ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"445"> d'une huile subtile, aromatique, de bonne odeur; & qu'ils se trouvent mal des remedes irritans. Dans la putridité, l'estomac est rejoui par les acides qui se trouvent contraires aux maladies des bronches des poumons. Les cantharides ne font point d'impression sur l'estomac, mais elles picotent les canaux urinaires des reins, les ureteres, la vessie, & leur causent des contractions spasmodiques.

Après avoir indiqué les divers sens qu'on peut donner aux remedes nommés spécifiques en médecine, nous allons indiquer en peu de mots, ceux qui conviennent davantage pour la guérison de différentes maladies les plus communes.

Le quinquina n'a point perdu la réputation qu'il s'est acquise dès le commencement, d'être le spécifique des fievres intermittentes, ou du moins d'en reprimer les accès: le fait est certain, quoique la maniere soit inconnue. On loue encore avec raison, dans les mêmes fievres, les fleurs de camomille ordinaire, parce que leur amertume & leur huile ont une vertu antispasinodique, & une autre tonique légerement astringente.

La teinture de rhubarbe & de gentiane, préparée avec une lessive de celle de tartre, & l'esprit urineux du sel ammoniac, a dans plusieurs especes de fievres quartes, une espece de vertu spécifique; mais quand cette fievre ne cede pas à ce remede, il paroît qu'on peut recourir avantageusement au mercure doux, ou diaphorétique, bien préparé.

Le nitre dépuré avec un peu de camphre, les adoucissans, les doux anodins, les émulsions, & les diaphorétiques fixes, ont une espece de vertu particuliere dans toutes les inflammations qui sont accompagnées de sievre, & qui communément attaquent les parties nerveuses, comme sont les membranes du cerveau, les tuniques de l'estomac, la plevre, les bronches des poumons.

Lorsque les humeurs ont une disposition maligne, c'est - à - dire une disposition à la putréfaction, le camphre marié avec le nitre, mérite des éloges, soit que les maladies soient aiguës ou chroniques. On doit regarder le vinaigre, ou simple, ou chargé de la teinture des racines cordiales, comme le meilleur des alexiteres, dans la peste même. Le suc de limons, de citrons, le sirop de limon aromatisé avec l'huile de cedre, resistent puissamment en qualité d'acides, à la dissolution corruptible des humeurs.

Les douleurs causées par un resserrement spasmodique, sont utilement mitigées par la liqueur anodine minérale d'Hoffman; les vents dont la raréfaction cause une extension douloureuse des membranes de l'estomac & des intestins, le dissipent avantageusement, toutes les fois qu'il n'y a point d'inflammation, par l'écorce d'orange jointe aux fleurs de camomille, & par d'autres remedes semblables, qui ont une huile subtile, vaporeuse, réunie à un principe aromatique, qui fortifient & adoucissent.

Les goutteux sont soulagés par l'usage abondant & continué d'une décoction de racine d'armoise, de scorzonere, de squine, de réglisse, & de polypode; le rob de sureau, pris intérieurement à la dose d'une once, dans un liquide convenable, est une espece de spécifique pour exciter la transpiration.

Les accidens hystériques & hypocondriaques, qui proviennent de la contraction spasmodique du système des nerfs, ne connoissent point de meilleur remede que l'exercice du corps, les gommes balsamiques, comme l'assa foetida, le sagapenum, l'opopanax, le castoreum, l'extrait de rhubarbe, la myrrhe & le safran, pris souvent à dose modérée, parce que ces remedes dissolvent les liqueurs tenaces, & fortifient le ton des parties nerveuses.

Lorsque le tissu vésiculaire des poumons est engorgé dans l'asthme par une pituite épaisse, la gom<cb-> me ammoniaque, le baume du Pérou, l'opopanax, réduits en pilules, ou en essence, avec la teinture de tartre, sont les remedes les plus spécifiques, c'est - à - dire les plus appropriés à cette maladie.

Quand les mêmes poumons commencent à être attaqués de phthisie, c'est sur - tout dans le lait d'anesse, ou seul, ou coupé avec les eaux de Selter, qu'il faut chercher le remede spécifique à ce mal, en y joignant l'exercice modéré à cheval, avec le régime convenable d'ailleurs, pour prévenir la putridité des humeurs.

L'hydropisie dépendant d'une infinité de causes particulieres, n'a point de remedes spécifiques; mais comme l'écoulement des urines est quelquefois un des moyens destinés à évacuer les eaux des hydropiques, on peut conseiller la poudre des cantharides, mêlée avec le sel de tartre, quelques grains de nitre dépuré, & de camphre, si les humeurs ont disposition à prendre le cours des urines pour s'évacuer; il faut ensuite fortifier le corps par des bandages.

La disposition des reins à former du gravier, demande un long & fréquent usage de l'infusion des sommités de mille feuilles, ainsi que l'écorce des racines d'acacia, infusée dans l'eau.

La dissenterie, maladie contagieuse qui fait quelquefois de grands ravages, est ordinairement heureusement guérie par la racine de l'Amérique, connue sous le nom d'ipecacuanha, qui passe dans ce mal pour un spécifique.

On prescrit, entre les remedes qui peuvent émousser l'acrimonie, les diaphorétiques doux, les tempérans, & l'infusion légere de rhubarbe; enfin on emploie avec succès, l'écorce de cascarille, pour raffermir les fibres relâchées des intestins, & calmer les mouvemens désordonnés.

Les vers, qui présentent quelquefois la scène de plusieurs accidens, sont heureusement attaqués & chasses du corps par l'extrait de rhubarbe, & surtout par le diagrède, & le mercure doux: on peut, dans les enfans, faire précéder l'usage de ces remedes, par quelques cuillerées d'huile d'olive, ou d'amande douce, lesquels comme tous les huileux, causent la mort des vers, sur - tout si les enfans sont à jeun.

Dans les maladies vénériennes, le bois & l'écorce de gayac, mais sur - tout le mercure, passent depuis long - tems pour être les meilleurs spècifiques connus. Le gayac empreint l'eau dans laquelle on le fait bouillir, d'un sel subtil resineux, qui accélere la circulation de la masse du sang & des humeurs; ce qui tend à dissoudre les sucs tenaces, & à lever les obstructions.

On attaque avec succès les maladies cutanées, telles que l'herpès, la gale, & autres exulcérations de la peau, par le soufre diaphorétique d'antimoine, & en général par les antimoniaux.

La stagnation des humeurs & du sang, qui procede d'une contusion des parties extérieures, outre les remedes externes, admet intérieurement l'usage de l'infusion, ou de la décoction du damozanium, & autres plantes de ce genre, qui possedent des vertus incisives, résolutives, & discussives.

Voilà, dans plusieurs maladies, les remedes choisis que l'expérience a fait connoître pour les plus utiles, & dont la plûpart sont honorés du titre de spécifiques; cependant les vertus de tous ces médicamens, même des plus vantés, ne sont jamais que relatives, bornées & limitées à certaines dispositions & circonstances; ils demandent tous d'être reglés par une méthode convenable, & par les lumieres d'un sage médecin qui connoisse les causes de la maladie, le régime, le genre de vie qu'il faut suivre pendant l'usage [p. 446] de ces remedes, la maniere de les combiner, & combien de tems il faut les continuer.

Nous n'avons donc garde d'imaginer qu'il y ait des remedes qui produisent toujours un effet salutaire dans tous les sujets: nous n'entendons par spécifiques, comme nous l'avons déja dit, que les remedes connus, qui ont généralement une faculté particuliere, ou spéciale, dans certaines maladies préférablement à d'autres.

A plus forte raison sommes - nous convaincus qu'il n'y a ni panacées, ni secrets, ni spécifiques universels. Ceux qui prétendent d'en posseder, ne sont que des fourbes & des charlatans: si l'on croit ces gens - là, dit la Bruyere, le remede qu'ils ont est un bien de famille qui s'est amélioré dans leurs mains; de spécifique qu'il étoit contre un seul mal, il les guérit tous par les expériences qu'ils en ont faites; forcez un peu votre mémoire, ajoute - t - il, nommez une maladie, la premiere qui vous viendra dans l'esprit, l'épilepsie, dites - vous, ils la guérissent. Ils ne ressuscitent personne, à la vérité, ils ne rendent pas la vie aux hommes, mais ils les conduisent nécéssairement à la décrépitude, & ce n'est que par hasard que leurs peres & leurs ayeuls, qui avoient leurs spécifiques & leurs secrets, sont morts fort jeunes. (Le chevalier de Jaucourt.)

SPECILLUM, ou SPECULUM (Page 15:446)

SPECILLUM, ou SPECULUM, est un instrument de chirurgie, qui sert à sonder & écarter les plaies, &c. c'est la même chose que sonde. Voyez Sonde. (Y)

SPECTABILES (Page 15:446)

SPECTABILES, (Littérature) titre d'honneur qu'on donnoit aux nobles du second rang sous les empereurs romains; mais c'étoit un titre inconnu du tems de la république. Il y avoit deux autres qualifications dans le discours, accordées à la noblesse, dont la principale étoit celle de illustres, & la moindre celle de clarissimi. (D. J.)

SPECTACLES (Page 15:446)

SPECTACLES, (Invent. anc. & mod.) représentations publiques imaginées pour amuser, pour plaire, pour toucher, pour émouvoir, pour tenir l'ame occupée, agitée, & quelquefois déchirée. Tous les spectacles inventés par les hommes, offrent aux yeux du corps ou de l'esprit, des choses réelles ou feintes; & voici comme M. le Batteux, dont j'emprunte tant de choses, envisage ce genre de plaisir.

L'homme, dit - il, est né spectateur; l'appareil de tout l'univers que le Créateur semble étaler pour être vu & admiré, nous le dit assez clairement. Aussi de tous nos sens, n'y en a - t - il point de plus vif, ni qui nous enrichisse d'idées, plus que celui de la vue; mais plus ce sens est actif, plus il a besoin de changer d'objets: aussitôt qu'il a transmis à l'esprit l'image de ceux qui l'ont frappé, son activité le porte à en chercher de nouveaux, & s'il en trouve, il ne manque point de les saisir avidement. C'est de - là que sont venus les spectacles établis chez presque toutes les nations. Il en faut aux hommes de quelque espece que ce soit: & s'il est vrai que la nature dans ses effets, la société dans ses événemens, ne leur en fournissent de piquans que de loin à loin, ils auront grande obligation à quiconque aura le talent d'en créer pour eux, ne fût - ce que des phantômes & des ressemblances, sans nulle réalité.

Les grimaces, les prestiges d'un charlatan monté sur des tréteaux, quelque animal peu connu, ou instruit à quelque manege extraordinaire, attirent tout un peuple, l'attachent, le retiennent comme malgré lui; & cela dans tout pays. La nature étant la même par - tout, & dans tous les hommes, savans & ignorans, grands & petits, peuple & non peuple, il n'étoit pas possible qu'avec le tems les spectacles de l'art n'eussent pas lieu dans la société humaine; mais de quelle espece devoient - ils être, pour faire la plus grande impression de plaisir?

On peut présenter les effets de la nature, une ri<cb-> viere débordée, des rochers escarpés, des plaines, des forêts, des villes, des combats d'animaux; mais ces objets qui ont peu de rapport avec notre être, qui ne nous menacent d'aucun mal, ni ne nous promettent aucun bien, sont de pures curiosités: ils ne frappent que la premiere fois, & parce qu'ils sont nouveaux: s'ils plaisent une seconde fois, ce n'est que par l'art heureusement exécuté.

Il faut donc nous donner quelque objet plus intéressant, qui nous touche de plus près; quel sera cet objet? nous - mêmes. Qu'on nous fasse voir dans d'autres hommes, ce que nous sommes, c'est de quoi nous intéresser, nous attacher, nous remuer vivement.

L'homme étant composé d'un corps & d'une ame, il y a deux sortes de spectacles qui peuvent l'intéresser. Les nations qui ont cultivé le corps plus que l'esprit, ont donné la préférence aux spectacles où la force du corps & la souplesse des membres se montroient. Celles qui ont cultivé l'esprit plus que le corps, ont préféré les spectacles où on voit les ressources du génie & les ressorts des passions. Il y en a qui ont cultivé l'un & l'autre également, & les spectacles des deux especes, ont été également en honneur chez eux.

Mais il y a cette différence entre ces deux sortes de spectacles, que dans ceux qui ont rapport au corps, il peut y avoir réalité, c'est - à - dire que les choses peuvent s'y passer sans feintes & tout de bon, comme dans les spectacles des gladiateurs, où il s'agissoit pour eux de la vie. Il peut se faire aussi que ce ne soit qu'une imitation de la réalité, comme dans ces batailles navales où les Romains flatteurs représentoient la victoire d'Actium. Ainsi dans ces sortes de spectacles, l'action peut être ou réelle, ou seulement imitée.

Dans les spectacles où l'ame fait ses preuves, il n'est pas possible qu'il y ait autre chose qu'imitation, parce que le dessein seul d'être vû contredit la réalité des passions: un homme qui ne se met en colere, que pour paroître fâché, n'a que l'image de la colere; ainsi toute passion, dès qu'elle n'est que pour le spectacle, est nécessairement passion imitée, feinte, contrefaite: & comme les opérations de l'esprit sont intimement liées avec celles du coeur, en pareil cas, elles sont de même que celles du coeur, feintes & artificielles.

D'où il suit deux choses: la premiere que les spectacles où on voit la force du corps & la souplesse, ne demandent presque point d'art, puisque le jeu en est franc, sérieux, & réel; & qu'au contraire ceux où l'on voit l'action de l'ame, demandent un art infini, puisque tout y est mensonge, & qu'on veut le faire passer pour vérité.

La seconde conséquence est que les spectacles du corps doivent faire une impression plus vive, plus forte; les secousses qu'ils donnent à l'ame, doivent la rendre ferme, dure, quelquefois cruelle. Les spectacles de l'ame au - contraire, font une impression plus douce, propre à humaniser, à attendrir le coeur plutôt qu'à l'endurcir. Un homme égorgé dans l'arene, accoutume le spectateur à voir le sang avec plaisir. Hippolyte déchiré derriere la scene, l'accoutume à pleurer sur le sort des malheureux. Le premier spectacle convient à un peuple guerrier, c'est - à - dire destructeur; l'autre est vraiment un art de la paix, puisqu'il lie entr'eux les citoyens par la compassion & l'humanité.

Les derniers spectacles sont sans doute les plus dignes de nous, quoique les autres soient une passion qui remue l'ame & la tient occupée. Tels étoient chez les anciens le spectacle des gladiateurs, les jeux olympiques, circenses & funebres; & chez les modernes, les combats à outrance, & les joûtes à fer émoulu qui ont cessé. La plûpart des peuples polis

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