ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"440"> ces d'épaisseur par bas, & sept par en haut.

On voit, fig. 1. Pl. III. à la partie antérieure, la figure équestre de cire, avec les jets, les évents, & les égoûts de cire. 1, jets; 2, évents; 3, égoûts de cire; 4, attaches; à la partie postérieure, le bandage de fer plat.

On songe alors à recuire le moule & à faire sortir les cires, car elles tiennent la place du métal; pour cet effet on construit le mur de recuit; on le fait d'assises de grès & briques posées avec du mortier de terre à four, afin qu'il résiste à la violence du feu. Sa premiere assise est sur le massif du fond de la fosse, d'où il s'éleve jusqu'au haut de l'ouvrage. Son parement intérieur est environ à dix - huit pouces de distance des parties les plus saillantes du moule de potée. On laisse à ce mur, des ouverts correspondantes aux espaces pratiqués entre l murs des galeries, pour allumer le feu & l'entreenir. Ces ouvertures se bouchent avec des plaques de tole, afin de conserver la chaleur.

Quand une fosse est assez grande, le mur de recuit est isolé, & on fait le tour aisément. Sur la grille qui couvre les geries, on construit avec de la brique blanche de Passy, de petits murs de quatre pouces d'épaisseur par arcade, en tiers point, espacés de quatre pouces. On remplit le reste de l'espace du mur de recuit & du moule, de briquaillons, rangeant les plus petits vers le moule, & les plus gros vers le mur. On soûtient les fers de l'armature par des piliers de brique. A mesure que les briquaillons s'élevent, on place à l'issue des égoûts des conduits de tole qui traversent le mur de recuit & conduisent les cires. Pour s'assûrer si le moule & le noyau sont suffisamment recuits, on les perce avec une tarriere en différens endroits; & on place dans les trous des tuyaux de tole, qui passent aussi à - travers le mur de recuit, & par lesquels on peut voir le moule & le noyau, & juger du recuit à la couleur. On conduit encore à - travers les briquaillons, de petites cheminées de trois à quatre pouces en quarré, qui montent du haut en bas de la fosse: elles donnent issue à la fumée. On éleve les principaux jets & évents, avec des tuyaux de tole; & l'on couvre toute la face supérieure de la fosse & des briquaillons, d'une couche d'argile d'environ trois pouces d'épaisseur.

Cela fait, on allume un petit feu dans trois galeries de chaque côté. Ce feu dure un jour & une nuit. On l'augmente de celui qu'on fait ensuite dans deux autres galeries: on continue ainsi de galeries en galeries; finissant par celles qui sont les plus voisines de la figure, ou de ses parties saillantes. On continue pendant neuf jours de suite ce feu de charbon modéré. Les cires coulent deux jours après que le feu a été allumé. On en avoit employé pour la statue équestre de la place de Louis le Grand, 5568 livres, tant en ouvrage qu'en jets, égoûts, & évents; & il n'en est sorti en tout que 2805 livres: le déchet s'est perdu dans le moule, dans le noyau, & en fumée.

Quand on s'est apperçu que le moule a rougi, on discontinue le feu peu à peu, puis on le cesse entierement: mais le moule & le noyau restent encore long - tems chauds. On attend qu'ils soient refroidis pour travailler à l'enterrage & à la fonte.

On commence par debarrasser entierement la fosse de tout ce qui remplissoit les galeries & l'espace qui est entre le mur de recuit & le moule. Ensuite on procede a l'enterrage, ou au massif de terre dont on remplit la fosse autour du moule: on comble d'abord les galeries jusqu'à la hauteur de la grille, de moelons maçonnés avec deux tiers de plâtre, & un tiers de terre cuite & pilée. On fait ensuite un solide sous les parties ïnférieures de la figure, du ventre du cheval, li c'est une statue équestre; ce solide est de briques maçonnées aussi avec le mêlange de plâtre & de terre cuite & pilée. On ferme toutes les ouvertures des murs de la fosse; on acheve de la remplir jusqu'à deux piés au - dessus du moule avec de la terre ferme; on met cette terre par couches de six pouces d'épaisseur, qu'on réduit à quatre avec des pilons de cuivre: mais de peur que l'humidité de cette terre ne nuise au moule, on y répand un peu de plâtre passé au sas. On avoit même goudronné le moule depuis le bas jusqu'à la moitié de la figure, dans la fonte de la statue équestre de la place de Louis - le - grand.

A mesure que l'enterrage s'avance, on bouche les égoûts & les trous de tarriore, yec des tampons de terre: quant aux jets & aux évents, on les éleve avec des tuyaux de même composition que le moule de potée; on fait bien sécher ces tuyaux avant que de les employer; on les conduit jusqu'à l'écheno.

L'écheno est un bassin dont nous parlerons plus au long, où aboutissent les principaux jets, & dans lequel passe le métal liquide au sortir du fourneau, pour se précipiter dans les jets dont l'entrée est en entonnoir. Ces entonnoirs sont bouchés avec des barres de fr arrondies & de même forme, qu'on appelle quenouilletres.

Tout est alors disposé pour la fonte dans la fosse; il ne s'agit plus que d'avoir un fourneau pour mettre la matiere en fusion: on commence par construire un massif profondément en terre, sur lequel on assied le fourneau de maniere que l'atre en soit à peu près trois piés plus haut que le sommet de la figure à jetter; & sur l'arrase des murs, on a élevé en pans de bois trois côtés de l'attelier; pour le quatrieme côté qui regarde la chauffe du fourneau, il est construit de moelon, & c'est un mur. Le fourneau doit être le plus près qu'il est possible de la fosse; c'est pourquoi, en construisant le massif du fourneau qui forme un des côtés de la fosse, on y a fait deux renfoncemens en arcades, avec un pilier au milieu, derriere lequel on a pratiqué un passage vouté, pour communiquer d'une arcade à l'autre. Le parement du pilier du côté de la fosse a été fait avec des assises de grès pour résister au feu, qu'il devoit supporter comme partie du mur de recuit.

C'est la quantité de métal nécessaire à l'ouvrage, qui détermine la grandeur du fourneau; & c'est, comme nous l'avons déjà insinué, la quantité des cires employées, qui détermine la quantité du métal. Il fallut pour la statue équestre de la place de Louis - legrand, tant pour les égoûts, évents, jets, que pour le noyau, 6071 liv. de cire, ce qui demandoit 60710 livres de métal, à quoi l'on ajoûta 22942 livres de métal, à cause du dechet dans la fonte, de la diminution du noyau au recuit, & pour en avoir plûtôt de reste que moins.

Quand on a la quantité de métal que le fourneau doit contenir, on cherche quel diametre & quelle hauteur de bain de métal il doit avoir. Dans la fonte de la statue équestre qui nous sert d'exemple, sachant qu'un pié cube de métal allié pese 648 livres, on divisa 83652 par 648, & l'on trouva qu'il falloit que le fourneau contînt 129 piés cubes 60/648. On prit le diametre du fourneau pour cette fonte de dix piés neuf pouces en quarré, sur seize pouces & demi de hauteur, ce qui donne 129 piés cubes.

Le fourneau doit être percé par quatre ouvertures, une du côté de la chauffe par laquelle la flamme entre dans le fourneau, & qu'on appelle l'entrée de la chauffe; une à l'autre extrémité vers la fosse par laquelle le métal fondu sort: deux autres qu'on nomme portes, sont par les deux côtés. Elles servent pour pousser le métal dans le fourneau, & pour le remuer quand il fond. On pratique encore deux ou quatre ouvertures dans la voute, qui sont comme les che<pb-> [p. 441] minées, & qu'on tient couvertes ou libres selon le besoin.

A côté du fourneau, à l'opposite de la fosse, on fait la chauffe. C'est un espace quarré dans lequel on fait le feu, & d'où la flamme est portée dans le fourneau. Le bois y est posé sur une double grille qui sépare sa hauteur en deux parties: l'inférieure s'appelle le cendrier. On retire les cendres par une porte ouverte du côté du nord; parce que le feu qui met le métal en fusion, étant de reverbere, il est avantageux que l'air qui passe par cette porte, & qui le souffle, soit un vent froid qui donne au feu de l'activité.

Le fondement du fourneau ayant été fait solide, on pose l'atre à la hauteur nécessaire pour qu'il ait pente vers l'écheno. On donna dans l'exemple de grande fonderie dont nous nous sommes servis, à l'atre douze piés neuf pouces de diametre, pour que le mur du fourneau portât en recouvrement un pié dessus au pourtour avec trois rangs de briques, les deux premieres sur le plat, & la troisieme de carreaux de Sinsanson, proche Beauvais en Picardie, de huit pouces en quarré, posés de champ, & maçonnés avec de la terre de même qualité que celle de noyau. Cet atre avoit une pente de six pouces depuis la chauffe jusqu'au tampon, & un revers de trois pouces de pente depuis les portes jusqu'au milieu, ce qui formoit un ruisseau dans le milieu, pour en faire écouler le métal.

Au - dessus de l'atre, on construit les murs & la voute du fourneau avec des briques gironnées, c'est - à - dire, plus larges & plus épaisses par un bout que par l'autre, de la tuilerie de Sinsanson, posées en coupe suivant le pourtour & le diametre de la voute, maçonnées avec de la terre, & garnies par derriere de briques du pays, posées avec de la terre en liaison & en coupe.

Le trou du tampon est en façon de deux cones unis par leurs bouts tronqués; on bouche celui qui est du côté du fourneau, avec un tampon de fer de la figure de l'ouverture qu'il doit former, & de la terre qui remplit les joints: le tampon étant en cone, & bouchant par sa pointe, le métal ne peut le chasser. Ce trou de tampon est pratiqué dans son parement avec un rang de briques de Sinsanson, garr par derriere de briques du pays, posées en terre. de même que les portes du fourneau.

La chauffe & son ouverture doivent être d'un contour aisé & allongé, afin que la flamme aille sans empêchement frapper au trou du tampon, d'où elle se répand & circule dans le fourneau. Au haut de la voute de la chauffe il y a un trou par où l'on jette le bois; on bouche ce trou avec une pelle de fer qui glisse entre deux coulisses de fer au - dessus de cette ouverture. Dans l'épaisseur du mur du fourneau du côté de la chauffe, on me une plaque de fer fondu de quatre piés de long, qui descend huit pouces plus bas que l'atre du fourneau, à un pié de distance du parement du mur de la chauffe, de crainte que si le feu faisoit quelque fracture aux murs du fourneau, le métal ne s'écoulât dans la chauffe. Par la même raison on fortifie le fourneau en tout sens avec des tirans de ser qui passent sous l'atre, & sur la voute du fourneau, & qui sont pris par leurs bouts dans des ancres de fer qui saisissent d'autres barres posées de niveau sur les paremens des murs du fourneau.

Les ouvertures du comble qui donnent du jour dans ces atteliers doivent être en lucarnes damoiselles, c'est - à - dire plus élevées sur le devant que sur le derriere, afin de donner plus de jour, & laisser plus facilement échapper la fumée. Voyez Pl. II. fig. 5. plan du fourneau où l'on fait fondre la bronze; A, le fourneau; B, portes; C, la chauffe; D, la grille; E, le conduit à l'échono; F, l'écheno, fig. 6. profil du fourneau; 1, le fourneau; 2, les portes; 3, la chauffe; 4, la grille; 9, ouverture pour jetter le bois dans le fourneau, fig. 7. prosil du fourneau en largeur; 1, 1, le fourneau; 2, les portes; 3, la chauffe, 12, 12, les cheminées.

Voilà les regles générales pour la construction d'un fourneau; l'expérience & le bon sens apprendront au Fondeur, quand & comment il doit ou les modifier ou s'en écarter.

Lorsque le fourneau pour la statue équestre de la place de Louis - le - grand fut construit, comme nous avons dit, on fit trois épreuves à la fois; l'une de la bonté du fourneau; l'autre sur la durée du métal en état de susion, & la troisieme sur la diminution pendant la fonte. On y fondit 19090 livres de vieilles pieces de canon, lingots de cuivre moitié rouge, moitié jaune; le mêlange fut mis en fusion en vingt - quatre heures, coula près de 50 piés de longueur à l'air sans se figer, & l'on n'en retira que 15714 livres nettes. Le déchet venoit de l'évaporation du métal jaune, & de la perte de la quantité dont l'atre neut s'étoit abreuvé.

L'alliage ordinaire de la bronze pour les figures est de deux tiers de cuivre rouge, & d'un tiers de cuivre jaune; mais on rendra la bronze plus solide & moins soufflante, si l'on met un peu plus de cuivre jaune. On prit pour la grande fonte de la statue équestre de la place de Louis - le - grand, en lingots de la premiere fonte, 15714; en culasses de vieilles pieces de canon, 6188; en lingots faits de deux tiers de cuivre rouge & d'un tiers de cuivre jaune, 4860; en autres lingots de cuivre, moitié rouge & moitié jaune, 45129; en métal rouge, 3539; en métal jaune, 3500; en lingots provenant de la fonte de la statue de Sextus Marius, 2820; en étain fin d'Angleterre, 2002. Total, 83752.

Pour commencer la fonte, on couvre l'atre du fourneau de lingots élevés par bouts les uns sur les autres, afin que la flamme puisse circuler entr'eux. On allume le feu dans la chauffe avec du bois sec. La flamme est portée dans le fourneau par l'ouverture de la chauffe, & s'y répand. Quand les premiers lingots sont en fusion, on continue d'en mettre d'autres qu'on a tenu exposés au feu sur les glacis des portes du fourneau, d'où ils coulent quelquefois d'eux - mêmes en fusion dans le fourneau. Si on les y jettoit froids, ils feroient figer le métal en fusion, qui s'y attacheroit, & formeroit un gâteau. Ce n'est paslà la seule maniere dont le gateau se puisse faire. L'humidité d'une sumée épaisse qui se répandroit dans le fourneau; le rallentissement de la chaleur d'un feu mal conduit; la moiteur d'un mauvais terrein, &c. suffisent pour causer cet accident, à la suite duquel il faut quelquefois rompre le fourneau, retirer le métal, le diviser & le remettre en fonte.

Quand tout le métal est fondu, on continue le feu; & on ne le présume assez chaud, que quand la flamme du fourneau devient rouge, que quand les crasses se fendent à sa surface, & montrent en s'écartant d'elles - mêmes un métal brillant comme un miroir, & qu'en le remuant avec des pelles de bois, il s'en éleve une fumée blanche: alors on débouche le fourneau en enfonçant le tampon avec une barre de fer suspendue, qu'on appelle perrier; le tampon enfoncé, le métal coule dans l'écheno qu'on a eu soin de faire bien chauffer. On leve les quenouillettes par le moyen d'une bascule, & le métal se précipite dans les jets; on peut espérer du succès, quand il coule sans bouillonner ni cracher, qu'il en reste dans l'écheno, & qu'il remonte par les évents. Pour la statue équestre de Louis XIV. le fourneau fut en feu pendant 40 heures; & il resta dans l'écheno 219241. de métal. Voy. Pl. I. l'attelier de la fonderie dans le tems que l'on fond le métal dans le fourneau, & que l'on coule la figure en bronze; 1, le fourneau; 2, portes par lesquelles

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