ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Le manger salé fait boire beaucoup; Or boire beaucoup fait passer la soif: Donc le manger salé fait passer la soif.

Ce sophisme porte un masque de syllogisme; mais il sera bientôt démasqué par une simple attention: c'est que le moyen terme, qui paroit le même dans la premiere & dans la seconde proposition, change imperceptiblement à la faveur d'un petit mot qui est de plus dans l'une, & qui est de moins dans l'autre. Or un petit mot ne fait pas ici une petite différence. Une diphtongue altérée causa autrefois de furieux ravages dans l'Eglise; & une particule changée, n'en fait pas de moindres dans la Logique pour conserver au moyen terme, le même sens dans les deux propositions. Il falloit énoncer dans la mineure, or faire boire beaucoup fait passer la soif. Au lieu de cela, on supprime ici dans la mineure, le verbe faire devant le mot boire, ce qui change le sens, puisque faire boire & boire, ne sont pas la même chose.

On pourroit appeller simplement le sophisme, une équivoque; & pour en découvrir le vice ou le noeud, il ne faudroit que découvrir l'équivoque.

SOPHISTE (Page 15:365)

SOPHISTE, s. m. (Gram. & Hist. anc. ecclés.) qui fait des sophismes, c'est - à - dire qui se sert d'argumens subtils, dans le dessein de tromper ceux qu'on veut persuader ou convaincre. Voyez Sophisme & Gymnosophiste. Ce mot est formé du grec SOFOS2, sage, ou plutôt de SOFISTHS2, imposleur, trompeur.

Le terme sophiste, qui maintenant est un reproche, étoit autrefois un titre honorable, & emportoit avec soi une idée bien innocente. S. Augustin observe qu'il signifioit un rhéteur ou professeur d'éloquence, comme étoient Lucien, Athaenée, Libanius, &c.

Suidas, & après lui Olar. Celsius, dans une dissertation expresse sur les sophistes grecs, nous déclare que ce mot s'appliquoit indisséremment à tous ceux qui excelloient dans quelque art ou science, soit théologiens, jurisconsultes, physiciens, poëtes, orateurs ou musiciens. Mais il semble que c'est donner à ce mot un sens trop étendu. Il est possible qu'un rhéteur ait fait des vers, &c. mais que ce soit en vertu de son talent poétique qu'on l'ait nommé sophiste, c'est ce que nous ne vovons point de raison de croire. Quoi qu'il en soit, Solon est le premier qui paroît avoir porté ce nom, qui lui fut donné par Ifocrate; ensuite on le donna assez rarement, mais seulement aux philosophes & aux orateurs.

Le titre de sophiste fut en grande réputation chez les Latins dans le douzieme siecle, & dans le tems de S. Bernard. Mais il commença à s'introduire chez les Grecs dès le tems de Platon, par le moy en de Protagoras & de Gorgias, qui en firent un métier infâme en vendant l'éloquence pour de l'argent. C'est de - là que Séneque appelle les sophistes, des charlatans & des empyriques.

Cicéron dit que le titre de sophiste se donnoit à ceux qui professoient la Philosophie avec trop d'ostentation, dans la vûe d'en faire un commerce, en courant de place en place pour vendre en détail leur science trompeuse. Un sophiste étoit donc alors comme à - présent, un rhéteur ou logicien qui fait son occupation de décevoir & embarrasser le peuple par des dissinctions frivoles, de vains raisonnemens & des discours captieux.

Rien n'a plus contribué à accroître le nombre des sophistes, que les disputes des écoles de philosophie. On y enseigne à embarrasser & obscurcir la vérité par des termes barbares & inintelligibles, tels que antiprédicamens, grands & petits logicaux, quiddités, &c.

On donna le titre de sophiste à Rabanus Maurus, pour lui faire honneur. Jean Hinton, moderne auteur scholastique anglois, a fait ses efforts pour se procurer le titre magnifique de sophiste.

SOPHISTIQUER (Page 15:365)

SOPHISTIQUER, v. act. (Gram. & Com.) signifie mélanger, alterer des drogues & des marchandises, en y en mêlant d'autres de différente ou de moindre qualité. Il se dit particulierement des remedes & des drogues qu'on soupçonne n'être pas toujours sans mélange. Dict. de Com.

SOPHISTIQUERIE (Page 15:365)

SOPHISTIQUERIE, s. f. (Com.) mélange de drogues de mavaise qualité que l'on veut faire passer avec des bonnes. Id. ibid. pag. 159.

SOPHONIE, livre de (Page 15:365)

SOPHONIE, livre de, (Critiq. sacr.) le livre sacré de sophonie, ne contient que trois chapitres. Son style est assez semblable à celui de Jérémie, dont il semble n'être que l'abréviateur. C'est le neuvieme des douze petits prophetes; mais nous ne savons rien de sa vie, que ce qu'il nous apprend lui - même de sa naissance, ch. j. v. 1. savoir, qu'il étoit fils de Chusi, de la tribu de Siméon. Il vivoit du tems de Josias, qui commença son regne l'an du monde 3363, & il y a beaucoup d'apparence qu'il prophétisoit avant que ce prince religieux eût réformé les desordres de ses sujets. Sophonias peint vivement leur idolâtrie, menace Jérusalem de toute la colere du Seigneur, & sinit néanmoins par des promesses consolantes sur le retour de la captivité. (D. J.)

SOPHOZA (Page 15:365)

SOPHOZA, s. f. (Hist. nat. Botan.) nom donné par Linnaeus, au genre de plante appellé par Dillénius, dans son Hort. eltheth. p. 112. ervi species; en voici les caracteres: le calice de la fleur est en forme de cloche, composé d'une seule feuille, divisée en cinq segmens obtus à l'extrémité: la fleur est légumineuse à cinq pétales, dont le supérieur est droit & oblong, devenant plus large au sommet, & se courbant dans les bords: les aîles sont au nombre de deux, aussi longues que la fleur supérieure des fleurs: les étamines sont dix silets distincts, pointus, & de la même longueur que la fleur, mais cachés: les bonnetes des étamines sont petites, le germe du pistil est oblong & cylindrique: le stigma est obtus, le fruit est une gousse très - longue & très - déliée, contenant une seule loge marquée de tubérosités, où sont contenues des graines arrondies, & nombreuses. Linn. gen. pl. p. 177. (D. J.)

SOPHRONISTES (Page 15:365)

SOPHRONISTES, s. m. (Ant. grecq.) SWFRO/NISTAI; on nommoit ainsi chez les Athéniens, dix magistrats chargés de veiller aux bonnes moeurs de la jeunesse, & l'endroit où l'on enfermoit les jeunes gens indociles, pour les corriger, s'appelloit SWFRONISTH/RION. Potter, Archoeol. groec. l. I. ch. xxv. t. I. p. 84. & 130. (D. J.)

SOPORANT, SOPORIFIQUE, ou SOPORIFERE (Page 15:365)

SOPORANT, SOPORIFIQUE, ou SOPORIFERE, (Medecine) est une médecine qui a la vertu de procurer le sommeil. Voyez Sommeil. Tel est l'opium, le laudanum, &c. Voyez Opium, Laudanum, &c.

Ce mot vient du latin sopor, sommeil. Les Grecs au lieu de ce mot, se servent du mot hypnotic. Voy. Hypnotic.

Soporifiques (Page 15:365)

Soporifiques, maladies soporifiques, endormantes, assoupissantes, sont le coma ou cataphora, la léthargie, & le carus, lesquelles semblent différer les unes des autres par le plus & le moins, plutôt que par leur essence. Elles s'accordent en ce qu'elles sont toutes accompagnées de stupeur. Voyez Coma, Carus, Léthargie , &c.

SOPIANAE (Page 15:365)

SOPIANAE, (Géog. anc.) ville de la basse Pannonie, marquee dans l'itinéraire d'Antonin, sur la route de Sirmium à Carnuntum. Le nom moderne est Zéeblack, selon Simler, & Soppan, selon Lazius. (D. J.)

SOPITHES, région des (Page 15:365)

SOPITHES, région des, (Géog. anc.) Sopithis regio, la région des Sopithes, Sopithis regio, est une contrée de l'Inde, Strabon, l. XV. p. 699, qui l'appelle aussi Cathea, dit que quelques - uns la placent entre les fleuves Hydaspes & Acésines; Diodore de [p. 366] Sicile distingue la terre des Cathéens, du royaume des Sopithes.

Quoi qu'il en soit, Strabon remarque qu'on racontoit des choses merveilleuses de la beauté de ce pays, & des qualités de ses chevaux, & de ses chiens. Onésicrite, dit - il, rapporte que parmi ces peuples, on choisissoit le plus bel homme pour le mettre sur le trône, & que deux mois après qu'un enfant étoit né, on examinoit publiquement s'il étoit bien conformé, & s'il étoit digne de vivre, ou non. C'étoit aussi une coutume particuliere aux Cathéens, que les mariages dépendissent du choix de l'amant & de la maîtresse, sans que le consentement des parens fût requis. Dans ce même pays, il y avoit une race de chiens admirables; Alexandre en reçut des Sopithes, cent cinquante en présent. Ces sortes de chiens ne lâchoient jamais prise. Quinte - Curce, l. IX. c. 1. raconte quelques autres particularités de ce peuple singulier. (D. J.)

SOPOLO (Page 15:366)

SOPOLO, (Géog. mod.) ville à demi ruinée des états du Turc, dans l'Albanie, au canton appellé le Canina, à environ douze lieues de Butrinto, vers le nord, & à quelque distance de la bouche du golfe de Venise. Les uns la prennent pour l'ancienne Hecatonpedum, d'autres pour Olpoe, & d'autres pour Cestria. (D. J.)

SOPRON (Page 15:366)

SOPRON, (Géog. mod.) comté de la basse Hongrie. Il est borné au nord par les terres de l'Autriche; à l'orient, par les comtés de Mosom & de Javarin; au midi, par celui de Sarwar; au couchant, par l'Autriche.

Le comté prend son nom de sa capitale, qu'on appelle Edenbourg; elle est située sur une petite riviere, à l'occident du lac de Ferto. Longitude 36. 37. latitude 47. 55. (D. J.)

SOR (Page 15:366)

SOR, est la même chose que saurage. Voyez Saurage.

Sor (Page 15:366)

Sor, (Géog. mod.) nom de deux petites rivieres de France; l'une est dans le Languedoc, au Lauragais; elle passe à Sorèze, & se jette dans l'Agout; l'autre dans l'Alsace, a sa source au mont de Vosge, & se perd dans le Rhin, à Offentorff. (D. J.)

SORA (Page 15:366)

SORA, (Géog. anc.) nom commun à plusieurs villes. 1°. C'est une ville de l'Asie mineure dans la Paphlagonie. 2°. Ville de l'Arabie déserte, aux confins de la Mésopotamie. 3°. Ville de l'Inde en deçà du Gange selon Ptolomée, l. VII. chap. j. ses interpretes croient que c'est à présent Bisnagar. 4°. Ville de la Phénicie. 5°. Ville d'Italie, dans la Campanie, selon Strabon, & dans le Latium, selon Ptolomée. Tite - Live en fait une colonie romaine. Elle fut saccagée par l'empereur Frédéric II. sous le pontificat de Grégoire IX. On ne sait par qui elle a été rétablie, mais c'est actuellement un évêché qui releve du saint siege.

C'est dans l'ancienne Sora, ville de la Campanie, que naquit Quintus - Valérius - Soranus. Il florissoit au cinquieme siecle de Rome, & passoit pour le plus savant homme qui eût paru entre les auteurs latins, litteratissimum togatorum omnium, dit Cicéron, l. III. de Oratore. Il observa dans ses ouvrages une méthode que Pline a pris soin d'imiter; c'est qu'il y joignit des sommaires qui faisoient que chaque lecteur pouvoit choisir ce qui lui convenoit, sans avoir la peine de lire le tout. Deux vers qui nous restent de Soranus, semblent témoigner qu'il pensoit que Dieu est la cause immanente de toutes choses; opinion qui ne differe point du spinosisme. Voici ces deux vers.

Jupiter omnipotens, rerumque, deûmque rex, Progenitor, genitrixque deûm, deus unus, & omnis. (D. J.)

Sora (Page 15:366)

Sora, (Géog. mod.) petite ville d'Italie, dans la terre de Labour, au royaume de Naples, près de la riviere de Carigliano, à vingt lieues au sud - est d Rome. Elle a titre de duché, & un évêque qui n releve que du saint siege. Elle a été bâtie sur le ruines de l'ancienne Sora, qui fut saccagée & brûlée par l'empereur Frédéric II. sous le pontificat de Grégoire IX. Long. 31. 15. lat. 41. 46.

Baronius (César), savant cardinal, naquit à Sora, en 1538, & mourut à Rome, bibliothécaire du Vatican, en 1605, à 68 ans.

Il a donné les annales ecclésiastiques en latin, ouvrage qui contient en 12 tomes in fol. l'histoire ecclésiastique, depuis Jesus - Christ, jusqu'à l'an 1198. Baronius entreprit cet ouvrage à l'âge de 30 ans, pour réfuter les centuriateurs de Magdebourg. C'étoit une grande entreprise, & au - dessus des forces de l'auteur, d'autant plus que son manque de connoissance de la langue greque, devoit le détourner de ce travail. En s'y dévouant, il auroit dû se contenter de rapporter les faits de l'histoire ecclésiastique, sans entrer dans des controverses de parti, & dans les intérêts de la cour de Rome; enfin son style n'est ni pur, ni le moins du monde agréable.

Le savant P. Pagi, de l'ordre de S. François, a fait une critique des annales de Baronius en 4 vol. in - sol. dont le premier parut en 1697, & les trois derniers en 1705. D'autres savans, Casaubon, le cardinal Norris, Richard de Montaigu, Blondel, & M. de Tillemont, ont publié leurs remarques critiques sur les annales de Baronius. Un libraire de Lucques en a donné une nouvelle édition, avec les corrections de ces savans au bas des pages. Le meilleur, sans doute, seroit de composer une nouvelle histoire de l'Eglise, exacte, complette, & exempte des défauts & des milliers de fautes qui se trouvent dans celle du cardinal napolitain.

Peu s'en fallut qu'il ne succédât à Clément VIII. mais le cardinal de Véronne s'expliqua si fortement pour lui donner l'exclusion, qu'il fit changer les suffrages: Monseigneur illustrissime, dit - il au cardinal Spinelli, qui soutenoit Baronius, « ce sujet n'est point propre à soutenir le fardeau du pontificat; il n'est ni théologien, ni canoniste, ni versé dans les sciences; c'est un écrivain piquant, & rapsodiste: tant s'en faut qu'il fût bon à gouverner l'eglise universelle, que je doute fort qu'il sçût gouverner une eglise particuliere ». Enfin l'Espagne lui donna l'exclusion pour la papauté, à cause de son livre de la Monarchie de Sicile, & la douleur qu'il en eut abrégea le cours de sa vie. (D. J.)

Sora (Page 15:366)

Sora, s. m. (Hist. nat. Bot. exot.) nom donné par le peuple de Guinée, à une espece de buisson dont les feuilles sont de la grandeur & de la figure de celles du séné; les habitans du pays les font bouillir dans l'eau, & en prennent la collature, contre toutes sortes de douleurs d'entrailles. Transact. philos. n. 231. (D. J.)

SORABES les (Page 15:366)

SORABES les, (Géog. anc.) Sorabi, peuples de la Germanie, compris au nombre des Vénèdes, & ensuite comptés parmi les Slaves. Dans le moyen âge, ils habitoient sur le bord de la Sala, & s'étendoient jusqu'à l'Elbe. Il est souvent parlé des Sorabes, dans les annales de Charlemagne; on y voit l'année 782, que ce prince apprit que les Sorabes<-> slaves, qui habitoient entre l'Elbe & la Sala, avoient fait des courses sur les terres des Thuringiens & des Saxons, qui étoient leurs voisins. Sous l'année 806, il est dit que l'empereur envoya son fils Charles à la tête d'une armée, dans la terre des Slaves, appellés Sorabes, qui habitoient sur le bord de l'Elbe; & Eginhart, dans la vie de Charlemagne, dit que la riviere Sala séparoit les Thuringiens d'avec les Sorabes.

SORACTES (Page 15:366)

SORACTES, (Géog. anc.) montagne d'Italie, dans l'Etrurie, aux confins des Fralisques, & dans

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