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Quel est donc ce dérangement intérieur, & quelle en est la cause? Champ vaste ouvert aux théoriciens, sujet fertile en discussions, en erreurs & en absurdités. Les partisans de la théorie ordinaire confondant toujours spasme & convulsion, les ont regardés comme des accidens très - graves, qu'ils ont fait dépendre d'un vice plus ou moins considérable dans le cerveau; les uns ont cru que ce vice consistoit dans un engorgement irrégulier des canaux nerveux; d'autres l'ont attribué à un fluide nerveux, épais & grumelé, qui passoit avec peine & inégalement dans les nerfs, & excitoit par - là cette irrégularité dans les mouvemens. La plûpart ont pensé que la cause du mal étoit dans les vaisseaux sanguins du cerveau, & que leur disposition vicieuse consistoit en des especes de petits anévrismes extrèmement multipliés, qui rendoient la circulation du sang déja épais & sec, plus difficile, & en troubloient en même tems l'uniformité. Tous enfin ont recours à des causes particulieres, presque toutes vagues, chimérlques, ou peu prouvées pour l'explication d'un fait plus général qu'on ne le pense communément.
Et c'est précisément de tous les défauts qu'on pourroit, par le plus léger examen, découvrir dans ces théories, celui qui est le plus remarquable, & qu'il est le plus important d'approfondir; rien n'est plus nuisible aux progrès d'une science, que de trop généraliser certains principes, & d'en trop particulariser d'autres. La circulation du sang, simple phénomene de Physiologie, dont la découverte auroit dû, ce semble, répandre un nouveau jour sur la Médecine théorique, n'a fait qu'éblouir les esprits, obscurcir & embrouiller les matieres, parce que tout aussi - tôt on l'a regardée comme un principe général, & qu'on en a fait un agent universel. Erreur dont les conséquences ont toujours été de plus en plus éloignées du sanctuaire de la vérité ou de l'observation; donnant dans l'écueil opposé, on n'a considéré le spasme que sous l'aspect effrayant d'un symptome dangereux, tandis qu'avec une idée plus juste de l'économie animale on n'y auroit vu qu'un principe plus ou moins général, qui, vrai Protée, changeoit de forme à chaque instant, & produisoit dans différentes parties & dans différentes circonstances des effets très différens. C'est par la lecture de quelques ouvrages modernes, specimen novi medicinoe conspectus, idée
A mesure que les sujets sont plus intéressans, on doit chercher davantage à trouver de grands points de vûe pour les mieux appercevoir, pour les considérer en grand, & les suivre dans toutes leurs applications; mais il faut bien prendre garde aux fondemens sur lesquels on établit de grands principes. Il est incontestable qu'en Médecine de pareils fondemens ne peuvent être assis que sur l'observation; & comme les différentes théories qui se sont succédées jusqu'à présent n'ont été reçues que sur la foi d'un pareil appui, & qu'il est probable que leurs auteurs étoient persuadés de les avoir ainsi fondés, il en résulte nécessairement qu'il en est de l'observation, comme Montagne le disoit de la raison, que c'est un pot à deux anses, une regle de plomb & de cire alongeable, ployable & accommodable, à tous sens & à toutes mesures. Il y a donc une maniere de saisir l'observation pour en tirer les lumieres qu'elle doit fournir; il faut donc un point de vûe propre à saisir le fonds de l'observation, avant que de pouvoir se flatter d'en tirer assez de parti pour former une théorie également solide & profonde.
Insantum corpus loeditur in quantum convellitur; c'est un grand & important axiome que le célebre auteur des ouvrages cités plus haut, établit pour fondement de la théorie des maladies, il découle naturellement des principes justes & feconds qu'il a exposés sur l'économie animale; il est d'ailleurs appuyé sur des observations multipliées, & sur - tout sur le genre d'observation le plus lumineux & le moins équivoque; c'est celui dont on est soi - même l'objet: voilà donc le spasme proposé comme cause générale de maladie, suivons l'auteur dans les différens pas qu'il a faits pour venir à cette conséquence, & examinons sans prévention les preuves sur lesquelles il en étaye la vérité. Jettons d'abord un coup d'oeil sur l'homme sain, & sans remonter aux premiers élémens peu connus dont il est composé, fixons plus particulierement nos regards sur le tableau animé que présentent le jeu continuel des différentes parties & les fonctions diversifiées qui en résultent.
Qu'est - ce que l'homme? ou pour éviter toute équivoque, que la méchanceté & la mauvaise foi sont si promptes à faire valoir; qu'est - ce que la machine humaine? Elle paroît à la premiere vûe, un composé harmonique de différens ressorts qui mûs chacun en particulier, concourent tous au mouvement général; une propriété générale particulierement restreinte aux composés organiques, connue sous les noms d'irritabilité ou sensibilité, se répand dans tous les ressorts, les anime, les vivifie & excite leurs mouvemens; mais modifiée dans chaque organe, elle en diversisie à l'infini l'action & les mouvemens; par elle les différens ressorts se bandent les uns contre les autres, se résistent, se pressent, agissent & influent mutuellement les uns sur les autres; cette commixture réciproque entretient les mouvemens, nulle action sans réaction. De cet antagonisme continuel d'actions, résulte la vie & la santé; mais les ressorts perdroient bientôt & leur force, & leur jeu, les mouvemens languiroient, la machine se détruiroit, si l'Etre suprème qui l'a construite n'avoit veillé à sa conservation, en présentant des moyens pour ranimer les ressorts fatigués, & pour ainsi dire débandés, pour rappeller les mouvemens & remonter en un mot toute la machine; c'est - là l'usage des six choses [p. 436]
Partons de ce point de vûe lumineux, pour promener avec plus de fruit nos regards attentifs sur l'innombrable cohorte de maladies qui se présente à nos yeux; tâchons de pénétrer dans l'intérieur de la machine pour y appercevoir les dérangemens les plus cachés: supposons parmi cette multitude de ressorts qui se résistent mutuellement & qui par cette contranitence réciproque, entretiennent leurs mouvemens & concourent par - là à l'harmonie générale; supposons, dis - je, un de ces ressorts altéré, affoibli, par l'abus de ce qui sert à l'entretenir, destitué de la force nécessaire pour réagir efficacement contre le ressort sympathique; aussi - tôt cette égalité d'action & de réaction qui constitue une espece de spasme naturel est troublée; ce dernier ressort augmente la sphere de ses mouvemens, les fibres qui le composent sont irritées, tendues, resserrées, & dans un orgasme qui constitue proprement l'état spasmodique contre nature. Mais remontons à la source du dérangement d'un organe particulier, nous la trouverons dans le diaphragme, qui par le tissu cellulaire, par des bandes aponévrotiques & par les nerfs, communique comme par autant de rayons aux différentes parties; l'action de cet organe important est entretenue dans l'uniformité qui forme l'état sain par l'effort réciproque & toujours contre - balancé de la tête & de l'épigastre; si l'une de ces deux puissances vient à agir avec plus ou moins de force, dès - lors l'équilibre est rompu, le diaphragme est affecté, son action cesse d'être uniforme, une ou plusieurs de ses parties sont dérangées, & par une suite de son influence générale sur tous les visceres, le dérangement, l'affection, la maladie plus ou moins considérable se propage & se maniseste dans les organes qui répondent aux parties du diaphragme altérées, par un spasme plus ou moins sensible, plus ou moins facilement réductible à l'état naturel.
Les deux pivots sur lesquels roule le jeu du diaphragme & en conséquence tous les mouvemens de la machine, & où prennent naissance les causes ordinaires de maladie, sont comme nous l'avons déja remarqué, la tête & le bas - ventre; toute la force du bas - ventre dépend de l'action tonique des intestins & de l'estomac, & de leur effort contre le diaphragme;
De cette double observation naît une division générale de la pathologie en maladies dûes au ressort augmenté de la tête, & en celles qui sont produites par l'augmentation du ressort du bas - ventre: cette division va paroître plus importante & plus féconde en se rapprochant du langage ordinaire des médecins; pour cela qu'on fasse attention que le dérangement du ressort du bas - ventre reconnoît pour cause, des mauvaises digestions, des amas d'humeurs viciées, &c. dans l'estomac & les intestins; & d'un autre côté que le ressort de la tête est altéré par des sensations trop vives, par des passions violentes, par des méditations profondes, des veilles excessives, des études forcées, & l'on s'appercevra que la division précédente se reduit à la distinction connue, mais mal approfondie, des maladies en humorales & nerveuses: double perspective qui se présente dans un lointain très - éclairé au médecin observateur.
Les maladies purement nerveuses dépendantes d'une
lésion particuliere de sentiment, doivent être appel<pb->
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