ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"463"> moëlle alongée, & communique avec des rameaux des intercostales & des lombaires. Voyez Intercostal, Lombaire, &c.

SPINELLE (Page 15:463)

SPINELLE, adj. (Gram. Joaillerie.) on dit rubis spinelle (Voyez l'article Rubis), lorsqu'il est de couleur de vinaigre ou de pelure d'oignon. Quoiqu'il ait la dureté du rubis balai, il n'en a pas le prix.

SPINEUSES (Page 15:463)

SPINEUSES, s. m. (Mythol.) dieu qui présidoit au défrichement des ronces & des épines.

SPINHUYS (Page 15:463)

SPINHUYS, s. m. (Hist. mod. Econom. politique.) ce mot est hollandois, & signifie maison ou l'on file; on donne ce nom en Hollande à des maisons de force établies dans presque toutes les villes, dans lesquelles on renferme les femmes de mauvaise vie, qui ont attiré l'attention de la police; on les y occupe à filer & à différens autres travaux convenables à leur sexe; on ne leur épargne point les corrections, lorsqu'elles manquent à remplir la tâche qui leur est imposée. Ces sortes de maisons sont ordinairement sous la direction de deux échevins, qui nomment un inspecteur & une inspectrice, qui leur rendent compte.

SPINOSA, philosophie de (Page 15:463)

SPINOSA, philosophie de, (Hist. de la philos.) Benoît Spinosa, juif de naissance, & puis déserteur du judaïsme, & enfin athée, étoit d'Amsterdam. Il a été un athée de sy stème, & d'une méthode toute nouvelle, quoique le fond de sa doctrine lui fût commun avec plusieurs autres philosophes anciens & modernes, européens & orientaux. Il est le premier qui ait reduit en système l'athéïsme, & qui en ait fait un corps de doctrine lié & tissu, selon la méthode des géométres; mais d'ailleurs son sentiment n'est pas nouveau. Il y a long - tems que l'on a cru que tout l'univers n'est qu'une substance, & que Dieu & le monde ne sont qu'un seul être. Il n'est pas sûr que Straton, philosophe péripatéticien, ait eu la même opinion, parce qu'on ne sait pas s'il enseignoit que l'univers ou la nature fût un être simple & une substance unique. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il ne reconnoissoit d'autre dieu que la nature. Comme il se moquoit des atomes & du vuide d'Epicure, on pourroit s'imaginer qu'il n'admettoit point de distinction entre les parties de l'univers; mais cette conséquence n'est point nécessaire. On peut seulement conclure que son opinion s'approche infiniment plus du spinosisme que le système des atomes. On a même lieu de croire qu'il n'enseignoit pas, comme faisoient les atomistes, que le monde fût un ouvrage nouveau, & produit par le hazard; mais qu'il enseignoit, comme font les spinosistes, que la nature l'a produit nécessairement & de toute éternité.

Le dogme de l'ame du monde, qui a été si commun parmi les anciens, & qui faisoit la partie principale du système des stoïciens, est, dans le fond, celui de Spinosa; cela paroîtroit plus clairement, si des auteurs géometres l'avoient expliqué. Mais comme les écrits où il en est fait mention, tiennent plus de la méthode des rhétoriciens, que de la méthode dogmatique; & qu'au contraire Spinosa s'est attaché à la précision, sans se servir du langage figuré, qui nous dérobe si souvent les idées justes d'un corps de doctrine: de - là vient que nous trouvons plusieurs différences capitales entre son système & celui de l'ame du monde. Ceux qui voudroient soutenir que le spinosisme est mieux lié, devroient aussi soutenir qu'il ne contient pas tant d'orthodoxie; car les stoïciens n'ôtoient pas à Dieu la providence: ils réunissoient en lui la connoissance de toutes choses; au lieu que Spinosa ne lui attribue que des connoissances séparées & très - bornées. Lisez ces paroles de Seneque: « Eundem quem nos, jovem intelligunt, custodem, rectoremque universi, animum ac spiritum, mundani hujus operis dominum & artificem, cui nomem omne convenit. Vis illum fatum vocare? Non errabis: hic est ex quo suspensa sunt om - nia, causa causarum. Vis illum providentiam dicere? Recte dicis. Est enim cujus consilio huic mundo providetur. Vis illum naturam vocare? Non peccabis. Est enim ex quo nata sunt omnia, cujus spiritu vivimus. Vis illum vocare mundum? Non falleris. Ipse est enim totum quod vides, totus suis partibus inditur, & se sustinens vi suâ. Quoest. natur. lib. XI. cap. xlv». ailleurs il parle ainsi: « Quid est autem, cur non existimes in eo divini aliquid existere, qui Dei par est? Totum hoc quo continemur, & unum est & Deus, & socii ejus sumus & membra. Epist. 92». Lisez ainsi le discours de Caton, dans le IV. liv. de la Pharsale, & sur - tout considérez - y ces trois vers.

Est - ne Dei sedes nisi terra & pontus & acr, Et coelum & virtus? Superos quid quoerimus ultra? Jupiter est quodcumque vides, quocumque moveris.

Pour revenir à Spinosa, tout le monde convient qu'il avoit des moeurs, sobre, modéré, pacifique, désintéressé, même généreux; son coeur n'étoit taché d'aucun de ces vices qui déshonorent. Cela est étrange; mais au fond il ne faut pas plus s'en étonner, que de voir des gens qui vivent très - mal, quoiqu'ils aient une pleine persuasion de l'Evangile; ce que l'attrait du plaisir ne fit point dans Spinosa; la bonté & l'équité naturelles le firent. De son obscure retraite sortit d'abord l'ouvrage qu'il intitula, traité théologico - politique, parce qu'il y envisage la religion en elle - même, & par rapport à son exercice, eu égard au gouvernement civil. Comme la certitude de la révélation est le fondement de la foi; les premiers efforts de Spinosa sont contre les prophetes. II tente tout pour affoiblir l'idée que nous avons d'eux, & que nous puisons dans leurs prophéties. Il borne à la science des moeurs tout le mérite des prophetes. Il ne veut pas qu'ils aient bien connu la nature & les perfections de l'Etre souverain. Si nous l'en croyons, ils n'en savoient pas plus, & peut - être qu'ils n'en savoient pas tant que nous.

Moïse, par exemple, imaginoit un Dieu jaloux, complaisant & vindicatif, ce qui s'accorde mal avec l'idée que nous devons avoir de la divinité. A l'égard des miracles, dont le récit est si fréquent dans les Ecritures, il a trouvé qu'ils n'étoient pas véritables. Les prodiges, selon lui, sont impossibles; ils dérangeroient l'ordre de la nature, & ce dérangement est contradictoire. Enfin pour nous affranchir tout - d'uncoup & pour nous mettre à l'aise, il détruit par un chapitre seul toute l'autorité des anciennes Ecritures. Elles ne sont pas des auteurs dont elles portent les noms, ainsi le pentateuque ne sera plus de Moïse, mais une compilation de vieux mémoires mal dirigés par Esdras. Les autres livres sacrés n'auront pas une origine plus respectable.

Spinosa avoit étonné & scandalisé l'Europe par une théologie qui n'avoit de fondement que l'autorité de sa parole. Il ne s'égara pas à demi. Son premier ouvrage n'étoit que l'essai de ses forces. Il alla bien plus loin dans un second. Cet autre écrit est sa morale, où donnant carriere à ses méditations philosophiques, il plongea son lecteur dans le sein de l'athéisme. C'est principalement à ce monstre de hardiesse, qu'il doit le grand nom qu'il s'est fait parmi les incrédules de nos jours. Il n'est pas vrai que ses sectateurs soient en grand nombre. Très - peu de personnes sont soupçonnées d'adherer à sa doctrine, & parmi ceux que l'on en soupçonne, il y en a peu qui l'aient étudié, & entre ceux - ci il y en a peu qui l'aient comprise, & qui soient capables d'en tracer le vrai plan, & de développer le fil de ses principes. Les plus sinceres avouent que Spinosa est incompréhensible, que sa philosophie sur - tout est pour eux une énigme perpétuelle, & qu'enfin s'ils se rangent de son parti, c'est qu'il nie avec intrépidité ce qu'eux - mêmes avoient un penchant secret à ne pas croire. [p. 464]

Pour peu qu'on enfonce dans ces noires ténébres où il s'est enveloppé, on y découvre une suite d'abymes où ce téméraire raisonneur s'est précipité presque dès le premier pas, des propositions évidemment fausses, & les autres contestables, des principes arbitraires substitués aux principes naturels & aux vérités sensibles, un abus des termes la plûpart pris à contre - sens, un amas d'équivoques trompeuses, une nuée de contradictions palpables.

De tous ceux qui ont réfuté le spinosisme, il n'y a personne qui l'ait dévelopé aussi nettement, ni combattu avec autant d'avantage que l'a fait M. Bayle. C'est pourquoi je me fais un devoir de transcrire ici un précis des raisonnemens par lesquels il a ruiné de fond - en - comble ce système monstrueux. Mais avant d'en faire sentir le ridicule, il est bon de l'exposer. Spinosa soutient 1°. qu'une substance ne peut produire une autre substance; 2°. que rien ne peut être créé de rien, parce que ce seroit une contradiction manifeste que Dieu travaillât sur le néant, qu'il tirât l'être du non - être, la lumiere des ténébres, la vie de la mort; 3°. qu'il n'y a qu'une seule substance, parce qu'on ne peut appeller substance que ce qui est éternel, indépendant de toute cause supérieure, que ce qui existe par soi - même & nécessairement. Or toutes ces qualités ne conviennent qu'à Dieu, donc il n'y a d'autre substance dans l'univers que Dieu seul.

Spinosa ajoute que cette substance unique, qui n'est ni divisée, ni divisible, est douée d'une infinité d'attributs, & entr'autres de l'étendue & de la pensée. Tous les corps qui se trouvent dans l'univers sont des modifications de cette substance en tant qu'étendue, & que les ames des hommes sont des modifications de cette substance en tant que pensée. Le tout cependant reste immobile, & ne perd rien de son essence pour quelques changemens legers, rapides, momentanés. C'est ainsi qu'un homme ne cesse point d'être ce qu'il est en effet, soit qu'il veille, soit qu'il dorme, soit qu'il se repose nonchalamment, soit qu'il agisse avec vigueur. Ecoutons ce que Bayle oppose à cette doctrine.

1°. Il est impossible que l'univers soit une substance unique; car tout ce qui est étendu a nécessairement des parties, & tout ce qui a des parties est composé: & comme les parties de l'étendue ne subsistent point l'une dans l'autre, il faut nécessairement ou que l'étendue en général ne soit pas une substance, ou que chaque partie de l'étendue soit une substance particuliere & distincte de toutes les autres. Or selon Spinosa, l'étendue en général est l'attribut d'une substance: d'un autre côté, il avoue avec les autres philosophes, que l'attribut d'une substance ne differe point réellement de cette substance; d'où il faut conclure que chaque partie de l'étendue est une substance particuliere: ce qui ruine les fondemens de tout le système de cet auteur. Pour excuser cette absurdité, Spinosa ne sauroit dire que l'étendue en général est distincte de la substance de Dieu, car s'il le disoit, il enseigneroit que cette substance est en elle - même non - étendue; elle n'eût donc jamais pû acquérir les trois dimensions, qu'en les créant, puisqu'il est visible que l'étendue ne peut sortir ou émaner d'un sujet non étendu, que par voie de création: or Spinosa ne croyoit point que de rien on pût faire rien. Il est encore visible qu'une substance non étendue de sa nature, ne peut jamais devenir le sujet des trois dimensions: car comment seroit - il possible de les placer sur ce point mathématique? elles subsisteroient donc sans un sujet, elles seroient donc une substance; de sorte que si cet auteur admettoit une distinction réelle entre la substance de Dieu, & l'étendue en général, il seroit obligé de dire que Dieu seroit composé de deux substances distinctés l'une de l'autre, savoir de son être non - étendu, & de l'étendue: le voilà donc obligé à reconnoître que l'étendue & Dieu ne sont que la même chose; & comme d'ailleurs, dans ses principes, il n'y a qu'une substance dans l'univers, il faut qu'il enseigne que l'étendue est un être simple, & aussi exempt de composition que les points mathématiques; mais n'est - ce pas se moquer du monde que de soutenir cela? est - il plus évident que le nombre millénaire est composé de mille unités, qu'il est évident qu'un corps de cent pouces est composé de cent parties réellement distinctes l'une de l'autre, qui ont chacune l'étendue d'un pouce?

Pour se débarrasser d'une difficulté si pressante, Spinosa répond que l'étendue n'est pas composée de parties, mais de modifications. Mais a - t - il bien pû se promettre quelqu'avantage de ce changement de mot? qu'il évite tant qu'il voudra le nom de partie, qu'il substitue tant qu'il voudra celui de modalité ou modification, que fait cela à l'affaire? les idées que l'on attache au mot partie, s'effaceront - elles? ne les appliquera - t - on pas au mot modification? les signes & les caracteres de différence sont - ils moins réels, ou moins évidens, quand on divise la matiere en modifications, que quand on la divise en parties? visions que tout cela: l'idée de la matiere demeure toujours celle d'un être composé, celle d'un amas de plusieurs substances. Voici de quoi bien prouver cela.

Les modalités sont des êtres qui ne peuvent exister sans la substance qu'elles modifient, il faut donc que la substance se trouve par - tout où il y a des modalités, il faut même qu'elle se multiplie à proportion que les modifications incompatibles entre elles se multiplient. Il est évident, nul spinosiste ne le peut nier, que la figure quarrée, & la figure circulaire, sont incompatibles dans le même morceau de cire; il faut donc nécessairement que la substance modifiée par la figure quarrée ne soit pas la même substance que celle qui est modifiée par la figure ronde: autrement la figure quarrée & la figure ronde se trouveroient en même tems dans un seul & même sujet: or cela est impossible.

2°. S'il est absurde de faire Dieu étendu, parce que c'est lui ôter sa simplicité, & le composer d'un nombre infini de parties, que dirons - nous, quand nous songerons que c'est le reduire à la condition de la nature la plus vile, en le faisant matériel, la matiere étant le théâtre de toutes les corruptions & de tous les changemens? Les spinosistes soutiennent pourtant qu'elle ne souffre nulle division, mais ils soutiennent cela par la plus frivole, & par la plus froide chicanerie qui puisse se voir. Afin que la matiere fût divisée, disent - ils, il faudroit que l'une de ses portions fût séparée des autres par des espaces vuides: ce qui n'arrive jamais; mais c'est très - mal définir la division. Nous sommes aussi réellement séparés de nos amis, lorsque l'intervalle qui nous sépare est occupé par d'autres hommes rangés de file, que s'il étoit plein de terre. On renverse donc & les idées & le langage, quand on nous soutient que la matiere reduite en cendres & en fumée, ne souffre point de séparation?

3°. Nous allons voir des absurdités encore plus monstrueuses, en considérant le dieu de Spinosa, comme le sujet de toutes les modifications de la pensée: c'est déja une grande difficulté que de concilier l'étendue & la pensée dans une seule substance; & il ne s'agit point ici d'un alliage comme celui des métaux, ou comme celui de l'eau & du vin; cela ne demande que la juxta - position: mais l'alliage de la pensée & de l'étendue doit être une identité. Je suis sûr que si Spinosa avoit trouvé un tel embarras dans une autre secte, il l'auroit jugée indigne de son attention; mais il ne s'en est pas fait une affaire dans sa

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