ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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TANNE (Page 15:887)

TANNE, s. f. (Physiolog.) Les tannes sont l'humeur sébacée de la sueur & de la transpiration retenue dans ses petits canaux excrétoires.

La portion qui couvre le bout du nez, des aîles du nez & du menton, &c. est chargée d'un grand nombre de follicules sébacées qui produisent une secrétion d'un liquide huileux, lequel demeure arrêté dans les petits canaux excrétoires par une transpiration retenue, à cause du défaut de chaleur qui la rend moins abondante dans cette partie. Cette humeur arrêtée s'épaissit & se durcit dans les follicules, d'où on la fait sortir en forme de petits vers par l'expression, & avec une épingle.

Les tannes ne sont donc autre chose qu'une humeur blanchâtre, huileuse & terreuse de la sueur retenue dans les follicules sébacées du menton, du bout du nez, qui forme comme des mailles, tandis que la matiere qui leur servoit de véhicule s'évapore par la chaleur & la transpiration. Cette matiere remplit peu - à - peu ces follicules ou mailles; alors il en regorge une partie par les petits trous excrétoires qui sont sur la peau.

Comme cette matiere est tenace & gluante, elle retient la crasse & la poudre qui vole sur le visage; & quoiqu'on l'essuie souvent, non - seulement on n'emporte pas la crasse qui s'est placée sur les extrémités des tannes qui sont dans les enfoncemens de ces trous; mais au contraire le linge qui essuie le visage, la ramasse & la presse dans ces creux, où elle reste & produit ces petits points noirs, qui paroissent dans les pores de presque tous les nez, & qui forme le petit bout noir de la tanne quand on la fait sortir de son trou, en la pinçant d'une certaine façon.

Voilà ce qui persuade les personnes peu instruites, que les tannes sont des vers qui s'engendrent dans la peau, & que ce petit point en est la tête, au lieu que c'est un petit peloton de l'humeur sébacée & [p. 888] dessechée dans les réseaux de la peau, dont la petite extrémité qui regarde le jour, est sale & crasseuse par la poudre qui sans cesse vole dessus, & en est retenue par la matiere gluante de la tanne même. Il doit paroître plus de tannes sur le nez & sur le menton qu'aux autres endroits du visage, à cause de leur plus grand nombre de follicules sébacées.

C'est donc sans fondement qu'on a pris les tannes pour des vers, mais je crois plus, c'est que très souvent on s'est trompé, quand on a cru, par des incisions, avoir tiré des vers du nez, des sourcils & des différentes parties du visage. En effet, sans vouloir nier qu'effectivement il se trouve quelquefois des vers dans le nez, dans les sourcils & dans d'autres parties extérieures du corps humain, il est constant qu'on se fait très - souvent illusion sur cet article, & que ce que l'on prend pour des vers, n'est communément que du pus épaissi. Lorsqu'un bouton a suppuré sans qu'on en ait fait sortir la matiere, elle s'y fige, & devient de la consistance d'une pâte. Le bouton reste ouvert, & le pus qui le remplit paroît sur cette ouverture comme une tache brune, parce que l'air en a séché & durci le dessus; c'est cette tache que l'on prend pour la tête d'un ver, il faut le faire sortir. On presse le bouton; le pus en sortant par l'ouverture du bouton, prend une forme cylindrique, c'est le ver qui sort la tête la premiere. La pression n'étant pas de tous côtés égale, ce pus ne sort pas par - tout en égale quantité, cela fait qu'il se recoquille en divers sens, & voilà le ver qui sort vivant, & qui fait des contorsions. En faut - il davantage pour établir une opinion populaire? On n'auroit cependant qu'à toucher ce prétendu ver, pour se convaincre qu'il n'étoit rien moins que ce qu'on le croyoit, & c'est ce dont on ne s'avise pas.

Mais les dames seront plus curieuses d'un bon remede contre les tannes, que de toute notre physiologie, il faut bien les satisfaire. Le fiel de boeuf dégagé de sa partie terreuse & grasse, de la maniere que M. Homberg l'enseigne dans les Mém. de l'acad. des Sciences, année 1709. p. 360. sora ce remede qu'il convient d'employer de la maniere suivante.

Prenez une drachme & demie de la liqueur rouge & clarisiée du fiel de boeuf, après qu'elle aura été deux ou trois mois exposée au soleil en été, & autant d'huile de tartre par défaillance; ajoutez - y une once d'eau de riviere; mêlez - les bien ensemble, & tenez - les dans une phiole bien bouchée; il ne faut pas faire beaucoup de ce mélange à - la - fois, parce qu'il ne se conserve pas long - tems. Pour s'en servir, l'on mouille un doigt dans ce mélange, on en tappe l'endroit où sont les tannes, on le laisse sécher, & on en remet; l'on fait cela sept à huit fois par jour, jusqu'à ce que l'endroit étant sec, commence à devenir rouge, alors on cesse d'en mettre; on sentira une très - légere cuisson, ou plutôt une espece de chatouillement, & la peau se fera un peu farineuse pendant un jour ou deux; la farine étant tombée, les tannes seront effacées pendant cinq ou six mois de tems; ensuite il faudra recommencer le même remede: si après sa premiere application, c'est - à - dire, la farine étant tombée, les tannes n'étoient pas tout - à - fait effacées, il en faudroit appliquer deux fois de suite.

Ce remede du fiel de boeuf étant une espece de lessive, elle entre peu - à - peu dans les pores, où elle détrempe & dissout entierement la tanne. Et comme dans cet état la tanne occupe beaucoup plus de place qu'elle ne faisoit auparavant, la plus grande partie de sa substance sort de son creux, & s'en va en farine; il faut un tems assez considérable pour remplir de nouveau ces creux. (Le chevalier de Jaucourt.)

Tannes (Page 15:888)

Tannes, s. f. pl. (Mégiss.) petites marques qui restent sur les peaux des bêtes fauves, même apprêtées: ce sont les marques des insectes qui les ont piquées. (D. J.)

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