ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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TRAOU, ou TRAW (Page 16:564)

TRAOU, ou TRAW, (Géog. mod.) ville des états de la république de Venise, dans la Dalmatie, sur la côte, & si voisine de l'île Bua, qu'un de ses fauxbourgs est dans cette île, à laquelle elle communique par des ponts. Elle a un évêché suffragant de Spalatro; cependant elle ne renferme qu'environ quatre mille ames, & pas une seule hôtellerie; en sorte que les voyageurs y sont obligés de se pourvoir comme ils l'entendent pour leur logement, & pour leur nourriture. Long. 34. 10. latit. 43. 54.

Traou a été connu des anciens sous le nom de Tragurium; mais quoique Ptolomée & Strabon en parlent comme d'une île, ce n'est qu'une péninsule; & le canal qui la sépare du continent, est un ouvrage de l'art.

Cette ville est devenue fameuse dans la république des Lettres par un manuscrit contenant un fragment de Pétrone, qui manquoit à ses ouvages imprimés, & que M. Petit déterra en 1663, dans la bibliotheque de Nicolas Lippius.

C'est un manuscrit in - folio épais de deux doigts, lequel contient plusieurs traités écrits sur du papier qui a beaucoup de corps. Les oeuvres de Catulle, de Tibulle, & de Properce, sont écrites au commencement. Ensuite on voit une piece intitulée, Fragmentum Petronii arbitrii, ex libro decimo quinto, & sexto decimo, où est contenu le souper de Trimalcion, tel qu'il a été imprimé depuis sur cet original. Le manuscrit est bien lifible, & les commencemens des chapitres & des poëmes, sont en caracteres bleus & rouges. L'année dans laquelle il a été écrit, est marquée page 179 de cette maniere 1423, 20 Novembre.

La découverte de ce manuscrit fit grand bruit; & l'Europe savante se divisa en trois parties, comme s'il eût été question de reconnoître un prince. L'Italie adopta l'authenticité du fragment; la France & la Hollande le rejetterent; l'Allemagne resta neutre; car Reinesius même commenta le manuscrit sans oser se déclarer; l'Angleterre occupée des projets de Charles II. & de la réédification de Londres incendiée, ne parut point dans cette contestation savante; mais les préjugés se dissiperent bien - tôt par l'impression, & personne aujourd'hui ne doute que le fragment ne soit de Pétrone. Il est certain que le siecle de l'écriture de ce manuscrit (qui est à présent dans la bibliotheque du roi de France) n'avoit pas des esprits assez rafinés, assez délicats, & assez versés dans la langue latine, pour oser emprunter le style de Pétrone, sans qu'une ruse si grossiere n'eût sauté aux yeux de tout le monde dans des siecles éclairés. [p. 565]

François Nodot a donné à Paris en 1693, une édition prétendue complete de Pétrone, sous ce titre: Titi Petronii arbitri equitis romani satyricon, cum fragmentis, Alboe Groecoe, (à Belgrade) recuperatis, anno 1688. Cet ouvrage contient le texte & la traduction de différens morceaux de Pétrone, avec des remarques latines & françoises, & la vie de Pétrone. La derniere édition est celle de 1713, en 2 vol. in<-> 12. mais elle n'est ni belle ni exacte, & cependant le livre méritoit plus de soin. (D. J.)

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