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Il y a plusieurs méthodes pour tirer le soufre des
pyrites; quelquefois on l'obtient accidentellement
par le grillage de certaines mines qui sont fort chargées
de cette substance; ces mines sont sur - tout les
pyrites cuivreuses, dont on ne peut obtenir le cuivre,
avant que le soufre en ait été séparé. Pour cet
effet on forme à l'air libre, des tas de pyrites qui ont
environ 20 piés en quarré, & 9 piés de haut; on
arrange ces tas sur un lit de buches & de fagots; on
laisse une ouverture à ce tas qui serve de vent, ou
comme le cendrier sert à un fourneau; on enduit les
parois extérieurs du tas, qui forment; on enduit les
peces de murs, avec de la pyrite en poudre & en
petites particules que l'on mouille. Alors on met le
feu au bois, & on le laisse bruler doucement pendant
9 ou 10 semaines. On forme à la partie supérieure
des tas ou de ces massifs de pyrites, des trous
ou des creux, qui forment comme des bassins dans
lesquels le soufre fondu par l'action du feu va se rendre,
& d'où on le puise avec des cuilleres de fer;
mais ce soufre ainsi recueilli n'est point parfaitement
pur; il a besoin d'être fondu de nouveau dans des
chaudieres de fer; alors les parties pierreuses & terreuses
qui s'y trouvent mêlées tombent au fond de
la chaudiere, & le soufre pur nage à leur surface.
Telle est la maniere dont on tire le soufre au Hartz:
pour s'en faire une idée, on n'aura qu'à jetter les
yeux sur celle des
La même
En Suede, dans les mines de Néricie, on obtient le soufre par la distillation; on a pour cela un fourneau qui a la forme d'un quarré long; dans les murs latéraux on laisse deux rangées de dix ou douze ouvertures, pour y placer deux rangées de retortes de fer très - grandes; on ne les remplit de pyrites que jusqu'au tiers, parce que l'action du feu les fait gonfler considérablement; une portion du soufre suinte au - travers du fer des retortes; ce soufre est très - pur, & on le débite pour de la fleur de soufre; quand au reste du soufre qui fait la plus grande partie, il est reçu dans des récipiens remplis d'eau, qui ont été lutés avec des retortes. Cette distillation se renouvelle toutes les vingt - quatre heures; on enleve le soufre qui s'est rendu dans les récipiens; on ôte des tortes le résidu qui y est resté, & l'on y remet de nouvelles pyrites. Le soufre qui a été ainsi obtenu, est porté dans une chaudiere de fer, enchâssée dans un massif de maçonnerie, sous laquelle on fait un feu doux; par - là le soufre se fond de nouveau, & dépose les substances étrangeres avec lesquelles il étoit encore mêlé. Lorsque les pyrites ont été dégagées du soufre qu'elles contenoient, on les jette en un tas, à l'air libre; après qu'elles ont été exposées aux injures de l'air, ces tas sont sujets à s'enflammer d'eux - mêmes, après quoi le soufre en est totalement dégagé; mais on a soin de prévenir cet inconvénient;
Le soufre avant que d'avoir été purifié se nomme soufre brut ou soufre caballin; après qu'il a été dégagé des parties étrangeres, on le prend avec des cuilleres de fer tandis qu'il est encore liquide, & on le verse dans des moules qui lui donnent la forme de bâtons arrondis; c'est ce qu'on appelle soufre en canon.
Presque tout le soufre qui se débite dans le commerce vient des pays où il y a des volcans & des embrasemens de la terre, parce qu'alors la nature épargne la peine & les frais pour l'obtenir; il n'y a que les pays où la main d'oeuvre & le bois sont à très grand marché, tels que la Suéde & certains cantons d'Allemagne, où l'on puisse songer à le tirer des pyrites, ou des mines de cuivre pauvres de la maniere qui a été décrite. Aux environs du mont Vésuve & dans d'autres endroits d'Italie où il se trouve du soufre, on met les terres qui sont imprégnées de cette substance dans des pots de terre de la forme d'un pain de sucre ou d'un cône fermé par la base, & qui ont une ouverture par le sommet; on arrange ces pots dans un grand fourneau destiné à cet usage, en observant de les coucher horisontalement; on donne un feu modéré qui suffise pour faire fondre le soufre, qui découle par l'orifice qui est à la pointe des pots, & qui est reçu dans d'autres pots dans lesquels on a mis de l'eau froide où le soufre se fige.
Après toutes ces purifications le soufre n'est point encore parfaitement pur; souvent il renferme encore des substances qui pourroient en rendre l'usage dangereux; pour le dégager parfaitement on est obligé de le sublimer à l'aide du feu; cette sublimation se fait ou en grand ou en petit. En Angleterre, cette opération se fait sur plusieurs quintaux de soufre à - la-fois; on se sert pour cela d'un fourneau particulier. On a une grande chaudiere de fer qui est prise dans la maçonnerie, & qui peut contenir deux ou trois quintaux de soufre concassé grossierement; on ne remplit cette chaudiere que jusqu'aux trois quarts. Au - dessus de cette chaudiere est une espece de chambre quarrée, qui est garnie intérieurement de carreaux de terre ou de fayence vernissés. A quelques pouces au - dessus de la chaudiere est une ouverture ou porte par où le soufre qui le sublime entre dans la chambre quarrée, au fond de laquelle est un trou qui ferme à coulisse, par lequel on peut voir si la sublimation se fait convenablement. Pendant l'opération il faut que toutes les ouvertures soient bouchées, afin d'empêcher l'air d'y entrer.
Le soufre se purifie en petit par la sublimation de la maniere survante. On met le soufre dans une cucurbite de terre, au - dessus de laquelle on adapte cinq ou six aludels, dont le dernier se bouche avec un couvercle; le premier des aludels est joint avec la cucurbite, & on les lutte ensemble avec de la terre grasse, afin de retenir la chaleur, & on ne laisse ouverts que les registres du fourneau sur lequel la cucurbite est placée, afin de donner de l'air. Après quoi on donne un feu un peu au - dessus du degré nécessaire pour tenir le soufre en fusion; par ce moyen le soufre s'éleve & s'attache aux parois des aludels sous la forme d'une poudre d'un jaune clair, extrèmement fine: c'est ce qu'on appelle fleurs de soufre. Alors il est pur, & dans un état de division qui le rend propre aux usages médicinaux, & à passer dans l'économie animale. Il est bon d'observer que les droguistes falsifient quelquefois les fleurs de soufre avec du soufre ordinaire pulvérisé; par ce moyen ils les alongent, & s'épargnent les peines & les frais de la sublimation.
M. Rouelle regarde le soufre comme un véritable sel neutre, ou comme un acide à qui le phlogistique [p. 400]
Quoique le soufre soit une substance très - inflammable, il ne laisse pas de brûler très - lentement. Stahl a remarqué qu'en prenant deux gros de soufre pulvérisé, au milieu duquel on place un fil qui sert de meche, & auquel on met le feu avec précaution, de crainte que la flamme ne s'étende sur la surface du soufre, ces deux gros ne perdront dans une heure de tems que 15 ou 16 grains de leur poids.
C'est une vérité reconnue de tous les chimistes, que l'acide vitriolique & l'acide du soufre sont les mêmes; cependant l'acide sulphureux volatil dont nous venons de parler, n'est point la même chose que l'acide vitriolique; & le célebre Stahl a observé que l'acide sulphureux volatil, en se dégageant du soufre, entraine avec lui une portion du phlogistique; de plus il a remarqué qu'il attiroit fortement l'humi dité de l'air, & que cette humidité entroit comme partie essentielle dans l'acide sulphureux volatil. Pour que le phlogistique reste uni à cet acide, il faut que le soufre soit brûlé lentement; sans cela à un feu trop violent cette portion du phlogistique se dégageroit, & l'acide que l'on obtiendroit, seroit un simple acide vitriolique non volatil. On trouvera vers la fin de cet article la meilleure maniere d'obtenir l'acide sulphureux volatil, en parlant des préparations pharmaceutiques du soufre.
On fera voir dans la suite de cet article, que le soufre se dissout dans toutes sortes d'huiles, & dans l'alkali fixe. Quelques auteurs ont prétendu que l'on pouvoit disposer le soufre à la fixité, en le mettant en digestion dans l'acide vitriolique, & en en faisant l'abstraction, & réiterant à plusieurs reprises ces opérations; mais les acides n'ont aucune action sur le soufre; il n'est pas plus vrai que l'acide nitreux, ou l'acide du sel - marin rende le soufre transparent, lorsqu'on l'y fait bouillir pendant six heures.
On peut produire artificiellement du soufre; pour cet effet on n'a qu'à prendre parties égales de tartre vitriolé, & d'alkali fixe bien pur, on les pulvérise avec un peu de charbon; on met ce mélange dans un creuset, que l'on couvre bien exactement, & on donne un feu très - vif; par ce moyen, le mélange entre en fusion & produit un véritable foie de soufre; pour en séparer le soufre, on n'aura qu'à faire dissoudre ce foie de soufre dans de l'eau, & y verser quelques gouttes d'acide, qui fera tomber le soufre en poudre, sous la forme & la couleur qui lui est propre. Ce soufre s'est produit dans l'opération par la combinaison qui se fait de l'acide vitriolique contenu dans le tartre vitriolé avec le phlogistique du charbon. Le célebre Stahl, a trouvé que dans la composition du soufre, l'acide vitriolique faisoit environ > du poid total, & même un peu plus, & que le phlogistique y faisoit un peu moins que >.
Le soufre a la propriété de s'unir avec tous les métaux & les demi - métaux, à l'exception de l'or, sur lequel il n'agit que lorsqu'il est combiné avec le sel alkali fixe. Comme l'acide vitriolique se trouve abondamment répandu dans le regne minéral, ainsi que le phlogistique, il n'est point surprenant que l'on rencontre le soufre daus un si grand nombre de mines.
Le soufre en poudre, mêlé avec de la limaille de
Le soufre, comme nous l'avons déja fait remarquer, n'est point soluble dans l'eau, ainsi c'est une erreur de croire qu'il puisse lui communiquer aucune qualité. Quelques personnes ont cru, sans raison, qu'il étoit propre à rafraîchir l'eau.
On prépare diversement le soufre pour des usages pharmacéutiques: on trouve dans les boutiques, premierement les fleurs de soufre dont il a été déja parlé. 2°. le soufre lavé, & la crême de soufre. Ce soufre lavé se prépare ainsi: prenez du soufre commun entier, deux livres; faites - les fondre à un feu doux, dans un vaisseau de terre; versez dessus trois livres d'eau bouillante; faites bouillir le mélange pendant un quart - d'heure, laissez - le reposer un instant, & decantez; versez une pareille quantité d'eau bouillante sur le résidu, faites bouillir encore, & decantez; repetez cette manoeuvre quatorze fois; mettez votre soufre ainsi lavé, dans un vaisseau de terre bien couvert, que vous tiendrez deux heures dans un four, pour que votre soufre coule comme de l'huile; laissez refroidir le vaisseau, cassez - le, retirez votre soufre & le reduisez en poudre: c'est le soufre lavé. Si vous pulvérisez ultérieurement ce soufre sur le porphire avec une eau distillée aromatique, vous aurez la crême de soufre. 3°. Le lait & le magistere de soufre, ne sont autre chose que le précipité du foie de soufre, soit spontané, soit obtenu par l'acide du vinaigre. Ce n'est par conséquent, comme on voit, que du soufre très - divisé par la pulvérisation philosophique. On voit encore que le soufre lavé, la crême de soufre, le lait ou le magistere de soufre, & les fleurs de soufre, ne sont qu'une même chose, savoir du soufre entier très divisé, mais très - vraissemblablement le lait ou magistere de soufre plus que ses autres préparations, d'ailleurs très - analogues. On prépare d'ailleurs un lait de soufre d'une espece particuliere, & qui differe essentiellement de tous ces remedes purement sulphureux. Celui - ci est un précipité du même, hépar de soufre par l'alun: il se fait dans ce cas une double précipitation, savoir celle du soufre, & celle de la terre de l'alun; ceprécipité est immense eu égard à la quantité deréactifs d'où on le retire.
L'union du soufre à différentes huiles, soit essen
tielles, soit par expression, fournit divers baumes
de soufre, ou rubis de soufre; ils se préparent en faisant
dissoudre des fleurs de soufre dans une huile quelconque,
de l'une ou de l'autre espece; les huiles par
expression en dissolvent une très - grande quantité, &
l'on peut faire commodément cette opération dans
un vaisseau de terre, & avec le secours d'un feu tel
qu'il n'échauffe l'huile que jusqu'au point de faire fondre
le soufre, ce qui arrive à un degré bien inférieur
à celui qui seroit nécessaire pour faire bouillir cette
huile; les huiles essentielles au - contraire ne dissolvent
que peu de soufre. Boërhaave a trouvé que
l'huile de térébenthine, v. g. n'en pouvoit dissoudre
qu'un > de son poids. On doit traiter le soufre
avec les huiles essentielles, dans un matras à long
cou, qui ne soit rempli qu'à demi, & qu'il faut laisser
ouvert, parce qu'il faut faire bouillir le mélange,
effectuer la dissolution, & qu'il faut prévenir l'explosion
énorme dont est susceptible ce mélange, selon
l'observation rapportée par Hoffman, phys. chim.
l. III. obs. 15. or cette explosion ne peut avoir cependant
lieu, que lorsqu'on traite imprudemment
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