ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Les laboureurs & les saulniers connoissent quatre especes de tangue; ils nomment la premiere la tangue legere; elle est de couleur de gris - blanc ou cendrée claire, & la vivacité du soleil en rend la superficie toute blanche; il y a tangue usée, que ces ouvriers rejettent après qu'ils en ont deux ou trois fois tiré le sel.

La tangue legere est celle que l'on ramasse sur la superficie des marais salans, & sur les terres voisines des embouchures des rivieres où la marée l'apporte facilement à cause de sa légereté; cette espece de sable est fort impregnée de la qualité du sel marin, on le ramasse avec un rateau formé du chanteau du fond d'un tonneau; plus le soleil est vif, plus cette tangue a de qualité, parce qu'elle est plus chargée de sel; ceux qui la ramassent n'en enlevent souvent que l'épaisseur au - plus de deux lignes; c'est cette espace de sable que les saumiers recueillent pour la formation du sel au feu, & celle que prennent les laboureurs éloignés du bord de la mer pour échauffer leurs terres; cette tangue étant par sa légereté plus facile à transporter. On la trouve quelquefois à plusieurs lieues de la côte.

On ramasse la tangue ordinairement en hiver, tems où l'on n'est point occupé à la culture de la terre, ni à leurs récoltes, & où les sauniers la négligent; ils préférent pour ce travail les chaleurs de l'été.

La deuxieme espece de tangue se nomme par les riverains tangue forte; elle est poussée, de même que la premiere, par la marée, vers la côte où elle se repose, & souvent s'augmente de maniere qu'il s'y en trouve de l'épaisseur de 15 à 18 pouces; cette tangue se pourrit en quelque maniere; elle devient alors d'une couleur de noir d'ardoise, elle n'est d'aucun usage pour les sauneries, elle ne sert qu'aux riverains bordiers voisins de la mer; elle est trop lourde pour être emportée loin comme la tangue legere; elle n'a pas aussi tant de qualité, mais on y supplée par la quantité qu'on en met sur les terres, les laboureurs la font ramasser en tout tems; on la tire avec la bêche, comme on fait la terre forte, & ceux qui en ont besoin l'enlevent avec des charrois, ou sur des chevaux.

La troisieme espece de tangue est celle qui provient des tangues légeres qui ont déja servi à l'usage des sauniers, & dont ils font pendant les chaleurs de l'été des amas ou meulons autour de leurs sauneries; & lorsqu'ils en ont tiré, autant qu'il leur est possible, le sel, ils la transportent durant les chaleurs sur le fond de leurs marais salans qu'ils labourent; ils y passent ensuite la herse, & unissent cette terre sablonneuse avec un instrument, qu'ils nomment haveau, ce qu'ils font peu de tems avant les pleines mers des grandes marées qui couvrent alors leurs marais.

Cette culture échauffe le sol, & rend cette tangue plus propre à s'imbiber de nouveau du sel marin; les sauniers ramassent ensuite la tangue, l'ardeur du soleil la fait blanchir, & la rapportent autour de leurs sauneries pour en faire un nouvel usage.

La derniere espece de tangue est la tangue usée; c'est celle que les sauniers avoient ramassée sur le terrain de leurs salines qu'ils avoient cultivé & dont ils ont tiré une seconde fois le sel; ces ouvriers après ce second usage rebutent ordinairement cette tangue, comme moins propre à reprendre de nouveau la qualité du sel; les riverains la viennent enlever, comme on fait la tangue forte, & s'en servent de même pour la culture de leurs terres; il reste à cette derniere assez de qualité pour l'usage des labours, & d'ailleurs elle est beaucoup moins lourde que la tangue forte, & se peut enlever plus loin.

Il ne se fait aucun commerce de la tangue, parce que ce sont ceux qui en ont besoin qui la viennent eux - mêmes enlever pour la transporter sur les terres; cette sorte d'engrais est libre comme le sable marin, & le varechs de flot que la marée rejette journellement à la côte, & qui appartient aux premiers qui le ramassent, soit qu'ils soient du territoire où ces engrais se prennent ou des paroisses éloignées qui n'ont pas droit de faire la coupe & la recolte du varech vif, croissant sur les côtes des paroisses maritimes, aux habitans desquelles ces herbes appartiennent exclusivement.

Quelques seigneurs riverains prétendent cependant avoir le droit exclusif de vendre cette tangue, poussée par la mer le long des côtes de leurs territoires, ce qui ne peut se soutenir sans titres de la qualité prescrite par l'ordonnance.

Quelquefois aussi les riverains pour s'exempter de la peine de ramasser la tangue, achetent celle que les sauniers ont recueillie pour avancer leur travail, & ne point perdre leur tems à ramasser la tangue, dont ils ont besoin pour la culture de leurs terres.

TANGUER (Page 15:886)

TANGUER, v. n. (Gramm.) c'est balancer de poupe à proue. Voyez Tangage.

TANGUEURS ou GABARIERS (Page 15:886)

TANGUEURS ou GABARIERS, s. m. pl. (Marine.) ce sont des porte - faix, qui servent à charger & à décharger les grands bâtimens.

TANGUT (Page 15:886)

TANGUT, (Géog. mod.) royaume d'Asie, dans la Tartarie chinoise. Il est borné au nord par les états du grand chan des Calmoucks, au midi par la province d'Ava, au levant par la Chine, & au couchant par les états du Mogol. On le divise en deux parties, dont la septentrionale est appellée le Tibet, & la méridionale le Tangut propre. C'est le patrimoine du dalaï - lama qui est le souverain pontife de tous les Tartares payens; mais il ne se mêle que du spirituel: le contaisch, grand chan des Calmoucks, gere le temporel. Le dalaï - lama habite un couvent qui est sur le sommet d'une haute montagne, dont le pié est occupé par plusieurs centaines de prêtres de sa secte. Le royaume de Tangut s'étend depuis le 94 jusqu'à 100 degré de longit. & depuis le 30 deg. jusqu'au 35 de latit. (D. J.)

Tangut (Page 15:886)

Tangut, (Géog. mod.) ville du Turquestan, que les Arabes appellent Tanghikunt; elle est fort proche de la ville d'Illock, au - delà des fleuves Gihon & Sihon. Long. selon Abulfeda, 91. lat. septent. 43.

TANHÉTANHÉ (Page 15:886)

TANHÉTANHÉ, s. m. (Hist. nat. Bot.) plante de l'île de Madagascar; elle est très - astringente: on s'en sert pour arrêter le sang des plaies.

TANI (Page 15:886)

TANI, s. m. (Hist. nat. Bot. exot.) espece de prunier des Indes orientales, qui porte un fruit en forme de poire, de la grosseur d'une bonne prune, dont la pulpe est verte, succulente, insipide & pleine de suc. Cette prune est couverte d'une peau unie, rouge & luisante; elle contient un noyau oblong, dans lequel il y a une amande blanche, agréable au goût, & assez semblable à celle de l'aveline. (D. J.)

Tani (Page 15:886)

Tani, terme de Commerce, c'est la meilleure des deux especes de soie crue que les Européens tirent du Bengale; l'autre s'apelle monta, qui n'est proprement que le fleuret.

TANJA ou TANJOU (Page 15:886)

TANJA ou TANJOU, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom que les anciens turcs ou tartares donnoient à leurs souverains, avant que de sortir de la Tartarie pour faire des conquêtes en Asie.

TANJAOR, royaume de (Page 15:886)

TANJAOR, royaume de, (Géog. mod.) ou TANJAOUR, petit royaume des Indes sur la côte de Coromandel. Il est borné au nord par celui de Gingi, au midi par le Marava, au levant par le royaume de Maduré. C'est le meilleur pays de toute l'Inde méridionale: le fleuve Caveri l'arrose & le fertilise. Les principaux lieux de la côte sont Tranquebar, qui appartient aux Danois, & Négapatan aux Hollandois. Le chef - lieu dans les terres, est Tanjaor capitale. (D. J.)

Tanjaor (Page 15:886)

Tanjaor, (Géog. mod.) ou Tanjour, ville de [p. 887] l'Inde méridionale, capitale du royaume de même nom, sur la côte de Coromandel, au bord d'un bras du fleuve Caveri: c'est la résidence d'un roi du pays. Long. suivant le P. Boucher jésuite, 96. 33. latit. 11. 27.

TANJEBS (Page 15:887)

TANJEBS, s. m. terme de Commerce, on appelle ainsi certaines mousselines, ou toiles de coton doubles, cependant un peu claires, qui viennent des Indes orientales, particulierement de Bengale. Les unes sont brodées de sil de coton, & les autres unies; les brodées ont seize aunes à la piece, sur trois quarts de large; & les unies seize aunes de long, sur sept à huit de large. Diction. de Comm. (D. J.)

TANIERE (Page 15:887)

TANIERE, s. f. (Gramm.) retraite des bêtes sauvages. C'est ou le fond d'un rocher, ou quelque cavité souterraine, ou le touffu d'une forêt. On dit la taniere d'un renard, d'un ours, d'un lion. Il se prend aussi quelquefois au figuré, & l'on appelle taniere, la demeure d'un homme vorace, solitaire & méchant.

TANIS (Page 15:887)

TANIS, (Géogr. anc.) ville de la basse Egypte, située près de la seconde embouchure, ou du second bras du Nil, qui en fut appellé bouche Tanitique, Taniticum ostium.

La fameuse Tanis qui étoit, suivant les itinéraires, à 44 milles de Péruse vers l'occident, & sur un canal qui portoit son nom, subsiste encore aujourd'hui auprès de la même embouchure. Les Portulans qui la placent 60 milles marins à l'orient de Damiette, la nomment la bouche de Tennès ou Ténexe. Edrissi fait mention dans sa géographie, de la ville & du lac de Tinnis, qui a 30 milles de longueur d'orient en occident, & qui communique à un autre lac qui s'étend jusqu'auprès de Damiette. Le P. Sicard parle de ces deux lacs, & leur donne 66 milles pas de l'est à l'ouest. Ils commencent au château de Tiné, & s'étendent jusqu'à Damiette, étant joints en cet endroit au bras du Nil, par un canal de 1500 pas: l'eau en est jaunâtre; ils sont très - poissonneux, & contiennent plusieurs îles, entre lesquelles est celle de Tanah, où il y a un ancien siege épiscopal, qui a toujours subsisté sous les Mahométans: Elmacin en fait mention à l'année 939 de J. C. Les Arabes fonderent, l'année même de la conquête de l'Egypte, une seconde ville de Tanis, dans une autre île de ce lac, où il y avoit quelques anciennes ruines. Cette nouvelle Tanis est devenue dans la suite assez considérable pour avoir une chronique particuliere, sous le titre de tarickh Tinnis.

La ville de Tanis est une des plus anciennes de l'Egypte: car sans vouloir rien conclure de ce qu'il en étoit parlé dans l'histoire fabuleuse d'Isis & d'Osiris, tradition qui prouve cependant l'idée qu'on avoit de son antiquité; je me contenterai d'observer que dans le livre des Nombres, il est dit en parlant de la ville d'Hébron, déjà florissante au tems d'Abraham, que sa fondation précédoit de sept ans celle de Tzoan: les septante, qui ont fait leur traduction en Egypte, rendent ce nom par celui de Tanis.

Cette ville subsiste donc depuis près de 4000 ans; & elle est encore sur le bord de la mer. Le lac dans lequel est la ville de Tanis, n'est séparé de la mer que par une langue de sable de trois milles de largeur. Il faut conclure de - là que cette partie de la côte d'Egyte n'a reçu aucun changement. Si cette côte s'avançoit sans cesse dans la mer, comme on le suppose, ce progrès, quelque lent qu'il fût, auroit éloigné la mer de la ville de Tanis, pendant cette durée de 4000 ans; & cette ville se trouveroit aujourd'hui à une assez grande distance en - deçà de la mer. Mém. des Inscrip. tome XVI. p. 369. (D. J.)

TANISTRIE (Page 15:887)

TANISTRIE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) ou loi tanistria, ainsi appellée de tanistri, terme anglois qui signifie héritier présomptif, étoit une loi municipale d'Angleterre qui déferoit les biens du défunt à son parent le plus âgé & le plus capable de gouverner les biens, sans avoir égard à la proximité du degré. C'étoit proprement la loi du plus fort: ce qui causoit souvent de sanglantes guerres dans les familles. C'est pourquoi cette loi fut abolie sous le regne de Jacques premier, roi d'Angleterre, & sixieme roi d'Ecosse de ce nom. Voyez Larrey. (A)

TANITICUMOSTIUM (Page 15:887)

TANITICUMOSTIUM, (Géog. anc.) nom que Strabon, l. XVII. p. 802. donne à la sixieme embouchure du Nil, & qui, à ce qu'il dit, étoit appellée par quelques - uns staiticum ostium. Hérodote, l. II. c. xvij. dit que l'eau de cette embouchure venoit du canal, ou de la riviere Sébennytique; mais Ptolomée, l. IV. c. v. fait une autre disposition des bouches du Nil, & cette disposition s'accorde avec ce que disent Diodore de Sicile, Strabon & Pline. Il ne fait pas venir l'eau de la bouche tanitique, du canal sebennitique, mais du canal bubastique ou pélusiaque. Le taniticum ostium étoit la sixieme embouchure du Nil, en comptant ses embouchures d'occident en orient; mais elle étoit la seconde, en comptant d'orient en occident. (D. J.)

TANITICUS NOMUS (Page 15:887)

TANITICUS NOMUS, (Géog. anc.) ou TANITES, la Tanitide, préfecture de la basse Egypte, le long de la branche du Nil, appellée taniticum ostium, bouche tanitique. Sa métropole étoit Tanis. (D. J.)

TANNAIM (Page 15:887)

TANNAIM, s. m. (Hist. des Juifs.) nom ancien des savans Juifs qui enseignerent dans les synagogues jusqu'au tems de la Misna, la loi orale ou la doctrine des traditions. Le mot Tannaïm est un dérivé de tanah qui signifie en chaldéen donné par tradition; & il revient au mot hébreu shanah, d'où est tiré celui de misna, ce livre si célebre parmi les Juifs, & qui n'est composé que de la tradition de leurs docteurs. Voyez Misna. (D. J.)

TANNE (Page 15:887)

TANNE, s. f. (Physiolog.) Les tannes sont l'humeur sébacée de la sueur & de la transpiration retenue dans ses petits canaux excrétoires.

La portion qui couvre le bout du nez, des aîles du nez & du menton, &c. est chargée d'un grand nombre de follicules sébacées qui produisent une secrétion d'un liquide huileux, lequel demeure arrêté dans les petits canaux excrétoires par une transpiration retenue, à cause du défaut de chaleur qui la rend moins abondante dans cette partie. Cette humeur arrêtée s'épaissit & se durcit dans les follicules, d'où on la fait sortir en forme de petits vers par l'expression, & avec une épingle.

Les tannes ne sont donc autre chose qu'une humeur blanchâtre, huileuse & terreuse de la sueur retenue dans les follicules sébacées du menton, du bout du nez, qui forme comme des mailles, tandis que la matiere qui leur servoit de véhicule s'évapore par la chaleur & la transpiration. Cette matiere remplit peu - à - peu ces follicules ou mailles; alors il en regorge une partie par les petits trous excrétoires qui sont sur la peau.

Comme cette matiere est tenace & gluante, elle retient la crasse & la poudre qui vole sur le visage; & quoiqu'on l'essuie souvent, non - seulement on n'emporte pas la crasse qui s'est placée sur les extrémités des tannes qui sont dans les enfoncemens de ces trous; mais au contraire le linge qui essuie le visage, la ramasse & la presse dans ces creux, où elle reste & produit ces petits points noirs, qui paroissent dans les pores de presque tous les nez, & qui forme le petit bout noir de la tanne quand on la fait sortir de son trou, en la pinçant d'une certaine façon.

Voilà ce qui persuade les personnes peu instruites, que les tannes sont des vers qui s'engendrent dans la peau, & que ce petit point en est la tête, au lieu que c'est un petit peloton de l'humeur sébacée &

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