ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"924"> comme le sel marin, une substance étrangere portée du dehors en - dedans du corps humain, mais il y a été élaboré par la coction & par d'autres mouvemens des organes, & formé de substances dans lesquelles il n'étoit pas.

M. Margraff remarque qu'on ne peut séparer entierement le sel essentiel de l'urine, & il croit que les causes en sont probablement, 1°. la quantité de l'extrait onctueux, qui empêche la crystallisation; 2°. & principalement la dissipation du sel volatil urineux qui arrive à ce sel, tant dans l'inspissation de l'urine, que dans sa dépuration: car ce sel privé de son sel volatil, refuse de prendre une forme saline seche. Si on le dissout fréquemment dans l'eau bouillauta, il perd toujours une partie de son esprit urineux (comme l'odeur le prouve suffisamment), & ainsi il ne se met point en crystallisation; ce que l'on peut pourtant corriger en quelque sorte, en y ajoutant un peu d'esprit volatil de sel ammoniac: cet esprit sature avec effervescence l'acide découvert.

Quand le sel fusible a été suffisamment dépuré, il est tout - à - fait blanc & sans odeur. M. Pott nous apprend que la figure de ce sel varie beaucoup, suivant les effets de la chaleur, de l'évaporation, & des différentes crystallisations: car il prend la figure de la plûpart des autres, comme du salpêtre, du vitriol, du sel ammoniac, de l'alun, du sel admirable, &c. mais pour l'ordinaire il est en crystaux brillans, octogones & prismatiques. Ce sel excite sur la langue une saveur un peu fraîche; il a à - peu - près le goût du borax, avec lequel il présente des ressemblances singulieres: mis dans un creuset sur le charbon ardent, il y écume, se boursoufle, se fond, & pousse des végétations: soufflé sur le charbon avec un chalumeau, il coule en une perle ronde quand il est convenablement purifié. Les crystaux de la seconde crystallisation se fondent aussi en perle sur le charbon, quand ils ont été dépurés; mais après le refroidissement, ils prennent une couleur de lait: mêlés avec le phlogistique, ils ne donnent pointle phosphore comme les premiers crystaux; après avoir été fondus, ils se remettent facilement en crystallisation, tandis qu'on ne peut plus faire crystalliser les premiers quand une fois ils ont été liquéfiés.

On voit par cette différence que les crystaux de la seconde crystallisation ont les mêmes propriétés que le sel que M. Haupt a nommé sal mirabile perlatum: ce que M. Margraff ne paroît pas avoir vû lorsqu'il a a dit que ce dernier sel n'a que très - peu de rapport avec le sel microcosmique.

La premiere crystallisation ne tombe pas aisément en effervescence à l'air, mais bien la seconde, que l'air chaud commence à réduire en une poudre blanche comme la neige, & qui au lieu de rafraîchir la langue, l'échauffe comme un charbon ardent, sans lui causer pourtant aucune douleur ni aucun dommage. Cette sensation de chaleur ne s'y conserve que quand il est bien dépouillé de toute humidité, & il recouvre toujours cette chaleur, lorsqu'il l'a perdue, par des calcinations répétées.

Le sel microcosmique est un sel moyen ammoniacal, dont l'acide est d'une nature toute particuliere & si peu liée avec le sel urineux, qu'il n'est point d'autre exemple de sel ammoniacal sec, dont l'urineux se sépare aussi aisément par la seule distillation, ou par une simple digestion, & même par la seule attraction de l'air.

Si on met les crystaux de sel fusible dans une retorte de verre, & qu'après y avoir adapté un récipient bien lutté, on distille insensiblement & par degrés au feu de sable, le sel écume & devient fluide, en même tems il s'éleve dans le récipient un fort esprit urineux volatil, dont le poids est la moitié du total, qui ressemble beaucoup à l'esprit de sel ammoniac préparé avec de la chaux vive, qui étant mêlé en assez grande quantité avec l'esprit de sel, n'entre point en effervescence, mais échauffe considérablement les vaisseaux, au lieu que les urineux ordinaires produisent plûtôt du froid: après cet esprit urineux montre quelques grains de sublimé ammoniacal, l'autre moitié de crystaux forme dans la retorte une masse blanchâtre & crevassée.

C'est dans cette matiere saline, qui demeure après la distillation des crystaux, que l'acide se trouve enveloppé par une terre tenue & glutineuse, & il ne se découvre entierement qu'après que ce résidu a été fondu à un feu violent, en un corps clair & transparent que l'on fait couler sur une lame de fer chauffé, bien poli; mais la plus grande violence du feu ne peut chasser de ce résidu, qu'un peu d'humidité, & n'en peut séparer aucun acide ni aucun sublimé.

Cette matiere, semblable au verre, se dissout entierement dans deux ou trois parties d'eau distillée bien pure, & se change en une liqueur claire, un peu épaisse, qui a les proprietés de tous les acides, de sorte que 1°. elle se met en effervescence avec l'alkali volatil, & 2°. avec l'alkali fixe, & même qu'elle forme avec l'un & l'autre des especes de sel moyen tout - à - fait particulieres. 3°. elle précipite les corps dissous dans les alkalis, & même 4°. elle dissout les terres alkalines.

Cependant MM. Pott & Schlosser nient que ce verre salin dissout dans de l'eau, fasse aucune effervescence sensible avec l'alkali, quoique cette effervescence ait lieu lorsqu'on sature avec un alkali la liqueur acide du phosphore brulé. M. Pott a découvert qu'on augmente beaucoup la fusibilité du sel fixe de l'urine, lorsqu'on dissout ce sel purifié dans un bon esprit de sel, qu'on fait digérer la solution, qu'on la filtre, & qu'on abstrait doucement l'esprit, jusqu'à ce que le sel se coagule de nouveau. Il a trouvé aussi que le sel ammoniac fixe, connu pour un sel si fusible, étant mêlé avec autant de sel microcosmique, loin d'en conserver la fusibilité, ou d'en acquérir davantage, devient fragile au feu comme une écume friable & verdâtre.

Les expériences remarquables de MM. Margraff & Pott, nous apprennent que le sel fusible précipite les solutions du sel ammoniac fixe, ou la solution de chaud vive, faite dans l'acide du sel, la solution épaisse de craye, la solution de cailloux faite depuis long - tems dans l'alkali fixe, & qu'il s'en précipite une matiere visqueuse qui demeure cohérente comme la glu, & qui s'endurcit sans pouvoir être dissoute de nouveau: ces expériences me paroissent fortifier le sentiment de ceux qui croient que le sel de l'urine contribue à en lier la terre, pour former le calcul de la vessie.

M. Pott cite & adopte le sentiment d'Henckel, qui dit que la seconde crystallisation du sel d'urine en forme de salpetre, aussi - bien que le premier sel qui se crystallise du caput mortuum, contiennent l'un & l'autre quelque portion d'acide vitriolique, puisque avec le charbon, ils forment un soufre commun.

M. Pott dit ailleurs que le sel de l'urine contient en soi & réunit la terre colorée de l'acide nitreux, la terre fusible de l'acide du sel, & la terre fixe de l'acide du vitriol, lesquels étant employées à propos, peuvent servir à produire divers changemens dans d'autres corps: ces idées semblent avoir peu de fondement, néanmoins les varietés de la crystallisation du sel fusible, dont nous avons parlé plus haut, mériteroient d'etre étudiées plus soigneusement qu'on n'a fait jusqu'ici.

On peut voir dans MM. Margraff & Pott de quelle maniere le sel microcosmique agit sur les métaux avec lesquels on le met en fusion, ou dans une forte digestion, & les rapports de ce même sel avec différentes chaux & solutions métalliques. La proprieté la plus remarquable de ce sel, qui a été découverte par [p. 925] M. Margraff, c'est qu'étant mêlé avec un inflammable subtil & distillé dans un vaisseau fermé, il produit le phosphore. M. Margraff pense que l'acide du sel microcosmique est essentielle à la production du phosphore, & il faut, suivant lui, que cet acide soit mêlé dans plusieurs végétaux, parce que la semence de roquette, de cresson, de moutarde, & même le blé, lorsqu'on les distille à un feu violent, donnent à la fin le phosphore, quand le feu est poussé au plus haut degré. Voyez Phosphore. Il est dans l'opinion que le sel microcosmique, & sur - tout son acide, se trouve mêlé à quelques - uns des végetaux qui composent les alimens & les boissons des hommes, & qu'il passe de - là dans le corps humain: car il a remarqué que l'urine d'été, saison où les hommes mangent beaucoup plus de végétaux, fournit toujours une plus grande quantité de ce sel, que l'urine d'hiver; mais une semblable preuve paroît extrêmement foible, quoiqu'elle n'ait laissé aucun doute à M. Margraff.

On a attribué différentes vertus médicinales au sel microcosmique, mais elles ne sont pas assez constatées, quoique ceux qui l'ont employé, semblent se réunir à dire que ce sel est un puissant apéritif.

Sel principe (Page 14:925)

Sel principe, (Chimie & Physique.) les anciens chimistes crurent reconnoître que la decomposition des corps étoit arrêtée, lorsqu'ils étoient parvenus à les reduire en esprit, huile, sel, terre, & eau; ils nommerent ces substances principes ou élemens; ils appellerent les trois premiers actifs, les deux autres passifs; ils ont été successivement contredits par leurs successeurs. Paracelse les reduisit à trois, le mercure ou l'esprit, le soufre ou l'ame, & le sel ou le corps; Vanhelmont n'admit que l'eau pour tout principe; Becher joignit la terre, dont il fit trois especes, à l'eau; Stahl adopta ces maximes; les chimistes, plus modernes que ces deux grands hommes, trouvant des défauts dans cette partie de leur doctrine, ont varié dans la division qu'ils ont faite de ces mêmes principes. Il seroit trop long de rendre compte de tous les sentimens qui se sont élevés à ce sujet, nous nous bornerons à examiner ce qu'on doit penser de ce prétendu élement.

Il est évident que le titre de principe ne peut convenir à aucun sel neutre; il ne l'est guere moins que les alkalis en doivent être exclus; quant aux acides, une suite d'analogies, de vraissemblances, leur transmutation, sont des preuves qu'ils dérivent tous d'un seui, du vitriolique, sulphureux ou universel: c'est donc lui seul qu'on pourroit nommer principe, mais n'est - il pas encore susceptible de décomposition? doit - on penser avec Becher, Stahl & Juncker, qu'il est formé par l'union de l'eau & de la terre vitrescible? c'est ce qui ne sauroit être mis en évidence que par des expériences nouvelles & repétées; heureusement l'incertitude qui regne sur cet objet, n'est d'aucune conséquence pour la pratique de la chimie, elle ne peut en arrêter les découvertes, elle doit aucontraire exciter à tenter la décomposition des corps qui paroissent les plus simples, ceux qui veulent avoir des points fixes sur cette matiere. On peut renvoyer aux écoles toutes les disputes semblables, & se borner à soutenir que l'opinion la plus vraissemblable est celle d'Aristote, qui admet pour élement, l'eau, l'air, la terre, & le feu, en attendant qu'un jour plus grand soit répandu par l'expérience sur la théorie d'un art que nous regardons comme la clé de la vraie physique. Voyez Élemens, Principes.

Sel sédatif (Page 14:925)

Sel sédatif, (Chimie.) le borax (Voyez Borax) est un sel composé, qui reconnoît pour ses principes constituans, un alkali de l'espece de celui qui sert de base au sel muriatique, appellé alkali minéral, parce que c'est le seul alkali fixe qui existe tout formé dans la nature, & que l'art ne crée pas; ce sel alka<cb-> li est neutralisé par une autre espece de sel, qui fait fonction d'acide, connu sous le nom de sel sédatif, par rapport aux effets qu'a cru lui remarquer Homberg, un de ses inventeurs.

Ce sel se retire du borax de deux manieres, par sublimation & par crystallisation; dans l'un & l'autre cas il faut toujours employer une addition d'acide, au borax, lequel s'unit à l'alkali minéral, pour former un sel neutre différent, suivant le genre d'acide. Ils sont tous indistinctement propres à opérer cette décomposition, selon les observations de M. Baron; (Voyez Mémoire des savans étrangers.) alors le sel sédatif, qui est encore affoibli par l'eau que l'on ajoute au mélange, a moins d'affinité avec l'alkali, que n'en ont les acides employés, il se trouve libre & en état d'être séparé du nouveau sel qu'a formé l'addition de l'acide, ce qui pourra s'exécuter par la voie qui se trouvera la plus convenable.

Non - seulement, selon les expériences de M. Lémeri, les acides purs & concentrés operent la décomposition du borax, mais encore ces mêmes acides engagés dans des bases terreuses & métalliques, ce qui a été la source de plusieurs erreurs; par exemple, M. Homberg obtint le sel sédatif, par l'intermede du colcotar, & pensant que c'étoit la matrice de ce sel, il le nomma sel volatil'de colcotar, ou de vitriol, &c.

La méthode qui nous a paru la meilleure pour retirer le sel se datif, est la suivante.

L'on arrose quatre onces de borax réduit en poudre, avec une once & deux gros d'huile de vitriol très - concentrée, l'on ajoute peu de tems après au mélange, deux onces d'eau commune, & l'on distille le tout dans une cornue luttée, dont le col soit large, en poussant le feu jusqu'à faire rougir la partie inférieure de la cornue.

Il est à remarquer que l'acide vitriolique très - concentré, ne décomposeroit pas sans addition d'eau le borax; il est même connu que le sel sédatif très - pur & très - sec, décompose en partie, par une proprieté très - singuliere, tous les sels neutres à bases alkalines, s'unissant à ces mêmes bases lorsqu'il en a précipité l'acide, pour reproduire avec elles du borax; mais lorsque dans la décomposition du borax, on ajoute une certaine quantité d'eau, le sel sédatif ne peut plus agir avec la même activité, & la réaction de l'acide sur l'alkali n'en est pas diminuée; le sel sédatif devenu libre, & étant naturellement fort divisé, présente à l'eau un grand nombre de surfaces, ce qui lui facilite la propriété d'être enlevé avec elle: aussi arrive - t - il que dans les procedés où l'on emploie une moindre quantité d'eau, il faut en ajouter de nouvelle pour enlever tout le sel sédatif qu'une quantité donnée de borax peut fournir; lorsque l'on diminue la quantité d'huile de vitriol, on tombe encore dans l'inconvénient de ne pas décomposer tout le borax, non qu'il n'y ait assez d'acide pour saturer tout l'alkali minéral, mais c'est que la décomposition ne s'en fait jamais si rapidement, que l'eau n'enleve une certaine quantité même nécessaire de cet acide, de la même maniere qu'il enleve & tient en dissolution une petite partie du sel sédatif, de - là l'acidité de l'eau du récipient: quant au sel sédatif qui n'a pas la même affinité avec l'eau que l'acide, & qui d'ailleurs n'en est pas dissous, mais seulement humecté, il est enlevé à la faveur de cette eau, & de la chaleur qui le tient dans un état de fusion, jusqu'au col de la cornue, qui est la partie qui sort du reverbere, & que le contact de l'air a refroidi; mais l'eau qui n'est pas susceptible d'un si grand degré de chaleur, ne se condense pas également à un froid si peu sensible; elle s'étend & se raréfie jusque dans le balon où elle s'accumule, avec une légere portion de sel sédatif, qui avoit été exactement dissous, & qui se crystallise

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.