ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Sucre rouge (Page 15:618)

Sucre rouge, (Pharmac.) Le sucre rouge ou de Chypre, saccharum rubrum offic. est roussâtre ou brun, un peu gras, & fait du marc qui reste après que l'on a purifié la cassonade; on ne l'emploie que pour les lavemens, ou plutôt on n'en fait guere usage. (D. J.)

Sucre royal (Page 15:618)

Sucre royal; c'est en terme de Confiseurs, ce qu'il y a de plus dur & de plus fin en fait de sucre: on le clarisie en Hollande où l'on a l'art de le faire meilleur qu'ailleurs.

Sucre tapé (Page 15:618)

Sucre tapé, (Sucrerie.) On appelle du sucre tapé du sucre que les affronteurs vendent aux îles Antilles pour du sucre royal; quoique ce ne soit véritablement que du sucre terré, c'est - à - dire de la cassonade blanche préparée d'une certaine maniere. On l'appelle sucre tapé, parce qu'on le tape & qu'on le bat fortement, en le mettant dans les formes. (D. J.)

Sucre tors (Page 15:618)

Sucre tors, (Pharm.) en latin penidium saccharum: on le prépare de la maniere suivante. On fait dissoudre telle quantité de sucre que l'on veut; on le clarifie avec un blanc d'oeuf; on le coule, & on le fait épaissir peu - à - peu; quand il forme de grosses bulles, on le retire du feu jusqu'à ce qu'elles disparoissent; on le verse ensuite sur une planchette qu'on doit avoir frottée avec de l'huile d'amandes douces. Lorsqu'il est un peu réfroidi, on le prend avec un crochet & avec les mains saupoudrées d'amidon; enfin après lui avoir donné la forme convenable, on le garde pour l'usage. (D. J.)

SUCRERIE (Page 15:618)

SUCRERIE, s. f. (Edifice.) c'est un bâtiment solidement construit, faisant partie des établissemens où l'on fabrique le sucre. Il est toujours situé auprès du moulin; sa grandeur est plus ou moins considérable, suivant l'équipage, c'est - à - dire le nombre des chaudieres qu'on y veut placer: quelques uns en contiennent jusqu'à sept, d'autres quatre seulement, mais les plus ordinaires sont de cinq. Ce nombre n'exige qu'un bâtiment de quarante à cinquante piés de long, sur une largeur de trente à trente - six piés, étendue suffisante pour placer les cinq chaudieres sur une même ligne le long du mur de pignon. Voyez leurs noms & l'ordre de leur position dans nos Pl. d'OEcon. rustique. Elles sont enchâssées fort exactement dans un corps de maçonnerie très - solide, sous lequel sont disposés les arceaux, le fourneau & le canal par où se communique la chaleur sous chacune des chaudieres. On peut en voir le plan & la coupe dans les mêmes Pl. Il est à remarquer que le corps de maçonnerie dont on vient de parler, surmontant considérablement le dessus des chaudieres, cet excédent doit être garni de carreaux de terre cuite, proprement joints & bien liés avec du ciment, formant des encaissemens quarrés, terminés insensiblement en rond à la partie inférieure qui joint exactement le bord de chaque chaudiere.

La surface de ce corps de maçonnerie se nomme le glacis: il doit avoir à - peu - près six à sept piés de largeur & environ six à sept pouces de pente insensible, à prendre du dessus de la plus petite chaudiere nommée la batterie, jusqu'au - dessus de la grande: cette précaution étant nécessaire pour éviter que le vaisseau, autrement la liqueur qui bout en s'élevant considérablement, ne s'épanche des grandes chaudieres dans les plus petites, dont le sirop ayant acquis une supériorité de cuisson, seroit gâté infailliblement. Le contraire ne peut causer aucun dommage. Au - devant du glacis on laisse un espace de dix piés pour la commodité des raffineurs. Le reste du bâtiment étant occupé en partie par un citerneau couvert d'un plancher volant, & en partie par les vaisseaux & ustensiles nécessaires au travail.

Sucrerie (Page 15:618)

Sucrerie. (Habitation.) Les habitations où l'on fabrique le sucre, sont plus ou moins considérables, suivant les facultés des propriétaires: quelle que soit l'étendue du terrein d'une sucrerie, il doit être partagé en plantations de cannes, en savannes ou pâturages, en vivres & en bois. On divise ordinairement les champs de cannes par pieces de cent pas de large sur autant & même le double & le triple de longueur; ayant attention de séparer ces pieces par des chemins bien alignés, d'environ dix - huit piés de largeur pour la commodité des charrettes ou cabrouets qui servent à transporter les cannes au moulin, lorsqu'on travaille à faire la récolte: dans toute autre saison, ces espaces peuvent être semés & plantés de manioc précoce, de patates, de pois & d'autres plantations utiles à la subsistance des esclaves. Il faut autant qu'il est possible, que la maison du maître & ses dépendances soient placées sur une hauteur d'où l'on puisse aisément découvrir ce qui se passe dans l'habitation, dont un des principaux avantages est d'être arrosée d'une riviere ou d'un ruisseau assez fort pour faire agir un moulin, auprès duquel doivent être situées la sucrerie, les cases à bagasses, la purgerie, l'étuve & la vinaigrerie ou l'endroit destiné à faire l'eau - de - vie de sucre: cette disposition s'observe toujours, même dans les établissemens où, faute d'une suffisante quantité d'eau, on est obligé de faire usage de moulins à vent ou à bestiaux. Les cases à negres doivent être situées à la portée des opérations journalieres, & disposées par rues fort larges & tirées au cordeau. On laisse entre chaque case un espace d'environ vingt piés, afin de remédier facilement aux accidens du feu, & ce vuide est toujours rempli de calebassiers ou d'autres arbres utiles.

Pour exploiter une habitation d'une grandeur moyenne, c'est - à - dire de cent quarante ou cent cinquante quarrés, de cent pas de côté chacun, le pas étant de trois piés & demi à la Martinique, & de trois piés seulement à la Guadeloupe, il faut cent à cent vingt negres compris en trois classes: dans la premiere, sont les negres sucriers ou raffineurs. La seconde renferme les ouvriers de différens métiers, comme tonneliers, charpentiers, charrons, menuisiers, maçons, & quelquefois un forgeron très - nécessaire sur les grandes habitations.

Les esclaves de la troisieme classe sont les negres de jardin, ayant à leur tête un ou plusieurs commandeurs, suivant le nombre de troupes que l'on est obligé de disperser aux différens travaux; c'est aussi du nombre de ces esclaves que l'on tire les cabrouettiers, les négresses qui fournissent les cannes au moulin, les gardeurs de bestiaux, & ceux qui chauffent les fourneaux de la sucrerie & de l'étuve.

Quant aux domestiques de la maison, ce sont ordinairement de jeunes esclaves des deux sexes, en qui l'on apperçoit des talens & de la figure: on les entretient proprement, & les commandans n'ont aucune inspection sur leur conduite, à - moins d'un ordre expres du maître.

Il est peu d'habitations un peu cousidérables qui ne soient sous la régie d'un économe blanc, lequel rend compte au maître des travaux qui se sont faits dans le cours de la journée ou pendant la nuit.

Pour traiter les negres en cas de maladie ou d'accidens, il est bon d'avoir un chirurgien à gages, sous les ordres duquel on met des négresses qui ont soin de l'infirmerie.

On a déja dit à l'article Negres considérés comme esclaves, que cette espece d'hommes est extrémement vicieuse, très - rusée & d'un naturel paresseux. Les negres, pour s'exemter du travail, feignent des indispositions cachées, affectent des maux de tête, des coliques, &c. dont on ne peut vérifier la cause par aucun signe extérieur. Cette ruse trop fréquente étant tolerée, pourroit causer beaucoup de desordre, si les maîtres n'y remédioient par des châti<pb-> [p. 619] mens qui d'ordinaire sont trop rigoureux, inhumains, & même dangereux, car il peut se faire qu'un negre soit réellement incommodé. Le moyen le plus prudent & le plus conforme à l'humanité, est de faire enfermer le malade douteux dans une infirmerie bien close, en le privant pendant vingt quatre heures de toute nourriture, & sur - tout de tabac à fumer dont les negres ne peuvent se passer; & comme ils abhorrent les remedes d'eau tiéde, il n'est pas hors de propos d'en faire donner trois ou quatre au prétendu malade, en lui laissant un pot de tisanne dont il peut boire à volonté. Un pareil traitement ne doit pas satisfaire un homme en bonne santé, & devient un préparatif nécessaire à celui qui réellement est malade: par ce moyen qui a été pratiqué plusieurs fois avec succés, on arrête le desordre, & l'on ne commet point d'injustice. Les maîtres prudens, humains, & qui sans bassesse, entendent leurs intérêts, ne peuvent trop ménager leurs esclaves; ils y sont obligés par la loi & encore plus par les sentimens de leur conscience. Lisez l'extrait du code noir, dans l'article Negres considerés comme esclaves.

Il est difficile de fixer au juste le revenu annuel d'une sucrerie. L'exposition du terrein, l'inégalité des saisons, les maladies des negres, plusieurs accidens imprévus, & les variations du prix des sucres occasionnent des différences considérables. Ainsi on ne croit pas pouvoir certifier, qu'une habitation de cent cinquante quarrés en bon état, ayant un moulin à eau, cinq chaudieres montées dans la sucrerie, & bien exploitée par cent vingt negres, doit produire année commune, quarante - cinq à cinquante mille livres. Article de M. le Romain.

SUCRIER (Page 15:619)

SUCRIER, s. m. (Sucrerie.) les sucriers sont des ouvriers qui travaillent dans les sucreries; il y a deux sortes de principaux ouvriers dans les sucreries des îles françoises de l'Amérique; les uns que l'on appelle simplement sucriers, les autres que l'on nomme raffineurs: les sucriers sont ceux qui purifient le vesou ou suc de eannes, qui le cuisent, & qui en font le sucre brut: les rassineurs sont ceux qui travaillent sur le sucre blanc, c'est - à - dire, qui le raffinent. On appelle aussi sucriers, ceux qui font le commerce du sucre, & qui ont une sucrerie. (D. J.)

Sucrier (Page 15:619)

Sucrier, (Orfévrerie.) vaisseau d'argent, d'autre métal ou de fayance, composé d'un corps, d'un fond & d'un couvercle fait en forme de dôme, lequel est percé proprement de petits trous au - travers desquels passe le sucre quand on renverse le sucrier. Scarron reproche à sa soeur d'avoir fait apetisser les trous de son sucrier par économie. (D. J.)

SUCRO (Page 15:619)

SUCRO, (Géogr. anc.) fleuve de l'Espagne tarragonnoise. Il est marqué dans le pays des Contestani par Ptolomée, l. II. c. vj. qui place son embouchure entre le port Illicitatus, & l'embouchure du fleuve Pallantia. Strabon, l. III. p. 158. met à l'embouchure de ce fleuve une ville de même nom, que Ptolomée passe sous silence; mais Pline, l. III. c. iij. nous en donne la raison, c'est que cette ville ne subsiste plus. Sucro fluvius, dit - il, & quondam opidum. Il ajoute que le Sucro faisoit la borne de la Contestanie, qui commençoit à Carthage la neuve; & il s'accorde en cela avec Ptolomée.

Cette riviere, selon Strabon, sortoit des montagnes qui s'étendent au nord de Malaca & de Carthage: on pouvoit la passer à gué, & elle étoit presque parallele avec l'Iberus, dont elle étoit un peu plus éloignée que de Carthage. C'en est assez pour nous faire connoître que cette riviere est présentement le Xucar. Le Sucro donna le nom à la bataille qui fut livrée entre Pompée & Sertorius, & qui fut appellée sucronensis pugna. (D. J.)

SUCU (Page 15:619)

SUCU, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) espece de pommier fort commun à la province de Canton à la Chine. Son fruit est un peu plus gros que les renettes; il est presque rond, & de couleur rougeâtre; on le seche comme nos figues, afin de le conserver toute l'année.

SUD (Page 15:619)

SUD, (Géogr. mod.) l'un des quatre points cardinaux. Il est distant de 90 des points est & ouest, & de 180 du nord, auquel il est par conséquent diamétralement opposé.

Sud - est; c'est la plage qui tient le milieu entre l'orient & le midi. Le vent qui souffle de ce côté porte aussi ce nom, & ceux d'eurauster, ou notapépéliotes.

Sud - est quart - à - l'est; nom de la plage qui décline de 38°. 45'. de l'orient au midi. Le vent qui souffle de ce côté est ainsi appellé. On le nomme aussi meseurus.

Sud - est quart - au sud; c'est le nom de la plage qui décline de 33°. 45'. du midi à l'orient, & celui du vent qui souffle de cette partie du monde, & qu'on appelle aussi hypophoenix.

Sud - ouest; plage qui tient le milieu entre le midi & l'occident. Le vent qui souffle de ce côté, porte le même nom; en latin ceux d'africus, notolybicus, notozephyrus.

Sud - ouest quart - à - l'ouest; nom de la plage qui est à 33°. 45'. du midi à l'occident. C'est aussi le nom du vent qui souffle de ce côté, qu'on nomme en latin hypafricus, hipolibs, subvespetus.

Sud - ouest quart - au - sud; plage qui décline de 33°. 45'. de l'occident au midi. Le vent qui souffle de ce côté porte le même nom, & en latin celui de mesolibonotus.

Sud - quart - au - sud - est; nom de la plage qui est à 11°. 15'. du midi à l'orient, & du vent qui souffle de ce côté, connu aussi sous le nom de mesophoenix.

Sud - quart - au - sud - ouest; plage qui est à 11°. 15'. du midi à l'occident. Outre ce nom, le vent qui souffle de ce côté est encore connu sous celui d'hypolibonotus ou alsanus.

Sud - sud - est; nom de la plage de 22°. 30'. du midi à l'orient, & du vent qui vient de cette partie du monde qu'on nomme aussi gangeticus, leuconotus, phoenicias.

Sud - sud - est; c'est la plage qui décline de 22°. 30'. du midi à l'occident. Le vent qui souffle de ce côté, porte le même nom, & en latin ceux de austro - africus, libonotus, notolybicus. (D. J.)

Sud, compagnie angloise du (Page 15:619)

Sud, compagnie angloise du, (Com. & Hist. mod. d'Angl.) bien des lecteurs seroient fâchés de ne pas trouver ici un précis de l'histoire d'une compagnie qui a fait tant de bruit, ce qui peut - être dans son origine, fut moins un véritable établissement de commerce, qu'un système de politique, pour trouver un secours prompt & suffisant dans les pressans besoins de l'Angleterre épuisée par fes longues guerres contre la France, & cependant animée du desir de les soutenir glorieusement par de nouveaux efforts, vu le succès de ses armes au commencement de ce siecle.

Quoi qu'il en soit, le parlement d'Angleterre tenu en 1710, sous la reine Anne, ayant pris connoissance des dettes de la nation, tâcha d'y pourvoir. Ou trouva que ces dettes montoient en capital à 8 millions 47 mille 264 livres sterl. environ 183 millions 84 mille 256 livres de France. On s'avisa donc pour y remédier de former une compagnie qui auroit le commerce des mers du sud par préférence, & à l'exclusion de tous autres, à condition qu'elle se chargeroit d'acquitter les dettes de la nation, moyennant que le parlement lui accordât les fonds suffisans pour payer les intérêts aux particuliers jusqu'au remboursement du capital, qui seroit produit par ledit commerce. Ceux à qui appartenoient ces dettes publiques pourroient, à leur choix, être de cette com<pb->

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