ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"375"> à Paris en 1655, in - 4°. avec des remarques, sur lesquelles l'académie della Crusca fit des observations que le traducteur a insérées à la page 74. de ses mescolanze, imprimées à Paris en 1678, in - 8°. Il y a aussi une édition de l'Aminte fort jolie, faite à Amsterdam en 1678. On en a des traductions en plusieurs langues, & même en latin. En 1734 & 1735 il y en a eu deux en françois; la premiere de M. Pecquet, & la seconde de M. l'Escalopier. Il a paru aussi une traduction angloise de l'Aminte à Londres en 1628, in - 4°. Jean de Xauregui en a publié une version espagnole à Séville en 1618, in - 4°. On en a donné une traduction hollandoise à Amsterdam en 1715, in - 8°.

Le Tasse acheva en 1574, à l'âge de 30 ans, sa Jérusalem délivrée. La premiere édition complette de ce beau poëme épique parut à Ferrare, l'an 1581, chez Vittorio Baldini, in - 4°. Il s'est fait quantité de traductions de la Jérusalem délivrée dans toutes les langues. Scipion Gentilis en a traduit les deux premiers livres en vers latins, sous ce titre. Solimeidos libri duo priores, de Torquati Tassi italicis expressi, Venise 1585, in - 4°. Il y en a deux traductions espagnoles, l'une de Jean Sedeno, imprimée à Madrid en 1587, in - 8°. l'autre d'Antoine Sarmento de Mendosa, qui parut dans la même ville en 1649, in - 8°. Fairfax a traduit ce poëte en anglois avec beaucoup d'élégance & de naturel, & tout - à - la - fois avec une exactitude scrupuleuse. Chaque ligne de l'original est rendue par une ligne correspondante dans la traduction; c'est dommage qu'il ait servilement imité l'italien dans ses stances, dont la prolixe uniformité déplaît dans un long ouvrage. M. Hill en a donné une nouvelle traduction imprimée à Londres en 1713. Gabriel Fasagno en a fait une version en langue napolitaine, imprimée à Naples en 1720, in - fol. Le poëme & la version napolitaine sont sur deux colonnes.

Les François se sont aussi empressés à donner des traductions de ce poëme; la premiere & la plus mauvaise de toutes, est celle de Vigenere, qui parut à Paris en 1595, in - 4°. & 1598, in - 8°. Les endroits qu'il a mis en vers, déplaisent encore plus que sa prose. Depuis Vigenere, on a vu plusieurs autres traductions en vers alexandrins de la Jérusalem, mais aucune de ces traductions n'a réussi. Enfin en 1724 M. Mirabaud publia une traduction en prose de la Jérusalem délivrée, & il en donna une nouvelle édition beaucoup meilleure en 1735.

On n'ignore point les jugemens qu'un grand nombre de savans de tous les pays ont porté de ce célebre poëme, soit en sa faveur, soit à son désavantage, & je ne crois pas devoir m'y arrêter ici. La critique de M. Despréaux a non - seulement révolté les Italiens, mais presque tous les François. Il est vrai cependant que Despréaux estimoit le Tasse, & qu'il en connoissoit le mérite; autrement comment auroit - pu dire de cet illustre poëte?

Il n'eût point de son livre illustré l'Italie, Si son sage héros toujours en oraison, N'eût fait que mettre enfin satan à la raison; Et si Renaud, Aegand, Tancrede & sa maîtresse, N'eussent de son sujet égayé la tristesse.

M. l'abbé d'Olivet, dans son histoire de l'académie françoise, assure avoir entendu tenir à M. Despréaux le discours suivant, peu de tems avant sa mort, à une personne qui lui demanda s'il n'avoit point changé d'avis sur le Tasse: « J'en ai si peu changé, dit - il, que le relisant dernierement, je fus très fâché de ne m'être pas expliqué un peu au long dans quelqu'une de mes réflexions sur Longin. J'aurois commencé par avouer que le Tasse a été un génie sublime, étendu, heureusement né à la poésie & à la grande poésie; mais ensuite venant à l'usage qu'il a fait de ses talens, j'aurois montré que le bon sens n'est pas toujours ce qui domine chez lui; que dans la plûpart de ses narrations, il s'attache bien moins au nécessaire, qu'à l'agréable; que ses descriptions sont trop chargées d'ornemens superflus; que dans la peinture des plus fortes passions, & au milieu du trouble qu'elles venoient d'exciter, souvent il dégénere en traits d'esprit qui font tout - à - coup cesser le pathétique; qu'il est plein d'images trop fleuries, de tours affectés, de pointes & de pensées frivoles, qui loin de pouvoir convenir à sa Jérusalem, pourroient à - peine trouver place dans son Aminte. Or, conclut M. Despréaux, tout cela opposé à la sagesse, à la gravité, à la majesté de Virgile, qu'est - ce autre chose que du clinquant opposé à de l'or »? Cependant il est toujours certain, malgré les réflexions de Despréaux, que la Jérusalem du Tasse est admirable par la conduite, l'intérêt, la variété, les graces & cette noblesse qui releve le sublime.

Sa tragédie de Torrismond, il Torrismondo, parut à Vérone en 1587, in - 8°. Mais le Tasse lui - même n'étoit pas content de cette piece, & se plaignoit de ses amis qui la lui avoient arrachée des mains, & l'avoient publiée avant qu'il eût pû la mettre dans la perfection où il la souhaitoit. Dalibray, poëte du dernier siecle, en a fait une traduction libre en vers françois, au - devant de laquelle il a mis un discours où l'on trouve de bonnes réflexions sur le génie de la tragédie, sur celui du Tasse, & sur la tragédie de Torrismond en particulier. Cette traduction de Dalibray, quoique pesante & prosaïque, fut jouée deux fois, & imprimee à Paris en 1636, in - 4°.

Le Tasse lassé des critiques qu'on faisoit de sa Jérusalem délivrée, se proposa de faire un nouvel ouvrage, sous le titre de la Jérusalem conquise, la Jerusalemme conquistata, libri XXIV. Ce poëme parut à Rome en 1593, in - 4°. mais il n'a point été reçu avec le même applaudissement que le premier, où l'auteur s'étoit abandonné à son ggnie, au - lieu que dans la Jérusalem conquise il s'est proposé de s'accommoder en quelque maniere au goût & aux idées de ses critiques.

Toutes les oeuvres de ce beau génie ont été imprimées ensemble avec sa vie par Jean - Baptiste Manso son ami, à Florence en 1724, en six vol. in - fol. Les deux premiers tomes contiennent ses poésies: la Jérusalem délivrée, la Jérusalem conquise, le Renaud, le poëme sur la création, Torrismond, l'Aminte: les autres poesies sont divisées en trois classes. 1. Poésies galantes. 2. Poésies héroïques. 3. Poésies sacrées & morales. Elles sont suivies de quelques pieces imparfaites du Tasse, & de quelques - unes de celles qui passent sous son nom. Les ouvrages en prose forment les tomes III. & IV. Ils consistent en vingt - cinq dialogues sur différens sujets, & environ quarante discours ou autres pieces sur diverses matieres d'érudition, principalement sur l'art poétique, sur le poëme épique; tout cela est suivi de la défense de la Jérusalem délivrée. Le tome V. est divisé en deux parties; dans la premiere se trouvent les lettres familieres & poétiques du Tasse; dans la seconde sept pieces de l'académie della Crusca, & d'autres beaux esprits d'Italie, concernant les disputes sur les poésies de l'auteur & celles de l'Arioste. Le VI. tome contient dix - huit pieces, dialogues ou discours sur le même sujet, c'est - à - dire pour ou contre le Tasse. (Le chevalier de Jaucourt.)

SORRETERIE (Page 15:375)

SORRETERIE, s. f. (Comm.) lieu où l'on fait sorrer les sardines.

Presque toutes les sardines de Douarnenez, dans le ressort de l'amirauté de Quimper en Bretagne, se pressent; on ne les saloit pas autrefois en baril, comme on fait à - présent, on les sorroit de la même maniere dont on boucane encore aujourd'hui les ha<pb-> [p. 376] rengs - sors en Picardie & en Normandie. Il s'en faisoit un grand commerce le long des côtes d'Espagne & Italie: depuis qu'on s'est mis à les saler en barils, ce premier commerce est tombé de maniere qu'on ne sorre plus guere de sardines; à - présent les sardines salées se mangent pour la plûpart crues par les Basques & les garçons des vignobles où l'on les fait passer.

Les lieux où l'on fait sorreter les sardines sont établis à - peu - près de la même maniere que les roussables où l'on fait fumer en Normandie les harengssors. On sale à terre les sardines en tas ou en grenier; on les arrange de tête en queue, en forme de demi - ovale; on seme entre chaque lit du sel, comme on fait aux sardines que l'on prépare pour être pressées; on les laisse ainsi en tas pendant deux ou trois jours au plus. Quand on veut que cet apprêt soit doux & moins âcre, on sale les sardines avec de vieux sel reposé dgune année, parce que le poisson apprêté de sel neuf ou nouveau, est bien moins délicat; après qu'il est resté suffisamment au sel, on passe dans de petites brochettes de bois les sardines de la même maniere que celles qu'on met en presse; on les lave de même dans l'eau de mer, & ensuite dans l'eau douce; après quoi on les pend dans la sorreterie, comme on fait les harengs; on les laisse égoutter pendant 24 heures avant d'y faire le feu, qui dure ordinairement 7 à 8 jours si le tems est sec, sinon pendant 10 jours & plus s'il est humide.

Le feu qu'on fait pour sorreter les sardines, est sait avec du bois de chêne & des copeaux de tonnelier ou de menuisier, que l'on recouvre ensuite de cendres des landes brûlées; pour lui faire rendre plus de fumée, on met le feu le long des pentes des brochettes.

Le lieu qui sert à cette préparation est une salle ou espece de cellier sans étage au - dessus, avec une cheminée dont l'embouchure occupe toute la largeur de la piece, le long de laquelle sont pendues les sardines.

On ne commence guere à sorreter à Douarnenez, que vers la fin de la pêche, parce qu'alors ce sont les plus grosses sardines qui viennent à la côte, qu'elles rangent toujours pour passer l'embouchure du canal, vers la sin de Décembre ou au plus tard vers la fin de Janvier. Voyez la fig. 1. Pl. XIII. de pêche.

SORT (Page 15:376)

SORT, (Jurisprud.) On entend par ce terme, le hasard produit dans les partages; après avoir formé les lots, ils se distribuent ou par choix ou par convention, ou enfin on les tire au sort. Dans ce dernier cas, on fait autant de petits billets qu'il y a de lots, & l'on écrit sur l'un premier lot, & sur l'autre second lot, & ainsi des autres. On mêle ensuite ces billets après les avoir pliés ou roulés, & on les fait tirer l'un après l'autre, un pour chaque héritier, suivant l'ordre de progéniture; & selon le billet qui échet, on écrit dans le partage que le premier lot est advenu à un tel, le second à un tel. voyez Lots & Partage. (A)

Sort (Page 15:376)

Sort, (Critiq. sacr.) maniere de décider les choses par le hasard. Cet usage est très - convenable dans plusieurs occasions, sur - tout dans celles où il n'y a aucune raison de préférence. Alors l'auteur des Proverbes a raison de dire que le sort termine toute dispute. Son usage étoit fréquent chez les Hébreux, comme cela paroît dans plusieurs endroits de l'Ecriture. La terre promise fut partagée au sort. Les Levites reçurent leur lot par le même moyen. Dans le jour de l'expiation, on jettoit le sort sur les deux boucs, pour savoir lequel des deux seroit immolé. David distribua par le sort les rangs aux vingt - quatre bandes de prêtres qui devoient servir dans les temples. Quand il fut question de remplir la place de Judas dans l'apostolat, le sort tomba sur saint Mat<cb-> thias. Enfin la robe de Jésus - Christ fut jettée au sort.

Mais la maniere de tirer le sort chez les Juifs, n'est pas marquée fort distinctement dans l'Ecriture; & nous n'en voyons qu'une sorte exprimée dans Salomon. On jettoit les sorts (apparemment des billets) dans le pan d'une robe, d'où, après les avoir bien mêlés, on les tiroit pour la décision.

Le mot sort désigne encore dans l'Ecriture l'effet du sort, le partage. La méchante femme doit être le partage des pécheurs, sors peccatorum, Ecclés. xxv. 26. c'est - à - dire, que le pécheur mérite de souffrir la mauvaise humeur d'une méchante femme plutôt que l'homme vertueux; mais malheureusement le sort ne le décide pas toujours ainsi. (D. J.)

Sorts (Page 15:376)

Sorts, (Théologie payenne) sortes. Le sort est l'effet du hasard, & comme la décision ou l'oracle de la fortune; mais les sorts sont les instrumens dont on se sert pour savoir quel|e est cette décision.

Les sorts étoient le plus souvent des espece de dés, sur lesquels étoient gravés quelques caracteres ou quelques mots dont on alloit chercher l'explication dans des tables faites expres. Les usages étoient différens sur les sorts. Dans quelques temples on les jettoit soi - même; dans d'autres on les fassoit sortir d'une urne, d'où est venue cette maniere de parler si ordinaire aux Grecs, le sort est tombé.

Ce jeu de dés étoit toujours précédé de sacrifices & de beaucoup de cérémonies; apparemment les prêtres savoient manier les dés; mais s'ils ne vouloient pas prendre cette peine, ils n'avoient qu'à les laisser aller; ils étoient toujours maîtres de l'explication.

Les Lacédémoniens allerent un jour consulter les sorts de Dodone, sur quelque guerre qu'ils entreprenoient; car outre les chênes parlans, & les colombes & les bassins & l'oracle, il y avoit encore des sorts à Dodone. Après toutes les cérémonies faites, sur le point qu'on alloit jetter les sorts avec beaucoup de respect & de vénération, voilà un singe du roi des Molosses, qui étant entré dans le temple, renverse les sorts & l'urne. La prêtresse effrayée dit aux Lacédémoniens qu'ils ne devoient pas songer à vaincre, mais seulement à se sauver; & tous les écrivains assurent que jamais Lacédémone ne reçut un présage plus funeste.

Les plus célébres entre les sorts étoient à Préneste & à Antium, deux petites villes d'Italie. A Préneste étoit la fortune, & à Antium les fortunes. Voy. Sorts de Préneste.

Les fortunes d'Antium avoient cela de remarquable, que c'étoient des statues qui se remuoient d'elles - mêmes, selon le témoignage de Macrobe, l. I. c. xxiij. & dont les mouvemens différens, ou servoient de réponse, ou marquoient si l'on pouvoit consulter les sorts.

Un passage de Ciceron, au liv. II. de la divination, où il dit que l'on consultoit les sorts de Préneste par le consentement de la fortune, peut faire croire que cette fortune savoit aussi remuer la tête, ou donner quelqu'autre signe de ses volontés.

Nous trouvons encore quelques statues qui avoient cette même propriété. Diodore de Sicile & Quint - Curce disent que Jupiter - Ammon étoit porté par quatre - vingt prêtres dans une espece de gondole d'or, d'où pendoient des coupes d'argent; qu'il étoit suivi d'un grand nombre de femmes & de filles qui chantoient des hymnes en langue du pays, & que ce dieu porté par ses prêtres, les conduisoit en leur marquant par quelques mouvemens où il vouloit aller.

Le dieu d'Héliopolis de Syrie, selon Macrobe, en faisoit autant: toute la différence étoit qu'il vouloit être porté par les gens les plus qualifiés de la province, qui eussent long - tems auparavant vécu en continence, & qui se fussent fait raser la tête.

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