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Il y a dans cette bibliotheque près de trois mille manuscrits Arabes, dont Hottinger a donné le catalogue. Il y a aussi nombre de manuscrits Grecs & Latins: en un mot c'est une des plus belles bibliotheques du monde.
Quelques - uns prétendent qu'elle a été augmentée par les livres du cardinal Sirlet, archevêque de Sarragosse, & d'un ambassadeur Espagnol; ce qui l'a rendu beaucoup plus parfaite: mais la plus grande partie fut brûlée par le tonnerre en 1670.
Il y avoit anciennement une très - magnifique bibliotheque dans la ville de Cordoue, fondée par les Maures, avec une célebre académie où l'on enseignoit toutes les sciences en Arabe. Elle fut pillée par les Espagnols lorsque Ferdinand chassa les Maures d'Espagne, où ils avoient régné plus de 600 ans.
Ferdinand Colomb, fils de Christophe Colomb, qui découvrit le premier l'Amérique, fonda une très belle bibliotheque, en quoi il fut aidé par le célebre Clénard.
Ferdinand Nonius, qu'on prétend avoir le premier enseigné le Grec en Espagne, fonda une grande & curieuse bibliotheque, dans laquelle il y avoit beaucoup de manuscrits Grecs qu'il acheta fort cher en Italie. D'Italie il alla en Espagne, où il enseigna le Grec & le Latin à Alcala de Henares, & ensuite à Salamanque, & laissa sa bibliotheque à l'université de cette ville.
L'Espagne fut encore enrichie de la magnifique bibliotheque du cardinal Ximenès à Alcala, où il fonda aussi une université qui est devenue très - célebre. C'est au même cardinal qu'on a l'obligation de la version de la Bible connue sous le nom de la Complutensienne.
Il y a aussi en Espagne plusieurs particuliers qui ont de belles bibliotheques; telles étoient celles d'Arias Montanus, d'Antonius Augustinus, savant archevêque de Tarragone, de Michel Tomasius, & autres.
Le grand nombre de savans & d'hommes versés dans les différens genres de littérature, qui ont de tout tems fait regarder la France comme une des nations les plus éclairées, ne laisse aucun lieu de douter qu'elle ait été aussi la plus riche en bibliotheques: on ne s'y est pas contenté d'entasser des livres, on les a choisis avec goût & discernement. Les auteurs les plus accrédités ont rendu ce témoignage honorable aux bibliotheques de nos premiers Gaulois: ceux qui voudroient en douter, en trouveront des preuves incontestables dans l'Histoire littéraire de la France par les RR. PP. Bénédictins, ouvrage où regne la plus profonde érudition. Nous pourrions faire ici une longue énumération de ces anciennes bibliotheques: mais nous nous contenterons d'en nommer quelques - unes, pour ne pas entrer dans un détail peu intéressant pour le plus grand nombre de nos lecteurs. La plus riche & la plus considérable de ces anciennes bibliotheques, étoit celle qu'avoit Tonance Ferréol dans sa belle maison de Prusiane, sur les bords de la riviere du Gardon, entre Nismes & Clermont en Auvergne. Le choix & l'arrangement de cette bibliotheque faisoient voir le bon goût de ce seigneur, & son amour
Chaque monastere avoit aussi dans son établissement une bibliotheque, & un moine préposé pour en prendre soin. C'est ce que portoit la regle de Tarnat & celle de S. Benoît. Rien dans la suite des tems ne devint plus célebre que les bibliotheques des moines: on y conservoit les livres de plusieurs siecles, dont on avoit soin de renouveller les exemplaires; & sans ces bibliotheques il ne nous resteroit guere d'ouvrages des anciens. C'est de - là en effet que sont sortis presque tous ces excellens manuscrits qu'on voit aujourd'hui en Europe, & d'après lesquels on a donné au public, depuis l'invention de l'Imprimerie, tant d'excellens ouvrages en tout genre de littérature.
Dès le
Les plus célebres bibliotheques des derniers tems ont été celles de M. de Thou; de M. le Tellier, archevêque de Reims; de M. Butteau, fort riche en livres sur l'histoire de France; de M. de Coislin, abondante en manuscrits Grecs; de M. Baluse, dont il sera parlé tout - à - l'heure à l'occasion de celle du Roy; de M. Dufay, du cardinal Dubois, de M. Colbert, du comte d'Hoym, de M. le maréchal d'Etrées, de messieurs Bigot, de M. Danty d'Isnard, de M. Turgot de S. Clair, de M. Burette, & de M. l'abbé de Rothelin. Nous n'entrons dans aucun détail sur le mérite de ces différentes bibliotheques, parce que les catalogues en existent, & qu'ils ont été faits par de fort savans hommes. Nous avons encore aujourd'hui des bibliotheques qui ne le cedent point à celles que nous venons de nommer: les unes sont publiques, les autres sont particulieres.
Les bibliotheques publiques sont celle du Roi, dont nous allons donner l'histoire, celles de S. Victor, du collége Mazarin, de la Doctrine - chrétienne, des Avocats, & de S. Germain des prés: celle - ci est une des plus considérables, par le nombre & par le mérite des anciens manuscrits qu'elle possede: elle a été augmentée en 1718 des livres de M. L. d'Etrées, & en 1720 de ceux de M. l'abbé Renaudot. M. le cardinal de Gesvres légua sa bibliotheque à cette abbaye en 1744, sous la condition que le public en joüiroit une fois la semaine. M. l'évêque de Mets, duc de Coislin, lui a aussi légué un nombre considérable de manuscrits, qui avoient appartenu ci - devant au chancelier Seguier.
Les bibliotheques particulieres qui joüissent de quelque réputation, soit pour le nombre soit pour la qua<pb-> [p. 237]
Celle de M. de Boze est peut - être la plus riche collection qui ait été faite de livres rares & précieux dans les différentes langues: elle est encore recommandable par la beauté & la bonté des éditions, ainsi que par la propreté des reliures. Si cette attention est un luxe de l'esprit, c'en est un au moins qui fait autant d'honneur au goût du propriétaire, que de plaisir aux yeux du spectateur.
Après avoir parlé des principales bibliotheques connues dans le monde, nous finirons par celle du Roi, la plus riche & la plus magnifique qui ait jamais existé. L'origine en est assez obscure: formée d'abord d'un nombre peu considérable de volumes, il n'est pas aisé de déterminer auquel de nos rois elle doit sa fondation. Ce n'est qu'après une longue suite d'années & diverses révolutions, qu'elle est enfin parvenue à ce degré de magnificence & à cette espece d'immensité, qui éterniseront à jamais l'amour du Roi pour les Lettres, & la protection que ses ministres leur ont accordée.
Quand on supposeroit qu'avant le
Ce prince tiroit quelquefois des livres de sa biblio -
Louis XI. dont le regne fut plus tranquille, donna beaucoup d'attention au bien des lettres; il eut soin de rassembler, autant qu'il le put, les débris de la librairie du Louvre; il s'en forma une bibliotheque qu'il augmenta depuis des livres de Charles de France, son frere, & selon toute apparence de ceux des ducs de Bourgogne, dont il réunit le duché à la couronne.
Charles VIII. sans être savant eut du goût pour les livres; il en ajoûta beaucoup à ceux que son pere avoit rassemblés, & singulierement une grande partie de la bibliotheque de Naples, qu'il fit apporter en France après sa conquête. On distingue encore aujourd'hui, parmi les livres de la bibliotheque du Roi, ceux des rois de Naples & des seigneurs Napolitains par les armoiries, les souscriptions, les signatures ou quelques autres marques.
Tandis que Louis XI. & Charles VIII. rassembloient ainsi le plus de livres qu'il leur etoit possible, les deux princes de la maison d'Orléans, Charles, & Jean comte d'Angoulème, son frere, revenus d'Angleterre après plus de 25 ans de prison, jetterent, le premier à Blois, & le second à Angoulème, les fondemens de deux bibliotheques, qui devinrent bien - tôt royales, & qui firent oublier la perte qu'on avoit faite, par la dispersion des livres de la tour du Louvre, dont on croit que la plus grande partie avoit été enlevée par le duc de Betfort. Charles en racheta en Angleterre environ soixante volumes, qui furent apportés au château de Blois, & réunis à ceux qui y étoient déjà en assez grand nombre.
Louis XII. fils de Charles, duc d'Orléans, étant parvenu à la couronne, y réunit la bibliotheque de Blois, au milieu de laquelle il avoit été, pour ainsi dire, élevé; & c'est peut - être par cette considération qu'il ne voulut pas qu'elle changeât de lieu. Il y fit transporter les livres de ses deux prédécesseurs Louis XI. & Charles VIII. & pendant tout le cours de son regne il s'appliqua à augmenter ce thrésor, qui devint encore bien plus considérable lorsqu'il y eut fait entrer la bibliotheque que les Viscomti & les Sforce, ducs de Milan, avoient établie à Pavie, & en outre les livres qui avoient appartenu au célebre Petrarque. Rien n'est au - dessus des éloges que les écrivains de ce tems - là font de la bibliotheque de Blois; elle étoit l'admiration non - seulement de la France, mais encore de l'Italie.
François premier, après avoir augmenté la bibliotheque de Blois, la réunit en 1544 à celle qu'il avoit
commencé d'établir au château de Fontainebleau plusieurs
années auparavant: une augmentation si considérable
donna un grand lustre à la bibliotheque de
Fontainebleau, qui étoit déjà par elle - même assez
riche. François piemier avoit fait acheter en Italie
beaucoup de manuscrits Grecs par Jérome Fondule,
homme de lettres, en grande réputation dans ce temslà;
il en fit encore acheter depuis par ses ambassadeurs
à Rome & à Venise. Ces ministres s'acquiterent
de leur commission avec beaucoup de soin & d'intelligence;
cependant ces différentes acquisitions ne formoient
pas qu - delà de 400 volumes, avec une quarantaine
de manuscrits orientaux. On peut juger delà
combien les livres étoient encore peu communs
alors, puisqu'un prince qui les recherchoit avec tant
d'empressement, qui n'épargnoit aucune dépense, &
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