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TIBRE (Page 16:315)
TIBRE, (Monum. Médailles.) ce fleuve qui baigne les murs de Rome, se trouve personnifié sur les monumens & les médailles sous la figure d'un vieillard couronné de laurier, à demi - couché; il tient une corne d'abondance, & s'appuie sur une louve, auprès de laquelle sont deux petits enfans, Rémus & Romulus. C'est ainsi qu'on le voit représenté dans ce beau grouppe en marbre, qui est au jardin des Tuileries, copié sur l'antique à Rome. (D. J.)
Tibre (Page 16:315)
Huic deus ipse loci fluvio Tiberinus amoeno Populeas inter senior se attollere frondes Visus: cum tenuis glauco velabat amictu Carbasus, & crines umbrosa tegebat arundo. AEneid. l. VIII. v. 64.
Enée se tournant vers l'orient, selon l'usage observé dans l'invocation des dieux célestes, prend de l'eau du Tibre dans ses mains (autre pratique usitée dans l'invocation des fleuves), & adressant sa priere au dieu du Tibre, comme à la divinité tutélaire du pays, il exalte la sainteté de ses eaux, & l'honore du titre superbe de maître de l'Italie; il implore sa protection, & jure de ne jamais cesser de lui rendre ses hommages.
Tuque, ô Tibri, tuque ô genitor cum flumine sancto Accipite AEneam, & tandem arcete periclis. Semper honore meo, semper celebrabere donis: Corniger Hesperidum; fluvius regnator aquarum, Adsis, ô tandem, & propiùs tua flumina firmes. AEneid. l. VIII. v. 72.
Que ne peut point un poëte? Il ennoblit tout. Le Tibre, ce ruisseau bourbeux, peint par Virgile devient le premier fleuve du monde. Voilà l'art magique des hommes de génie. (D. J.)
Tibre (Page 16:316)
Tum reges, asperque immani corpore Tibris A quo post Itali fluvium cognomine Tibrim Diximus: amisit verum vetus Albula nomen.
Ce fleuve prend sa source dans l'Apennin, assez près des confins de la Romagne; il n'est qu'un petit ruisseau vers sa source, mais il reçoit plusieurs ruisseaux & rivieres, avant de se rendre à Ostie. Les villes qu'il arrose sont Borgo, Citta di Castello, Todi, Rome & Ostie. En se jettant dans la mer il se partage en deux bras, dont celui qui est à la droite s'appelle Fiumechino, & celui qui est à la gauche, conserve le nom de Tibre ou Tevere. Ce dernier bras étoit l'unique bouche par laquelle ce fleuve se déchargeoit autrefois dans la mer, & c'est ce qui avoit fait donner à la ville qui étoit sur son bord oriental, le nom d'Ostia, comme étant la porte par laquelle le Tibre entroit dans la Méditerranée; son embouchure est aujourd'hui entre Ostie & Porto.
Virgile donne à ce fleuve l'épithete de Lydius, AEneid. l. II. v. 781. parce que le pays d'Etrurie où il coule, étoit peuplé d'une colonie de Lydiens; ce n'est plus le tems où Lucain pourroit dire de ce fleuve.
Le Tibre a sous ses lois & le Nil & l'Ibere, Voit l'Euphrate soumis, & le Rhein tributaire.
Il n'a pas dans Rome trois cens piés de largeur. Auguste le fit nettoyer, & l'élargit un peu, afin de faciliter son cours; il fit aussi fortifier ses bords par de bonnes murailles de maçonnerie. D'autres empereurs ont fait ensuite leurs efforts pour empêcher le ravage de ses inondations; mais presque tous leurs soins ont été inutiles.
Le sirocco - levante, qui est le sud - est de la Méditerranée, & qu'on appelle en Italie le vent - marin, souffle quelquefois avec une telle violence, qu'il arrête les eaux du Tibre à l'endroit de son embouchure; & quand il arrive alors que les neiges de l'Apennin viennent à grossir les torrens qui tombent dans le Tibre, ou qu'une pluie de quelques jours produit le même effet, la rencontre de ces divers accidens, fait nécessairement enfler cette riviere, & cause des inondations qui sont le fléau de Rome, comme les embrasemens du Vésuve sont le fléau de Naples.
Le Tibre si chanté par les poëtes, n'est bon à rien, & n'est redevable de l'honneur qu'il a d'être si connu qu'à la poésie, & à la réputation de la célebre ville qu'il arrose; les grands fleuves ont eu raison de
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