ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"694"> dans son camp ou dans la marche, avant qu'elle ait pris aucunne précaution pour se défendre; on surprend les quartiers & les villes, quand on s'y introduit secretement, ou qu'on cherche à les forcer par une attaque brusque & imprévue.

Ce qui peut faire réussir les surprises, c'est le secret, & l'art de se conduire de maniere qu'on ne donne aucun soupçon à l'ennemi.

Si l'on considere toutes les regles & les préceptes que prescrit la science militaire pour se garantir des surprises, il paroîtra que rien ne doit être plus difficile que la réussite de ces sortes d'entreprises. Mais si l'on fait attention que les hommes se négligent souvent sur les devoirs les plus essentiels de leur état; que tous n'ont pas une assez grande étendue d'esprit pour prévoir tout ce qui peut arriver, & le prévenir; on verra bientôt que les surprises conduites avec art & intelligence peuvent réussir dans bien des circonstances, surtout vis - à - vis des généraux bornés ou présomptueux.

Nous avons déja remarqué que les ruses & les surprises doivent être la ressource des foibles. Voyez Ruses militaires. C'est par - là qu'ils peuvent se soutenir devant les plus puissans, & leur faire perdre l'avantage de leur supériorité.

Comme cette partie de la guerre dépend absolument de l'esprit & du génie du général; qu'elle est le fruit de l'étude & de la réflexion, & que la routine n'apprend rien sur ce sujet; il arrive que les surprises sont plus rares qu'elles ne l'étoient autrefois. Il faut que le général imagine lui - même les différens pieges qu'il veut tendre à son ennemi, & cela relativement aux connoissances qu'il a de son caractere, de sa science, du pays qu'il occupe, & de la maniere dont il fait observer le service militaire. C'est à quoi Annibal donnoit la plus grande attention. Il changeoit sa maniere de faire la guerre, suivant les généraux qui lui étoient opposés, & c'est par cette conduite que ce redoutable ennemi des Romains leur fit éprouver tant de défaites.

Si l'on se trouve opposé à un général qui se croit supérieur en tout à son ennemi, & qui se persuade qu'on le craint, il faut pour le surprendre, l'entretenir dans cette idée, se retrancher avec soin lorsqu'il est à portée, affecter d'éviter avec grande attention toutes les occasions de se commettre avec lui; & lors qu'on s'apperçoit qu'il se conduit relativement à l'idée qu'il croit qu'on a de ses forces & de ses talens, qu'il commence à se relâcher sur l'exactitude du service, il n'est pas bien difficile de lui tendre les piéges pour tomber sur lui, & l'attaquer dans le moment même qu'il pense qu'on n'a dessein que de l'éviter.

Comme les ruses & les moyens qu'il faut employer pour surprendre l'ennemi, doivent varier à l'infini, suivant les circonstances qui peuvent y donner lieu; il est difficile d'entrer dans aucun détail raisonné sur ce sujet. Nous observerons seulement que le secret de se garantir des surprises n'est pas impossible, & que la meilleure précaution qu'on puisse prendre à cet égard, consiste à avoir des espions sûrs & fideles, là portée de pénétrer les secrets de l'ennemi, & d'être informés de tous ses desseins. Mais il ne faut pas que la confiance que l'on a dans les espions fasse négliger les autres moyens qui peuvent mettre à l'abri des surprises; parce qu'il peut arriver qu'un espion étant découvert, soit obligé de donner des faux avis, comme le prince d'Orange obligea celui de M. de Luxembourg, qui étoit dans son secrétariat, d'écrire à ce général, ce qui manqua de le faire battre à Steinkerque. C'est pourquoi indépendamment des avis que donnent les espions, il faut éclairer toutes les démarches du général ennemi par des partis commandés par des officiers habiles & intelligens, qui puissent rendre compte de tout ce qui entre & qui sort de son camp.

M. le chevalier de Folard prétend, dans son commentaire sur Polybe, que les événemens de la guerre ne sont pas au - dessus de la prévoyance d'un chef habile & expérimenté; & que quand ils ne seroient pas tous prévus, on peut au - moins les rendre vains & inutiles par une défiance: non, dit - il, de celles qui sont assez ordinaires aux esprits trop fins, qui la poussent trop loin, mais de celles qui se bornent aux précautions que la guerre nous enseigne, qui sont de la compétence de tout le monde, & qu'on peut apprendre avant même qu'on ait dormi à l'air d'un camp.

Tous les cas différens qui peuvent arriver à la guerre, quelques singuliers & extraordinaires qu'ils puissent être, sont arrivés; & par conséquent doivent nous être connus, autant par notre propre expérience, que par l'étude de l'histoire qui nous les représente.

Tout ce qui arrive aujourd'hui est arrivé il y a un siecle ou deux; il y en a dix si l'on veut. Tous les stratagèmes de guerre qui se trouvent dans Frontin, dans Polyen, dans une infinité d'historiens anciens & modernes, ont été imités par mille généraux. Ceux de l'Ecriture - sainte, qui en contient un grand nombre de très - remarquables, ont trouvé des imitateurs. Tout est dit, tout est fait: c'est une circulation d'événemens toujours semblables, sinon dans toutes les circonstances, du - moins dans le fond.

Les anciens convenoient qu'ils n'avoient pas besoin de recourir aux oracles pour prévoir les événemens de la guerre, ou pour les faire naître. Un général profond dans la science des armes, & d'ailleurs instruit à fond des desseins primitifs de son ennemi, de la nature de ses forces, du pays où il s'engage pour venir à ses fins, de ce qu'il peut raisonnablement tirer de ses troupes & de sa tête, comme de son courage, peut aisément prévenir les desseins de son adversaire, & les reduire à l'absurde. Les grands capitaines ont tous été remplis de cet esprit prophétique. Qu'on suive M. de Turenne dans toutes ses actions, & l'on verra qu'aucun des anciens ni des modernes ne l'a surpassé sur cet article. Il prévoyoit tout; il faisoit usage de son esprit, de ses talens, de sa capacité; tout cela est très - grand & très - étendu. Il dépend de nous de faire usage du premier, de cultiver les autres, ou de les acquérir par l'étude, & de les perfectionner par l'expérience. Comment. sur Polybe, tome III.

Nous n'entrerons point ici dans le détail des surprises anciennes & modernes. Nous renvoyons pour ce sujet à l'ouvrage de M. le chevalier de Folard que nous venons de citer, où l'on trouve beaucoup de réflexions & d'observations sur cet important objet; aux réflexions militaires de M. le marquis de Santa - Crux, 2, 11; aux mémoires de M. le marquis de Feuquiere, 2, 111, &c. (Q)

Surprise (Page 15:694)

Surprise, c'est encore, parmi les Horlogers, le nom d'une piece de la cadrature d'une montre ou pendule à répétition. Cette piece est représentée dans nos Planches de l'Horlogerie; & dans le développement elle est mince & platte, & porte d'un côté une cheville, que l'on ne voit pas dans la figure, parce qu'elle est par - dessous. Cette cheville déborde du côté que l'on voit en K, & entre dans une fente 2, faite exprès dans le limaçon des quarts, même figure.

Cependant l'usage ordinaire est de ne la point faire déborder de ce côté - là, & de renverser cet ajustement; c'est - à - dire, de fixer la cheville au limaçon des quarts par - dessous, & de faire la fente dans la surprise. Cette piece se pose à - plat contre ce limaçon, sur la face qui regarde la platine, de façon que [p. 695] la partie R se trouve sous la partie Q; elle est retenue dans cette situation au moyen d'une petite virolle 4, 4, qui entre sur le canon de la chaussée, & qui en la pressant contre le limaçon lui laisse cependant la facilité de pouvoir se mouvoir horisontalement. Voici comment elle fait son effet; ajustée sur le limaçon des quarts, ainsi que nous venons de le dire, & tournant avec lui sa cheville, située en - dessous, elle fait sauter l'étoile, comme on l'a vu à l'article Répétition. Or, la largeur de cette cheville étant telle que l'étoile en sautant, la face de la dent qui succede à celle qui vient d'échapper vienne frapper cette cheville par - derriere; ce coup produit un petit mouvement horisontal dans la surprise, au moyen de quoi elle déborde un peu le degré 2 du limaçon par sa partie R; de sorte qu'alors, c'est comme si l'on avoit un limaçon dont ce degré formeroit une plus grande portion de la circonférence; cette piece est nécessaire, parce que si la cheville qu'elle porte étoit fixée au limaçon, elle feroit bien sauter l'étoile de même; mais comme il faut que dans l'instant que l'étoile a sauté, le degré Q soit situé de façon, que si l'on fait répéter la pendule ou la montre, la queue de la main vienne s'appuyer dessus, afin que la répétition sonne l'heure juste sans quarts; il arriveroit souvent que ce degré se trouvant ou trop ou pas assez avancé, la répétition sonneroit tantôt l'heure, tandis qu'il ne seroit encore que les trois quarts, & tantôt l'heure & les trois quarts en sus, tandis qu'elle ne devroit sonner que l'heure, parce qu'il seroit fort difficile de faire cet ajustement assez parfait, pour que dans le même tems que l'étoile a sauté, & par - là que le degré du limaçon des heures a changé, il seroit fort difficile, dis - je, que le degré du limaçon des quarts fût assez bien déterminé, pour qu'il ne fît pas sonner à la pendule l'heure trop tôt, ou les trois quarts trop tard. Voyez Répétition.

SURRENTINUM PROMONTORIUM (Page 15:695)

SURRENTINUM PROMONTORIUM, (Géog. anc.) promontoire d'Italie, sur la côte de la Campanie. Tacite, annal. l. IV. dit que ce promontoire est séparé de l'île de Caprée, par un détroit de trois milles, de sorte qu'il est question du promontoire de Minerve, qui prit le nom de Surrentinum, à cause de la ville de Surrentium qui en étoit voisine. (D. J.)

SURRENTIUM PROMONTORIUM (Page 15:695)

SURRENTIUM PROMONTORIUM, (Géogr. anc.) promontoire de la Lybie intérieure, qui selon Pline, l. V. c. j. est la partie occidentale du mont Baru, laquelle s'avance par conséquent dans l'Océan atlantique. On croit que c'est aujourd'hui le Cap - Verd. (D. J.)

SURRENTUM (Page 15:695)

SURRENTUM, (Géog. anc.) ville d'Italie, dans la Campanie, sur le bord de la mer. Pemponius Méla, l. II. c. iv. qui décrit cette côte en revenant de la Lucanie, pour aller dans le Latium, place Surrentum sur le golfe de Pouzzol, aujourd'hui le golfe de Naples, entre le promontoire de Minerve, & Herculaneum. Pline, l. III. c. v. au contraire, qui va du Latium dans la Lucanie, met Surrentum entre le Sarnus & le promontoire de Minerve. Ces deux auteurs s'accordent ainsi pour la position de cette ville, qui subsiste aujourd'hui dans le même endroit, & conserve son ancien nom, car on l'appelle à présent Sorrento.

C'étoit une colonie romaine, selon Frontin, de coloniis, qui l'appelle Surrentinum oppidum. Au voisinage sont les collines de Surrente, colles Surrentini, vignoble fameux, dont le vin le disputoit aux meilleurs de l'Italie. Ovide, Métam. l. XV. v. 710. en fait l'éloge:

Et Surrentino generosos palmite colles. Et Martial dit:

Surrentina bibis? nec murrhenâ picta nec aurum Sume, dàbunt calices hoec tibi vina suos.

Cette ville étoit évêché dès l'an 500. & on la voit archevêché tout - à - coup vers l'an 1059. (D. J.)

SURREY (Page 15:695)

SURREY, (Géog. mod.) province d'Angleterre avec titre de comté. Elle est bornée au nord par la Tamise, au midi par la province de Sussex, au levant par celle de Kent & de Sussex encore, & au couchant par les comtés de Northampton & de Back - Shire.

Elle a trente quatre milles de longueur, vingt - deux de largeur, & cent douze milles de circuit. On compte dans cet espace treize hundreds ou quartiers, treize villes ou bourgs à marché, cent quarante paroisses, & plus de trente - quatre mille maisons; ce qui suffit pour faire comprendre combien cette province est peuplée.

Outre la Tamise, elle a deux rivieres qui l'arrosent dans toute sa largeur du sud au nord, savoir le Wey & le Mole; son terroir est sur - tout abondant en pâturage, où l'on nourrit le meilleur mouton du royaume; on y recueille aussi beaucoup de blé; mais les extrémités de ce comté sont beaucoup moins fertiles que le milieu; c'est ce qui fait qu'on le compare à une piece de drap grossier, avec une lisiere fine. Guilford en est la capitale: voyez de plus grands détails dans l'ouvrage intitulé: the natural history, and antiquities of the county of Surrey. London, in - fol.

Saunders (Nicolas), en latin Sanderus, théologien catholique, naquit dans le comté de Surrey, au commencement du seizieme siecle, devint professeur en droit canon à Oxford, & passa à Rome pour sa religion, peu de tems après qu'Elisabeth fut montée sur le trône, c'est - à - dire en 1560. Il suivit le cardinal Hosius au concile de Trente, en Pologne, & dans ses autres courses. Il fut lui - même envoyé en Espagne, en qualité de nonce, par Grégoire XIII. qui le fit ensuite passer en Irlande avec le même titre, & pour y encourager les catholiques de ce royaume dans la ébellion; mais leur défaite obligea Saunders de se cacher dans des forêts, où il fut long - tems errant, & où il mourut de misere en 1583. Ses deux principaux ouvrages sont: 1°. De visibili monarchiâ Ecclesioe, libri octo. 2°. De schismate anglicano, libri tres. Ce dernier ouvrage a été traduit en françois, en Italien, & en anglois. L'évêque Gilbert Burnet l'a réfuté, moins pour la bonté de l'ouvrage, que pour l'importance du sujet. « Il est certain, dit le P. Niceron, que ce livre est écrit avec trop de passion, qu'on y trouve bien des faits suspects, & qu'on y reconnoit sans peine, que son auteur avoit plus de zèle contre la prétendue réformation, que de discernement dans le choix des moyens dont il s'est servi pour l'attaquer ».

Hammond (Henri), né dans le comté de Surrey, en 1605, mit au jour en 1654, un petit ouvrage sur le schisme, dans lequel il défend l'église anglicane, contre les objections des catholiques romains. Hammond est un des savans théologiens d'Angleterre; il cultiva toutes les sciences, & particulierement les antiquités ecclésiastiques. Il mourut en 1660. dans la 55e année de son âge, après s'être acquis une haute réputation par plusieurs ouvrages qui ont été recueillis, & imprimés à Londres en 1684, en quatre volumes in - fol. Ses remarques sur le Nouveau Testament, parurent en 1659. in - fol. M. le Clerc traduisit cet ouvrage en latin, & le publia à Amsterdam en 1698; en 2 vol. in - fol. sous ce titre: Novum Testarnentum Domini nostri Jesu - Christi, ex editione vulgatâ, cum paraphrosi & adnotationibus Henrici Hammondi; mais M. le Clerc y a joint ses corrections, & quantité d'excellentes choses.

Evelyn (Jean) naquit à Wotton en Surrey, l'an 1620, & employa sept années à voyager dans les pays les plus civilisés de l'Europe. En 1667. il obtint par son crédit auprès du lord Howard, dèpuis duc de Norfolck, que les marbres d'Arundel, qui étoient

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