ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"329"> sure de jugement & d'intelligence avec laquelle tout homme est en état de se tirer à son avantage des affaires ordinaires de la société.

Otez à l'homme le bon - sens, & vous le réduirez à la qualité d'automate ou d'enfant. Il me semble qu'on exige plûtôt dans les enfans de l'esprit que du bonsens; ce qui me fait croire que le bon - sens suppose de l'expérience, & que c'est de la faculté de déduire des expériences, qu'on fait le plus communément les inductions les plus immédiates. Il y a bien de la différence dans notre langue entre un homme de sens & un homme de bon - sens: l'homme de sens a de la profondeur dans les connoissance, & beaucoup d'exactitude dans le jugement; c'est un titre dont tout homme peut être flatté: l'homme de bon - sens au contraire passe pour un homme si ordinaire, qu'on croit pouvoir se donner pour tel sans vanité. Au reste il n'y a rien de plus relatif que les termes sens, senscommun, bon - sens, esprit, jugement, pénétration, sagacité, génie, & tous les autres termes qui marquent soit l'étendue, soit la sorte d'intelligence de chaque homme. On donne ou l'on accorde ces qualités, selon qu'on les mérite plus ou moins soi - même.

BONS - HOMMES (Page 2:329)

BONS - HOMMES, s. m. (Hist. ecclés.) religieux établis l'an 1259 en Angleterre par le prince Edmond; ils professoient la regle de S. Augustin, & portoient un habit bleu. Sponde croit qu'ils suivoient l'institut du bienheureux Jean le Bon qui vivoit en ce siecle. On donna en France ce nom aux Minimes, à cause du nom de bon - homme que Louis XI. avoit coûtume de donner à S. François de Paule leur fondateur. Les Albigeois affectoient aussi de prendre ce même nom de bons - homtres. Polydore Virgile, Hist. Angl. liv. XVI. Sponde, A. C. 1259. n. 9. Voyez Minimes. (G)

BONTANS (Page 2:329)

* BONTANS, s. m. (Commerce.) étoffes ou couvertures de coton rayées de rouge fabriquées à Cantor. Les Européens en font le commerce avec d'autres peuples des côtes d'Afrique.

BONTÉ (Page 2:329)

BONTÉ, s. f. (Morale.) La bonté morale consiste en deux points: le premier, ne pas faire du mal à nos semblables; le second, leur faire du bien.

1°. Ne point faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fît; voilà la regle qui détermine quelle sorte de traitemens la nature nous interdit à l'égard du reste des hommes. Tout ce qui fait à nous - mêmes, nous paroîtroit dur, barbare, & cruel, est compris dans la prohibition: mais cette maxime, d'un usage si étendu, est bien restreinte dans l'application qu'on en fait: la plûpart des hommes se conduisent les uns avec les autres, comme s'ils étoient persuadés qu'elle ne dût avoir lieu qu'entre amis.

Lorsque la passion vous porte à quelque violence contre un autre homme, jettez les yeux sur lui, pour y voir l'empreinte de la main divine, & votre propre ressemblance; ce sera deuoi rallentir votre emportement. Ne dites point à Dieu ce que Caïn lui dit: m'avez - vous donné mon frere en garde? Oui sans doute, il vous l'a donné en garde; & non - seulement il vous défend de lui faire aucun mauvais traitement, mais il vous ordonne même de le servir de tout votre pouvoir.

2°. Lorsqu'on est officîeux & bienfaisant pour ses parens, ses bienfaiteurs ou ses amis, on se croit généreux, quoique d'ailleurs dur & indifférent pour tout le reste des hommes; & l'on n'est pas même charitable; qualité cependant bien en - deçà de la générosité, qui est le comble & la perfection de toutes les autres vertus sociales. En pratiquant celles - ci on ne fait qu'éviter les défauts contraires placés tout près d'elle: mais la générosité nous éloigne bien plus du vice, puisqu'elle laisse pour intervalle entr'elle & lui toutes les vertus de précepte. La générosité est un degré de perfection ajoûté aux vertus par - dessus celui que prescrit indispensablement la loi. Faire pour ses semblables précisément ce qu'ordonne la loi, ce n'est pas être généreux; c'est simplement remplir son devoir.

Mais la charité, ou ce qui est la même chose, cette affection générale que nous devons à tous les hommes, n'est pas une vertu de surérogation: vous ne ferez que satisfaire à ce que l'humanité vous impose, si rencontrant un inconnu que des assassins ont blessé, vous vous en approchez pour panser ses plaies: le besoin qu'il a de votre secours est une loi qui vous oblige à le secourir. Un indigent est pressé par la faim; vous ne ferez que payer une dette en appaisant son besoin. Les pauvres sont à la charge de la société; tout le superflu des riches est astecté de droit à leur subsistance. Et ne plaignez pas même le secours que vous leur donnez, quand il seroit le prix de vos sueurs & de pénibles travaux: quoi qu'il vous coûte, il leur coûte encore plus: c'est l'acheter bien cher que de le recevoir à titre d'aumône.

Voulez - vous apprendre en deux mots jusqu'où s'étendent les bons offices que vous devez à vos semblables? en voici la mesure. Faites à autrui ce que vous voudriez qu'on vous fît. (X)

BONTIA (Page 2:329)

BONTIA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Jacques Bonti, medecin. La fleur de ce genre de plante est monopétale, en masque; la levre supérieure est relevée, & l'inférieure divisée en trois parties. Il s'éleve du calice de la fleur un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit ovoïde, mou, & plein de suc. Ce fruit renferme un noyau oblong, dans lequel il y a une amende de la même figure. Plumier, Nova plant. Amer. gen. Voyez Plante. (I)

BONUS EVENTUS (Page 2:329)

BONUS EVENTUS, le bon succès, (Myth.) divinité principalement honorée chez les anciens par les laboureurs, & qu'on mettoit, selon Varron, au nombre des douze dieux qui présidoient à l'agriculture: selon d'autres, il étoit aussi l'un des douze dieux nommés consentes, qui étoient admis au conseil de Jupiter. Il avoit un temple à Rome; & dans plusieurs médailles du haut empire on voit la figure de ce dieu, avec ces diverses légendes: bonus eventus, bono eventui, eventus Aug. il y est représenté nud proche d'un autel, tenant d'une main une patere, de l'autre des épis & des pavots. Une ancienne inscription porte: bono eventui. aponia. C. F. montana. sacerdos divar. augustar. col. Aug. fir. editis. ob honorem sacerd. circensibus. Pline rapporte qu'à Rome dans le capitole il y avoit une statue de ce dieu, de la main de Praxitele; & il ajoûte qu'Euphranor, autre fameux sculpteur Grec, fit une statue du bonus eventus, toute ressemblante à la figure qu'on en trouve sur les médailles. (G)

BONZES (Page 2:329)

BONZES, Hist. mod.) philosophes & ministres de la religion chez les Japonois. Ils ont des universités où ils enseignent les sciences & les mysteres de leur secte; & si l'on en croit un Jésuite, auteur de l'histoire de l'Eglise du Japon, ils ont disputé avec autant de force que de subtilité contre nos plus savans missionnaires. Les auteurs sont fort partagés sur ce qui concerne leurs moeurs; les uns nous dépeignent les bonzes comme des cyniques abandonnés aux plus infames desordres; d'autres au contraire assûrent qu'ils gardent la continence, vivent en commun, & qu'il y a des couvens de filles de leur ordre. Ils reconnoissent pour leur chef un certain Combadaxi, qui leur enseigna les premiers principes des arts & des sciences, & dont ils attendent la venue dans des millions d'années; car, à les en croire, il n'est point mort, & n'a fait que disparoître de dessus la terre. On donne aussi le nom de bonzes aux prêtres de plusieurs autres peuples des Indes orientales. (G)

* Un empereur de la famille des Tangs fit détruire [p. 330] une infinité de monasteres de bonzes, sur un principe qu'il - tenoit de ses ancêtres: c'est que s'il y avoit un homme qui ne labourât point, ou une femme qui ne s'occupât point, il falloit que quelqu'un souffrît le froid & la faim dans l'empire. Voyez l'Esp. des lois, tome II.

BOOPE (Page 2:330)

BOOPE, (Hist. nat.) voyez Bogue.

BOOPIS (Page 2:330)

* BOOPIS, (Myth.) surnom de Junon, formé de BOU=S2 boeuf, & de W=Y, oeil. Junon fut surnommée la déesse aux yeux de boeuf, à cause de ses grands yeux.

BOOT (Page 2:330)

* BOOT, (Géog.) île d'Ecosse dans sa partie méridionale, dans le golfe de Cluyd, entre le pays d'Argyle & l'île d'Aran.

Boot (Page 2:330)

* Boot, s. m. (Hist. mod.) on nomme ainsi en Espagne un tonnelet à mettre du vin: il est fort en usage pour transporter les vins de Xerès.

BOPFINGEN (Page 2:330)

BOPFINGEN, (Géog.) petite ville libre & impériale d'Allemagne dans la Soüabe, sur l'Eger. Lon. 27. 30. lat. 48. 51.

BOPPART (Page 2:330)

BOPPART, (Géog.) petite ville d'Allemagne du cercle du bas Rhin, dans l'archevêché de Treves, autrefois impériale, mais unie à l'électorat de Treves en 1494. Elle est au pié d'une colline sur les bords du Rhin, près des monts de Pedernach, à 3 lieues de Coblentz. Long. 25. 10. lat. 50. 19.

BOQUELLE (Page 2:330)

BOQUELLE, s. f. (Commerce.) c'est le nom que les peuples d'Egypte donnent au daller ou écu de Hollande. Voyez Daller.

BOQUETEAU (Page 2:330)

* BOQUETEAU, s. m. (terme d'Eaux & forêts.) c'est un petit canton de bois planté en futaie ou en taillis, qui n'excede pas cinquante arpens. Il est moindre que le buisson, & le buisson moindre que la forêt. Voyez Buisson. Voyez aussi Forest.

BOQUILLONS (Page 2:330)

* BOQUILLONS, s. m. ouvriers occupés dans les coupes des bois destinés pour les salines. Ils sont soûmis à l'inspection des veintres. Voyez Veintre.

BORA (Page 2:330)

BORA, (Géog.) petite riviere de la Misnie, qui se jette dans l'Elbe, près de Pirna.

BORACHERA (Page 2:330)

* BORACHERA, (Hist. nat.) c'est un arbre des Indes occidentales, qui porte des fleurs aussi blanches que des lis, mais un peu plus grandes, & d'une odeur très - agréable. On dit qu'en exprimant le suc de ses feuilles, & le mêlant avec de l'eau, il en résulte un breuvage qui a assez de force pour enivrer.

BORAMETS, ou BORANETZ (Page 2:330)

BORAMETS, ou BORANETZ. Voyez Agnus Scythicus.

BORAU (Page 2:330)

BORAU, (Géog.) petite ville de Silésie.

BORAX (Page 2:330)

BORAX, (Hist. nat. & Chimie.) c'est un sel ou substance fossile, assez ressemblante à l'alun; il est blanc, transparent, composé de crystaux à 6 côtés tronqués par les deux bouts, qui ne sont ni si longs ni si réguliers que ceux du nitre, ni si serrés que ceux des autres sels. Le goût en est d'abord assez doux: mais il devient acre, salin, & nitreux. L'odeur que donne le borax est assez suave au commencement: mais elle devient ensuite alkaline & urineuse; c'est ce qui a donné lieu de le ranger au nombre des sels alkalis. Il ne se dissout que dans de l'eau très - chaude.

Les anciens ne paroissent avoir eu qu'une connoissance très - imparfaite du borax; ils l'ont confondu avec le nitre que les Grecs appelloient A)FRONI/TRON, comme on peut le voir dans Pline & dans Dioscoride: mais il y a plusieurs siecles que ce sel est connu des Arabes qui l'ont nommé baurach, dont il est aisé de voir que le mot borax est dérivé. Agricola l'appelle chrysocolla, en quoi il a été suivi par beaucoup d'auteurs; nom qui paroît lui avoir été donné à cause de l'usage qu'on en fait pour souder l'or. C'est mal - à - propos qu'on a confondu le borax, qui est un sel naturel avec le nitre qui n'est que factice; & M. Geoffroi a très - bien prouvé qu'il est différent de la chrysocolle des anciens. Voyez les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1732, p. 549. Le peu de lumiere qu'on a eu fur la formation de ce sel a fait croire à quelques auteurs qu'il n'étoit point une production de la nature, mais de l'art: cependant la meilleure division qu'on en puisse donner, c'est en borax crud ou grossier, & en borax pur ou raffiné. On dit que la premiere espece se trouve dans les mines d'or & d'argent des Indes, de la Tartarie, de la Perse, & sur - tout dans l'île de Ceylan, d'où les Anglois & les Hollandois en apportent beaucoup. Il y en a de deux sortes; l'une est grasse & rougeâtre, l'autre est grise & verdâtre, & se durcit à l'air. Ce borax qui se trouve brut aux Indes, se purifie en Europe; on donne la préférence à celui qui a été raffiné par les Vénitiens qui en faisoient autrefois un grand débit: tout le secret consistoit, dit - on, à faire calciner le borax, à le faire cuire & fondre dans l'eau avec un peu de chaux vive; on le filtroit ensuite, & on en faisoit des crystaux attachés à des meches de coton comme le sucre candi. Les Hollandois ont aussi une maniere de le raffiner, mais ils en font mystere; c'est d'eux que nous tirons celui dont nous nous servons.

Il est bien surprenant que depuis qu'il y a un commerce aussi intime entre l'Europe & les Indes, on ait négligé des recherches aussi faciles que celles qui auroient pû nous mettre au fait dé ce qu'on doit penser sur la formation d'un sel aussi nécessaire qu'est le borax.

Ceux qui ont regardé le borax comme un sel factice, ont prétendu qu'on le faisoit avec du nitre, du sel ammoniac & du sel marin: d'autres ont voulu que ce fût avec de l'urine de jeunes garçons buvans vin, & du nitre.

Voici, suivant Agricola de Re metall. lib. XII. la façon dont on fait le borax en Egypte: « Ce dont on fait le nitre, n'est autre chose que de l'eau douce, filtrée par des terres nitreuses, à laquelle on mêle une lessive de cendres de bois de chêne; on reçoit l'une & l'autre dans des bassins quarrés de cuivre, où on les fait cuire jusqu'à ce que le nitre s'épaississe. Le nitre, tant naturel que factice, mêlé dans des cuves avec de l'urine d'un enfant qui n'a pas encore l'âge de puberté, se cuit dans les mêmes bassins de cuivre. Après qu'il a été suffisamment cuit, on le verse dans des cuves où l'on a mis des fils de cuivre, & en s'y attachant il se fige & prend une consistance. C'est ainsi, continue cet auteur, que se fait la chrysocolle, à qui nous donnons le nom de borax, qui est Arabe ».

Avant de faire usage du borax purifié, il est à propos d'examiner s'il n'est point mêlé à de l'alun: en effet, on se sert quelquefois de cette matiere pour le falsifier; celui qui est dans ce cas, n'est pas si blanc ni si léger, & n'enfle point au feu comme celui qui est pur; on peut aussi en reconnoître la bonté à sa clarté & à sa transparence; en le portant sur la langue, il ne doit avoir que très - peu de goût après le raffinage.

Le borax est d'un grand usage, & a beaucoup de propriétés dans la Chimie & la Métallurgie: lorsqu'on le met sur le feu, il enfle d'abord très - considérablement, & donne une écume blanche & légere; il devient ensuite très - fluide; & lorsqu'il est refroidi, il forme une espece de verre assez beau: il rend vitrifiables toutes les terres auxquelles il est mêlé.

Mais sa propriété principale est de faciliter infiniment la fonte de tous les métaux: cependant avant de s'en servir pour cet usage, il est important de commencer par le faire fondre à part dans un creuset dont il n'occupe tout au plus que le quart, parce qu'il s'éleve fort haut; il faut aussi ne faire qu'un feu modéré tout autour, & le retirer aussi - tôt qu'on n'entend plus de bouillonnement; car si on poussoit trop le feu, il se vitrifieroit & seroit moins propre aux différens usages auxquels on l'employe. Lorsque les mé<pb->

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