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Ainsi l'éternument se fait lorsque l'air d'une grande inspiration est long - tems retenu dans le poumon, & en sort ensuite avec force par le nez, au moyen d'un mouvement expirateur convulsif de tous les muscles abdominaux, des intercostaux & du diaphragme. Quand on inspire beaucoup d'air, les muscles postérieurs de la tête & du cou étendent la tête & le corps en arriere, & à leur tour les antérieurs la plient fortement en devant dans l'expiration. Il arrive avant l'éternument une espece de petit chatouillement doux dans les narines, & quelquefois dans les parties avec lesquelles les nerfs olfactifs correspondent. Lorsqu'on éprouve cette sensation, toutes les actions du corps sont suspendues, & l'on reste un instant dans l'attente de ce qui va se passer L'instant suivant, les muscles qui servent à l'expiration se retirent avec une force que rien ne peut arrêter; & les poumons subitement resserrés, chassent l'air qu'ils contiennent avec un bruit semblable à celui d'une liqueur qu'on jette dans le feu. Ainsi dans l'instant que se fait cette forte expiration, le sang ne sauroit passer dans les poumons; par la même raison, le sang veineux qui revient de la tête, ne sauroit se décharger librement dans le ventricule droit du coeur; ce qui sait que non - seulement les vaisseaux du cerveau sont distendus, mais aussi que l'impétuosité du sang artériel est augmenté par la violence de cette commotion. Or le concours de ces deux causes produit une sorte de distension momentanée dans toute la masse du cerveau. Il est clair que c'est - là ce qui se passe dans l'éternument; car s'il est réitéré, tous les sens & le mouvement musculaire manquant à la fois, le visage s'enfle, il sort des larmes des yeux, le nez coule; & si l'éternument est répété bien des fois, toutes les actions du cerveau en sont prodigieusement troublées.
Il est vraissemblable que c'est à la commune origine des nerfs que commence cette puissante irritation qui met en branle presque tous les nerfs de la poitrine, du dos, de la tête, & les enveloppe tous dans les mêmes mouvemens, comme on voit que la piquure d'un nerf, d'un tendon quel qu'il soit, produit un spasme universel. On peut juger de toute l'étendue de cette contraction musculaire, puisqu'il en résulte un ébranlement général de toute la machine au moment qu'on y songe le moins, & par la plus petite cause, l'émanation de quelque corps odoriférant qu'on inspire.
On éternue même en regardant le soleil, parce qu'il entre dans le nez une branche à peine visible du nerf ophtalmique avec le nerf olfactif, & qui étant ébranlée par une vive lumiere, excite dans le nerf des organes de la respiration les mouvemens convulsifs de l'éternument. C'est par la même raison qu'on pleure quand on a reçu de fortes odeurs.
L'irritation de la membrane pituitaire se fait, ou extérieurement par la vapeur d'esprit - de - vin, de fortes odeurs, comme par celle de la marjolaine, des roses, du tabac; portées aux narines par des poudres qui volant en l'air, sont reçues par l'inspiration; par des médicamens âcres, comme l'ellébore, l'euphorbe & autres sternutatoires qui picotent la membrane du nez; ou intérieurement par l'acrimonie de la lymphe qui humect naturellement la membrane des narines, comme dans le coriza.
Les matieres qui sont rejettées en éternuant viennent, 1°. du nez, de la gorge, parce que la membrane pituitaire y exude continuellement de la lymphe;
L'éternument peut s'arrêter, en pressant l'angle interne de l'oeil. Comprime - t - on le nerf récurrent qui vient de l'ophtalmique de la cinquieme paire, & qui paroît principalement s'anastomoser avec les nerfs de la premiere paire? c'est l'opinion de Willis.
La sternutation differe de la toux, parce qu'elle se fait avec moins de force, & que l'air qu'on n'inspire & qu'on n'expire qu'une seule fois dans l'éternument affecte de passer par les narines.
L'émonction ou l'action par laquelle on se mouche, est une espece d'éternument doux & volontaire.
Les éternumens, quand ils ne sont pas naturels, peuvent être de bons ou de mauvais signes en Médecine, suivant leur violence, leurs causes, & les maladies dans lesquelles ils arrivent. Ils sont quelquefois, comme dans le mouvement, augmenté de la circulation du sang, l'avant - coureur d'une hémorrhagie salutaire, ou d'une métastase favorable dans le hoquet; mais dans les maladies épidémiques, dans la rougeole, la petite - vérole, les fievres continues, où la métastase s'est jettée sur les narines, les sternutations n'apportent aucun soulagement; elles empirent le mal, lorsqu'elles viennent du consentement des parties, comme dans l'hystérisme; l'épilepsie, l'esquinancie, les maladies des yeux & des poumons. Dans les maladies des narines, telles que leur inflammation, leur ulcération, un polype, un cancer, l'ozoene, il en résulte des sternutations qui augmentent le mal, par la commotion qu'elles causent. En pareil cas, il faut adoucir les narines, en injectant, en attirant, en portant dans le nez, des baumes, des linimens opposés à la nature de la maladie.
Les humeurs âcres, catharreuses, qui agacent les nerfs olfactoires provoquent des éternumens fréquens, qui cesseront en attaquant la cause, & en adoucissant les symptomes par des drogues onctueuses, ou par la fumée de parfums secs, dirigés dans les narines, si les humeurs âcres sont extrèmement tenues.
Enfin, l'on conçoit aisément que les sternutations sont capables de procurer plusieurs autres effets salutaires ou nuisibles. Par exemple, 1°. on pourra les exciter artificiellement dans les maladies apoplectiques & soporeuses. On pourra de même s'en servir avec succes pour aider l'accouchement, pour faciliter la sortie de l'arriere - faix; c'est pourquoi Hippocrate qui savoit si bien tirer parti des observations, ordonne dans ces cas de faire éternuer la femme en couche, la bouche & les narines fermées. 2°. Par la même raison, de telles sternutations produisant une violente secousse dans tout le corps pourroient exciter l'avortement, l'hernie, les regles, & rompre même des vaisseaux dans le nez ou dans la poitrine. 3°. Non - seulement les sternutations violentes & continuées, fatiguent & accablent prodigieusement; mais elles peuvent même devenir mortelles. Les pratici>ns en citent des exemples aisés à comprendre, puisque les sternutations ne sont autre chose que de violentes convulsions. Elles produisent quelquefois dans l'hystérisme une coecité momentanée, qui se dissipe avec les antispasmodiques, parce qu'elle vient de la sympathie des nerfs; car il est naturel de conjecturer que la premiere cause de cet accident, vient de la commune distribution des nerfs de la cinquieme paire au nez & à l'oeil.
Le remede dans les sternutations violentes & répétées est de porter dans les narines, du lait, des huiles, des infusions de graine de lin, de psyllium; en [p. 517]
Cependant il arrive très - rarement pour notre consolation, des malheurs causés par les éternumens; l'expérience nous apprend sans cesse, qu'ils sont plus salutaires que nuisibles, plus propres à éloigner une maladie qu'à y conduire. Semblable à la toux qui détache pour notre bien la lymphe visqueuse des poumons, ils emportent la mucosité superflue de la membrane pituitaire, & procurent par ce moyen plus de finesse dans l'odorat. Ils excitent en même tems un mouvement plus vif dans la circulation du sang, augmentent celui des humeurs & des esprits, & raniment presque tous les sens à la fois. La nature a donc été sage de nous faire des organes délicats, que l'impression de l'air, de la lumiere & des odeurs, ébranlent presque toujours à notre avantage. (D. J.)
STERNUTATOIRE (Page 15:517)
STERNUTATOIRE, adj. (Thérapeutique.) espece
d'errhins, c'est - à - dire de remedes destinés à être
introduits dans le nez, voyez
Les sternutatoires sont encore connus dans les auteurs
grecs & latins, sous le nom de ptarmica, du
mot grec
Il est observé que dans les vertiges qui précédent ou qui annoncent les apoplexies sanguines, l'usage indiscret des sternutatoires hâte souvent l'attaque, & même la détermine.
Quoique les errhins dont l'effet se borne à provoquer puissamment l'évacuation nasale, soient utiles dans les ophthalmies en général, & même dans celles qui ont un caractere véritablement inflammatoire; l'usage des sternutatoires est manifestement nuisible dans ce dernier cas. Ceux qui sont sujets à des hémorrhagies, & sur - tout à des haemophtisies, & ceux qui sont menacés de phthisie ne doivent point être exposés à l'action des sternutatoires.
Juncker désapprouve formellement leur usage contre
l'épilepsie, & il assûre même que cet usage n'est
pas trop sûr dans les léthargies ou les défaillances;
enfin, il est très - connu qu'on doit préserver autant
qu'il est possible de l'éternument, & par conséquent
qu'il ne faut pas faire éternuer à dessein les sujets qui
ont des hernies, des chûtes de matrice, & les femmes
grosses. Quant à ce dernier chef, il est sans doute
très - évident par l'observation même de l'utilité de
l'éternument pour chasser l'arriere - faix. Voyez
Tous les corps capables d'irriter puissamment la membrane pituitaire provoquent l'éternument, lorsqu'ils sont appliqués sur cet organe; & ce sont les mêmes qui étant portés dans l'estomac & dans les intestins, sont capables d'irriter ces derniers organes vraissemblablement de la même maniere, & qui excitent en conséquence le vomissement ou la purgation; & enfin qui impriment sur les organes du goût, la sensation appellée vive, piquante, âcre, & qui déterminent aussi abondamment l'écoulement de la salive; ainsi tous les émétiques & les purgatifs forts sont
Il est cependant un certain nombre de remedes, tirés pour la plûpart de la famille des végétaux, dont la vertu sternutatoire paroît avoir quelque chose de spécifique, ou du moins dont la qualité émétique ou purgative n'est point constatée; telles sont la piretre, le poivre noir, le gingembre, la semence de nielle, celle de moutarde, de roquette, &c. la bétoine, la marjolaine, le marum, l'origan & le plus grand nombre de plantes aromatiques de la classe radiée de Tournefort, les fleurs de muguet, le ptermica ou herbe à éternuer, &c. mais les sternutatoires les plus puissans sont tirés de la classe des émétiques & des purgatifs forts; tels sont le vitriol blanc, l'euphorbe, les ellébores, la racine de cabaret, l'iris, le concombre sauvage, le tabac, &c. Voyez tous ces articles particuliers.
On trouve dans presque tous les dispensaires des poudres sternutatoires composées; voici celles de la pharmacopée de Paris.
Prenez feuilles seches de marjolaine, de bétoine & fleurs seches de muguet, de chacun un gros; de feuilles seches de cabaret demi - gros; faites une poudre selon l'art. (b)
STERTZINGEN (Page 15:517)
STERTZINGEN, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne dans le Tirol, au pié du mont Brenner, sur le torrent d'Eisack, à 5 lieues au nord - ouest de Brixen. Quelques - uns croient que c'est le Vipiternum d'Antonin. Long. 29. 51. latit. 46. 28. (D. J.)
STETIN ou STETTIN (Page 15:517)
STETIN ou STETTIN, (Géog. mod.) ville d'Allemagne dans le cercle de la haute Saxe, capitale de la Poméranie prussienne, & d'un duché de même nom, sur la gauche de l'Oder, à 35 lieues au nord de Francfort, & à 56 au sud - est de Lubeck.
Stetin & son territoire furent anciennement habités par les Sidini, & ensuite par les Vendes. En 1121, Bolestas, duc de Pologne, entreprit d'y établir le Christianisme par la force, mais il réussit beaucoup mieux en remettant aux habitans le tribut qu'il leur avoit imposé; cependant la religion chrétienne ne triompha dans cette ville qu'au bout d'un siecle, & alors elle fut gouvernée par les mêmes lois que Magdebourg. La paix de Westphalie donna Stetin aux Suédois. En 1710, elle fut obligée de recevoir des troupes de Prusse, de Saxe & de Holstein; & quelque tems après, le roi de Prusse en fut mis en possession. Ce prince y a établi en 1720 la régence de la Poméranie, & une chambre de guerre & de domaine, mais en même tems il a confirmé aux habitans leurs divers privileges qui sont considérables. Long. suivant Street, 31. 56'. 15". lat. 53. 36.
Kirstenius (George) est le seul homme de lettres de ma connoissance qui soit né à Stetin. Il cultiva la poésie latine & la médecine. Il a publié dans cette derniere science des disquisitions philologiques, & deux excellentes dissertations, de symptomatibus visûs & auditûs, olfactûs & tactûs, sur les symptomes de la vûe & de l'ouïe, de l'odorat & du tact. Christine, reine de Suede, l'honora de son estime & de ses bontés. Il mourut en 1660, à 47 ans. Le P. Nicéron l'a mis au rang des hommes illustres. Il l'étoit pourtant beaucoup moins que Kirstenius (Michel), autre médecin du xvij. siecle, né à Bérone, petite ville de Moravie; ce dernier étoit un homme versé en plusieurs sciences. Il y a eu quelques autres savans du nom de Kirstenius, & que les Bibliographes n'ont pas toujours bien distingués les uns des autres. (D. J.)
STEVENSWERT (Page 15:517)
STEVENSWERT, (Géog. mod.) île des Paysbas, dans le quartier & à 3 lieues de Ruremonde,
sur les frontieres de l'évêché de Liege. Cette île est
formée par la Meuse, & défendue par une forteresse
qui fut cédée en 1705 aux états généraux par l'empereur,
en vertu du traité de Barriere. (D. J.)
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