ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"393"> On commence d'abord par faire fondre le cuivre jaune ou laiton; lorsqu'il est fondu, on y joint l'étain, & aussi - tôt après on y met le zinc, après avoir eu la précaution de le chauffer; on remue le tout, & on le met en grenaille, on le lave & on le conserve pour s'en servir au besoin.

Dans les petits ouvrages qui ne demandent pas beaucoup de solidité, on se sert d'une soudure faite avec de l'étain & du plomb, pour les ouvrages en cuivre jaune. Elle est composée ordinairement de trois parties d'étain fin, & d'une partie de plomb. Pour appliquer cette soudure, il faut toujours donner quelques coups de lime ou de grattoir aux endroits que l'on veut souder, & y répandre un peu de colophone; après quoi on y fait tomber la soudure avec le fer à souder rougi, dont on se sert ensuite pour égaliser les jointures soudées.

On peut se servir pour le tombac & pour les autres compositions métalliques qui ont le cuivre jaune pour base, des mêmes soudures que pour le laiton ou le cuivre jaune.

Soudure pour le fer. Tous les métaux sont plus fusibles que le fer; ainsi on peut se servir d'eux pour souder ce métal. On emploie communément à cet usage le cuivre rouge & le cuivre jaune pour les grands ouvrages. On peut encore se servir de toutes les soudures fortes du cuivre jaune. Dans les ouvrages de fer qui exigent de la propreté, on peut souder avec l'or, si les ouvrages méritent cette dépense.

Lorsqu'on veut souder de grandes pieces de fer avec le cuivre, on commence par limer les jointures par où l'on veut joindre les pieces; ensuite on coupe de petites lames de cuivre que l'on applique sur les jointures, où on les assujettit au moyen d'un fil; on met par - dessus un enduit de glaise ou de terre grasse qui environne la soudure de tous côtés. Quelques - uns mettent un peu de verre pilé ou de sablon fin sur le cuivre qui doit servir à souder, avant que de l'entourer de terre grasse. D'autres mêlent avec cette terre toutes sortes de matieres propres à raciliter la fusion; après quoi on fait sécher doucement la terre grasse en la présentant de loin au feu. Alors on place les pieces qu'on veut souder dans la forge, en observant sur - tout que le vent du soufflet aille donner directement sur la partie qui doit être soudée. afin d'échauffer fortement cette partie. Lorsqu'on s'apperçoit que les pieces sont rougies jusqu'à blancheur, & que la terre grasse s'est vitrifiée, on les retire du feu; si c'est du fer tendre, on les trempe dans l'eau; si c'est de l'acier, on le laisse refroidir de lui - même. Pour - lors on ôte la glaise vitrifiée, & on polit avec les outils convenables l'endroit qui a été soudé. Le procédé est le même, sr, au - lieu de cuivre rouge, la soudure a été faite avec du laiton ou cuivre jaune, ou avec les soudures fortes qui ont été indiquées pour le laiton.

Comme les ouvrages d'acier perdent une partie de leur dureté toutes les fois qu'elles passent par le feu, on est obligé de les tremper de nouveau après les avoir soudées, afin de leur rendre la dureté qu'elles avoient perdue. Voyez Trempe de l'acier.

La soudure des ferblantiers n'est autre chose qu'un mélange de parties égales d'étain & de plomb. Pour souder les jointures, ils ne font que les mouiller avec un peu d'eau, ils y répandent un peu de colophone en poudre, ils prennent leur fer à souder qui est tout chaud, ils l'essuient, & par son moyen font tomber quelques gouttes de soudure fur les jointures, & y repassent avec le fer à souder. Pour faire pénétrer la soudure jusqu'à ce qu'ils n'apperçoivent aucun intervalle vuide, ils enlevent le superflu de la colophone & de la soudure, en frottant avec un morceau d'étoffe de laine. Cette soudure convient à tous les ouvrages qui sont étamés.

Soudure de l'étain. Pour souder l'étain, on se sert d'un étain mêlé de plomb à parties égales; d'autres mettent un peu plus d'étain que de plomb; ils prennent, par exemple, 3¼ livres d'étain contre 2 livres de plomb: c'est ce que les Potiers - d'étain appellent soudure forte. La soudure tendre est celle dont ils se servent pour les petits ouvrages. Pour la faire, on joint du bismuth à l'étain & au plomb dans des proportions différentes. Les uns prennent 3 onces de bismuth contre 2 onces de plomb, & 4 onces d'étain fin; les autres mettent 4 onces de bismuth sur 2 onces de plomb, & 4 onces d'étain; d'autres font leur soudure avec une partie de bismuth, une partie de plomb & deux parties d'étain fin; d'autres enfin y mettent six parties d'étain, une partie de plomb & un quart de bismuth. On fond ensemble ces trois substances, & l'on en forme des lingots.

Ceux qui font des boutons d'étain ont une soudure dont ils font grand mystere, ils y mettent une livre de bismuth, un quarteron de plomb, & trois quarterons d'étain. D'autres font cette soudure avec une partie d'étain, une partie de bismuth, & un peu plus de la moitié de plomb. D'autres enfin prennent six parties de bismuth, six parties d'étain fin, & trois parties de plomb.

Il y a différentes manieres d'appliquer ces soudures sur les ouvrages en étain. 1°. La premiere consiste à former avec de la glaise une espece de rigole, qui fait que la soudure fondue coule dans les jointures que l'on veut faire prendre, sans pouvoir se répandre. 2°. Il y a une seconde maniere de faire la même soudure; quant à celle de l'appliquer, c'est la même qu'on a décrite pour la soudure du fer - blanc. 3°. Pour les ouvrages qui demandent de la propreté, on se sert du chalumeau & de la lampe comme pour les soudures de l'or & de l'argent.

Soudure du plomb. On se sert de différentes soudures pour le plomb; la plus ordinaire est faite avec du plomb & de l'étain, auxquels on joint quelquefois du bismuth. La soudure des faiseurs - d'orgues est composée de quatre parties de bismuth, seize parties d'étain, & huit parties de plomb. D'autres la font avec trois parties de bismuth, quatorze parties d'étain, & onze parties de plomb. Cette soudure pour les tuyaux d'orgues doit varier à proportion des différens alliages dont on se sert pour faire les différens tuyaux. Tantôt on prend parties égales de plomb & d'étain, tantôt deux parties de plomb contre une partie d'étain, tantôt deux parties d'étain contre une de plomb; on y joint aussi quelquefois de l'antimoine.

On peut encore employer pour le plomb les soudures propres aux Ferblantiers & aux Potiersd'étain.

Non - seulement on soude ensemble des pieces d'un même métal, mais encore dans l'Orfévrerie & la Bijouterie on est souvent obligé de souder des pieces de différens métaux. Pour souder l'or avec l'argent, l'or avec le cuivre, l'or avec le fer, on peut se servir des mêmes soudures que pour l'or fin & l'or allié.

Pour souder l'argent avec le cuivre rouge, le cuivre jaune, le fer, on pourra se servir des soudures indiquées pour l'argent.

Pour souder le cuivre rouge avec le cuivre jaune & avec le fer, on pourra employer les soudures indiquées pour le laiton ou cuivre jaune; elles peuvent aussi servir à souder le cuivre jaune avec le fer & l'acier, cependant beaucoup d'artisans se servent pour cela de la même soudure que pour l'étain.

Toutes les méthodes indiquées dans cet article important pour les arts & métiers, sont extraites d'un [p. 394] ouvrage allemand de M. Klein, qui a pour titre, Description détaillée de la soudure des métaux, publié à Berlin en 1760, & qui est l'ouvrage le plus complet qui ait encore été publié sur cette matiere intéressante. ( - )

Soudure (Page 15:394)

Soudure, en terme de Bijoutier, c'est une composition d'or bas, d'argent & de cuivre fort, aisée à fondre. Il y a de la soudure au tiers, au quatre, au cinq, au six, au sept, au huit, au neuf & au dix, qui est la plus forte qu'on employe. Pour faire la soudure au quatre, par exemple, on prend trois parties d'or & une d'aloi que l'on fait fondre ensemble, & que l'on forge de l'épaisseur d'une piece de six liards; & on la coupe par paillons plus ou moins gros. On marque chaque morceau de soudure du numéro de son titre, & on renferme les paillons coupés dans des boîtes aussi numérotées de leurs titres, afin d'éviter l'inconvénient d'employer une soudure pour une autre. Voyez Aloi.

Soudure (Page 15:394)

Soudure, en terme de Diamantaire, est une composition d'étain & de plomb fondus ensemble: un tiers du premier, & deux tiers de l'autre. Monter en soudure, Voyez Mettre en soudure.

Mettre en soudure, en terme de Diamantaires, c'est monter le diamant dans la coquille sur un mélange d'étain & de plomb, qu'on appelle soudure. Ce mélange prend la forme d'un cone qui remplit par sa base la coquille & au fond duquel est le diamant que l'on veut tailler.

Soudure (Page 15:394)

Soudure, terme de Ferblantiers. La soudure des ferblantiers est d'étain. Ils s'en servent pour joindre ensemble deux ou plusieurs pieces de fer - blanc. Ils commencent par mettre sur la raie ou les pieces qu'ils veulent souder, de la poix - résine écrasée; ensuite ils enlevent avec le fer à souder un petit morceau de soudure, & le posent sur la poix - résine: la chaleur du fer fait fondre la soudure, la poix - résine, & les fait incorporer avec les pieces de fer - blanc & les assujettit ensemble.

Soudure (Page 15:394)

Soudure, terme d'Horlogers. Les Horlogers en emploient de plusieurs especes. La soudure d'étain qui est la même que celle des ferblantiers, le zinch & la soudure d'argent ou soudure au tiers: elle se fait en mettant les deux tiers d'argent & un tiers de cuivre.

Les mouleurs de boîtes ont des soudures de différens numéros, comme de la soudure au 3, au 4, au 5, ce qui signifie que sur 3 ou 4 ou 5 parties de soudure il y en a une d'alliage d'un métal inférieur, ainsi la soudure d'or au 4 est un mélange de 3 parties d'or au titre avec une d'argent ou de rosette, selon que l'on emploie de l'or rouge ou de l'or blanc. On emploie la soudure la plus forte sur les ouvrages de plus haut titre.

Soudure (Page 15:394)

Soudure, dont les Facteurs d'orgues se servent, est un mélange de deux parties d'étain & d'une de plomb, que l'on fond ensemble dans une cuillier de fer, & que l'on coule en plusieurs bandes larges d'un pouce, & épaisles seulement de deux lignes ou environ. On met la soudure en bandes plates, afin que les fers à souder avec lesquels on la prend sur la tuile, puissent la fondre plus aisément. Ainsi si on veut faire trois livres de soudure, il faut deux livres d'étain & une livre de plomb: elle sert à joindre deux ou plusieurs pieces & à n'en faire qu'une. Avant que d'employer la soudure, il faut blanchir les rives de ce que l'on veut souder, laisser sécher le blanc, ensuite gratter le blanc & la surface du tuyau avec la pointe à gratter décrite à son article. Cette pointe doit être bien asilée sur la pierre à l'huile, afin de ne point éclater le blanc qui doit border les deux côtés de la soudure, & qui l'empêche de s'étendre au - delà de ce qui est nécessaire. Une bonne soudure doit avoir une ligne, une ligne & demie ou au plus deux lignes de large, selon l'épaisseur & la grandeur des pieces que l'on soude, & être bordée de chaque côté par une bande de blanc de 4 ou 5 lignes de large plus ou moins. Le blanc qui sert à empêcher la soudure de couler & de s'étendre au - delà de l'endroit où on veut qu'elle soit, sert aussi à empêcher les tuyaux de fondre à l'approche du fer chaud avec lequel on pose & on fait couler la soudure dans l'espace que l'on a gratté de part & d'autre de la fente qui sépare les deux pieces que l'on veut joindre. On doit avoir gratté en biseau, c'est - à - dire, ensorte que la pointe ait pénétré plus avant vers la rive ou arrête, où elle doit avoir atteint toute l'épaisseur, que vers le blanc où elle ne doit qu'effleurer la superficie.

La gratture doit être bien unie, sans ressauts ni bosses, afin que la soudure vienne de même; pour cela il faut gratter légerement: on la graisse ensuite avec du suif de chandelle, & on applique la soudure avec les fers à souder que l'on traîne tout - du - long des endroits qu'il faut souder, voyez Fers a souder, qui doivent être étamés & chargés de soudure autant qu'il est besoin.

Lorsqu'une soudure est bien faite, elle doit former dans toute sa longueur une petite convéxité très unie & par - tout de même largeur, laquelle dépend de l'égalité avec laquelle on a gratté le tuyau.

Soudure (Page 15:394)

Soudure, (Plomberie.) mélange fait de deux livres de plomb avec une livre d'étain, qui sert à joindre les tables de plomb ou de cuivre. On la nomme soudure au tiers.

Soudure en losange ou en épi. Grosse soudure avec bavures en maniere d'arrête de poisson. On la nomme soudure plate, quand elle est plus étroite, & qu'elle n'a d'autre saillie que son arrête. Daviler. (D. J.)

Soudure (Page 15:394)

Soudure, (Maçonn.) On entend par soudure, du plâtre serré dont on raccorde deux enduits qui n'ont pu être faits en même tems sur un mur ou sur un lambris. (D. J.)

Soudure (Page 15:394)

Soudure, (Droit romain.) La soudure fait dans le droit romain un objet de question qui a partagé tous les jurisconsultes; parce que comme ils ont cru qu'on ne pouvoit pas séparer les métaux, par exemple, l'or du cuivre, ou que la soudure produisoit un vrai mélange des deux matieres soudées ensemble; ils ont établi, que des deux choses jointes ensemble, la moindre étoit acquise au maître de la plus grande.

Quelques - uns d'eux ont distingué deux sortes de soudure, l'une qui se fait avec une matiere de même genre que les deux corps soudés ensemble; l'autre qui se fait avec une matiere de différente nature. Ils appellent la premiere ferruminatio, & l'autre plumbatura. Suivant l'idée de ces jurisconsultes, la premiere sorte de soudure confond les deux corps soudés ensemble, de maniere que le tout demeure par droit d'accessoire au propriétaire de la plus grosse, ou de la plus considérable partie, quand même elle viendroit ensuite à être séparée de la moindre; comme si un bras soudé à une statue d'or, se détachoit. Que si les deux parties étoient égales, en sorte que l'une ne pût être regardée comme une accessoire de l'autre; alors, disent - ils, aucun des deux propriétaires ne pourroit s'approprier le tout, & chacun demeureroit maître de sa portion.

D'un autre côté, quand deux pieces d'argent, par exemple, sont soudées avec du plomb, ou que l'on soude ensemble deux pieces de différent métal, ce qu'on appelloit plumbatura; ces mêmes jurisconsultes vouloient qu'en ce cas, il n'y eût point de mélange, & qu'ainsi les deux corps soudés demeurent chacun à leur maître, soit que l'un se trouve plus ou moins considérable que l'autre.

Mais on ne voit aucun fondement solide de cette différence; car deux pieces d'argent soudées ensemble avec de l'argent, demeurent aussi distinctes l'une de l'autre, que si elles étoient soudées avec du

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