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Brasser (Page 2:400)
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BRASSERIE (Page 2:400)
* BRASSERIE, subst. f. attelier qui contient les
cuves, chaudieres, moulins, & tous les autres instrumens,
agrès & commodités nécessaires pour faire
la bierre. La bierre est une boisson fort ancienne. V.
En Hollande, on brasse non - seulement avec l'orge soucrillon, mais encore avec le blé & l'avoine. Les brasseurs Hollandois, qui tirent de la bierre de chacun de ces trois grains, ont trois sortes différentes de bierre.
En Allemagne, où la bierre ne laisse pas que d'être fort commune, elle se fait aussi avec l'orge. On y employe quelquefois l'espiotte. L'espiotte est un grain, dont le noyau ressemble assez à celui du seigle, excepté qu'il est plus court & plus plat. La coque qui le renferme ne differe guere de celle du blé; on a seulement beaucoup plus de peine à en faire sortir le grain, même en le battant à la maniere des >utres grains; aussi on se contente d'en briser les épis: on le fait germer & on le mout dans sa coque.
En Angleterre, où la bierre est très - commune, on la fait ainsi qu'ailleurs, avec l'orge, le blé & l'avoine.
Une brasserie est un bâtiment très - considérable; le nombre des agrès ne l'est pas moins: les principaux sont le germoir, la touraille, le moulin, les cuves, les chaudieres, &c.
Pour brasser, suivant notre façon de Paris, il faut avoir de bon orge, que l'on met tremper dans de l'eau naturelle pendant l'espace de trente à quarante heures, plus ou moins, selon que les eaux sont plus ou moins dures & l'orge plus ou moins sec. Au reste en quelque tems que ce soit, & de quelque nature que soit l'orge, on jugera qu'il aura assez d'eau, quand en le serrant entre les doigts, il cédera facilement à la pression & s'écrasera sans peine sous l'ongle; alors on le retirera de la cuve où on l'aura fait mouiller, & on le transportera dans le germoir.
Du germoir. Le germoir, ainsi que le nom l'indique assez, est un lieu où l'on met germer le grain
On appelle rompre une couche de grain, la remuer avec une pelle, jetter le grain d'une place dans une autre, le retourner, & le remettre en couche comme auparavant, observant seulement de donner à la couche moins de hauteur. A moins que le grain n'eut été rompu trop jeune, c'est - à - dire, avant que le germe en fût assez avancé, on laissera la nouvelle couche de grain dans cet état pendant douze ou quinze heures, plus même, sur - tout si l'air qui regne dans le germoir est froid; car alors la germination se fera beaucoup plus lentement.
Au bout des douze ou quinze heures, le germe s'étant accru considérablement, & la chaleur s'étant beaucoup augmentée, on redonnera encore un coup de pelle au grain, observant de l'éventer plus que la p>emiere fois: cette manoeuvre s'appelle donner le second coup de pelle. On finira le second coup de pelle, par remettre le grain en couche; il y restera encore douze à quinze heures, ce tems lui suffira pour achever de pousser son germe au point qui convient pour être en état de passer sur la touraille.
De la touraille. La touraille est une des portions principales
d'une brasserie. Sa partie supérieure A B C D,
figure premiere, Brasserie,
La base de cette pyramide ou la superficie supérieure de cette tremie A B E F, est un plancher fait de tringles de bois de 3 pouces d'équarrissage. Chaques tringles laissent entr'elles le même intervalle, ensorte que la surface entiere A B E F, est tant pleine que vuide. Sur ces tringles de bois, qui sont communément de sapin, on étend une grande toile de crin, que l'on nomme la haire. La haire couvre tout le plancher A B E F de la touraille; cet espace est environné & surmonté de madriers, au défaut de muraille. Sur ces madriers sont attachées des bandes de chêne, que l'on nomme costieres. Les costieres débordent, ou comme on dit, recouvrent sur l'aire du plancher, & empêchent le grain de s'échapper par les rebords, & de tomber dans le corps de la touraille.
Sous la tremie A B C D ou sous le corps de la touraille, en est une autre de maçonnerie C D G H, de la forme d'un parallelepipede. C'est dans l'intérieur de ce solide qu'est construit le fourneau de la touraille, dont on voit l'intérieur par la bouche I. Ce fourneau a communément vingt pouces de large, quatre piés & demi de long dans oeuvre, non compris son embouchure, qui se trouvera plus ou moins [p. 401]
Pour construire solidement un fourneau de touraille,
il faut que le pavé en soit fait de briques posées
debout & de champ, & que le pié du mur en dedans
du fourneau soit revêtu de fortes enclumes, capables
de résister à l'action du feu; autrement soit les
briques, soit les tuiles dont on le construiroit, seroient
bientôt calcinées. Comme la premiere portion
du fourneau s'éleve en grand sur plomb, ainsi qu'on
l'apperçoit dans la figure, il est nécessaire que les enclumes
soient detenues par le haut, d'une forte barre
de fer scellée d'un bout dans le mur du fond du fourneau,
& de l'autre dans le mur de côté, près de l'embouchure,
en sorte qu'elle s'étende de toute la longueur
du fourneau; & pour plus de solidité, on l'armera
de gougeons de fer d'environ un pié de long,
qui seront pareillement scellés dans le mur de côté,
ainsi qu'on l'apperçoit dans les coupes du fourneau,
La premiere partie du fourneau étant ainsi élevée,
on construira à plomb sur elle, celle du milieu; on
lui donnera environ un pié de hauteur. On élevera
ensuite la derniere partie: sa forme sera la même
qu'on voit à celle du milieu, mais dans une situation
renversée; ensorte que la partie du milieu du fourneau
& sa partie supérieure, ressemblent assez à deux
chaudieres opposées fond à fond & communiquant
par une ouverture commune, avec cette seule condition
que la chaudiere inférieure auroit plus de hauteur
que la supérieure. Voyez
Sur cette construction on placera de bonnes & fortes
briques, de champ, sur le mur de la partie supérieure,
selon leur hauteur, & de distance en distance,
comme on voit
De la truite. La truite Pqrs,
La poussiere du grain & le germe, après avoir traversé
la haire ou toile de crin dont le plancher de la
touraille est couvert, ne restent point sur la truite;
ils descendent tout - au - tour, & se rendent au pourtour
de la maçonnerie intérieure de la partie du milieu
du fourneau, où l'on a pratiqué des canaux appellés
ventouses, qui les reçoivent. Les ventouses,
Le grain, au sortir du germoir, se charge sur le plancher de la touraille. On l'y étend en forme de couche d'environ cinq à six pouces d'épaisseur: on fait du feu dans le fourneau jusqu'à ce qu'à ce qu'on s'apperçoive que la grande humidité que le grain a prise dans le mouillage, commence à sortir. Il y a pour cela un signe certain: alors on voit à la surface du grain une grande rosée, & cette rosée est coupée par bandes; ou plûtôt toute la surface de la couche est divisée par bandes chargées & non chargées de rosée alternativement. Cette division est causée par les tringles de bois qui sont sous la haire, & qui empêchent que tout le grain ne soit atteint également par le feu. Celui qui correspond aux espaces vuides doit chauffer plus vîte que celui qui correspond aux espaces pleins.
Lorsqu'on apperçoit ces bandes, il est tems de remuer le grain. Pour cet effet, on jette celui qui est sur une moitié du plancher, sur l'autre moitié; puis on rejette sur la partie vuide & le grain qui y étoit, & celui qui n'y étoit pas, mais mêlé & retourné. Cela fait, on étend le tout, & l'on en reforme une couche sur toute la superficie de la touraille. Dans cet état celui qui étoit à demi séché se trouve placé à côté de celui qui ne l'étoit point. Il se fait une répartition assez égale d'humidité, & un progres assez uniforme de dessiccation. Cette premiere manoeuvre s'appelle retourner la touraille pour la premiere sois.
Après que la touraille a été retournee, on ranime de nouveau le feu du fourneau, & on le continue jusqu'à ce qu'il soit tems de la retourner pour la seconde fois. Ce moment est indiqué par la suppression presqu'entiere de l'humidité dans tout le grain. Le plus voisin de la haire en est entierement privé; on n'apperçoit plus de moiteur qu'à la superficie. C'est alors qu'il est tems de rebrouiller.
On appelle rebrouiller la touraille, mettre dessous le grain qui se trouve à la superficie de la couche, & dessus celui qui étoit dessous. Dans cette manoeuvre, on ne jette point le grain l'un sur l'autre, comme quand on retourne; on se contente de le prendre avec la pelle, & de le retourner sens dessus dessous, pelletée à pelletée.
On laissera la touraille rebrouillée quelques heures dans le même état & sans feu; pour donner à la chaleur du fourneau le tems de dissiper le reste de l'humidité qui pourroit se trouver dans le grain. Après quoi on ôtera le grain de dessus la touraille pour faire place à d'autre; & pour le cribler au crible de fer, afin d'en séparer la poussiere & les touraillons. On appelle touraillons, le germe séché.
Du moulin. On laisse reposer le grain pendant quelques
jours; la methode en est meilleure que de le porter
au moulin tout au sortir de la touraille. Le moulin
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