ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"433"> sister aux entreprises de plusieurs villes qui menaçoient sa liberté; il falloit donc lui inspirer l'obéissance & les vertus guerrieres, il falloit faire un peuple de héros dociles.

Il commença d'abord par changer la forme du gouvernement; il établit un sénat qui fût le dépositaire de l'autorité des lois, & de la liberté. Les rois de Lacédémone n'eurent plus que des honneurs sans pouvoir; le peuple fut soumis aux lois: on ne vit plus de dissensions domestiques, & cette tranquillité ne fut pas seulement l'effet de la nouvelle forme du gouvernement.

Lycurgue sut persuader aux riches de renoncer à leurs richesses: il partagea la Laconie en portions égales: il proscrivit l'or & l'argent, & leur substitua une monnoie de fer dont on ne pouvoit ni transporter, ni garder une somme considérable.

Il institua ses repas publics, où tout le monde étoit obligé de se rendre, & où régnoit la plus grande sobriété.

Il régla de même la maniere de se loger, de se meubler, de se vêtir, avec une uniformité & une simplicité qui ne permettoient aucune sorte de luxe. On cessa d'aimer à Sparte, des richesses dont on ne pouvoit faire aucun usage: on s'attacha moins à ses propres biens qu'à l'état, dont tout inspiroit l'amour; l'esprit de proprieté s'éteignit au point qu'on se servoit indisséremment des esclaves, des chevaux, des chiens de son voisin, ou des siens propres: on n'osoit refuser sa femme à un citoyen vertueux.

Dès la plus tendre enfance, on accoutumoit le corps aux exercices, à la fatigue, & même à la douleur.

On a beaucoup reproché à Lycurgue d'avoir condamne à mort les enfans qui naissoient foibles & mal constitués: cette loi, dit - on, est injuste & barbare; elle le seroit sans doute, dans une législation où les richesses, les talens, les agrémens de l'esprit, pourroient rendre heureux, ou utiles, des hommes d'une santé délicate; mais à Sparte, où l'homme foible ne pouvoit être que méprisé & malheureux, il étoit humain de prévenir ses peines en lui ôtant la vie.

On fait encore à Lycurgue un reproche de cruauté, à l'occasion des sêtes de Diane: on fouettoit les enfans devant l'autel de la déesse, & le momdre cri qui leur seroit échappé, leur auroit artiré un long supplice: Lycurgue, dans ces fêtes, accoutumoit les enfans à la douleur; il leur en ôtoit la crainte qui affoiblit plus le courage, que la crainte de la mort.

Il ordonna que des l'âge de cinq ans, les enfans apprissent à danser la pyrrique; les danseurs y étoient armés; ils faisoient en cadence, & au son de la flute, tous les mouvemens militaires qui, sans le secours de la mesure, ne peuvent s'exécuter avec précision; on n'a qu'à lire dans Xénophon, ce qu'il dit de la tactique & des évolutions des Spartiates, & on jugera que sans l'habitude, & un exercice continuel, on ne pouvoit y exceller.

Après la pyrrique, la danse la plus en usage étoit la gymnopoedie; cette danse n'étoit qu'une image de la lutte & du pancrace, & par les mouvemens violens qu'elle exigeoit des danseurs, elle contribuoit encore à assouplir & à fortifier le corps.

Les Lacédémoniens étoient obligés de s'exercer beaucoup à la course, & souvent ils en remportoient le prix aux jeux olympiques.

Presque tous les momens de la jeunesse étoient employés à ces exercices, & l'âge mûr n'en étoit pas dispensé. Lycurgue, fort différent de tant de médiocres législateurs, avoit combiné les effets, l'action, la réaction réciproque du physique & du moral de l'homme, & il voulut former des corps capables de soutenir les moeurs fortes qu'il vouloit donner; c'étoit à l'éducation à inspirer & à conserver ces moeurs, elle fut ôtée aux peres, & confiée à l'état; un magistrat présidoit à l'éducation générale, & il avoit sous lui des hommes connus par leur sagesse & par leur vertu.

On apprenoit les lois aux enfans; on leur inspiroit le respect de ces lois, l'obéissance aux magistrats, le mépris de la douleur & de la vie, l'amour de la gloire & l'horreur de la honte; le respect pour les vieillards étoit sur - tout inspiré aux enfans, qui, parvenus à l'âge viril, leur donnoient encore des témoignages de la plus profonde vénération. A Sparte, l'éducation étoit continuée jusque dans un âge avancé: l'enfant & l'homme y étoient toujours les disciples de l'état.

Cette continuité d'obéissance, cette suite de privation, de travaux & d'austérités donnent d'abord l'idée d'une vie triste & dure, & présentent l'image d'un peuple malheureux.

Voyons comment des lois si extraordinaires, des moeurs si fortes ont fait des Lacédémoniens, selon Platon, Plutarque & Xénophon, le peuple le plus heureux de la terre.

On ne voyoit point à Sparte la misere à côté de l'opulence, & par conséquent on y voyoit moins que par - tout ailleurs l'envie, les rivalités, la mollesse, mille passions qui affligent l'homme, & cette cupidité qui oppose l'intérêt personnel au bien public, & le citoyen au citoyen.

La jurisprudence n'y étoit point chargée d'une multitude de lois; ce font les superfluités & le luxe, ce sont les divisions, les inquiétudes & les jalousies qu'entraîne l'inégalité des biens, qui multiplient & les procès & les lois qui les décident.

Il y avoit à Sparte peu de jalousie, & beaucoup d'émulation de la vertu. Les sénateurs y étoient élus par le peuple, qui désignoit, pour remplir une place vacante, l'homme le plus vertueux de la ville.

Ces repas si sobres, ces exercices violens étoient assaissonnés de mille plaisirs; on y portoit une passion vive & toujours satisfaite, celle de la vertu. Chaque citoyen étoit un enthousiaste de l'ordre & du bien, & il les voyoit toujours; il alloit aux assemblées jouir des vertus de ses concitoyens, & recevoir les témoignages de leur estime.

Nul législateur, pour exciter les hommes à la vertu, n'a fait autant d'usage que Lycurgue du penchant que la nature donne aux deux sexes l'un pour l'autre.

Ce n'étoit pas seulement pour que les femmes devenues robustes donnassent à l'état des enfans bien constitués, que Lycurgue ordonna qu'elles feroient les mêmes exercices que les hommes; il savoit qu'un sexe se plaît par - tout où il est sûr de trouver l'autre. Quel attrait pour faire aimer la lutte & les exercices aux jeunes spartiates, que ces jeunes filles qui devoient ou combattre avec eux, ou les regarder combattre! qu'un tel spectacle avoit encore de charmes aux yeux des vieillards qui présidoient aux exercices, & qui devoient y imposer la chasteté dans les momens où la loi dispensoit de la pudeur!

Ces jeunes filles élevées dans des familles vertueuses & nourries des maximes de Sparte, récompensoient ou punissoient par leurs éloges ou par leurs censures; il falloit en être estimé pour les obtenir en mariage, & mille difficultés irritoient les desirs des époux; ils ne devoient voir leurs épouses qu'en secret, ils pouvoient jouir & jamais se rassasier.

La religion d'accord avec les lois de Lycurgue, inspiroit le plaisir & la vertu; on y adoroit Vénus, mais Vénus armée. Le culte religieux étoit simple; & dans des temples nuds & fréquentés, on offroit peu de chose aux dieux, pour être en état de leur offrir toujours. [p. 434]

Après Vénus, Castor & Pollux étoient les deux divinités les plus honorées; ils avoient excellé dans les exercices cultivés à Sparte; ils étoient des modeles d'un courage héroïque, & d'une amitié généreuse.

Les Lacédémoniens mêloient à leurs exercices des chants & des fêtes. Ces fêtes étoient instituées pour leur rappeller le souvenir de leurs victoires, & ils chantoient les louanges de la divinité & des héros.

On lisoit Homere, qui inspire l'enthousiasme de la gloire; Lycurgue en donna la meilleure édition qu'on eût encore vue.

Le poëte Terpandre fut appellé de Lesbos, & on lui demanda des chants qui adoucissent les hommes. On n'alloit point au combat sans chanter les vers de Tirtée.

Les Lacédémoniens avoient élevé un temple aux Graces, ils n'en honoroient que deux; elles étoient pour eux les déesses à qui les hommes devoient la bienfaisance, l'égalité de l'humeur, les vertus sociales; elles n'étoient pas les compagnes de Vénus & des muses frivoles.

Lycurgue avoit fait placer la statue du Ris dans le temple des Graces, la gaieté régnoit dans les assemblées des Lacédémoniens, leur plaisanterie étoit vive; & chez ce peuple vertueux, elle étoit utile, parce que le ridicule ne pouvoit y tomber que sur ce qui étoit contraire à l'ordre; au - lieu que dans nos moeurs corrompues la vertu étant hors d'usage, elle est souvent l'objet du ridicule.

Il n'y avoit à Sparte aucune loi constitutive ou civile, aucun usage qui ne tendît à augmenter les passions pour la patrie, pour la gloire, pour la vertu, & à rendre les citoyens heureux par ces nobles passions.

Les femmes accouchoient sur un bouclier. Les rois étoient de la postérité d'Hercule: il n'y avoit de mausolées que pour les hommes qui étoient morts dans les combats.

On lisoit dans les lieux publics l'éloge des grands hommes, & le récit de leurs belles actions. Il n'y a jamais eu de peuple dont on ait recueilli autant de ces mots qui sont les saillies des grandes ames, & dont les monumens attestent plus la vertu. Quelle inscription que celle du tombeau des trois cens hommes qui se dévoucrent aux Termopiles! Passant, vas dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses saintes lois.

Si l'éducation & l'obéissance s'étendoient jusque dans l'âge avancé, il y avoit des plaisirs pour la vieillesse; les vieillards étoient juges des combats, juges de l'esprit & des belles actions; le respect qu'on avoit pour eux, les engageoit à être vertueux jusqu'au dernier moment de la vie, & ce respect étoit une douce consolation dans l'âge des infirmités. Nul rang, nulle dignité ne dispensoit un citoyen de cette considération pour les vieillards qui est leur seule jouissance. Des étrangers proposoient à un général lacédémonien de le faire voyager en litiere. Que les dieux me préservent, répondit - il, de m'enfermer dans une voiture, où je ne pourrois me lever si je rencontrois un vieillard.

La législation de Lycurgue si propre à faire un peuple de philosophes & de héros, ne devoit point inspirer d'ambition. Avec sa monnoie de fer, Sparte ne pouvoit porter la guerre dans des pays éloignés; & Lycurgue avoit défendu que son peuple eût une marine, quoiqu'il fût entouré de la mer. Sparte étoit constituée pour rester libre, & non pour devenir conquérante; elle devoit faire respecter ses moeurs, & en jouir; elle fut long - tems l'arbitre de la Grece, on lui demandoit de ses citoyens pour commander les armées; Xantippe, Gilippe, Brasidas en sont des exemples fameux.

Les Lacédémoniens devoient être un peuple fier & dédaigneux; quelle idée ne devoient - ils pas avoir d'eux - mêmes lorsqu'ils se comparoient au reste de la Grece? Mais ce peuple fier ne devoit pas être féroce, il cultivoit trop les vertus sociales, & il avoit beaucoup de cette indulgence, qui est plus l'effet du dédain que de la bonté. Des Clazomeniens ayant insulté les magistrats de Sparte, ceux - ci ne les punirent que par une plaisanterie: ses éphores firent afficher, qu'il étoit permis aux Clazoméniens de faire des sottises.

Le gouvernement & les moeurs de Sparte se sont corrompus, parce que toute espece de gouvernement ne peut avoir qu'un tems, & doit nécessairement se détruire par des circonstances que les législateurs n'ont pu prévoir; ce fut l'ambition & la puissance d'Athènes qui forcerent Lacédémone de se corrompre, en l'obligeant d'introduire chez elle l'or & l'argent, & d'envoyer au loin ses citoyens dans des pays, dont ils revenoient couverts de gloire & chargés de vices étrangers.

Il ne reste plus de Lacédémone que quelques ruines; & il ne faut pas, comme le Dictionnaire de Trévoux, en faire une ville épiscopale, suffragante de l'archevêché de Corinthe.

SPARTE - GENET (Page 15:434)

SPARTE - GENET, s. m. (Hist. nat. Bot.) genistaspartium, genre de plante qui ne differe du spartium & du genet que par ses pointes. Voyez Genet & Spartium. Tournefort, I. R. H. Voyez Plante.

SPARTIVENTO, le cap (Page 15:434)

SPARTIVENTO, le cap, (Géog. mod.) cap d'Italie, au royaume de Naples, à l'extrémité de la Calabre ultérieure. Magin dit que c'est Herculis promontorium des anciens. (D. J.)

SPARTIUM (Page 15:434)

SPARTIUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite une silique courte, arrondie, & un peu gonflée, & renferme une semence dont la forme ressemble le plus souvent à celle d'un rein. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort en distingue quatre especes, dont la principale est le spartium monospermon, flore luteo, semine reni simili, I. R. H. 645. Cette espece d'arbrisseau pousse une tige à la hauteur de deux ou trois piés, se divisant en plusieurs rameaux qui jettent de petites verges semblables à celles du jonc. Ses fleurs sont légumineuses, petites, jaunes, d'une odeur de jonquille, attachées à des pédicules qui sortent des côtés des petites verges. A cette fleur succede une capsule fort courte, qui ne contient qu'une seule semence dure, noire, & faite en petit rein. L'espece de spartium que nous venons décrire, se nomme communément en françois genêt - jonquille. (D. J.)

SPARTON (Page 15:434)

SPARTON, s. m. (Marine.) c'est un cordage de genêt d'Espagne, d'Afrique & de Murcie, dont l'usage est fort bon, soit qu'il aille dans l'eau salée ou dans l'eau douce.

SPASME (Page 15:434)

SPASME, s. m. (Médec. Patholog.) ce mot est pris assez ordinairement, sur - tout par les auteurs grecs & latins, comme synonyme à convulsion, & dans ce sens il est employé pour désigner la contraction non - naturelle de quelque partie. Quelques médecins françois ont évité de confondre ces deux mots, appellant spasme la disposition des parties à la convulsion, & convulsion le complément de cette disposition, ou ce qui revient au même, un spasme plus fort & plus sensible: il me semble qu'on pourroit en distinguant ces deux états, établir la distinction sur des fondemens moins équivoques, & pour cela je remarque que deux sortes de parties peuvent être le sujet ou le siege du spasme, ou de la convulsion: les unes ont un mouvement considérable, mais soumis à l'empire de la volonté; tels sont les muscles destinés à exécuter les mouvemens animaux: les autres ont une action plus cachée, un mouvement moins remarquable, mais indépendant de l'arbitre de la volonté; de ce nombre sont tous les organes qui servent aux fonctions vitales & naturelles. Le spasme ou la convulsion ne sauroient s'évaluer de la même façon dans

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