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La forme des crystaux primitifs du sel marin est cubique;
ces cubes primitifs se disposent quelquefois
de maniere à former des cubes plus considérables,
tantôt parfaits, tantôt tronqués; quelquefois exactement
pleins, d'autres fois vuides ou creux dans
quelqu'un de leurs côtés. Ce sont encore dans les
évaporations bien ménagées des pyramides creuses
& renversées, & plus ou moins aiguës, plus ou
moins évasées. Voyez
Le sel marin s'humecte sensiblement à l'air; mais c'est principalement, si même ce n'est point absolument, à raison d'un peu d'eau mere qui leur reste presque toujours mêlée, & que je crois infecter son eau de crystalisation.
Le sel marin verdit un peu le sirop de violettes. Il
est encore vraissemblable que c'est à raison de cette
eau mere. Voyez
Le sel marin décrepite au feu. Voyez
Le sel marin jetté sur des charbons presque éteints,
les ranime, en renouvelle l'embrasement, & produit
même de la flamme, selon une observation de
Stahl, qui en tire un merveilleux parti pour prouver
l'influence de l'eau dans l'affaire de l'inflammation,
dans la production de la flamme. Voyez
Au reste, il faut se rappeller encore ici que le phosphore par excellence, le phosphore de Kunkel ou de Boyle, n'est point dû, au moins évidemment, à la combinaison de l'acide marin & du phlogistique, mais à celle du phlogistique & de l'acide microcosmique, dont l'analogie & la différence avec l'acide marin ne sont point encore constatées.
Le sel marin entre en fusion à un assez foible degré
de chaleur; il ne paroît pourtant pas qu'on puisse
rapporter à la liquidité aqueuse celle qu'il contracte
par l'action du feu. Voyez
Il existe dans l'art une ancienne opinion sur la convertibilité
du sel marin en nitre. Cette opinion a pris
un nouveau crédit dans ces derniers tems; on a même,
dit - on, tenté cette transmutation par l'autorité
du ministere, & sous la direction des plus habiles chimistes.
Le succès de ces tentatives, si elles ont été
réellement exécutées, n'a pas été publié; & il a couru
d'ailleurs quelques descriptions de procédés qui ne
promettent rien aux vrais connoisseurs. V.
On connoît assez la qualité antiseptique du sel marin, & l'usage qu'on en fait en conséquence pour assaisonner les viandes, & les préserver de la putréfaction. Il est à remarquer cependant qu'il doit être employé à haute dose; car si on applique aux matieres animales putrescibles, une petite quantité de sel marin, non seulement il ne les préserve pas de la corruption, mais au contraire il en accélere la corrup<cb->
C'est comme assaisonnant qu'on l'emploie aussi en
Pharmacie, pour conserver certaines substances végétales,
comme roses, &c. selon un usage établi dans
les boutiques d'Allemagne. Voyez
Le sel marin est une des matieres salines qui opere
le plus efficacement le refroidissement des liqueurs
dans lesquelles on le dissout. Voyez
Le sel marin est employé comme fondant dans le
traitement de plusieurs substances minérales; il entre
dans la composition de plusieurs flux. Voyez
Il est employé aussi dans les cemens: Voyez
Il entre dans la composition de certaines préparations
d'antimoine assez inutiles, & qui sont connues
sous le nom de régules médicamenteux. Voyez sous le
mot
M. Pott recommande de le faire entrer dans les mélanges de terres, dont on veut faire les vaisseaux qui acquierent, dans la cuite, une espece de vitrification, & qui deviennent propres par - là, à la distillation des acides minéraux. Cette addition peut être très - bonne; & l'on doit en croire d'autant plus volontiers ce célebre chimiste, qu'il a plus qu'aucun autre, travaillé sur ce sujet, sur lequel il a publié des découvertes très - précieuses. Cependant nous avons en France d'excellens vaisseaux, des vaisseaux éminemment propres à contenir & à distiller les esprits les plus corrosifs, & dans la composition desquels n'entre point le sel marin. N'importe, le mélange indiqué par M. Pott fournit une richesse de plus.
On a sur le degré d'adhésion de l'acide marin à sa base, les observations suivantes.
Premierement, ceux qui ont travaillé avec plus de
soin à rendre l'eau de mer potable par la distillation,
tels que Boyle & M. Hales, ont observé qu'il s'élevoit
avec l'eau, un peu d'acide dans un certain tems
de cette distillation. Voyez
De l'eau commune cohobée plusieurs fois sur du sel marin, contracte une légere acidité.
Plusieurs eaux thermales salées, rougissent foiblement la teinture de tournesol; leur chaleur naturelle équivaut à la digestion qui opere le dégagement d'un peu d'acide dans les expériences précédentes.
Le sel marin concret, étant exposé à un feu violent & à l'air libre, c'est - à - dire à la calcination, se volatilise, ou du moins se dissipe, soit sous sa forme immuée de sel marin, soit sous celle de produits inobservés jusqu'à présent; mais il s'alkalise aussi en par<pb-> [p. 921]
Le sel marin distillé sans intermede à un feu très violent, donne un peu de son acide; mais si peu que M. Pott lui - même, qui a défendu sur ce point les prétentions de Beguin, de Schroder, de Henckel, rejettées par tous les autres chimistes, M. Pott, dis - je, avoue qu'il n'en fournit que ce qu'il faut pour maintenir l'assertion absolue, que le sel marin donne de l'acide par la distillation sans intermede.
Mais pour obtenir abondamment l'acide du sel marin, on distille ce sel avec divers intermedes. On emploie
à cette distillation des intermedes faux, & des
intermedes vrais. Voyez
Je range sous la premiere classe les différentes especes
de terres & sables; car comme je l'ai discuté
assez au long à l'article
On emploie communément sept ou huit parties de bol ou d'argile, pour une de sel marin; cette quantité est insufisante. Lemery qui en emploie six, & qui distille à un feu très - long & très - violent, observe qu'il reste dans son résidu du sel marin entier. Stahl demande dix parties d'ochre, de bol ou d'argille, pour une de sel; je crois qu'il vaut encore mieux en employer douze & même davantage.
L'on fait décrépiter, ou seulement bien sécher le sel, lorsqu'on se propose d'obtenir un acide concentré. Cela est indifférent pour la sureté de l'opération; mais il peut être essentiel de le faire décrépiter, lorsqu'on se propose d'obtenir un acide aussi concentré qu'il est possible.
La méthode de Lemery de réduire le sel & l'argille, au moyen d'une certaine quantité d'eau, en une pâte dont on forme de petites boules, qu'on seche ensuite avec soin, est bonne; la multiplication des surfaces qui en résulte, doit favoriser l'action du feu.
Comme l'acide marin est très - expansible, & d'autant plus qu'il est plus concentré, il est commode de disposer les matieres à distiller de maniere qu'elles ne donent qu'un acide concentré au point qu'on le desire. Ainsi quand on a besoin d'un esprit de sel ordinaire & phlegmatique, tel qu'il suffit pour les usages les plus ordinaires, on ne doit dessécher ni l'argille, ni le sel; on peut même employer les boules de Lemery très - imparfaitement sechées; ou bien, ce qui revient à - peu - près au même (car cette humidité étrangere passe presque toute dans le récipient avant l'acide), on met un peu d'eau pure dans le ballon.
La très - grande expansibilité de cet acide exige encore
qu'on emploie un récipient très - vaste. On a coutume
de se servir des plus gros ballons, ou du ballon
double. Voyez
Les intermedes vrais qui peuvent opérer le dégagement de l'acide marin dans la distillation, sont les divers acides qui ont plus de rapport avec la base du sel marin que son acide propre. Or l'acide vitriolique, l'acide nitreux & l'acide microcosmique, sont dans ce cas. On peut employer ces acides, soit purs, soit unis à des bases avec lesquelles ils aient moins d'affinité qu'avec celle du sel marin. L'alun & les vitriols sont les sels neutres vitrioliques qui sont les plus propres à cette décomposition. Mais leur emploi est accompagné d'un très grand inconvénient, c'est que leurs bases sont solubles par l'acide marin, qui s'y unit en effet à mesure qu'il abandonne sa propre base; & qu'il faut par conséquent opérer cette nouvelle désunion pour obtenir l'acide marin. Aussi cette méthode qui exige un feu violent & très - long, est - elle presque absolument hors d'usage, excepté pour quelques prétentions particulieres, & jusqu'à présent mal constatées.
Le meilleur de ces intermedes vrais, est sans contredit,
l'acide vitriolique nud. Pour exécuter par cet
intermede cette distillation connue dans l'art sous le
nom de maniere de Glauber, du nom de son inventeur,
on place dans une cornue de grais ou de verre deux
parties de sel marin, qui ne doivent remplir ce vaisseau
qu'environ au tiers, sur lesquelles on verse peu - à - peu une partie d'huile de vitriol: il s'éleve dès la
premiere effusion de l'acide vitriolique, de l'acide
marin réduit en vapeurs, que l'on perd nécessairement;
& cette perte dure pendant tout le tems du
mélange. Dès que ce mêlange est fait, on place lestement
la cornue dans un fourneau de reverbere, ou
sur un bain de sable, & on y adapte sur le champ un
récipient: on lutte les jointures, & on laisse le petit
trou ouvert; on attend que l'éruption spontanée des
vapeurs soit cessée; & alors seulement on fait sous
la cornue un petit feu, qu'on augmente peu - à - peu,
& qu'il ne faut pousser qu'à un degré assez léger pendant
tout le cours de l'opération, qui est finie en six
ou sept heures au plus. On peut pour éviter la perte
des premieres vapeurs, employer une cornue tubulée.
Voyez
Le produit de cette opération est une liqueur d'un jaune verdâtre, très - fumante, & un acide marin très - concentré. Si on veut avoir par le même procedé un acide plus phlegmatique, on n'a qu'à ajouter de l'eau au mélange, le faire par - là. Selon la proportion de Glauber, prendre pour deux parties de sel, une partie d'huile de vitriol & trois parties d'eau.
L'acide nitreux est un intermede très - peu commode pour la distillation du sel marin; car comme cet acide est trop volatil, il s'éleve avec celui du sel marin, & forme une eau regale.
L'acide marin retiré, soit par l'intermede des terres
bolaires colorées, soit par celui de l'huile de vitriol,
a besoin d'être rectifié pour être pour. Celui qui est
retiré par l'intermede du bol, étant rectifié sans addition,
jusqu'à siccité, laisse une quantité assez considérable
de terre martiale qui s'étoit volatilisée avec
lui, & dont il est absolument nécessaire de le séparer
quand on le destine aux travaux exacts. Celui
qu'on obtient par les intermedes vrais, & même en
général tout acide marin qu'on veut avoir aussi pur
qu'il est possible, doit être rectifié, c'est - à - dire redistillé
sur du nouveau sel marin. On conçoit aisement
que dans cette opération, ces acides étrangers exerçant
la propriété qu'ils ont de chasser le sel marin de
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