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TRINITÉ Théologique (Page 16:645)
TRINITÉ
Trinité ainsi considérée, Trinitas ou Trias, est le
mystere de Dieu même subsistant en trois personnes,
le Pere, le Fils, le Saint - Esprit, réellement distinguées
les unes des autres, & qui possedent toutes
trois la même nature numérique & individuelle.
Voyez
C'est un article de la foi chrétienne qu'il n'y a qu'un seul Dieu, & cette unité est tout le fondement de la croyance des chrétiens. Mais cette même foi enseigne que cette unité est féconde, & que la nature divine sans blesser l'unité de l'être suprème, se communique par le Pere au Fils, & par le Pere & le Fils au Saint - Esprit: fécondité au reste qui multiplie les personnes sans multiplier la nature.
Ainsi le mot trinité renferme l'unité de trois personnes divines réellement distinguées, & l'identité d'une nature indivisible. La Trinité est un ternaire de personnes divines, qui ont la même essence, la même nature & la même substance, non - seulement spécifique, mais encore numérique.
La théologie enseigne qu'il y a en Dieu une essence,
deux processions, trois personnes, quatre relations,
cinq notions, & la circumincession que les
Grecs appellent
1°. Il y a donc en Dieu une seule essence, une
seule nature divine qui est spirituelle, infinie, éternelle, immense, toute - puissante, qui voit tout, qui
connoît tout, qui a créé toutes choses, & qui les
conserve. Vouloir diviser cette nature, c'est établir
ou le manichéisme, ou le trithéisme, ou le polythéisme.
Voyez
2°. Il y a en Dieu deux processions ou émanations, savoir celle du Fils, & celle du Saint - Esprit.
Le Fils tire son origine du Pere, qui est improduit,
& le S. Esprit tire la sienne du Pere & du Fils. La
procession du Fils s'appelle génération, celle du S. Esprit retient le nom de procession. Voyez
Le Fils procede du Pere par l'entendement, ou par voie de connoissance: car Dieu se connoissant lui - même de toute éternité, nécessairement & infiniment, produit un terme, une idée, une notion ou connoissance de lui - même, & de toutes ses perfections, qui est appellée son Verbe, son Fils, l'image de sa substance, qui lui est égal en toutes choses, éternel, infini, nécessaire, &c. comme son Pere.
Le Pere regarde son Fils comme son Verbe, & le Fils regarde son Pere comme son principe; & en se regardant ainsi l'un & l'autre éternellement, nécessairement & infiniment, ils s'aiment nécessairement, & produisent un acte de leur amour mutuel.
Le terme de cet amour est le S. Esprit, qui procede
du Pere & du Fils par voie de spiration, c'est - à - dire
de volonté, d'amour & d'impulsion, & qui est aussi
égal en toutes choses au Pere & au Fils. Voyez
Ces processions sont éternelles, puisque le Fils & le S. Esprit qui en résultent, sont eux - mêmes éternels. Elles sont nécessaires & non contingentes, car si elles étoient libres en Dieu, le Fils & le S. Esprit qui en émanent seroient contingens, & dès - lors ils ne seroient plus Dieu. Enfin elles ne produisent rien hors du Pere, puisque le Fils & le S. Esprit qui en sont le terme, demeurent unis au Pere sans en être séparés, quoiqu'ils soient réellement distingués de lui.
3°. Chaque procession divine établit deux relations; l'une du côté du principe, ou de la personne de qui une autre émane; & l'autre du côté du terme ou de la personne qui émane d'une autre personne divine.
La paternité est une relation fondée sur ce que les
théologiens scholastiques appellent l'entendement notionel, par lequel le Pere a rapport à la seconde personne
qui est le Fils. La filiation est la relation par laquelle
la seconde personne, c'est - à - dire le Fils, a rapport
au Pere. Ainsi la premiere procession qu'on
nomme génération, suppose nécessairement deux relations,
la paternité & la filiation. Voyez
La spiration active est la relation fondée sur l'acte
notionel de la volonté, par laquelle la premiere & la
seconde personne regardent ou se rapportent à la
troisieme. La spiration passive, ou procession prise
dans sa signification stricte, est la relation par laquelle
la troisieme personne regarde ou se rapporte à la
premiere & à la seconde. Par conséquent la seconde
procession, qui retient proprement le nom de procession, forme nécessairement deux relations; la spiration
active & la spiration passive. Voyez
Ou pour exprimer encore plus clairement ces choses abstraites. La premiere personne qui s'appelle Pere, a en qualité de Pere, un rapport réel de paternité avec le Fils qu'il engendre. La seconde personne qui s'appelle Fils, a en qualité de Fils, un rap<cb->
4°. Par personne on entend une substance individuelle,
raisonnable ou intellectuelle, ou bien une
substance intellectuelle & incommunicable. Voyez
Quoique dans les premiers siecles on ait disputé sur la signification du mot hypostase, quelques peres le rejettant pour ne pas paroître admettre en Dieu trois natures; cependant selon l'usage reçu depuis long - tems dans l'Eglise & dans les écoles, le mot hypostase est synony me à celui de personne. Il y a donc dans la sainte Trinité trois hypostases, ou trois personnes, le Pere, le Fils & le S. Esprit, qui sont constituées par les relations propres & particulieres à chacune d'elles. En sorte qu'excepté ces relations, toutes choses leur sont communes. C'est de - là qu'est venu cet axiome en Théologie: omnia in divinis unum sunt, ubi non obviat relationis oppositio, c'est - à - dire qu'il n'y a point de distinction dans les personnes divines, lorsqu'il n'y a point d'opposition de relation. Ainsi tout ce qui concerne l'essence ou la nature leur est commun, il n'y a que les propriétés relatives qui regardent proprement les personnes. Relativa nomina Trinitatem faciunt, dit S. Fulgence, lib. de Trinit. essentialia vero nullo modo triplicantur.
Ainsi si la puissance est quelquefois attribuée au Pere, la sagesse au Fils, & la bonté au S Esprit; & de même si l'on dit que les péchés d'infirmité ou de foiblesse sont commis contre le Pere, ceux d'ignorance contre le Fils, ceux de malice contre le S. Esprit, ce n'est pas à dire pour cela que ces attributs ne soient pas communs aux trois personnes, ni que ces péchés les offensent moins directement l'une que l'autre. Mais on leur attribue ou rapporte ces choses par voie d'appropriation, & non de propriété; car toutes ces choses sont communes aux trois personnes, d'où est venu cet axiome: les oeuvres de la sainte Trinité sont communes & indivises, (c'est - à - dire elles conviennent à toutes les personnes divines), mais non pas leurs productions ad intra (comme on les appelle), par la raison qu'elles sont relatives.
Par appropriation on entend l'action de donner à une personne divine, à cause de quelque convenance, un attribut qui est réellement commun à toutes les trois. Ainsi dans les Ecritures, dans les épîtres des apôtres, dans le symbole de Nicée, la toutepuissance est attribuée au Pere, parce qu'il est le premier principe, & un principe sans origine, ou prin cipe plus élevé. La sagesse est attribuée au Fils, parce qu'il est le terme de l'entendement divin, auquel la sagesse appartient. La bonté est attribuée au S. Esprit, comme au terme de la volonté divine à laquelle appartient la bonté.
Le Pere est la premiere personne de la sainte Trinité, par la raison que le Pere seul produit le Verbe par l'acte de son entendement; & avec le Verbe il produit le S. Esprit par l'acte de sa volonté.
Il est bon de remarquer ici que le S. Esprit n'est pas ainsi appellé à cause de sa spiritualité, qui est un attribut commun à toutes les trois personnes; mais à cause de la spiration passive qui lui est particuliere à lui seul. Spiritus, quasi spiratus.
Ajoutez à cela, que quand une personne de la sainte Trinité est appellée premiere, une autre seconde, une autre troisieme, ces expressions ne doivent point s'entendre d'une priorité de tems ou de nature, qui emporteroit avec elle quelqu'idée de dépendance, [p. 647]
5°. Il suit de ce que nous avons dit, que dans la Trinité il y a des notions; & par notion l'on entend une marque particuliere, ou un caractere distinctif qui sert à distinguer les trois personnes, & l'on en compte cinq. La paternité, qui distingue le Pere du Fils & du S. Esprit. La filiation, qui distingue le Fils des deux autres personnes divines. La spiration active, qui distingue le Pere & le Fils d'avec le S. Esprit, & la spiration passive, qui distingue le S. Esprit du Pere & du Fils. Quelques théologiens prétendent que ces quatre notions suffisent, & que le Pere est assez distingué du Fils par la paternité, & du S. Esprit par la spiration active; mais le plus grand nombre ajoute encore pour le Pere l'innascibilité. En effet, elle seule donne une idée juste & totale du Pere, qui est la premiere des trois personnes divines. Cette premiere personne est improduite, & qui dit simplement pere, n'énonce pas une personne non engendrée: quiconque est pere, peut avoir lui - même un pere.
6°. La circumincession, ou
Telle est la foi sur le mystere de la sainte Trinité, & telles sont les expressions consacrées parmi les Théologiens pour expliquer ce mystere, autant que les bornes de l'esprit humain peuvent le permettre. Car on sent d'abord combien il en surpasse la foible portée, & qu'on ne sauroit trop scrupuleusement s'attacher au langage reçu dans une matiere où il est aussi facile que dangereux de s'égarer, comme l'a dit S. Augustin: in iis ubi quoeritur unitas trinitatis, Patris, & Filii, & Spiritûs - Sancti, nec periculosius alicubi erratur, nec laboriosius aliquid quoeritur. lib. I. de Trinit. c. j.
En effet, il est peu de dogmes qui aient été attaqués avec tant d'acharnement & de tant de différentes manieres par les ennemis du christianisme. Car sans parler des Juifs modernes qui le nient hautement pour ne par reconnoître la divinité de Jesus - Christ, & sous prétexte de maintenir l'unité d'un Dieu qui leur est si expressément recommandée dans l'ancienne loi, comme si l'on n'y trouvoit pas des traces suffisantes de ce mystere; parmi les autres hérétiques, les uns l'ont combattu dans toutes ses parties en niant la trinité des personnes; d'autres, ne l'ont attaqué qu'en quelque points, soit en multipliant ou en diversifiant la nature divine, soit en niant l'ordre d'origine qui se trouve entre le Pere, le Fils & le Saint - Esprit.
Sabellius & ses sectateurs qui ont paru dans le iij. siecle de l'Eglise, les Spinosistes & les Sociniens qui se sont élevés dans ces derniers tems, en ont nié la possibilité & la réalité. La possibilité, parce qu'ils prétendent qu'il implique contradiction qu'il y ait en Dieu trois personnes réellement distinguées les unes des autres, & que ces trois personnes possedent une seule & même nature numérique & individuelle. La réalité, parce qu'ils s'imaginent qu'il n'en est fait aucune mention dans les livres saints. Suivant eux, c'est la même personne divine ou le même Dieu qui est
Jean Philoponus est le premier qu'on connoisse avoir multiplié la nature divine dans les trois personnes de la sainte Trinité. Il enseignoit, selon Nicephore hist. l. XVIII. que le Pere, le Fils & le Saint - esprit avoient la même nature spécifique, en ce qu'ils possédoient tous trois la même divinité; mais il ajoutoit que la nature divine ne se trouve pas une en nombre dans ces trois personnes & qu'elle y est réellement multipliée. Erreur que l'abbé Faydit a renouvellée dans le dernier siecle. Arius, prêtre d'Alexandrie & Macédonius, patriarche de Constantinople, ont soutenu; l'un, que le Verbe n'étoit pas consubstantiel au Pere; l'autre, que le Saint - Esprit n'étoit pas Dieu comme le Pere & le Fils. Deux points que les Ariens modernes ou Antitrinitaires ont aussi avancé dans ces derniers tems. Enfin les Grecs pensent que le Saint - Esprit ne procede que du Pere & nullement du Fils.
A ces différentes erreurs, les Orthodoxes opposent. 1°. Les écritures qui établissent évidemment l'existence de ce mystere, & par conséquent sa possibilité dont la raison seule n'est pas juge compétent. 2°. Les décisions de l'église & sa tradition constante. 3°. Les recherches & les raisonnemens d'un grand nombre de Theologiens, soit protestans, soit catholiques, qui ont approfondi ces matieres dans les disputes avec les Sociniens, de maniere à faire voir que les interprétations que ceux - ci donnent aux Ecritures sont fausses, forcées & également contraires à l'esprit & à la lettre des livres saints. On peut consulter sur ce point les PP. Petau & Thomassin, MM. Bossuet, Huet & Wuitasse; & parmi les Protestans, Abadie, la Place, Bullus, Hoornebek, &c.
Trinité philosophique (Page 16:647)
En effet, parmi les payens, plusieurs écrivains
semblent avoir eu quelque notion de la Trinité. Steuch.
Eugub. de Peren. Philos. lib. I. c. iij. observe qu'il n'y
a rien dans toute la théologie payenne qui ait été ou
plus approfondi, ou plus généralement avoué par
les Philosophes que la Trinité. Les Chaldéens, les Phéniciens, les Grecs & les Romains ont reconnu dans
leurs écrits que l'être suprème a engendré un autre
être de toute éternité, qu'ils ont appellé quelquefois
le fils de Dieu, quelquefois le verbe, quelquefois l'esprit & quelquefois la sagesse de Dieu, & ont assuré
qu'il étoit le créateur de toutes choses. Voyez
Parmi les sentences des Mages descendans de Zoroastre, on trouve celle - ci,
Les Philosophes, dit S. Cyrille, ont reconnu trois
hypostases ou personnes. Ils ont étendu leur divinité
à trois personnes, & même se sont quelquefois servis
du mot trias, trinité. Il ne leur manquoit que d'admettre
la consubstantialité de ces trois hypostases,
pour signifier l'unité de la nature divine à l'exclusion
de toute triplicité, par rapport à la différence de nature,
& de ne point regarder comme nécessaire de
concevoir quelqu'infériorité de la seconde hypostase,
par rapport à la premiere; & de la troisieme,
par rapport aux deux autres. Voyez
Plotin soutient, Ennecad. V. lib. I. chap. viij. que
cette doctrine est très - ancienne, & qu'elle avoit
déja été enseignée, quoiqu'obscurément par Parmenide. Il y en a qui rapportent l'origine de cette
opinion aux Pythagoriciens, & d'autres l'attribuent à
Orphée, qui a nommé ces trois principes Phanés,
Uranus & Chronus. Quelques savans ne trouvent pas
vraissemblable que cette trinité d'hypostases soit une
invention de l'esprit humain, & M. Cudworth, entr'autres, juge qu'on peut en croire Proclus, qui assure
que c'est une théologie de tradition divine,
Quoi qu'il en soit, les Philosophes qui admettoient cette trinité d'hypostases, la nommoient une trinité de dieux, un premier, un second, un troisieme dieu. D'autres ont dit une trinité de cause, de principes ou de créateurs. Numenius disoit qu'il y a trois dieux, qu'il nomme le pere, le fils & le petit - fils. Philon, tout juif qu'il étoit, a parlé d'un second dieu. Cette tradition fut exprimée en termes impropres & corrompus en diverses manieres parmi les payens. Il y eut quelques Pythagoriciens & quelques Platoniciens qui dirent que le monde étoit la troisieme hypostase dont il s'agissoit, de sorte qu'ils confondoient la créature & le créateur. On ne peut pas les excuser, en disant qu'ils entendoient principalement par - là l'esprit ou l'ame du monde, puisque s'il y avoit une ame du monde, qui conjointement avec le monde sensible composât un animal, il faudroit que cette ame fût une créature. 2°. Il y eut encore quelques philosophes des mêmes sectes, qui croyant que les différentes idées qui sont dans l'entendement divin, sont autant de dieux, faisoient de la seconde hypostase un nombre infini de divinités. 3°. Proclus & quelques nouveaux Platoniciens établirent un nombre infini de henades ou d'unités qu'ils plaçoient au - dessus de leur premier esprit qui faisoit leur seconde hypostase, & plaçoient de même une infinité de noës ou d'esprits au - dessus de la troisieme hypostase, qu'ils nommoient la premiere ame. De - là vinrent une infinité de dieux subalternes ou créés dans leur théologie, ce qui les jetta dans l'idolâtrie & dans la superstition, & les rendit les plus grands ennemis du christianisme.
Mais de tous les anciens philosophes, aucun ne s'est exprimé sur cette trinité d'hypostases plus formellement que Platon. Ce philosophe établit trois Dieux éternels, & qui ne sont pas des choses abstraites, mais des êtres subsistans. On peut voir là - dessus sa seconde épître à Denys. La deuxieme hypostase de Platon, où l'entendement est aussi sans commencement. Il assuroit la même chose de la troisieme
Voilà sans doute ce qui a donné lieu à quelques
modernes d'avancer que les peres de la primitive
église avoient puisé leur doctrine sur la trinité dans
l'école de Platon; mais le P. Mourgues & le P. Balthus, jésuites, qui ont approfondi cette matiere,
montrent qu'il n'y a rien de si absurde que de supposer
que c'est la trinité de Platon qui a été adoptée
dans l'Eglise, & que d'avoir recours au prétendu platonisme
des peres, pour décréditer leur autorité par
rapport à ce dogme. En effet, outre que toutes les
vérités fondamentales qui concernent ce mystere sont
contenues dans l'Ecriture & ont été définies par l'Eglise, quelle qu'ait été l'opinion des peres considérés comme
philosophes, elle n'influe point sur le dogme de
la Trinité chrétienne, qui ne dépend nullement des
opinions de la philosophie; & l'on peut faire, puisque
l'occasion s'en présente, les trois remarques
suivantes sur cet article de notre foi. 1°. La Trinité
que nous croyons, n'est point une trinité de noms &
de mots, ou de notions de métaphysique, ou de
conceptions incomplettes de la divinité; cette doctrine
a été condamnée dans Sabellius & dans d'autres: c'est une trinité d'hypostases, de subsistances
& de personnes. 2°. C'est qu'encore que la deuxieme
hypostase ait été engendrée par la premiere, & que
la troisieme procede de l'une & de l'autre; ces deux
dernieres ne sont pas néanmoins des créatures, mais
sont coëternelles à la premiere. 3°. C'est que ces
trois hypostases ne sont réellement qu'un seul Dieu,
non - seulement à cause du consentement de leurs volontés,
(ce qui ne feroit qu'une unité morale), mais
encore à cause de leur mutuelle union de subsistance,
que les anciens ont nommées circum in cession,
Quoiqu'on ne puisse trouver d'autres exemples d'une semblable union dans les créatures; puisque deux substances diverses font un seul homme, trois hypostases divines peuvent bien faire un seul Dieu. Ainsi quoiqu'il y ait dans ce dogme une profondeur impénétrable, il ne renferme pourtant point de contradiction & d'impossibilité. Au reste, il semble que la providence divine ait conservé la trinité selon le système des Philosophes dans le monde payen, jusqu'à ce que le christianisme parut, pour lui préparer une voie par laquelle il pût être reçu des habiles gens. Cet article est en partie tiré des mémoires de M. Formey, historiographe de l'académie royale de Prusse. [p. 649]
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Quoique de tout tems on ait honoré ce mystere,
& que tout le culte des Chrétiens consiste à adorer un
Dieu en trois personnes, cependant la fête particuliere
de la Trinité est d'une institution assez recente.
Vers l'an 920, Etienne, evêque de Liége, fit dresser
un office de la Trinité, qui s'établit peu à peu
dans diverses églises. On célébroit ordinairement la
messe de la Trinité dans les jours qui manquoient d'office;
mais le pape Alexandre II. ne voulut approuver
aucun jour particulier pour la fête de la sainte
trinité, quoiqu'elle fût établie dans plusieurs églises
particulieres. Alexandre III. déclara sur la fin du
xij
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Ceux qui composent cette société, ont une maison où ils entretiennent pendant l'espace de trois jours non - seulement les pélerins, mais aussi les pauvres convalescens, & ceux qui étant sortis troptôt de l'hôpital, poutroient être sujets à des rechutes.
Cet établissement fut d'abord fait dans l'église de S. Sauveur, in campo, & ne consistoit qu'en quinze personnes qui tous les premiers dimanches du mois se trouvoient dans cette église, pour pratiquer les exercices de piété prescrits par saint Philippe de Néry, & pour entendre ses exhortations; en 1558, Paul IV. donna à la fraternité l'église de saint Benoît, que les freres intitulerent du nom de la sainte
Aujourd'hui cette fraternité est très - considérable, & la plûpart de la noblesse de Rome de l'un ou de l'autre sexe, lui fait l'honneur d'en être membres.
La congrégation de la sainte Trinité consiste en douze prêtres, établis dans l'hôpital de la fraternité pour prendre soins des pélerins & de ceux que l'on a coutume d'y entretenir.
Comme les fréquens changemens de prêtres donnoient occasion à une partie des différens qui s'élevoient dans cet hôpital, sur la conduite spirituelle & sur l'instruction des pélerins; les gardiens & administrateurs pour y établir une plus grande uniformité, y formerent une congrégation de douze prêtres qui logent aujourd'hui dans un quartier de l'hôpital, & y vivent en communauté comme dans un monastere.
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Elle doit son origine à Henri VIII, qui, par des lettres - patentes du mois de Mars de la quatrieme année de son regne, incorpora les mariniers anglois, sous le nom de maîtres gardiens, & assistans de la société de la très - glorieuse Trinité, Masler Wardens, and assistans of the guild fraternity, or Brothers hood of the most glorious, and individual triniti; c'est le titre singulier qu'on lui donna.
Cette confrairie fut érigée dans la paroisse de Deptford - Strand, au comté de Kent, où elle eut sa premiere maison; depuis elle en a élevé quelques autres en divers endroits, qui sont celles de Newcasile sur la Tine, dans le Northumberland. Celle de Kingstone - sur Hull, dans l'York - Shire, & celle des cinq ports. La maison de Deptsord - Strand, est comme le chef lieu de la confrairie.
L'acte du parlement passé sous Elisabeth, attribue à la maison de la Trinité, le droit de placer sur les côtes d'Angleterre, les tonnes, les bouées, les balises & les fanaux qu'elle juge à propos, pour la sûreté de la navigation, & l'autorise à donner aux gens de mer, la permistion d'exercer sur la Tamise, le métier de batelier; sans que qui que ce soit puisse leur apporter aucun empêchement.
La corporation de la trinite est composée d'anciens & de jeunes confreres. Il y a trente - un anciens, le nombre des jeunes n'est pas limité. Tout marinier peut prétendre d'y être admis. On tire les anciens du nombre des jeunes. Quand une fois ils ont été élus, ils conservent cette qualité toute leur vie, à [p. 650]
On leur remet quelquefois des causes maritimes à juger, & l'on s'en tient à leur jugement. De plus, la cour de l'amirauté les charge d'instruire certains procès, & de les rapporter.
La corporation de la trinité, indépendamment de plusieurs franchises, jouit du privilége exclusif de fournir des pilotes, pour conduire les navires hors de la Tamise & du Medway, jusqu'aux dunes, & des dunes dans le Medway & dans la Tamise. Elle peut faire tel réglement qu'elle juge nécessaire pour le bon ordre, le soutien & l'augmentation de la navigation, & des mariniers. Elle a droit d'appeller devant elle, tout maître, pilote, ou homme de mer employé dans un vaisseau sur la Tamise, & de condamner à une amende ceux qui refusent de comparoître. Quoique la police de la Tamise, depuis le pont de Londres jusqu'à la mer, soit particuliererement de son ressort, ses soins ne laissent pas de s'étendre encore au - delà; mais la Tamise en est l'objet principal, à cause que le courant du commerce y est plus animé.
La corporation a deux hôpitaux en Deptford - Strand, & un à Mile - End, pour le secours des matelots. Elle doit ces trois édifices au chevalier Baron & Richard Brown de Sayes - Court, au capitaine Richard Maples, & au capitaine Henry Mudel; les noms des bienfaiteurs de leur pays doivent passer à la postérité.
Indépendamment de ces trois fondations, la confrairie de la Trinité fait de petites pensions par mois à plus de deux mille matelots, ou à leurs veuves. Ces charités montent annuellement à cinq mille & quelquefois six mille livres sterlings. Non seulement cette corporation aide les mariniers que la viellesse ou les accidens mettent hors d'état de gagner leur vie, mais elle étend même ses aumônes sur tous les gens de mer qui languissent dans l'indigence, soit par défaut d'occupation, soit par quelqu'autre raison.
Le produit d'un grand nombre d'amendes, appliquées au profit de la corporation; les droits qu'elle perçoit pour les fanaux, les bouées, les balises, le lestage; les donations des confrairies & des personnes charitables, sont les sources d'où sortent les fonds qui la mettent en état de faire de pareilles libéralités. Enfin les services importans que cette société rend au public, lui ont mérité, que les Anglois ne prononcent point son nom, sans l'accompagner de l'épithete d'éminente, & c'est une qualification des plus honorables. (D. J.)
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Les habitans de la Trinité trouvent abondamment dequoi vivre à la façon du pays, la terre leur fournit naturellement beaucoup de fruits; ils peuvent cultiver du manioc, du mahis & des légumes de toutes especes, le poisson, les crabes & le gibier ne leur manquent pas; du reste, ils sont si misérables par leur paresse & par le peu de commerce qu'ils font, que le gouverneur, quoique plus opulent que les autres habitans, reserve ses souliers pour s'en parer les jours de cérémonie.
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