ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"352"> haut des coffres: on leva les madriers qui couvroient le fond du premier déblai, ils n'étoient plus soutenus que par leurs extrémités: on trouva effectivement le terrein baissé de cinq piés le long des coffres, formant un cone renversé de 8 piés de diametre. Jusque - là on ne s'en étoit pas apperçu, parce que dès le commencement de l'ouvrage, le haut du déblai avoit été couvert, pour la facilité des manoeuvres; on connut enfin toute la fluidité du sable bouillant, on répara avec la grande tariere, le mal qu'il avoit fait, & on chassa les coffres jusqu'à un pié & demi dans la glaise. On suppute qu'on avoit été obligé de retirer plus de 90 piés cubes de sable, au - delà du volume dont les coffres occupoient la place: on reprit le nouvel instrument, & on ne fut pas trompé dans l'espérance où l'on étoit, qu'on ne rencontreroit plus les difficultés que l'on avoit eû à surmonter: on perça un lit de 10 piés, d'une terre - glaise couleur d'ardoise, mêlée d'un peu de sable; on entra ensuite dans une terre séche, dure, & plus claire en couleur que la précédente; on la prend dans le pays pour du tuf, ce n'est cependant qu'une glaise; celle - ci avoit 14 piés d'épaisseur: on étoit arrêté de tems - en - tems par de gros cailloux, mais enfin l'instrument les forçoit à se ranger de côté dans les terres, & lorsqu'il les avoit passé, s'ils retomboient, ils étoient obligés de remonter avec lui, parce qu'il remplissoit exactement, au moyen de la terre dont il se chargeoit, le tuyau, pour ainsi dire, qu'il avoit fait: on retira de cette façon, de près de 80 piés de profondeur, des cailloux qui pesoient jusqu'à cinq livres: ils n'étoient pas tous noirs en dedans, comme les premiers. On entra ensuite dans un lit de 18 piés de glaise noire, mêlée d'un peu de sable d'une odeur désagréable: on en fit sécher quelques petites parties, on les brûla, elles rendirent une flamme violette, & une très - forte odeur de soufre: on passa de - là dans un lit de 11 piés d'épaisseur, d'une terre fort grasse, mêlée de beaucoup de veines & de petits morceaux d'une espece de craie blanche, qui tenoit de la nature de la marne à laquelle on croyoit toucher; mais on trouva encore un lit de 12 piés, d'une glaise bleue fort grasse, sans aucune des marques qu'avoit la précédente: à 10 piés de là on sentit dans une glaise noire de la résistance sous l'instrument, & quelque chose qui s'écrasoit: on le retira, & on en trouva le bout plein d'une terre blanche, & de petits graviers qui ordinairement ne sont pas des mar ques équivoques: on sonda avec la langue de serpent, & on connut qu'on avoit rencontré la véritable marne.

Comme on ne fera plus d'usage des gros barreaux dont on s'est servi jusqu'à présent, on s'arrêtera un moment pour expliquer la façon de les descendre & de les remonter, lorsqu'il y en a, comme ici, une quantité d'employée. Tous ces barreaux doivent être percés à 2 ou 3 piés de leurs extrémités; si on ne veut les remonter & les descendre qu'un à un, la manoeuvre est facile, mais elle est longue; pour les descendre & les remonter deux à deux, en les supposant premierement tous descendus, il faut les enlever au moyen du treuil, jusqu'au trou qui est au - dessus de la premiere charniere, dans lequel on fait passer un boulon de fer qui porte un étrier: ce boulon s'appuie sur la manivelle qui est posée sur le coffre: on dégage, en secouant le cable, le crochet de l'étrier qui est à l'extrémité du barreau, on reprend celui - ci, on leve tout jusqu'au trou qui est au - dessous de la seconde charniere, on y passe un boulon avec son étrier, & on démonte les deux barreaux ensemble. On fait à peu - près la même manoeuvre pour les descendre: on descend le premier seul, & on le remonte de même, pour avoir la facilité de nettoyer les instrumens qu'il porte, on l'arrête au trou qui est au - dessous de son extrémité supérieure: on passe le crochet du cable dans un étrier qu'on place au trou qui est au - dessus de la charniere qui joint deux autres barreaux, on les enleve, & on les monte sur ce premier: on leve les trois barreaux ensemble, pour avoir la facilité de dégager l'étrier qui porte sur la manivelle, on les laisse couler jusqu'à celui qui est au - dessus; alors un homme, monté sur une petite échelle, en passe un nouveau dans le trou qui est au - dessous de l'extrémité des barreaux: il y met le crochet du cable: on dégage celui qui est sur la manivelle sur laquelle on fait descendre celui - ci: on prend deux autres barreaux, comme il a été dit, on les monte avec les vis & les écrous sur la partie qui sort du coffre, & on continue. Si les barreaux sont plus longs que le poinçon de l'engin, on les fait passer dans un cercle de fer qui est à l'extrémité de l'étourneau; on peut de cette façon les descendre & les remonter 3 à 3, on gagne par - là beaucoup de tems. Si les deux barreaux ensemble, avec la partie de celui qui sort du coffre, sont plus courts que le poinçon, on les accroche par leur extrémité, on les descend & on les remonte aisément 2 à 2. Il faut avoir grand soin, chaque fois qu'on démonte les barreaux, de faire passer un petit ballet avec de l'eau, dans les trous des charnieres, de laver les vis & les écrous, parce qu'il s'y introduit du sable qui en ruine bientôt les filets.

On s'est arrêté à la marne; il fut question de mettre les buises en oeuvre; ces buises sont des pieces de bois de chêne de 6 ou 7 pouces d'équarrissage, percées d'un bout à l'autre sur 3 pouces de diametre: on ne leur donne que 9 à 10 piés de longueur, afin d'éviter de les percer à la rencontre, comme parlent les ouvriers, c'est - à - dire, percer la moitié de la longueur par un bout, & l'aller rencontrer par l'autre: ce qui ne manque pas de former un angle qui, quoique fort obtus, ne laisse pas que d'occasionner à l'eau un frottement qu'il est à propos d'éviter le plus qu'il est possible: ces buises étant percées, on en abat les angles, & pour les éprouver, on ferme exactement une de leurs extrémités, on les emplit d'eau par l'autre, jusqu'aux trois quarts, on la presse fortement avec un refouloir, on examine de près si l'eau ne pénetre pas en dehors, on les retourne, & on fait la même manoeuvre pour le quart qui n'a pas été éprouvé; on est sûr par cette précaution, autant qu'on peut l'être, qu'elles sont sans défaut: après ces précautions, on fait entrer, à un pié de l'extrémité de la premiere qu'on doit descendre, deux fortes vis en bois, qui ne pénetrent qu'à trois quarts de pouce, on y accroche un grand étrier qui tient au cable, on l'enleve, & on le laisse descendre jusqu'à ce que ces vis portent sur deux tasseaux qui s'appuient sur les coffres, & dont l'épaisseur ne doit point empêcher qu'on ne dégage l'étrier: on prend une seconde buise, qni est garnie de ses vis, on la présente sur la premiere, elle porte un emboîtement & un cercle de fer dans son épaisseur, dont elle retient la moitié de la largeur, & l'autre moitié entre, au moyen de quelques coups de maillet, dans celle de la premiere buise: on a garni les jointures en dedans, avec de la filasse goudronnée, on les garnit de même en dehors, sur 5 à 6 pouces de hauteur, on les couvre d'une lame de plomb, clouée de très - près, on y attache des molles - bandes, on leve tout, pour démonter les premieres vis & les laisser descendre jusqu'aux secondes: quoique ces vis ne pénetrent point dans l'intérieur des buises, il faut avoir la précaution de boucher les trous qu'elles ont faits, avec un bouchon de liege goudronné, qu'on y fait entrer avec force. La prémiere buise doit être délardée, & garnie d'un sabot [p. 353] de fer: on en ajusta, l'une sur l'autre, de la façon qu'il a été dit, jusqu'à ce qu'on sentît que le sabot portoit sur la marne, dans laquelle on les fit descendre de 2 piés à petits coups de hie, afin de ne pas déranger les molles - bandes ni les jointures. On raccourcit les buises à la hauteur des coffres, & on y introduisit une petite tariere, montée sur des barreaux d'un pouce de grosseur; elle descendit jusque sur la marne qui étoit entrée dans les buises: on sentit qu'elle rencontroit de la résistance, on la retira avec quelque peu de gravier blanc & transparent, on se servit d'un petit instrument, qui lui ôta toute difficulté: on la redescendit, on la fit entrer d'un pié: on la retira pleine de gravier, & d'une marne grasse, blanche, & collante: on vuida la buise, & on alla avec le même instrument jusqu'à deux piés au - dessous du sabot, on sentit du ferme qu'il ne put entamer, on reprit le petit instrument, qui entra fort aisément: les barreaux dont on se servit, n'avoient qu'un pouce de grosseur: on ne pouvoit pas, de peur de les affoiblir, y faire des trous pour y passer des étriers, comme à ceux qui avoient 16 lignes: au - lieu de cela, on les arrêtoit avec le coin dans la manivelle, soit en les descendant, soit en les remontant: cette manivelle portoit sur deux tasseaux qui tenoient au coffre, & qui l'élevoient assez haut pour que le coin qu'on y frappoit, ne touchât point aux buises: on faisoit sortir ce coin, lorsqu'on vouloit mettre les barreaux en liberté, soit pour les descendre ou les remonter: on les prenoit d'ailleurs à telle hauteur qu'on vouloit, avec un instrument qui étoit attaché au cable de l'engin que les ouvriers nomment le diable.

On retira le petit instrument qui avoit percé un lit de gravier de 5 à 6 pouces; on redescendit la petite tariere, qui revint toujours remplie de marne, jusqu'à 5 piés de profondeur, où il se trouva un autre lit de gravier. Le petit instrument lui fraya de nouveau son chemin, & on continua à la faire entrer. Elle descendit de 4 piés: on finit la journée. Un ouvrier couvrit la buise avec le bonnet. Le lendemain, à la pointe du jour, il alla le lever; il sortit un pouillon d'eau qui étonna. Elle parut se mettre de niveau avec l'orifice de la buise; elle conservoit cependant un mouvement qu'on ne put appercevoir qu'en mettant un petit morceau de papier sur la superficie. On descendit la petite tariere qui fut arrêtée à 20 piés près de la profondeur où l'on avoit été auparavant. On reprit le petit instrument qui perça une espece de tampon de plus d'un pié d'épaisseur de terre, de bois, de cloux & de tout ce que l'eau du fond avoit eu la force de chasser. Jusque - là on en fut d'autant plus surpris, que la petite tariere & le petit instrument n'avoient rien ramené de pareil. Peut - être ces matieres s'étoient - elles rangées de côté, & que l'eau qui commençoit à s'élever les avoit forcées à remonter avec elle, & n'avoit cependant pas eu la force de les conduire plus haut. Il ne faut pas s'étonner si l'instrument tient quelquefois très - fortement dans les buises: il forme avec la marne qui s'y colle extérieurement, & celle dont il se charge par - dessus en remontant, une espece de piston. On se sert, pour le soulager, d'un tourne - à - gauche, avec lequel on tourne & détourne les barreaux; la marne qui l'enduit extérieurement se délaie: l'eau de dessous se communique à celle de dessus, & la difficulté cesse.

L'obstacle étant levé, l'eau commença à couler avec assez de force; on continua à se servir alternativement de la tariere & du petit instrument jusqu'à 25 piés de profondeur. On rencontra encore dans cette marche des lits de gravier, & on s'apperçut que l'eau augmentoit sensiblement à mesure qu'on les perçoit. On mesura la quantité qu'il en sortoit par le haut des buises qu'on trouva être d'un pouce & , ou 20 pintes de Paris par minute. On voulut mal - à - propos en tirer un plus gros volume; on redescendit le petit instrument: on ne lui eut pas fait faire quatre tours, que les barreaux se rompirent à 74 piés de profondeur, & en abandonnerent 81 piés dans le fond. La consternation des anciens serviteurs du roi & des ouvriers fut dans ce moment très - grande; on chercha à les rassurer: on fit faire un instrument extremement simple: on le descendit avec les 74 piés de barreaux qu'on avoit retirés: on le joignit à ceux qui étoient dans le fond; il les saisit avec tant de force, & l'instrument qui étoit engagé dans la marne tenoit si fort, que deux hommes appliqués au treuil de l'engin en rompirent le cable sans qu'il quittât prise: on envoya chercher une chevre à l'arsenal; dès le premier coup de levier l'eau devint blanche: on jugea que l'instrument avoit fait un mouvement dans le fond; au deuxieme coup de levier, les barreaux monterent de 4 pouces; & au troisieme tout fut dégagé. On reprit le cable de l'engin, & on retira les barreaux cassés au grand contentement des spectateurs. On ne jugea pas à propos de s'exposer une seconde fois à un accident de cette nature, d'autant moins que la quantité d'eau dont on étoit sûr suffisoit pour le fort S. François. Elle est augmentée, & donne aujourd'hui premier Décembre 35 pintes par minute mesure de Paris.

Sonde (Page 15:353)

Sonde de mer, ou Plomb de sonde, (Marine.) c'est une corde chargée d'un gros plomb, autour duquel il y a un creux rempli de suif, que l'on fait descendre dans la mer, tant pour reconnoître la couleur & la qualité du fond, qui s'attache au suif, que pour savoir la profondeur du parage où l'on est. Ce dernier article est susceptible de beaucoup de difficultés quand cette profondeur est considérable.

On dit être à la sonde, lorsqu'on est en un lieu où l'on peut trouver le fond de la mer avec la sonde; aller à la sonde, lorsqu'on navige dans des mers ou sur des côtes dangereuses & inconnues, ce qui oblige d'y aller la sonde à la main; venir jusqu'à la sonde, quand on quitte le rivage de la mer, & qu'on vient jusqu'à un endroit où l'on trouve fond avec la sonde; & enfin on dit que les sondes sont marquées, & cela veut dire que les brasses ou piés d'eau sont marqués sur les cartes, près des côtes.

Sonde (Page 15:353)

Sonde, (terme de Mineur.) le mineur se sert d'une sonde à tariere pour agrandir le trou, lorsqu'il veut crever les galeries par quelque bombe, ou gargouge chargée; c'est ce qu'il exécute en ensonçant la lombe dans les trous, & en maçonnant ensuite l'ouverture de même qu'aux fourneaux. (D. J.)

Sonde (Page 15:353)

Sonde, est un instrument de Chirurgie dont on se sert pour examiner & sonder l'état des blessures, ulceres & autres cavités.

Il y a des sondes de différentes figures suivant leurs différens usages. La sonde pour les plaies & les ulceres, est une verge de ser, d'acier ou d'argent très polie, longue tout au plus de cinq pouces & demi, mousse & boutonnée par ses extrémités, afin qu'elle ne blesse pas les parties dans lesquelles on l'introduit. La plus menue s'appelle stilet, slilus. Elle est de la grosseur d'une aiguille à tricoter; une de ses extrémités se termine en poire ou en olive, l'autre est un peu mousse. Sa matiere est ordinairement d'argent. On a coutume de la faire recuire pour la plier facilement, & lui donner une figure convenable aux sinuosités ou détours des plaies & des ulceres. Voyez fig. 5. Pl. I. Les autres sondes sont plus ou moins grosses, suivant le besoin. Quelques - unes sont percées par un bout, comme les aiguilles, pour passer les setons: quelques stilets le sont aussi. L'usage des sondes est pour faire connoître la profondeur, l'étendue, le trajet des plaies & des ulceres, leur pénétra<pb->

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