ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"920"> fondée la manoeuvre par laquelle on le sépare dans les fabriques de salpêtre. Voyez Nitre.

La forme des crystaux primitifs du sel marin est cubique; ces cubes primitifs se disposent quelquefois de maniere à former des cubes plus considérables, tantôt parfaits, tantôt tronqués; quelquefois exactement pleins, d'autres fois vuides ou creux dans quelqu'un de leurs côtés. Ce sont encore dans les évaporations bien ménagées des pyramides creuses & renversées, & plus ou moins aiguës, plus ou moins évasées. Voyez Crystalisation, & le mém. de M. Rouelle, acad. royale des Scienc. ann. 1744.

Le sel marin s'humecte sensiblement à l'air; mais c'est principalement, si même ce n'est point absolument, à raison d'un peu d'eau mere qui leur reste presque toujours mêlée, & que je crois infecter son eau de crystalisation.

Le sel marin verdit un peu le sirop de violettes. Il est encore vraissemblable que c'est à raison de cette eau mere. Voyez Violettes, Teinture de.

Le sel marin décrepite au feu. Voyez Décrepitation.

Le sel marin jetté sur des charbons presque éteints, les ranime, en renouvelle l'embrasement, & produit même de la flamme, selon une observation de Stahl, qui en tire un merveilleux parti pour prouver l'influence de l'eau dans l'affaire de l'inflammation, dans la production de la flamme. Voyez Flamme. M. Pott, qui a rapporté fort au long dans sa Dissertation sur le sel commun, les essais de divers chimistes, & les siens sur le sel marin, traité avec les charbons, tant dans les vaisseaux fermés qu'à l'air libre, & qui a obtenu quelques légeres émanations & apparences d'une matiere phosphorique, semble insinuer que la production d'une pareille matiere peut bien contribuer au phénomene dont nous venons de parler. Cela peut être absolument, mais cela ne paroît point nécessaire; l'eau dégagée & mise en vapeur par la décrépitation, en paroît une cause très suffisante.

Au reste, il faut se rappeller encore ici que le phosphore par excellence, le phosphore de Kunkel ou de Boyle, n'est point dû, au moins évidemment, à la combinaison de l'acide marin & du phlogistique, mais à celle du phlogistique & de l'acide microcosmique, dont l'analogie & la différence avec l'acide marin ne sont point encore constatées.

Le sel marin entre en fusion à un assez foible degré de chaleur; il ne paroît pourtant pas qu'on puisse rapporter à la liquidité aqueuse celle qu'il contracte par l'action du feu. Voyez Liquidité, Chimie. Car 1°. Le degré de chaleur requis pour cette fluidification, est bien supérieur, quoique foible, à celui qui fait couler les sels très - aqueux, comme le sel de Glauber, le nitre, &c. 2°. La décrépitation qui précede la fusion, a dissipé l'eau nécessaire pour faire subir à un sel la liquidité aqueuse.

Il existe dans l'art une ancienne opinion sur la convertibilité du sel marin en nitre. Cette opinion a pris un nouveau crédit dans ces derniers tems; on a même, dit - on, tenté cette transmutation par l'autorité du ministere, & sous la direction des plus habiles chimistes. Le succès de ces tentatives, si elles ont été réellement exécutées, n'a pas été publié; & il a couru d'ailleurs quelques descriptions de procédés qui ne promettent rien aux vrais connoisseurs. V. Salpêtre.

On connoît assez la qualité antiseptique du sel marin, & l'usage qu'on en fait en conséquence pour assaisonner les viandes, & les préserver de la putréfaction. Il est à remarquer cependant qu'il doit être employé à haute dose; car si on applique aux matieres animales putrescibles, une petite quantité de sel marin, non seulement il ne les préserve pas de la corruption, mais au contraire il en accélere la corrup<cb-> tion. Beker avoit déjà fait mention de ce fait singulier, que les expériences de M. Pringle confirment; & qu'on auroit dû déduire il y a long - tems des observations domestiques les plus connues, si les savans savoient assez observer autour de soi. En effet, rien n'est si connu que cette observation, savoir qu'un bouillon non salé se conserve mieux & plus longtems, que celui auquel on a ajouté la dose ordinaire de sel; qu'on peut garder pendant assez long - tems un ragoût à - demi fait, pourvû qu'on n'y ait pas mis le sel avant d'en interrompre la cuite.

C'est comme assaisonnant qu'on l'emploie aussi en Pharmacie, pour conserver certaines substances végétales, comme roses, &c. selon un usage établi dans les boutiques d'Allemagne. Voyez Conservation, Pharmacie. D'ailleurs plusieurs chimistes, depuis Paracelse jusqu'à Fr. Hoffman, ont recommandé de digérer dans une eau chargée de sel plusieurs substances végétales, dont on se proposoit de retirer par la distillation, des huiles essentielles. Il est assez généralement convenu qu'on obtient par cette méthode, des huiles essentielles plus limpides; mais 1°. le fait même quoique avoué, mais sans examen contradictoire, n'est pas incontestable; 2°. le sel marin a - t - il opéré matériellement, dans cette espece de dépuration ou rectification, ou n'a - t - il que suspendu, ou au contraire favorisé un certain mouvement de fermentation, auquel elle peut être dûe uniquement? c'est ce qui n'est point décidé.

Le sel marin est une des matieres salines qui opere le plus efficacement le refroidissement des liqueurs dans lesquelles on le dissout. Voyez Refroidissement artificiel.

Le sel marin est employé comme fondant dans le traitement de plusieurs substances minérales; il entre dans la composition de plusieurs flux. Voyez Flux.

Il est employé aussi dans les cemens: Voyez Cementation & Cement.

Il entre dans la composition de certaines préparations d'antimoine assez inutiles, & qui sont connues sous le nom de régules médicamenteux. Voyez sous le mot Antimoine.

M. Pott recommande de le faire entrer dans les mélanges de terres, dont on veut faire les vaisseaux qui acquierent, dans la cuite, une espece de vitrification, & qui deviennent propres par - là, à la distillation des acides minéraux. Cette addition peut être très - bonne; & l'on doit en croire d'autant plus volontiers ce célebre chimiste, qu'il a plus qu'aucun autre, travaillé sur ce sujet, sur lequel il a publié des découvertes très - précieuses. Cependant nous avons en France d'excellens vaisseaux, des vaisseaux éminemment propres à contenir & à distiller les esprits les plus corrosifs, & dans la composition desquels n'entre point le sel marin. N'importe, le mélange indiqué par M. Pott fournit une richesse de plus.

On a sur le degré d'adhésion de l'acide marin à sa base, les observations suivantes.

Premierement, ceux qui ont travaillé avec plus de soin à rendre l'eau de mer potable par la distillation, tels que Boyle & M. Hales, ont observé qu'il s'élevoit avec l'eau, un peu d'acide dans un certain tems de cette distillation. Voyez Mer, eau de.

De l'eau commune cohobée plusieurs fois sur du sel marin, contracte une légere acidité.

Plusieurs eaux thermales salées, rougissent foiblement la teinture de tournesol; leur chaleur naturelle équivaut à la digestion qui opere le dégagement d'un peu d'acide dans les expériences précédentes.

Le sel marin concret, étant exposé à un feu violent & à l'air libre, c'est - à - dire à la calcination, se volatilise, ou du moins se dissipe, soit sous sa forme immuée de sel marin, soit sous celle de produits inobservés jusqu'à présent; mais il s'alkalise aussi en par<pb-> [p. 921] tie, c'est - à - dire qu'il laisse échapper une partie de son acide. Neuman réduisit, par une calcination réitérée treize fois, une livre de sel marin à trois gros de terre & un gros de sel. Cette expérience prouve plus, il est vrai, la volatilisation que l'alkalisation; mais le dégagement d'un peu d'acide marin par la calcination, est d'ailleurs prouvée par des expériences constantes.

Le sel marin distillé sans intermede à un feu très violent, donne un peu de son acide; mais si peu que M. Pott lui - même, qui a défendu sur ce point les prétentions de Beguin, de Schroder, de Henckel, rejettées par tous les autres chimistes, M. Pott, dis - je, avoue qu'il n'en fournit que ce qu'il faut pour maintenir l'assertion absolue, que le sel marin donne de l'acide par la distillation sans intermede.

Mais pour obtenir abondamment l'acide du sel marin, on distille ce sel avec divers intermedes. On emploie à cette distillation des intermedes faux, & des intermedes vrais. Voyez Intermede, Chimie.

Je range sous la premiere classe les différentes especes de terres & sables; car comme je l'ai discuté assez au long à l'article Nitre, qu'il faut consulter sur ceci, c'est une opinion insoutenable que celle qui fait dépendre la propriété qu'ont ces terres dans cette distillation, de prétendues matieres vitrioliques dont on les croit mêlées. D'ailleurs les sables plus purs, les cailloux, les talcs, les briques pilées, toutes substances dans lesquelles on ne sauroit supposer des matieres vitrioliques, fournissent des intermedes efficaces pour cette distillation. L'intermede le plus usité est celui des terres argilleuses, de l'argille commune ou du bol. M. Pott dit que les moins colorées de ces terres sont les plus foibles. Il est hors de doute qu'il faut d'ailleurs choisir celles qui sont le moins mêlées de terre calcaire; car les terres de cette nature sont, par leur propriété d'absorber les acides, incapables de servir d'intermede pour leur dégagement; & quoique des auteurs proposent de distiller le sel marin par l'intermede des coraux, de la craie, de la chaux, &c. on peut avancer hardiment avec M. Pott, qu'on n'obtient point d'acide par un pareil procédé.

On emploie communément sept ou huit parties de bol ou d'argile, pour une de sel marin; cette quantité est insufisante. Lemery qui en emploie six, & qui distille à un feu très - long & très - violent, observe qu'il reste dans son résidu du sel marin entier. Stahl demande dix parties d'ochre, de bol ou d'argille, pour une de sel; je crois qu'il vaut encore mieux en employer douze & même davantage.

L'on fait décrépiter, ou seulement bien sécher le sel, lorsqu'on se propose d'obtenir un acide concentré. Cela est indifférent pour la sureté de l'opération; mais il peut être essentiel de le faire décrépiter, lorsqu'on se propose d'obtenir un acide aussi concentré qu'il est possible.

La méthode de Lemery de réduire le sel & l'argille, au moyen d'une certaine quantité d'eau, en une pâte dont on forme de petites boules, qu'on seche ensuite avec soin, est bonne; la multiplication des surfaces qui en résulte, doit favoriser l'action du feu.

Comme l'acide marin est très - expansible, & d'autant plus qu'il est plus concentré, il est commode de disposer les matieres à distiller de maniere qu'elles ne donent qu'un acide concentré au point qu'on le desire. Ainsi quand on a besoin d'un esprit de sel ordinaire & phlegmatique, tel qu'il suffit pour les usages les plus ordinaires, on ne doit dessécher ni l'argille, ni le sel; on peut même employer les boules de Lemery très - imparfaitement sechées; ou bien, ce qui revient à - peu - près au même (car cette humidité étrangere passe presque toute dans le récipient avant l'acide), on met un peu d'eau pure dans le ballon.

La très - grande expansibilité de cet acide exige encore qu'on emploie un récipient très - vaste. On a coutume de se servir des plus gros ballons, ou du ballon double. Voyez Distillation & Récipient. Je crois très - utile, & même éminemment utile dans le cas dont il s'agit, de laisser continuellement le petit trou du ballon ouvert.

Les intermedes vrais qui peuvent opérer le dégagement de l'acide marin dans la distillation, sont les divers acides qui ont plus de rapport avec la base du sel marin que son acide propre. Or l'acide vitriolique, l'acide nitreux & l'acide microcosmique, sont dans ce cas. On peut employer ces acides, soit purs, soit unis à des bases avec lesquelles ils aient moins d'affinité qu'avec celle du sel marin. L'alun & les vitriols sont les sels neutres vitrioliques qui sont les plus propres à cette décomposition. Mais leur emploi est accompagné d'un très grand inconvénient, c'est que leurs bases sont solubles par l'acide marin, qui s'y unit en effet à mesure qu'il abandonne sa propre base; & qu'il faut par conséquent opérer cette nouvelle désunion pour obtenir l'acide marin. Aussi cette méthode qui exige un feu violent & très - long, est - elle presque absolument hors d'usage, excepté pour quelques prétentions particulieres, & jusqu'à présent mal constatées.

Le meilleur de ces intermedes vrais, est sans contredit, l'acide vitriolique nud. Pour exécuter par cet intermede cette distillation connue dans l'art sous le nom de maniere de Glauber, du nom de son inventeur, on place dans une cornue de grais ou de verre deux parties de sel marin, qui ne doivent remplir ce vaisseau qu'environ au tiers, sur lesquelles on verse peu - à - peu une partie d'huile de vitriol: il s'éleve dès la premiere effusion de l'acide vitriolique, de l'acide marin réduit en vapeurs, que l'on perd nécessairement; & cette perte dure pendant tout le tems du mélange. Dès que ce mêlange est fait, on place lestement la cornue dans un fourneau de reverbere, ou sur un bain de sable, & on y adapte sur le champ un récipient: on lutte les jointures, & on laisse le petit trou ouvert; on attend que l'éruption spontanée des vapeurs soit cessée; & alors seulement on fait sous la cornue un petit feu, qu'on augmente peu - à - peu, & qu'il ne faut pousser qu'à un degré assez léger pendant tout le cours de l'opération, qui est finie en six ou sept heures au plus. On peut pour éviter la perte des premieres vapeurs, employer une cornue tubulée. Voyez Cornue.

Le produit de cette opération est une liqueur d'un jaune verdâtre, très - fumante, & un acide marin très - concentré. Si on veut avoir par le même procedé un acide plus phlegmatique, on n'a qu'à ajouter de l'eau au mélange, le faire par - là. Selon la proportion de Glauber, prendre pour deux parties de sel, une partie d'huile de vitriol & trois parties d'eau.

L'acide nitreux est un intermede très - peu commode pour la distillation du sel marin; car comme cet acide est trop volatil, il s'éleve avec celui du sel marin, & forme une eau regale.

L'acide marin retiré, soit par l'intermede des terres bolaires colorées, soit par celui de l'huile de vitriol, a besoin d'être rectifié pour être pour. Celui qui est retiré par l'intermede du bol, étant rectifié sans addition, jusqu'à siccité, laisse une quantité assez considérable de terre martiale qui s'étoit volatilisée avec lui, & dont il est absolument nécessaire de le séparer quand on le destine aux travaux exacts. Celui qu'on obtient par les intermedes vrais, & même en général tout acide marin qu'on veut avoir aussi pur qu'il est possible, doit être rectifié, c'est - à - dire redistillé sur du nouveau sel marin. On conçoit aisement que dans cette opération, ces acides étrangers exerçant la propriété qu'ils ont de chasser le sel marin de

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