ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
"386">
prend une fonde cannelée (voyez Catheter); on
l'insinue doucement dans la vessie (voyez Cathétérisme); un aide monté sur une chaise ou un tabouret,
placé au côté droit du malade, souleve les
bourses, & applique ses doigts indicateurs parallelement
le long du périnée à chaque côté de l'urethre.
L'opérateur, le genou droit en terre, tient avec fermeté
de la main gauche le manche de la sonde, de
façon qu'elle fasse un angle droit avec le corps du
malade. Il fait faire, autant qu'il est possible, une
saillie au périnée avec la courbure de la sonde, à côté
du raphé, entre les deux doigts index de l'aide - chirurgien. L'opérateur doit appuyer pour un moment
le bec de sa sonde sur le rectum, pour bien remarquer
au - dessus de l'anus jusqu'à quel endroit il pourra
continuer l'incision. Il prend alors un lythotome
ou bistouri, qu'il tient de la main droite comme une
plume à écrire; il porte la pointe de l'instrument dans
la cannelure de la sonde, au - dessous des bourses; il
perce les tégumens & l'urethre au côté gauche du raphé,
& il continue son incision inférieurement jusqu'au point qu'il a remarqué au - dessus de l'anus, en
se gardant de passer outre, de crainte d'intéresser
l'intestin. Dès que l'incision est faite, l'opérateur retire
le lythotome, & prend un gorgeret dont il porte
le bec dans la cannelure de la sonde, sur laquelle il
le fait couler jusque dans la vessie. Il retire la sonde,
prend le manche du gorgeret avec la main gauche,
& de la droite il conduit une cannule arrivée dans la
vessie à la faveur du gorgeret, qu'il retire ensuite en
lui faisant faire un demi - tour sur la cannule; de facon
qu'en le retirant, son dos ou surface convexe regarde
l'angle supérieur de la plaie, qu'on panse avec de
la charpie seche, qu'il faut soûtenir avec des compresses
& un bandage contentif, qui ne gêne point
la sortie de l'urine. Il ne differe point de l'appareil
de la lythotomie. Voyez Lythotomie.
L'objet de la Chirurgie est de guérir & non d'opérer:
ainsi dès qu'on a fait la boutonniere au périnée, on n'a
rempli qu'un des points du traitement, & le malade
se trouve simplement dans une disposition favorable
pour recevoir les secours qu'un Chirurgien intelligent
doit lui procurer. Cette opération permet l'issue aux
matieres graveleuses, dont il faut aider la sortie par
des injections, & dont il faut quelquefois faire l'extraction
lorsqu'il se trouve des petites pierres, dont
le volume sera d'un diametre plus grand que celui
des ouvertures latérales de l'extrémité antérieure de
la cannule. V. Cannule. Les injections doivent être
appropriées à la nature & à l'état de la maladie qui
les exige, parce qu'il faut quelquefois mettre des fongus
en suppuration; tantôt mondifier une vessie malade,
déterger ensuite les ulceres; d'autres fois fortifier
les fibres qui ont perdu leur ressort, &c. Lorsqu'on sera parvenu à rétablir les choses dans l'état
naturel, par l'usage successif ou combiné des différens
moyens qui seront indiqués, on supprime la cannule,
& on met dans l'urethre une sonde creuse ou
cannelée, courbée en S (voy. Algalie) par laquelle
les urines couleront d'abord en partie: à mesure que
la plaie se resferrera, les urines ne prendront point
d'autre route pour s'écouler; & la plaie n'étant plus
mouillée par les urines, elle se réunira bientôt.
L'administration des remedes doit être variée, &
n'est pas, comme on voit, moins soûmise aux indications
dans le traitement des maladies chirurgicales,
que dans celui des maladies internes: le manuel
chirurgical même doit être différent, suivant les circonstances
qui se présentent. On sait que l'art d'opérer,
dépouillé de tout rapport à la guérison des maladies,
& considéré simplement en lui - même, demande
des connoissances anatomiques très - exactes:
mais elles ne suffisent point à un Chirurgien. La structure
de la partie ne lui montre point de routes nou<cb->
velles pour diriget ses opérations: l'usage des parties
& le méchanisme par lequel elles executent leurs
fonctions, sont absolument nécessaires à savoir, pour
qu'on puisse juger sainement de la maladie, qui consiste
dans la lésion des fonctions. C'est sur ces connoissances
physiologiques & pathologiques, qui suffisent
à un habile homme dans l'autre branche de l'art
de guérir, & qui dans la Chirurgie doivent être soûtenues
de la connoissance exacte de la structure, du
volume, de l'étendue, des attaches des parties, &
de leurs différens rapports à celles qui les environnent,
qu'on sait se tracer & qu'on suit avec toute la
certitude possible des voies d'opérer, qui ne sont point
déterminées par les préceptes. Dans l'opération de
la boutonniere, l'incision est commune aux tégumens
& à l'urethre; cependant des circonstances particulieres
demandent qu'on étende & qu'on dirige différemment
la section des parties. Il >urvint à un homme
de quarante - cinq ans, par une rétention totale d'urine,
une tumeur au périnée qui s'étendoit dans les
bourses, dans les aines, sous la peau qui couvre le
pubis & la verge. Le progrès en fut si rapide, qu'en
deux fois vingt - quatre heures il survint une suppuration
gangréneuse. On ouvrit en plusieurs endroits du
périnée, des bourses, & des aines; les parties se dégorgerent,
les urines coulerent en abondance, les
lambeaux gangréneux se détacherent; on parvint enfin
à guérir toutes ces plaies, excepté une du périnée
qui resta fistuleuse, & par laquelle les urines couloient
involontairement. Le malade avoit dejà souffert
l'opération de la boutonniere sans succes, lorsqu'il
se confia à M. Petit. Je supprime ici le detail des complications
& des traitemens préliminaire, que ce
grand praticien mit en usage, pour me restraindre à
l'opération. M. Petit jugea par la sortie continuelle
& involontaire des urines, que l'orifice interne de
la fistule étoit au - delà du sphincter de la vessie, parce
que quand le trou d'une fistule est en - deçà du sphincter,
l'urine ne peut sortir par la fistule qu'apres etre
entrée dans l'urethre, & elle n'y entre que par les efforts
que le malade fait lorsqu'il veut uriner. Ce malade,
au contraire, sans être averti du besoin d'uriner,
& sans faire aucun effort, rendoit presque toutes
ses urines par le trou de la fistule sans en rendre
par la verge; ou s'il en rendoit, c'étoit toûjours volontairement,
& quand il etoit excité par le résidu
des urines; car le trou de la fistule étoit si petit, que
malgré l'écoulement involontaire & continuel des
urines, sa vessie se remplissoit une ou deux fois par
jour; de sorte qu'à chaque fois il rendoit un verre
d'urine & à plem canal, sur - tout lorsqu'avec le doigt
il bouchoit le trou de la fistule pres le bord de l'anus.
Sur ces observations, M. Peut jugea que le trou interne
de la fistule étant au - delà du sphincter de la
vessie, il falloit que l'incision s'étendit jusque - là; &
que l'opération faite à ce malade par les Chirurgiens
de sa province, avoit été infructueuse, parce que
le trou interne de la fistule n'avoit point été compris
dans l'incision. Pour guérir radicalement le malade,
M. Petit, apres avoir fait l'incision comme
nous l'avons décrite, la continua en coulant son bistouri
le long de la cannelure de la sonde, & la porta
jnsqu'au - delà du col de la vessie, pour fendre le sinus
fistuleux dans toute son étendue: il mit une cannule,
& réussit comme il l'avoit solidement conçû, à guérir
le malade. Cette observation est insérée dans le
1er volume des Mem. de l'acad. royale de Chirurgie.
A l'occasion des opérations qui conviennent au
périnée & à la vessie, indépendamment de la lythotomie,
voy.
Fistule au périnée & Rétention d'urine . (L)
Boutonniere
(Page 2:386)
Boutonniere; on donne en général ce nom à
toute piece de bois de layeterie d'environ sept pouces
de long, cinq de large, & quatre de haut.
[p. 387]
BOUTRIOT
(Page 2:387)
BOUTRIOT, est parmi les Cloutiers d'épingles une
espece de burin dont ils se servent pour faire la petite
cavité du poinçon. Voyez Poinçon, & Pl. du
Cloutier d'épingle, fig. 17. & 18.
BOUTTES
(Page 2:387)
BOUTTES, s. f. (Comm.) espece de grands tonneaux
dans lesquels on enferme en Guienne les feuilles
de tabac après qu'elles ont sué. Chaque boutte
contient environ sept quintaux de feuilles.
Boutte est aussi le nom qu'on donne à des barriques
dans lesquelles on met le caviac ou oeufs d'esturgeon
& de mouronne qui viennent de la mer Noire. La
boutte de caviac pese sept quintaux & demi. Voyez
Quintal. (G)
BOUTURE
(Page 2:387)
BOUTURE, s. f. (Jardin.) c'est une branche que
l'on coupe à certains arbres moelleux, tels que le
figuier, le saule, le coignassier, le groseiller, laquelle
reprend en terre sans racines.
Plusieurs confondent la bouture avec la marcotte
qui est bien différente, en ce que cette derniere est
une branche couchée en terre, mais qui n'est point
séparée de l'arbre qui lui donne vie, & qu'on ne sevre
que quand elle a des racines; au lieu que la bouture & le plançon sont des branches sans racines.
Voyez Marcotte. (K)
Bouture
(Page 2:387)
Bouture, terme d'Orfevre, eau préparée, lessive
faite avec du sel de tartre pour blanchir l'argent. La
coûtume qu'on a prise de blanchir l'argent au feu,
a mis cette eau presque hors d'usage.
BOUVEMENT
(Page 2:387)
BOUVEMENT, s. m. outil qui sert aux Menuisiers
pour faire les moulures sur leurs ouvrages: il ne differe
de l'espece générale des bouvets, qu'en ce que
son profil est une cimaise; du reste la maniere de se
servir de cet outil est la même. Voyez Bouvet, &
la fig. 16. Pl. II. du Menuisier, qui le représente.
BOUVET
(Page 2:387)
BOUVET, sorte de rabot, outil qui sert aux Menuisiers & aux Charpentiers à faire les rainures & les
languettes. Le bouvet qui fait les rainures s'appelle
bouvet mâle, & celui qui forme les languettes s'appelle
bouvet femelle. Le premier est représenté fig. 17.
Pl. II. du Menuisier: on voit à côté le profil d'une
rainure. L'autre représenté fig. 18. est le bouvet femelle, qui sert à faire les languettes, don> on voit le
profil à côté: on ne se sert de ces outils qu'après que
les bois sont bien dressés, & la maniere de s'en servir
est la même que celle du feuilleret. V. Feuilleret.
Bouvet
(Page 2:387)
Bouvet de deux pieces ou brisé, sorte de rabot qui
differe des autres en ce que sa joue est montée sur
deux tiges quarrées qui sont fixées perpendiculairement
sur le corps du bouvet, dont elle s'approche &
s'éloigne suivant le besoin. Cette joue s'arrête par le
moyen de deux clés. On se sert de cet outil pour faire
des rainures à différentes distances; ce qui ne se
peut avec les autres dont la joue est fixe. Voyez la
fig. 19. Pl. II. du Menuisier, qui représente un bouvet
femelle brisé.
Bouvets
(Page 2:387)
Bouvets de brisure, servent à rainer les brisures
des guichets, des croisées, & des portes.
Bouvet
(Page 2:387)
Bouvet à dêgorger, sert à dégorger les moulures.
Bouvets
(Page 2:387)
Bouvets à embrevure, servent à faire les embrevemens
des cadres.
Bouvets
(Page 2:387)
Bouvets à noix, servent à faire les noix des battans
des croisées.
Bouvets
(Page 2:387)
Bouvets à panneaux, servent à rainer le bois des
panneaux.
Bouvets
(Page 2:387)
Bouvets à planchers, servent à rainer les planches
à planchers.
BOUVIER
(Page 2:387)
* BOUVIER, s. m. (OEconom. rust.) celui qui garde
les boeufs. Il doit être robuste, vigilant, avoir la
voix forte, être attentif à donner à ses bêtes bonne
nourriture & bonne litiere, à les frotter soir & matin
avec des bouchons de paille; à leur laver la queue
avec de l'eau tiede; en un mot à en avoir tous les
soins nécessaires pour les conserver en force, en chair
& en santé. Voyez Boeuf.
Bouvier, bootes
(Page 2:387)
Bouvier, bootes, Arctophylax, en Astronomie,
est une constellation de l'hémisphere septentrional,
dont les étoiles sont au nombre de vingt - trois dans le
catalogue de Ptolomée; de vingt - huit selon Tycho - Brahé; de cinquante - deux selon Hevelius; & de
cinquante - cinq selon le catalogue de Flamsteed.
(O)
Bouvier
(Page 2:387)
Bouvier, (Hist. nat. Ornythol.) boarina Aldr.
oiseau auquel on a donné le nom de boarina ou de
boarota à Bologne, parce qu'il suit les troupeaux
de boeufs. Aldrovande ajoûte à ces noms celui de
muscicapa prima. Cet oiseau a le corps allongé de même
que le bec, qui est de couleur brune roussâtre:
le dos & la tête sont de couleur cendrée ou jaunâtre,
avec quelques teintes de couleur plombée: la gorge
& le ventre sont blanchâtres; la poitrine est parsemée
de taches noires: les ailes sont brunes, à l'exception
de la pointe des petites plumes qui recouvrent
les grandes, & des barbes extérieures des grandes
plumes qui sont blanchâtres. La queue est composée
de douze plumes: les deux du milieu sont de couleur
cendrée; les trois qui suivent de chaque côté sont
noirâtres, & ont les bords extérieurs cendrés; l'avant - derniere a de plus une tache à la pointe; cette
tache est beaucoup plus grande dans la derniere; elle
descend du côté extérieur jusqu'aux deux tiers de
la longueur de la plume, & elle s'étend au - delà du
tuyau sur les barbes intérieures dans le dessus de la
plume. Les pattes sont noirâtres: le doigt extérieur
tient au doigt du milieu à sa naissance, & les ongles
des doigts de derriere sont fort grands, comme
dans les aloüettes, & un peu courbés. Aldrovande,
Ornith. Voyez Oiseau. (I)
BOUVREUIL ou PIVOINE
(Page 2:387)
BOUVREUIL ou PIVOINE, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) rubicilla, oiseau qui a le bec noir, court, &
fort, ressemblant à celui de l'oiseau qu'on appelle
gros - bec, quoique plus petit: la base de la piece inferieure
du bec est contournée en forme de croissant,
au milieu duquel il y a une petite protubérance qui
le partage en deux segmens de cercle: la piece du
dessus déborde sur celle du dessous d'environ une demi - ligne, & la pointe devient un peu crochue lorsque
l'oiseau est avancé en âge: la langue est comme
fendue & coupée par le bout: l'iris des yeux est de
couleur de noisette: les ongles sont noirs: les pattes
sont de couleur brune mêlée de noir: le doigt extérieur
tient au doigt du milieu par la premiere phalange:la tête est grosse à proportion du corps. Il y a dans
le mâle une belle couleur rouge de mine de plomb
qui tient toute la poitrine, le dessous du bec, & le long
des mâchoires jusqu'aux yeux: le dessus de la tête
est noir: il y a aussi une bande noire qui entoure le
bec: le ventre & le croupion sont blancs: le dessus
du cou & le dos sont de couleur cendrée, très - légerement teinte de roux.
Il y a dix - huit grandes plumes dans chaque aile;
les dernieres de ces plumes sont d'un noir luisant à
leur partie supérieure, & sur - tout du côté extérieur:
la derniere a de ce même côté une tache de la même
couleur qui est sur la poitrine: les barbes extérieures
des premieres plumes sont seulement brunes, & le
bord extérieur de la premiere plume est blanc dans
la partie inférieure: dans les trois ou quatre plumes
suivantes ce même bord n'est blanc qu'à la partie supérieure
de la plume: l'extrémité des petites plumes
des ailes, qui sont les plus proches du corps & qui
recouvrent les grandes, sont de couleur cendrée; sur
les plumes intérieures cette couleur cendrée est plus
étendue que sur les extérieures: celles qui sont sur
la côte de l'aile sont de la même couleur que le dos:
la queue a deux pouces de longueur, & elle est com<pb->
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.