuds, Et malgré nos cris & nos voeux, Bientôt nous essuirons une absence éternelle. Chaque jour je sens qu'à grands pas J'entre dans ce sentier obscur & difficile, Qui me va conduire là bas Rejoindre Catulle & Virgile.

Là sous des berceaux toujours verds, Assis à côté de Lesbie; Je leur parlerai de tes vers Et de ton aimable génie; Je leur raconterai comment Tu recueillis si galamment La muse qu'ils avoient laissée; Et comme elle sut sagement, Par la paresse autorisée, Préférer avec agrément Au tour brillant de la pensée, La vérité du sentiment, Et l'exprimer si tendrement, Que Tibulle encor maintenant En est jaloux dans l'Elisée.

Mais avant que de mon flambeax La lumiere me soit ravie, Je vais te crayonner un fantasque tableau De ce que je fus en ma vie. Puisse à ce fidele portrait Ta tendre amitié reconnoître Dans un homme fort imparfait Un homme aimé de toi, qui mérita de l'être.

Après la mort de M. Perrault, l'abbé de Chaulieu sollicita cette place à l'académie françoise, mais il abandonna ses sollicitations en faveur de M. le car<cb-> dinal de Rohan. Il finit ses jours à Paris en 1720, à 84 ans. Ses oeuvres consistent en épîtres, odes, stances, épigrammes, madrigaux, chansons, &c. La meilleure édition est celle de 1751, par M. de Saint - Marc. (Le chevalier de Jaucourt.)

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