ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"340"> des chasses des plaisirs du grand - seigneur. On ne peut faire entrer une seule piece de vin dans Constantinople sans sa permission; ce qui lui donne une jurisdiction de police sur les cabarets. Il contrôle les vins des ambassadeurs, & fait arrêter leurs domestiques à la chasse, s'ils n'ont pas son agrément. Mais sa fonction la plus honorable est de soûtenir sa hautesse, lorsqu'elle se promene dans ses jardins, de lui donner la main quand elle entre dans sa gondole, d'être alors assis derriere elle, & de lui parler à l'oreille en tenant le timon, & de lui servir de marchepié le jour de son couronnement.

Quelquefois le bostangi bachi prend les devans avec fon bateau, pour écarter tous ceux qui se rencontrent sur la route de l'empereur. Il doit connoître non - seulement toutes les variations que la mer cause fur son rivage; mais encore tous les différens édifices qui ornent ses bords, & les noms de leurs propriétaires, afin de répondre exactement aux questions que le grand - seigneur peut lui faire; desorte qu'il faut avoir couru long - tems les bords de cette mer, en qualité de simple bostangi, pour parvenir à celle de bostangi bachi: cet accès facile auprès du grandseigneur, donne à cet officier un très - grand crédit, & le fait quelquefois devenir favori de son maître; place dangereuse; & qui dans les révolutions fréquentes à Constantinople, a plus d'une fois coûté la tête à ceux qui y étoient parvenus.

Comme les empereurs Ottomans vont quelquefois à Andrinople, ancienne capitale de la monarchie Turque, il y a aussi dans cette ville un bostangi bachi, comme à Constantinople. Leur rang est égal, mais leur jurisdiction & leur revenu sont fort différens. Celui d'Andrinople n'est chargé que du palais impérial, quand le sultan y fait sa résidence, & de la garde de ses fils; au lieu que le bostangi bachi a une surintendance générale sur toutes les maisons de plaisance du prince, à peu près comme en France, le directeur général des bâtimens. Guer, moeurs & usages des Turcs, tom. II. (G)

BOSTON (Page 2:340)

BOSTON, (Géog.) ville d'Angleterre, dans la province de Lincoln, sur la riviere de Witham, peu au - dessus de son embouchure dans la mer, à 10 lieues de Lincoln. Lat. 53. degrés, long. 17 & demi.

Boston (Page 2:340)

Boston; c'est le nom qu'on a donné à la ville capitale de la nouvelle Angleterre, dans l'Amérique septentrionale; elle est grande & a un très - bon port. Lat. 42 degrés, 20 minutes; long. 306 degrés, 50 & quelques minutes.

BOSWORTH (Page 2:340)

BOSWORTH, (Géog.) bourg dans la province de Leicester, en Angleterre, à environ 35 lieues de Londres.

BOSZUT (Page 2:340)

BOSZUT, (Géog.) petite riviere d'Esclavonie, qui se jette dans la Save, près du lieu de l'ancienne ville de Sirmium.

BOTA (Page 2:340)

BOTA, (Commerce) c'est le nom usité en Espagne, pour désigner une mesure de liquides, qui tient 30 robas; le roba tient 30 livres pesant.

BOT (Page 2:340)

BOT, (Marine) c'est un gros bateau flamand, ou une espece de petite flûte; le bot est ponté. Au lieu de dunette ou de chambre un peu élevée, il y a une chambre retranchée à l'avant, qui ne s'éleve pas plus que le pont. On fait joüer le gouvernail, ou avec une barre, ou sans barre; parce que celui qui gouverne, le peut faire tourner aisément de dessus le bord.

A l'avant du bot, il y a une poulie, qui sert à lever l'ancre, & au milieu du bâtiment on pose un cabestan, lorsqu'il en est besoin, & on l'affermit par deux courbatons, qui de l'un & de l'autre côté vont se terminer contre le bord. Les membres du fond sont vaigrés ou couverts de planches, hormis à l'endroit par où l'on puise l'eau qui y entre.

Paquebot, pacques - bot, c'est ce bateau qui porte les lettres d'Angleterre en France, & de France en Angleterre; il va de Douvres à Calais. Il y a aussi des paquebots, qui portent les lettres d'Angleterre en Hollande; ils partent de Harwich & vont à la Brille. (Z)

BOTADON (Page 2:340)

BOTADON, (Géog.) petite ville d'Angleterre, dans la province de Cornoüaille.

BOTALL (Page 2:340)

BOTALL, trou (Anat.) on donne le nom de trou botall au trou ovale, situé entre les deux oreillettes du coeur; de Botall, conseiller & médecin de Charles IX. à qui on en attribue la découverte. Voyez Coeur. (L)

BOTANIQUE (Page 2:340)

BOTANIQUE, s. f. (Ordre encyclop. Entendement. Raison. Philosophie ou Science. Science de la nature. Physique générale, particuliere. Botanique.) partie de l'histoire naturelle, qui a pour objet la connoissance du regne végétal en entier; ainsi la Botanique est la science qui traite de tous les végétaux & de tout ce qui a un rapport immédiat avec les végétaux.

L'étude de la végétation fait la premiere partie de cette science, c'est la base de toutes les autres; car on doit commencer par examiner la nature des végétaux en général, avant que de traiter de chaque plante en particulier; & on ne peut pas parvenir à connoître l'oeconomie végétale, si on ne sait comment les germes des plantes se développent, & comment elles prennent leur accroissement; quels sont les moyens de les multiplier; quelle est leur organisation en général; la structure de chaque partie; leur maniere de se reproduire, & quel est le mouvement & la qualité de la séve; & enfin si on ne sait en quoi le terrein & le climat peuvent influer sur les plantes. Tels sont les principes généraux qui établissent les fondemens de la Botanique: mais ces connoissances dépendent de la Physique, & forment le lien qui unit ces deux sciences. Voyez Végétation.

Le détail de la Botanique est divisé en plusieurs parties: il y en a trois principales; savoir la nomenclature des plantes, leur culture, & leurs propriétés. La derniere est la seule qui soit importante par l'utilité que nous en tirons; les deux premieres ne doivent nous occuper qu'autant qu'elles peuvent contribuer à faire valoir la troisieme, en perfectionnant la connoissance des propriétés. On doit entendre par les propriétés des plantes, tous leurs usages, même les usages d'agrément; ainsi les arbres des forêts & les herbes des parterres ont dans ce sens leurs propriétés, comme les plantes usuelles dans la Medecine.

Dès que la connoissance des plantes a formé un corps de science, l'énoncé de leur nomenclature a dû précéder dans l'exposé de cette science l'histoire de leur culture & de leurs propriétés. Mais il est certain que la premiere connoissance que l'on ait eu des plantes, a été celle des usages auxquels on les a employées, & que l'on s'en est servi avant que de leur donner des noms. On s'est nourri avec des fruits; on s'est vêtu avec des feuilles ou des écorces; on a formé des cabanes avec les arbres des forêts avant que d'avoir nommé les pommiers ou les poiriers, le chanvre ou le lin, les chênes ou les ormes, &c. L'homme a dû satisfaire ses besoins les plus pressans par le seul sentiment, & indépendamment de toute connoissance acquise: on a joüi du parfum des fleurs dès qu'on s'en est approché, & on a recherché leur odeur sans s'inquiéter du nom de la rose ou du jasmin. Les usages des plantes qui supposent le plus d'expérience, n'ont jamais été indiqués par le nom ou par l'apparence extérieure d'aucune plante; c'est par un coup heureux du hasard, que l'on a été instruit de l'utilité que l'on pouvoit tirer du riz ou du froment, du caffé & de la vigne. Enfin il y a tout lieu de croire que les plantes usuelles dans la Medecine & dans les Arts, n'ont été nommées qu'après que leur efficacité a été connue: il y en a plusieurs qui ont encore aujourd'hui des noms relatifs à leurs propriétés. [p. 341]

La nomenclature des plantes n'est donc pas nécessaire pour la découverte de leurs propriétés; cela est si vrai qu'il seroit ridicule de l'avoir mis en question, s'il n'étoit prouvé par l'état présent de la Botanique & par l'expérience du passé, que l'on s'est appliqué à la nomenclature par préférence aux autres parties de cette science. On fait plus d'observations & on tente plus de combinaisons pour parvenir à réduire la nomenclature des plantes en système, qu'il ne faudroit peut - être faire d'expériences & acquérir de faits pour découvrir quantité de nouvelles propriétés utiles dans ces mêmes plantes. Ce défaut de conduite dans l'étude de la Botanique, est un obstacle à l'avancement de cette science, parce qu'il nous éloigne de son principal objet. Il est même à craindre que si on continuoit à marcher dans cette fausse route, on ne vînt à le perdre de vûe. Pour s'en convainere il faut examiner quelle est l'utilité que l'on a retirée de la nomenclature des plantes, poussée au point de perfection que les Botanistes se sont efforcés de lui donner; à quoi cette nomenclature peut servir dans la Botanique; & à quoi elle peut nuire, en supposant que cette connoissance soit réduite en système constant & même infaillible.

On est parvenu, par le moyen de la nomenclature, à distinguer environ vingt mille especes de plantes, selon l'estime des Botanistes, en comptant toutes celles qui ont été observées tant dans le nouveau monde, que dans l'ancien. S'il y avoit eu un plus grand nombre d'observateurs, & s'ils avoient parcouru toute la terre, ils auroient doublé ou triplé le nombre des especes de plantes; ils en auroient peut - être trouvé cent mille & plus, conformément aux principes de leur calcul. Mais quel cas doit - on faire de ce calcul? le résultat n'est pas le même pour tous les observateurs; chacun compte à sa mode; les uns multiplient sans nécessité, en séparant sous différentes especes des individus qui sont semblables; les autres mêlent ensemble des individus différens, & diminuent par cette confusion le nombre des especes. On n'a donc pû convenir jusqu'ici d'un principe certain pour constater ce nombre: cependant on y a employé beaucoup d'art, on n'a épargné ni soins ni fatigues, mais toûjours infructueusement. Il ne faut pas en être surpris, car il est aisé de remonter à la source de cette erreur. On a voulu faire une science de la nomenclature des plantes, tandis que ce ne peut être qu'un art, & seulement un art de mémoire.

Il s'agissoit d'imaginer un moyen de se retracer, sans confusion, l'idée & le nom de chaque plante que l'on auroit vû réellement existante dans la nature, ou décrite & figurée dans les livres. Il y a cent façons différentes de parvenir à ce but: dès qu'on a bien vû un objet & qu'on se l'est rendu familier, on le reconnoît toûjours, on le nomme, & on le distingue de tout autre, avec une facilité qui ne doit surprendre que ceux qui ne sent pas dans l'habitude d'exercer leurs yeux ni leur mémoire. Il est vrai que le nombre des plantes étant, pour ainsi dire, excessif, le moyen de les nommer & de les distinguer toutes les unes des autres, en étoit d'autant plus difficile à trouver; c'étoit un art qu'il falloit inventer; art, qui auroit été d'autant plus ingénieux, qu'il auroit été plus facile à être retenu de mémoire. Par cet art une fois établi, on auroit pû se rappeller le nom d'une plante que l'on voyoit, ou se rappeller l'idée de celle dont on savoit le nom; mais toûjours en supposant dans l'un & l'autre cas, que la plante même fût bien connue de celui qui auroit employé cet art de nomenclature; car la nomenclature ne peut être constante que pour les choses dont la connoissance n'est point équivoque.

La connoissance en genéral est absolument indé<cb-> pendante du nom. Pour le prouver, examinons ce que doit faire un homme qui veut connoître une plante qu'il voit pour la premiere fois, & dont il ne sait pas le nom. S'il commence par s'informer du nom de cette plante il n'en tirera aucune lumiere, parce que le nom d'une chose que l'on ne connoît pas, n'en peut rappeller aucune idée. Il faudra donc qu'il observe la plante, qu'il l'examine, & qu'il s'en forme une idée distincte; il y parviendra en la voyant, & s'il expose, s'il décrit tout ce qu'il aura vû, il communiquera aux autres la connoissance qu'il aura acquise. Alors le nom servira de signe pour lui rappeller l'idée de cette plante à lui - même & à ceux qui auront lû la description: mais il est impossible qu'un nom tienne jamais lieu de description; ce signe peut rappeller l'idée d'une chose connue, mais il ne peut pas donner l'idée d'une chose inconnue.

Cependant on a fait des tentatives infinies pour parvenir à étendre les noms des plantes, à les compliquer & les combiner, de façon qu'ils pûssent donner une idée distincte des plantes, sans qu'il fût nécessaire de les avoir vûes, ou d'en avoir lû la description entiere. Ce projet ne tendoit à rien moins qu'à former une science de la nomenclature des plantes, s'il eût réussi: mais on a échoüé dans l'exécution autant de fois qu'on l'a entreprise, parce que les descriptions ne peuvent pas être réduites en nomenclature, & que par conséquent les noms ni les phrases ne peuvent pas être équivalens aux descriptions.

Les nomenclateurs ont entrevû la vérité de cette objection, & pour surmonter cette difficulté, ils ont joint au nom une petite partie de la description. C'est ce composé qu'ils appellent phrase. Ils ont tâché d'y faire entrer les caracteres spécifiques: mais comme ils n'ont pû comprendre dans ces phrases, c'est - à - dire dans les noms des especes, qu'une partie de la description qui ne pouvoit pas donner une idée de la plante, ils ont prétendu suppléer à ce défaut, en attribuant au nom générique une autre partie de la description. Ces deux parties étant désignées par les noms du genre & la phrase de l'espece, étant encore trop imparfaites pour faire reconnoître la plante, ils ont compris dans l'énoncé de l'ordre & de la classe d'autres parties de la description: mais quelqu'art qu'ils ayent employé pour combiner toutes ces partitions, ils n'ont pû parvenir à donner une idée distincte de la plante, parce qu'ils n'ont pas rapporté la description en entier.

Cette description complette est absolument nécessaire pour caractériser une plante, de façon qu'on la puisse distinguer de toute autre plante: c'est une loi constante pour tous les objets de l'histoire naturelle, & principalement pour ceux qui sont aussi nombreux que les plantes. Cependant on a tâché d'éluder cette difficulté insurmontable dans la nomenclature, en se persuadant que l'on trouveroit dans les plantes, des parties dont la description pourroit suppléer à la description de la plante entiere, & que ces parties seroient assez constantes pour ne manquer à aucune plante, assez variées pour fournir des caracteres à chaque espece, & asiez évidentes pour être facilement reconnues. Ç'a été par le moyen de ces attributs imaginaires, que l'on a prétendu réduire la nomenclature en systeme, en méthode, en distribution méthodique; & si l'on en croit les plus enthousiastes des nomenclateurs, ce système est le système de la nature; cependant la nature dément à chaque instant de pareils systèmes. Il n'y a dans les plantes aucunes parties qui se manifestent dans toutes les especes: les fleurs & les semences, qui paroissent être les parties les plus essentielles, & par conséquent les plus constantes, ne sont pas reconnoissables dans plusieurs especes. C'est pourtant sur les parties de la fructification, que les systèmes les plus vantés sont établis.

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