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A l'égard des typolites, ou pierres qui portent des
empreintes d'animaux, les plus ordinaires sont celles
sur lesquelles on voit des poissons, telles que celles
qui se trouvent sur une pierre feuilletée blanchâtre à
Papenheim. Voyez
TYR (Page 16:783)
TYR, (Géog. anc.) ville d'Asie, dans la Phénicie, sur le bord de la mer, au midi de Sidon. Cette ville aussi célebre dans l'histoire sacrée, que dans l'histoire prosane, est des plus anciennes, soit qu'elle ait la même ancienneté que Sidon, comme le prétend Quint - Curce, soit qu'elle ait été bâtie depuis Sidon, comme le pense Justin, l. XVIII. c. iij.
Quelques critiques prétendent qu'il y avoit deux villes de Tyr, l'une plus ancienne connue sous le nom de Paloe - Tyros, & l'autre plus nouvelle nommée simplement Zor ou Tyr. La premiere étoit bâtie sur le continent, à trente stades de la seconde, selon Strabon, l. XVI. C'est dans la premiere qu'étoit le temple d'Hercule, dont les prêtres de Tyr vantoient avec exagération l'antiquité à Hérodote; & c'est dans ce temple que les Tyriens répondirent à Alexandre qu'il pouvoit venir sacrifier, lorsqu'il leur fit dire qu'il souhaitoit se rendre dans leur ville pour y offrir des sacrifices à Hercule. L'autre Tyr étoit dans une île vis - à - vis de l'ancienne, dont elle n'étoit séparée que par un bras de mer assez étroit. Pline, l. V. c. xix. dit qu'il n'y avoit que sept cens pas de distance de l'île à la terre ferme. Alexandre le grand combla tout cet espace pour prendre la ville, & l'ile étoit encore jointe à la terre ferme du tems de Pline. Dans le même chapitre cet auteur donne dix - neuf mille pas de circuit au territoire de Tyr, & il y renferme la vieille Tyr.
Le nom de cette ville en hébreu est Zor ou Sor;
suivant une autre dialecte, c'est Syr ou Sar; les Araméens qui ont coutume de changer la lettre s en t,
disent Tor, Tur ou Tyr, & en ajoutant la terminaison
greque, on a fait
Ut gemma bibat, & sarrano dormiat ostro.
Les Tyriens passoient pour être les inventeurs du commerce & de la navigation, & ils l'étoient en effet. Pendant que dans les autres empires il se faisoit un commerce de luxe, les Tyriens faisoient par toute la terre un commerce d'économie. Bochard a employé le premier livre de son Chanaan à l'énuméra tion des colonies qu'ils envoyerent dans tous les pays qui sont près de la mer; ils passerent les colonnes d'Hercule, & firent des établissemens sur les côtes de l'Océan.
Dans ces tems - là, les navigateurs étoient obligés de suivre les côtes, qui étoient, pour ainsi dire, leur boussole. Les voyages étoient longs & pénibles. Les travaux de la navigation d'Ulysse ont été un sujet fertile pour le plus beau poëme du monde, après celui qui est le premier de tous.
Le peu de connoissance que la plûpart des peuples avoient de ceux qui étoient éloignés d'eux, favorisoit les nations qui faisoient le commerce d'économie. Elles mettoient dans leur négoce les obscurités qu'elles vouloient; elles avoient tous les avantages que les nations intelligentes prennent sur les peuples ignorans.
L'Egypte éloignée par la religion & par les moeurs, de toute communication avec les étrangers, ne fai<cb->
Les Egyptiens furent si peu jaloux du commerce du dehors, qu'ils laisserent celui de la mer Rouge à toutes les petites nations qui y eurent quelque part. Ils souffrirent que les Juifs & les Syriens y eussent des flottes. Salomon employa à cette navigation des tyriens qui connoissoient ces mers.
Josephé dit que sa nation uniquement occupée de l'agriculture connoissoit peu la mer; aussi ne futce que par occasion que les Juifs négocierent dans la mer Rouge. Ils conquirent sur les Iduméens Elath & Asiongaber, qui leur donnerent ce commerce; ils perdirent ces deux villes, & perdirent ce commerce aussi.
Il n'en fut pas de même des Phéniciens ou des Tyriens; ils ne négocioient point par la conquête; leur frugalité, leur habileté, leur industrie, leurs périls, leurs fatigues les rendoient nécessaires à toutes les nations du monde. Ce sont les excellentes réflexions de l'auteur de l'esprit des lois.
Les Tyriens vendoient à tous les peuples de la terre les étoffes teintes en pourpre & en écarlate, dont ils avoient le secret; & cette seule branche de commerce leur valoit un gain immense. Ulpien, fameux jurisconsulte, & né lui - même à Tyr, nous apprend quel'empereur Severe accorda aux Tyriens de grands privileges qui contribuerent encore à leur agrandissement. Ils peuplerent les villes de Biserte, de Tripoli de Barbarie & de Carthage. Ils fonderent Tartèse, & s'établirent à Cadix.
Mais pour parler de plus loin, l'Ecriture appelle Tyr dans son style oriental, une ville couronnée de gloire & de majesté, remplie de princes & de nobles qui avoient tant d'or & d'argent, que ces métaux y étoient aussi communs que la terre. Elle y est dite parfaite en beauté, & elle est comparée à un navire royal qui a été construit pour être un chef - d'oeuvre digne d'admiration.
La religion chrétienne y fit de grands progrès du rems des empereurs romains; cette ville a eu le titre de métropole, & celui du premier siege archiépiscopal sous le patriarchat d'Antioche: ce qui fait qu'on l'a nommé Protothronos, ou premier siege.
Tyr est aujourd'hui entierement ruinée, au point même qu'on trouve à peine dans ses ruines de foibles traces de son ancienne fplendeur, dans un si grand nombre de ses palais abattus, de ses pyramides renversées & de ses colonnes de jaspe & de porphyre rompues. Ses fortes murailles sont détruites, ses boulevards applanis, & les débris qui en restent, ne servent plus qu'à étendre & à sécher les filets de quelques pauvres pêcheurs. Enfin on ne trouve plus dans les masures de l'ancienne capitale de Phénicie, qu'une douzaine de maisons habitées par quelques turcs ou quelques arabes.
Cette ville a été assiégée deux fois par les chrétiens; la premiere en 1112, par Baudoin I. sans succès, & la seconde en 1124; cette derniere fois les Chrétiens la prirent, & en demeurerent maîtres jusqu'en 1188, que Saladin l'attaqua, s'en empara, & la démolit de fond - en - comble. Le port de Tyr est fort vaste & à l'abri des vents du midi. Il reste ouvert à la tramontane; mais sa tenue est bonne & son fond net.
Recapitulons en peu de mots les vicissitudes de Tyr. Bâtie sur les côtes de la Phénicie, dans une île éloignée de quatre stades du bord de la mer, peu de villes anciennes ont joui d'une plus grande célébrité. Reine des mers, suivant l'expression des écrivains sacrés, peuplée d'habitans dont l'opuleace égaloit celle des princes, elle sembloit embrasser l'univers par l'étendue de son commerce; ses vaisseaux par<pb-> [p. 784]
Tyr n'étoit pas moins guerriere que commerçante; cet immense négoce qui fit sa gloire, & dont l'ingénieux auteur de Télémaque nous offre un magnifique tableau, étoit soutenu par des troupes nombreuses de terre & de mer. De fréquentes révolutions firent succéder plus d'une fois à ses prospérités les plus affreux malheurs. Salmanasar l'humilia, Nabuchodonosor la détruisit presque. Rétablie sous Cyrus, & plus brillante que jamais sous les rois de Perse, elle paya chérement l'honneur d'arrêter Alexandre dans sa course; un siege meurtrier en fit un monceau de ruines.
De la domination des rois de Syrie, successeurs de ce conquérant, elle passa sous celle des Romains. Leur empire doux & tranquille favorisoit le commerce; Tyr en profita pour se relever; on la vit reparoître avec honneur, & devenir la principale ville de Syrie. Dans les siecles suivans elle éprouva sous les Sarrasins & les princes chrétiens, la même alternative de revers & de succès.
Enfin aujourd'hui elle a le sort de toutes les villes anciennes tombées au pouvoir des Turcs. Teucer de Cyzique avoit poussé l'histoire de cette ville jusqu'à son tems; nous avons perdu son ouvrage, & personne ne l'a ni recommencé ni continué. Le chevalier Newton, Marsham & Perizonius ont établi la fondation de Tyr sous le regne de David ou de Nabuchodonosor; & il faut avouer qu'il est bien difficile de renverser leur système.
Porphyre, célebre philosophe platonicien, naquit
à Tyr dans le troisieme siecle, & mourut sous le regne
de Dioclétien. Disciple de Longin, il fut l'ornement
de son école à Athènes; de là il passa à Rome, &
s'attacha au célebre Plotin, dont il écrivit la vie, &
auprès duquel il demeura six ans. Après la mort de
Plotin, il enseigna la philosophie à Rome avec une
grande réputation; il se montra très - habile dans les
belles - lettres, dans la géographie, dans l'astronomie
& dans la musique. Il nous reste de lui un livre en
grec sur l'abstinence des viandes, & quelques autres
écrits. Son traité contre la religion chrétienne fut refuté
par Méthodius, évêque de Tyr, par Eusebe, par
Apollinaire, par S. Augustin, par S. Jérôme, par
S. Cyrille & par Théodoret. Voilà bien des réfutatateurs;
mais l'ouvrage même n'est pas parvenu jusqu'à nous; l'empereur Théodose le fit brûler en 388,
avec quelques autres livres du même philosophe. (Le
Chevalier
Tyr (Page 16:784)
Tyr (Page 16:784)
Tyr (Page 16:784)
TYRAN (Page 16:784)
TYRAN, s. m. (Politique & Morale.) par le mot
De tous les fléaux qui affligent l'humanité, il n'en est point de plus funeste qu'un tyran; uniquement occupé du soin de satisfaire ses passions, & celles des indignes ministres de son pouvoir, il ne regarde ses sujets que comme de vils esclaves, comme des êtres d'une espece inférieure, uniquement destinés à assouvir ses caprices, & contre lesquels tout lui semble permis; lorsque l'orgueil & la flatterie l'ont rempli de ces idées, il ne connoît de lois que celles qu'il impose; ces lois bizarres dictées par son intérêt & ses fantaisies, sont injustes, & varient suivant les mouvemens de son coeur. Dans l'impossibilité d'exercer tout seul sa tyrannie, & de faire plier les peuples sous le joug de ses volontés déréglées, il est force de s'associer des ministres corrompus; son choix ne tombe que sur des hommes pervers qui ne connoissent la justice que pour la violer, la vertu que pour l'outrager, les lois, que pour les éluder. Boni quam mali suspectiores sunt, semperque his aliena virtus formidolosa est. La guerre étant, pour ainsi dire, déclarée entre le tyran & ses sujets, il est obligé de veiller sans cesse à sa propre conservation, il ne la trouve que dans la violence, il la confie à des satellites, il leur abandonne ses sujets & leurs possessions pour assouvir leur avarice & leurs cruautés, & pour immoler à sa sûreté les vertus qui lui font ombrage. Cuncta ferit, dum cuncta timet. Les ministres de ses passions deviennent eux - mêmes les objets de ses craintes, il n'ignore pas que l'on ne peut se fier à des hommes corrompus. Les soupçons, les remords, les terreurs l'assiégent de toutes parts; il ne connoît personne digne de sa confiance, il n'a que des complices, il n'a point d'amis. Les peuples épuisés, dégradés, avilis par le tyran, sont insensibles à ses revers, les lois qu'il a violées ne peuvent lui prêter leur secours; en vain réclame - t - il la patrie, en est - il une où regne un tyran?
Si l'univers a vu quelques tyrans heureux jouir
paisiblement du fruit de leurs crimes, ces exemples
sont rares, & rien n'est plus étonnant dans l'histoire
qu'un tyran qui meurt dans son lit. Tibere après avoir
inondé Rome du sang des citoyens vertueux, devient
odieux à lui même; il n'ose plus contempler
les murs témoins de ses proscriptions, il se bannit de
la société dont il a rompu les liens, il n'a pour compagnie
que la terreur, la honte & les remors. Tel
est le triomphe qu'il remporte sur les lois! Tel est le
bonheur que lui procure sa politique barbare! Il mene
une vie cent fois plus affreuse que la mort la plus
cruelle. Caligula, Néron, Domitien ont fini par
grossir eux - mêmes les flots de sang que leur cruauté
avoit répandus; la couronne du tyran est à celui qui
veut la prendre. Pline disoit à Trajan,
Tyrans, les trente (Page 16:784)
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