ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
"382">
BOUTOIR ou BOUTOI
(Page 2:382)
BOUTOIR ou BOUTOI, s. m. c'est en Vénerie,
le bout du nez des bêtes noires; on dit, ce sanglier a
le boutoi fort.
Boutoir
(Page 2:382)
Boutoir, outil de Corroyeur; c'est une espe ce
de couteau emmanché par les deux bouts, à peu
près comme la plane des Tonneliers, à l'exception
que les manches n'en sont pas recourbés. Les Corroyeurs se servent de cet instrument pour bouter les
cuirs qu'ils veulent courroyer.
Ces artisans ont deux sortes de boutoirs; l'un dont
le tranchant est émoussé, & qu'on appelle pour cette
raison un coûteau sourd; l'autre au contraire a le tranchant
fort affilé. Voyez Corroyer, & les figures 3
& 4 Planche du Corroyeur.
Boutoir
(Page 2:382)
Boutoir; les Maréchaux appellent ainsi un instrument
qui sert à parer le pié du cheval, & à en
couper la corne superflue. Il est large de quatre
doigts, & recourbé vers le manche. Voyez Parer.
Voyez la Planche du Maréchal.
BOUTON
(Page 2:382)
BOUTON, s. m. petit ouvrage composé d'un
morceau de bois plat dessous, arrondi dessus, & recouvert
en cuivre, en argent, en or, en soie ou en
poil, servant dans l'habillement à réunir deux parties
séparées, ou à en contenir deux autres l'une sur
l'autre au moyen des boutonnieres dans lesquelles
les boutons se passent. Les boutons se divisent en trois
especes; en bouton à pierre, en bouton de métal, &
en bouton tissu.
Ces derniers sont ou poil & soie à la brochette, ou
boutons de soie pure, ou boutons d'or & d'argent; enfin,
ou boutons planés.
Toutes ces différentes especes de boutons sont unies
ou façonnées; il n'y a point de difficulté pour l'uni:
c'est un tissu simple. Le bouton façonné est celui sur
lequel on exécute des desseins en soie, en or, ou en
argent; ces desseins varient au - delà de ce qu'on peut
s'imaginer; un ouvrier quelquefois ne fait pas dix
garnitures d'un même dessein. Cet art tout méchanique
qu'il est, demande donc du goût & même de
l'imagination; il est vrai que les desseins ne changent
guere que quant à la forme; le fond reste toûjours
le même. On fait des boutons à épi, à amande,
en limasse, &c. mais c'est toûjours avec du bouillon,
du luisant, des falbalas, des cordes à puits, des
roues, &c. Voyez tous ces articles.
Quant à la matiere, c'est toûjours deux files de
poil tords avec un fil de soie pour les boutons poil &
soie, unis, façonnés, ou à la brochette; de la soie
pure, pour ceux de soie. Les boutons d'or ont une
premiere couche pour ainsi dire d'une soie médiocre,
qui sert de fondement à l'or; s'ils sont rostés en
soie, ce doit être de soie de Piémont, la plus belle
de toutes celles qu'employent les Boutonniers, pour
approcher le plus qu'il est possible de l'éclat de l'or;
ensorte que le bouton d'or du moindre prix est fait
avec la meilleure soie; l'or & l'argent sont en trait
en luisant, en frisé, en cordonnet, &c.
Le bouton poil & soie uni se fait avec quatre pointes.
Voyez Pointe. On y distingue les coins, les
ondes, & la croix. Voyez ces articles & bouton poil &
soie uni.
Le bouton poil & soie à la brochette se fait sans pointes
sur une petite broche qui sert à tenir le bouton
qui y est fiché. Il n'a que des coins & une croix sans
ondes. Voyez
Bouton à la brochette, & Brochette
Tous ces boutons ayant une manoeuvre particuliere,
pour ne rien donner ici de confus, nous avons
pris chaque espece à part, & nous les avons conduites
de la premiere opération à toutes les autres dans
le rang qu'elles ont entre elles.
Bouton à amande, est un bouton d'or entouré d'un
cerceau simple ou gravé, découpé en plein. Voyez
Cerceau, & dont la tête est fermée d'un dessein
qui représente une amande, ovale, quarrée, longue
ou ronde. Il se fait comme le bouton façonné par
un premier jettage de soie, un second de cerceaux
arrêtés à l'aiguille, & enfin on forme son amande.
Voyez Amande, & on l'orne de cordelieres, de
roues, de falbalas, de corde à puits, &c. Voyez tous
ces articles. Ces ornemens se mettent à l'aiguille, &
s'attachent comme nous l'avons dit, au bouton façonné.
Voyez Bouton façonné, avec une soie de
grenade égale & cirée.
Bouton à la brochette
(Page 2:382)
Bouton à la brochette, (en terme de Boutonnier.) est un bouton fait sans pointe sur une brochette.
Voyez Brochette. Le plus difficile dans ce
bouton c'est de jetter les premiers tours sur les bords
d'un moule à surface arrondie. Les autres tours se
font de l'un à l'autre, mais sans revenir deux sois
sur le même coin; au bouton couvert de cette sorte,
le poil s'est amassé autour de la brochette en - dessous
en quatre tas ou parties que l'on embrasse ensemble
avec un fil double: on les arrête ensuite. Ces boutons
n'ont point d'onde, & doivent être cousus sur les
habits par les quatre branches que nous avons dites,
sans passer l'aiguille au milieu d'elles, ce qui romproit
des brins, & détruiroit le bouton en peu de
tems.
Bouton à cul - de - dé
(Page 2:382)
Bouton à cul - de - dé, est un bouton façonné
qui n'a point de premier jettage; on le fait en or ou
en argent filé, ou en milanoise; on jette d'abord divers
passages de plusieurs brins; chacun de ces passages
étant également distans l'un de l'autre; puis on
a une aiguille enfilée d'un pareil nombre de fils que
l'on coule sur le premier passage & sous le second,
sur le troisieme & sous le quatrieme, ainsi des
autres: ce qui fait des quarrés les uns vuides, & les
autres pleins, assez semblables aux creux & aux pleins
d'un dé, à la forme près. Ce bouton se fait sur la brochette.
Bouton d'or uni
(Page 2:382)
Bouton d'or uni, (en terme de Boutonnier.) se
fait avec les pointes ou à la brochette, selon qu'on
veut qu'il ait des ondes ou qu'il n'en ait pas. L'or peut
être en luisant, en frisé, en trait, en guipé, en cordonnet,
&c. Voyez ces mots à leur article. Alors les
boutons sont glacés ou guipés, &c. Les opérations
dans toutes ces sortes de boutons sont les mêmes que
dans les boutons unis poil & soie, aux pointes ou à
la brochette. Voyez ces mots; excepté que les coins
sont toûjours de fil dans les boutons de trait glacé.
Voyez Coins; parce que l'aiguille romproit ce trait,
s'il n'y avoit pas des endroits pour la ficher; & que
ces boutons sont plus difficiles à faire que ceux de
poil & soie; parce que dans ceux - ci on ne mene
qu'un brin à la fois, & que dans ceux - là on en mene
plusieurs, qu'il faut prendre garde de ne point mettre
l'un sur l'autre.
Bouton d'or façonné
(Page 2:382)
Bouton d'or façonné, se dit d'un bouton sur
lequel on a exécuté un dessein, & que l'on a décoré
de divers ornemens. Soit que les boutons soient à
amandes, à épi, à limasse, &c. Voyez ces articles. On
commence par les jetter en soie à plusieurs brins qui
servent d'assiette aux cerceaux, s'il y en a, & de
prise à l'aiguille s'ils sont rosttés ou enjolivés. Voyez
Cerceaux & Roster. Ce jettage achevé, on fait
celui des cerceaux, ou on applique les ornemens:
dans le premier cas, on arrête les cerceaux avec du
trait ou de la soie en les tournant diversement autour
du bouton, de maniere que ces tours l'embrassent
avec grace. On le rostte en soie ou or, & on le bouillonne,
pour les finir. Voyez Bouillonner. Dans le
second cas, on place les pieces de rapport qu'on y
destine, en formant tel ou tel dessein avec l'aiguille
& une soie de grenade unie, égale, & cirée, qui les
attache par le premier jettage. Ce premier jettage
est la base & le fondement des opérations pour tou<pb->
[p. 383]
tes les especes de boutons façonnés. Nous le disons ici
pour ne plus le répéter. Voyez Jettage.
Bouton à épi
(Page 2:383)
Bouton à épi, est un bouton façonné roulé après
le premier jettage, (Voyez Rouler) d'or en trait,
en cordonnet, en luisant, & couvert d'un cerceau;
ensuite on jette de haut en bas autant de cotes de soie
que l'on veut faire d'épis. Voyez Épi. Ces cotes servent
à donner prise à l'aiguille qui ne pourroit se ficher
dans le cerceau; on pose ses épis, on roste, &
on enjolive le bouton de falbalas, roues, &c. Voyez
ces mots.
Bouton à garde d'Épée
(Page 2:383)
Bouton à garde d'Épée, est un bouton uni en
or ou argent, qui ne differe des autres que par ses ondes
qui sont beaucoup plus hautes que les ordinaires;
il se fait aux pointes, & s'il est de trait, ce trait doit
être du n°. 17. pour pouvoir être retordu avant d'être
employé. Voyez
Pointe, & Bouton poil et soie uni . On fait les ondes plus hautes en multipliant
les passages sur le même sens. Voyez Onde.
Bouton à Limasse
(Page 2:383)
Bouton à Limasse, est un bouton façonné qui
ne differe des autres que parce qu'il est entouré de
plusieurs croix de soie luisante, & d'autres en rostage,
qui l'embrassent dans toute sa hauteur, & descendent
de haut en bas, en tournant autour de lui;
ce qui donne à ces croix ou pans une forme approchante
de celle de la coquille d'un limaçon. Ces sortes
de boutons sont rarement enjolivés.
Bouton poil et soie uni
(Page 2:383)
Bouton poil et soie uni, (en terme de Boutonnier.) c'est un moule de bois couvert d'un fil composé
de poil de chevre & de soie, deux tiers du premier,
& un de l'autre: c'est au maître à faire ce mêlange;
il l'exécute au roüet. Voyez Rouet. Il devide
ensuite sa matiere sur une bobine, & la donne en cet
état à l'ouvrier qui pose la bobine sur un rochet.
Voyez Rochet. Il plante quatre pointes sur le moule
en croix, en gardan: des distances égales autant
qu'il est possible; il fait sur chaque pointe cinq ou
six tours, en allant de l'une à l'autre pour former les
coins. Voyez Coins. Il ôte ses pointes, prend une
aiguille enfilée de gros fil, la fiche en - dessous dans les
tours faits; fait un tour sur un coin, plie son poil sur
le fil de son aiguille, retourne sur le même coin, y
arrête son poil en le pliant comme ci - dessus, & gagne
un autre coin où il fait encore deux tours; ainsi
du reste jusqu'à la croix. Voyez Croix. Il arrête le
pié du bouton avec le fil de son aiguille, & donne son
ouvrage en cet état à un autre ouvrier qui l'arrête:
arrêter, c'est faire un point en croix sur les tours qui
terminent le bouton. On se sert pour cet effet de l'aiguille,
& d'un fil pareil à celui du bouton.
Les Boutons
(Page 2:383)
Les Boutons à pierre ne sont autre chose que
des cailloux, des pierres ou des crystaux, auxquels le
Lapidaire a donné la forme de bouton, & qui reçoivent
du Metteur - en - oeuvre, une monture propre à
l'usage du bouton.
Les Boutons
(Page 2:383)
Les Boutons en argent, or, & cuivre, ne sont
autre chose que des feuilles minces & rondes de ces
métaux; auxquelles on donne la forme de boutons,
par le moyen de tas, où l'on a pratiqué à l'aide du
poinçon, des concavités dans lesquelles les feuilles
étant frappées, elles prennent non - seulement la figure
convexe, mais encore cette figure sur tous les
ornemens qu'on a pratiqués en creux dans le tas.
Bouton
(Page 2:383)
Bouton plané, (en terme de Boutonnier) est un
bouton d'un métal quelconque, en plein, monté sur
un moule, & le reste du vuide rempli d'une espece
de ciment. La matiere de ces boutons est tantôt du
plomb, tantôt de l'étain argenté, tantôt du cuivre
& de l'argent, & plus rarement de l'or. Les Boutonniers prennent les trois derniers métaux; l'un chez
le Fondeur, & les autres chez l'Orfévre. Quant au
plomb ou à l'étain argenté, ils fondent l'un & l'autre
& argentent le dernier chez eux. Leur moule est
un morceau de fonte de la forme qu'il a plû de lui
donner, gravé d'un trou de la profondeur que doit
avoir la calotte. On jette la matiere fondue dans un
moule; on le penche aussi - tôt de côté pour verser la
matiere qui remplit la calotte: elle tombe, & ne laissant
que celle qui s'est d'abord figée aux parois du
moule, il vient une calotte creuse. Le cuivre, l'argent
& l'or en rubans, sont coupés à l'emporte - piece
F E, G H, en ronds C C C, D D, Pl. du Boutonnier
en métal, de différentes grandeurs. Alors on emboutit
tous ces métaux dans un tas uni M N, ou gravé
en creux, en frappant sur des bouterolles. Voyez bouterolles
& la fig. 1. On coupe le plus gros autour avec
des ciseaux. On passe la corde à boyau dans les moules
en commençant d'abord par un trou, & allant de
l'un à l'autre jusqu'au quatrieme; ce qui forme deux
tours sur le bouton. On fait les deux autres en passant
par les mêmes trous & remplissant les espaces
vuides. On fait fondre le mastic pilé dans les calottes,
exposées sur le feu dans une platine de fer à
bord, d'un demi pouce de haut, & remplie de sablon
à une certaine épaisseur, qui sert à entretenir la
chaleur & à empêcher que les calottes ne fondent.
Voyez fig. 2. Le mastic fondu, on y met le moule.
Voyez Moule. On sertit les calottes autour du moule
sur un tour, & avec des brunissoires; enfin on rabat
la calotte avec une langue de serpent tranchante,
en coupant l'extrémité en biseau, & l'appliquant le
plus près du moule qu'il se peut. On polit pour derniere
façon les boutons, de quelque métal qu'ils
soient, & on les attache par douzaines sur un petit
carton quarré.
Bouton
(Page 2:383)
* Bouton, (Moule de) (Arts méchaniques.) Le
travail des moules de bouton est un très - petit art, dont
voici la description. Les moules de bouton sont assez
ordinairement de bois de chêne. Il faut se procurer
des bûches de ce bois de six à sept pouces en quarré.
On prend ces bûches, on a une espece d'étau de bois,
entre les mâchoires duquel on les place, les unes
après les autres, comme on en voit une en a. Deux
ouvriers ou scieurs, tels qu'ils sont représentés, Pl.
du faiseur de moules à bouton, figure 1. & 2, coupent
avec une scie, la buche a en tranches, de l'épaisseur
de 4, 5, 6, 7 lignes. Ces tranches passent entre les
mains d'un ouvrier assis sur une espece de chevalet,
jambe de - çà, jambe de - là, & ayant devant lui le
moule perçoir monté sur une poulie, & posé par ses
deux extrémités sur deux appuis, qui servent de collets.
Une corde passe sur cette poulie & va se rendre
sur une grande roue; deux ouvriers ou tourneurs
font mouvoir la roue; & par conséquent la poulie &
le mouie perçoir qui la traverse, & qui lui sert d'axe.
C'est ce qu'on voit fig. 3. 4. 5. Le moule perçoir, fig.
9. est composé de deux parties, d'un manche & d'un
fer. Le corps du manche a n'a rien de particulier;
c'est une boîte à foret oblongue sur laquelle une corde
peut se rouler. La tête ou partie supérieure est faite
de deux petits tenons sépares par une fente, dont les
faces sont inclinées l'une vers l'autre; ensorte que
l'ouverture de la fente est plus étroite en bas qu'en
haut: le fer a la même inclinaison, par laquelle il s'insere,
s'applique, & se fixe entre les faces des tenons,
comme on l'y voit en 1, 2, 3. L'extrémité du fer est
terminée par cinq pointes: celle du milieu est la plus
longue; elle sert à percer le moule de bouton au centre: les deux parties voisines de celle du milieu tracent
des moulures à sa surface. Les deux des extrémités
forment les bords du moule & l'enlevent de la
tranche de bois: toutes ces pointes qui sont encore
tranchantes par leurs bords, & qui forment la concavité
d'un are de cercle sur le fer, ne peuvent tourner
sur elles - mêmes, sans donner au morceau de bois
qu'on leur applique, une figure convexe.
L'ouvrier représenté, fig. 5. applique une tranche
de bois au moule perçoir, & la met successivement
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.