ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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SEMINAIRE (Page 14:944)

SEMINAIRE, s. m. (Gram. & Jurisprud.) on entend ordinairement par ce terme une maison destinée à élever les jeunes clercs, pour les former aux connoissances & aux fonctions qui conviennent à l'état ecclésiastique.

Il y a cependant aussi des séminaires où les clercs ne sont pas élevés, mais où ils doivent seulement demeurer quelque tems pour se préparer à recevoir les ordres; d'autres encore qui sont des maisons de retraite pour des ecclésiastiques âgés ou infirmes; d'autres enfin où l'on forme des sujets pour les missions étrangeres.

Ces différentes sortes de séminaires jouissent tous des mêmes privileges.

Les plus anciens sont sans contredit ceux qui furent institués pour élever les jeunes clercs, & qu'on appelle communément les petits séminaires; leur origine en France remonte très - haut, puisque le concile de Bazas tenu en 529 parle de leur utilité; mais il est à croire que les séminaires, dont parle ce concile, n'étoient autres que les écoles qu'il y avoit de tout tems dans toutes les églises cathédrales & dans les principaux monasteres, lesquelles pouvoient en effet être regardées comme des séminaires, n'y ayant guere alors que ceux qui se destinoient à l'état ecclésiastique qui fréquentassent ces écoles, & qui s'adonnassent à l'étude des lettres.

A ces écoles qui furent ruinées par les desordres du x. siecle succéderent les universités & les colleges particuliers; la plûpart des évêques se reposerent de l'instruction de leurs clercs sur les régens des colleges pour les premieres études, & sur les docteurs des universités pour la Théologie & le Droit canon.

Mais on trouva que c'etoit une occasion de dissipation pour les jeunes clercs d'aller étudier dans les colleges avec les écoliers laïcs, & que pendant ce tems ils ne faisoient aucune fonction ecclésiastique, on crut qu'il étoit plus convenable de les élever en particulier, & ce fut ce qui donna lieu à l'établissement des petits séminaires.

Le concile de Trente, sess. 23. c. xviij. de reform. ordonne que dans chaque diocèse ou province il soit établi un ou plusieurs séminaires, où l'on reçoive de jeunes gens nés en légitime mariage, âgés de douze ans au - moins & qui se disposent à l'état ecclésiastique, pauvres & riches indifféremment; si ce n'est que les riches payeront leur pension, & que les pauvres seront nourris gratuitement.

Pour la dotation & entretien de ces séminaires, le concile permet de lever une contribution sur les bénéfices du diocèse, sans qu'aucun ordre s'en puisse exempter, à l'exception des mendians & des chevaliers de Malte, laquelle contribution sera réglée par l'évêque assisté de deux chanoines de son église; il permet aussi l'union des bénéfices.

Enfin il oblige les écolâtres des chapitres à enseigner les jeunes clercs dans ces séminaires, ou à nommer, de l'agrément de l'évêque, quelqu'un à leur place, pour s'acquitter de cette fonction.

L'assemblée de Melun en 1579 s'est conformée au réglement du concile de Trente, auquel elle a ajouté plusieurs articles touchant le gouvernement des séminaires.

Les conciles provinciaux de Rouen, de Rheims, de Bordeaux, de Tours, de Bourges, d'Aix & de Toulouse, ont aussi reçu ce réglement, & y ont ajouté différentes explications.

Cependant la discipline de l'église de France n'est pas conforme en plusieurs chefs au réglement du concile de Trente.

Il est d'abord constant que l'on ne peut établir aucun séminaire en France sans lettres - patentes du roi; c'est un point decidé par l'édit du mois d'Août 1749.

On devoit, suivant le concile, élever les enfans dans le seminaire depuis l'âge de douze ans jusqu'à ce qu'ils eussent reçu les ordres sacrés; au - lieu que dans la plûpart des dioceses de France on n'oblige ceux qui se présentent aux ordres que de passer une année dans le seminaire; & même en quelques diocèses, on se contente d'un tems plus court, & que les clercs fassent une retraite au séminaire avant que de recevoir les ordres mineurs, le sous-diaconat, le diaconat & la prêtrise.

Le gouvernement des séminaires en France dépend de la prudence de l'évêque qui leur donne des statuts tels qu'il les croit convenables. On ne l'oblige point de prendre l'avis de deux chanoines de sa cathédrale.

Pour ce qui est de la dotation des séminaires, elle peut se faire, soit par la fondation ou par des donations postérieures, soit par des unions des bénéfices, soit par imposition sur les biens ecclésiastiques du diocese.

L'évêque procede à cette imposition avec les syndics & députés aux bureaux des décimes de leur diocèse.

L'ordonnance de Blois enjoint aux évêques d'établir des séminaires dans leur diocèse, d'aviser à la forme qui sera la plus propre selon les circonstances, & de pourvoir à la dotation d'iceux par union de bénéfices, assignations de pension ou autrement; c'est aussi la disposition de l'édit de Melun, de l'ordonnance de 1629, & de la déclaration du 15 Décembre 1698; celle ci ordonne l'établissement des séminaires dans les diocèses où il n'y en a point, & des maisons particulieres pour l'éducation des jeunes clercs pauvres, depuis l'âge de douze ans.

Les bénéfices dont le revenu n'excede pas 600 liv. sont exceptés de la contribution pour les séminaires par l'ordonnance de 1629; les cures sont aussi exemptes, de même que les dixmes inféodées.

Les évêques, leurs grands vicaires & archidiacres peuvent enjoindre aux curés & autres ecclésiastiques de se retirer pour quelque tems dans un séminaire, pour y reprendre l'esprit de leur état; & ces ordonnances sont exécutoires, nonobstant oppositions ou appellations. Voyez le concile de Trente & autres que l'on a cités, les ordonnances de Blois de 1629, & d'Héricourt, Fuet, la Combe, instit. au dr. ecclés. de Fleury, les mémoires du clergé, & les mots College, Écoles, Université . (A)

Séminaire (Page 14:944)

Séminaire, pierre, (Hist. nat. Litholog.) seminarius lapis, nom d'une pierre qui paroît composée d'un amas de graines. Voyez Oolite.

SÉMINALE (Page 14:944)

SÉMINALE, adj. (Jardinage.) est la premiere racine d'une plante lorsqu'elle est graine.

Il se dit aussi en Anatomie, de ce qui appartient à la semence des animaux, la matiere séminale, les réticules séminales.

SÉMINARA (Page 14:944)

SÉMINARA, (Géogr. mod.) bourg d'Italie au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, au couchant d'Oppido. Il étoit fort peuplé avant le tremblement de terre qu'il essuya en 1638. Long. 33. 55. latit. 38. 22. (D. J.)

SÉMINARISTE (Page 14:944)

SÉMINARISTE, s. m. (Gram.) jeune ecclésiastique qui fait son séminaire. Voyez l'article Séminaire.

SÉMINATION (Page 14:944)

SÉMINATION, s. f. terme d'Histoire naturelle, il est vrai qu'il ne se trouve pas dans les dictionnaires françois; mais il faut bien s'en servir ici, n'y ayant aucun autre mot dans la langue qui puisse rendre ce que signifie celui - ci, savoir l'action de semer ou de répandre de la semence, & singulierement celle des végétaux. Voyez Semence ou Graine.

Dès que la graine est mûre, dit le docteur Grew, la nature prend différens moyens pour qu'elle soit semée convenablement, non - seulement en ouvrant [p. 945] a cosse qui la contient, mais en conditionnant la graine même comme elle doit l'être.

Ainsi les graines de certaines plantes auxquelles il faut un certain sol particulier pour qu'elles viennent, telles que l'arum, le pavot & autres, sont aussi lourdes proportionnément à leur volume pour tomber directement à terre. D'autres qui en conséquence de leur légereté & de leur volume pourroient être emportées par le vent, sont retenues par un ou plusieurs crochets qui empêchent qu'elles ne s'écartent du lieu qui leur convient. Telles sont les graines d'avoine, qui ont un crochet; celles d'aigremoine, qui en ont plusieurs; mais celles - là aiment les lieux élevés & exposés au soleil, & celles - ci les haies.

On voit au contraire des graines qui ont des aîles ou plumes, soit afin que le vent puisse les emporter lorsqu'elles sont mûres, comme celle du frêne, soit afin qu'elles puissent s'envoler plus ou moins loin, ce qui empêche qu'elles ne tombent toutes dans un même endroit & ne soient semées trop drues; & encore afin que si quelqu'une n'est pas tombée dans un endroit quilui soit propre, une autre au - moins y tombe. Ainsi les pignons, par exemple, ont des aîles courtes à la vérité, & qui ne peuvent pas les soutenir dans l'air, mais qui les font du - moins voltiger à terre. Mais les graines de la dent de - lion, & plusieurs autres ont quantité de plumes fort longues, par le moyen desquelles elles sont emportées en mille endroits différens.

D'autres sont semées où elles doivent l'être par le ressort de leurs capsules élastiques, qui en crevant & éclatant lancent leur graine à une distance convenable. Ainsi l'oseille sauvage ayant des racines qui serpentent fort loin en terre, il falloit que sa graine fût semée à quelque distance, & la nature y a pourvu par des cosses blanches, fortes & tendineuses, qui, lorqu'elles commencent à sécher, s'ouvrent tout - à - coup par un côté, & roulent à l'instant leurs levres en - dessous avec force. La graine de scolopendre, celle de la persicaire à cosses sont aussi jettées & lancées par le moyen d'un ressort, si quelque chose heurte ou pince la capsule qui les contient. Et quand le ressort est sec & suffisamment tendu, il rompt de lui - même la capsule en deux moitiés semblables à deux petits godets, & en chasse la semence.

D'autres auteurs ont encore remarqué bien des manieres différentes dont la graine est semée. Qu'on mette, dit M. Ray, sur du papier une poignée de graine de fougere en un tas, on entend craqueter & crever les petites vésicules séminales; & avec un bon microscope on en voit qui s'élancent à une distance considérable les unes des autres. Le docteur Sloane observe que la petite gentiane, gentianella flore coeruleo, voulant être semée par un tems humide; dès que la moindre goutte touche l'extrémité de ses vaisseaux séminaux, ils s'ouvrent avec un bruit perçant, & chassent en s'ouvrant par leur ressort la graine qu'ils contenoient.

Toutes les especes de cardamine, pour peu qu'on y touche avec la main, ouvrent leurs capsules & lancent leur graine. M. Ray dit plus, il ajoute qu'il suffit même d'en approcher la main de très - près sans y toucher effectivement.

D'autres plantes, pour parvenir à la sémination de leur graine, invitent les oiseaux par l'odeur & par le goût à en manger; ils l'avalent & s'en vont, & le séjour qu'elle fait dans leur corps sert à la fertiliser: c'est ainsi que se propagent la muscade & le guy. Voyez Muscade & Guy.

SEMINI ou CHEMINI (Page 14:945)

SEMINI ou CHEMINI, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom qu'on donne dans le royaume de Pégu aux nobles qui sont chargés du commandement des troupes, & qui remplissent les premiers emplois de l'état. Ils sont au - dessous des bajas, qui tiennent chez les Pé<cb-> guans le même rang que les ducs & pairs.

SEMINISTES (Page 14:945)

SEMINISTES, s. m. (Anat.) secte de physiciens qui prétendent que le fétus est formé dans la matrice par le mélange des semences de la femelle & du mâle. Voyez Fétus.

C'est le sentiment d'Aristote, de tous les anciens, & celui de leur ennemi juré, le plus célebre des modernes, Descartes.

Suivant les Seministes, les femelles ne peuvent concevoir sans répandre de semence: d'ailleurs cette liqueur ne peut, ainsi que dans le mâle, couler sans produire le plaisir, d'où il suivroit que le plaisir seroit inséparable de la conception. Cependant combien de meres se plaignent du contraire! Voyez toutes les raisons que l'auteur de l'art de faire des garçons rapporte contre ce sentiment.

SÉMINOVISTES (Page 14:945)

SÉMINOVISTES, s. m. (Anat.) branche des ovistes, à la tête de laquelle s'est mis l'ingénieux auteur de l'art de faire des garçons. Ce physicien pense que l'embryon est produit par le mélange des deux semences, fait non pas dans la matrice, mais dans l'oeuf.

SÉMI - PÉLAGIANISME (Page 14:945)

SÉMI - PÉLAGIANISME, (Hist. ecclés.) on croit que le Sémi - pélagianisme a tiré sa principale origine des écrits de Jean Cassien, appuyés de son autorité.

Ce fameux solitaire, après avoir demeuré longtems en orient, & s'y être nourri de la doctrine des Grecs, vint s'établir à Marseille peu après l'an 404; il y fonda deux monasteres, & s'y distingua par son savoir, & par sa piété. Il écrivit malheureusement dans des circonstances fâcheuses, & où les disputes sur la grace étoient encore fort animées. En effet, les Pélagiens venoient d'être condamnés en Afrique, à Rome, & en orient; lorsque vers l'an 426, tout au plus tard, Cassien publia sa treizieme conférence, où il enseigne nettement que l'homme peut avoir de soi - même le desir de se convertir; que le bien que nous faisons ne dépend pas moins de notre libre arbitre, que de la grace de Jesus - Christ; que cette grace est gratuite; que Dieu cependant la donne, non selon sa puissance souveraine, mais selon la mesure de la foi qu'il trouve dans chacun, ou qu'il y a mise lui - même; qu'il y a réellement dans l'homme une foi que Dieu n'y a pas mise, comme il paroît, dit - il, par celle que Jesus - Christ loue dans le centenier de l'Evangile.

Cette doctrine se repandit promptement dans les Gaules, & trouva quantité de sectateurs, au nombre desquels on compta plusieurs évêques & autre sillustres personnages. (D. J.)

SÉMI - PÉLAGIENS, ou DEMI - PÉLAGIENS (Page 14:945)

SÉMI - PÉLAGIENS, ou DEMI - PÉLAGIENS, s. m. pl. (Hist. eccl.) Pélagiens mitigés, hérétiques qui rejettant les erreurs les plus grossieres des Pélagiens, retenoient quelques - uns de leurs principes. Voyez Pélagiens.

Saint Prosper dans une lettre à saint Augustin, les appelle reliquias Pelagii, les restes de Pélage.

Plusieurs savans hommes dans les Gaules, faute de bien prendre le sens de saint Augustin sur la grace, tomberent dans le sémi - pélagianisme. On les appella Massiliens, ou prêtres de Marseille, parce que ce fut en cette ville que leurs opinions prirent naissance. Cassien qui avoit été diacre de Constantinople, & qui fut ensuite prêtre à Marseille, étoit le chef des Sémi - Pélagiens. Saint Prosper qui étoit son contemporain, & qui écrivit avec force contre lui, dit que Cassien voulant garder je ne sais quel milieu entre les Pélagiens & les orthodoxes, ne s'accordoit ni avec les uns ni avec les autres. On en va juger par l'exposition du Sémi - Pélagianisme.

Ces hérétiques reconnoissoient premierement la chûte d'Adam, le péché originel, & en conséquence l'affoiblissement de la liberté; mais ils prétendoient

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