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BOIS (Page 2:296)
* BOIS, s. m. (OEconomie rustiq.) ce terme a deux grandes acceptions; ou il se prend pour cette substance ou matiere dure & solide que nous tirons de l'intérieur des arbres & arbrisseaux; ou pour un grand canton de terre planté d'arbres propres à la construction des édifices, au charronage, au sciage, au chauffage, &c.
Si l'on jette un coup d'oeil sur la consommation prodigieuse de bois qui se fait par la charpente, la menuiserie, d'autres Arts, & par les feux des forges, des fonderies, des verreries, & des cheminées, on concevra facilement de quelle importance doivent avoir été en tout tems, & chez toutes les nations, pour le public & pour les particuliers, la plantation, la culture, & la conservation des forêts ou des bois, en prenant ce terme selon la seconde acception. Comment se peut - il donc que les hommes soient restés si long - tems dans les préjugés sur ces objets, & qu'au lieu de tendre sans cesse à la perfection, ils se soient au contraire de plus en plus entêtés de méthodes qui les éloignoient de leur but? Car c'est - là qu'ils en étoient; c'est - là qu'ils en sont encore pour la plûpart, comme no>s pourrjons le démontrer par la comparaison des regles d'agriculture qu'ils ont prescrites, & qu'on suit sur les bois, & par celles que l'expérience & la philosophie viennent d'indiquer à M. de Buffon. Mais notre objet est d'exposer la vérité, & non pas de l'associer à l'erreur: l'erreur ne peut être trop ignorée, & la vérité trop connue, sur - tout quand elle embrasse un objet aussi considérable que l'aliment du seu, & le second d'entre les matér>aux qui entrent dans la construction des édifices. >ous observerons seulement que l'extrait que nous allons donner des différens memoires que M. de Pusson a publiés, non seulement pourra éclairer, su> la culture, l'amélioration & la conservation des bois, mais pourra même devenir une grande leçon pour les philosophes de se méfier de l'analogie; car il paroît que l'ignorance dans laquelle il semble qu'on aime enco>e à rester, malgré le grand intérêt qu'on a d'en sortir, ne vient dans son origine que d'avoir transporté les regles de l'agriculture des jardins à l'agriculture des forêts. La nature a ses loix, qur ne nous paroissent peut - être si généraies, & s'étendre uniformément à un si grand nombre d'êtres, que parce que nous n'avons pas la patience ou la sagacité de connoître la conduite qu'elle tient dans la production & la conservation de chaque individu. Nous nous attachons au gros de ses opérations: mais les finesses de sa main d'oeuvre, s'il est permis de parler ainsi, nous échappent sans cesse; & nous persistons dans nos erreurs jusqu'à ce qu'il vienne quelqu'Homme de génie, assez ami des hommes, pour chercher la vérité; & j'ajoûterois volontiers, assez courageux pour la communiquer quand il l'a trouvée.
Le nom de bois, pris généralement, comprend les forêts, les bois, les haies, & les buissons ou bocages.
L'on entend vulgairement sous le nom de forêt, un bois qui embrasse une fort grande etendue de pays.
Sous le nom de bois, l'on comprend un bois de moyenne étendue.
Le parc est un bois enfermé de murs.
Les noms de haie & de buisson ou bocage, sont usités en quelques endroits pour signifier un bois de peu d'arpens.
Néanmoins l'usage fait souvent employer indifféremment les noms de forêt & de bois; il y a même des bois de très - grande étendue, des forêts qui occupent peu d'espace, & des bois qui ne sont appellés que haies ou buissons, & chaumes; comme les chaumes d'Avenay pres Beligny - sur - Ouche, dans le bailliage de Dijon en France, qui contiennent autant d'arpens que des bois de moyenne grandeur.
Toutes ces sortes de bois sont plantés d'arbres, qui sont ou en futaie ou en taillis.
Futaie se dit des arbres qu'on laisse croître sans les
couper que fort tard. Voyez
Taillis, des arbres dont la coupe se fait de tems en
tems, & plûtôt que celle de la sutaie. V.
Il y a des forêts qui sont toutes en futaie; d'autres toutes en taillis: mais la plûpart sont mêlées de l'une & de l'autre sorte.
Quand on parle de bois de futaie & de taillis, on considere le bois debout & sur le canton même qui en est couvert, & formant des forêts, &c.
Dans les autres occasions, le terme bois s'entend du bois abattu & destiné aux usages de la vie civile: c'est sous ces deux points de vûe que nous allons considérer le bois.
Bois (Page 2:296)
Tous nos projets sur les bois doivent se réduire à tâcher dé conserver ceux qui nous restent, & à renouveller une partie de ceux que nous avons détruits.
Tout le bois de service du royaume consiste dans les forêts qui appartiennent à sa Majesté, dans les réserves des ecclésiastiques & des gens de main morte, & enfin dans les baliveaux, que l'ordonnance oblige de laisser dans tous les bois.
On sait par une expérience déjà trop longue, que
le bois des baliveaux n'est pas d'une bonne qualité,
& que d'ailleurs ces baliveaux font tort au taillis. Voy.
Les arbres qui poussent vigoureusement en bois, produisent rarement beaucoup de fruit; les baliveaux se chargent d'une grande quantité de glands, & annoncent par là leur foiblesse. On imagineroit que ce gland devroit repeupler & garnir les bois, mais cela se réduit à bien peu de chose; car de plusieurs millions de ces graines qui tombent au pié de ces arbres, à peine en voit - on lever quelques centaines, & ce petit nombre est bientôt étouffé par l'ombre continuelle [p. 298]
Les réserves établies dans les bois des ecclésiastiques & des gens de main - morte, ne sont pas sujettes au défaut des baliveaux. Il faudroit établir un tems fixe pour la coupe de ces futaies en réserve; ce tems seroit plus ou moins grand, selon la qualité du terrein. On pourroit en régler les coupes à 50 ans dans un terrein de 2 piés 1/2 de profondeur, à 70 dans un terrein de 3 piés 1/2, & à 100 ans dans un terrein de 4 piés 1/2 & au - delà de profondeur. M. de B>sson donne ces termes d'après les observations qu'il a faites au moyen d'une tarriere haute de cinq plés, avec laquelle il a sondé quantité de terreins, où il a examiné en même tems la hauteur, la grosseur & l'âge des arbres: cela se trouve assez juste pour les terres fortes & pétrissables. Dans les terres légeres & sablonneuses, on pourroit fixer les termes des coupes à 40, 60 & 80 ans: on perdroit à attendre plus long - tems; & il vaudroit infiniment mieux garder du bois de service dans des magasins, que de le laisser sur pié dans les forêts, où il ne peut manquer de s'altérer après un certain âge.
Tous ceux qui connoissent un peu les bois, savent que la gelée du printems est le fleau des taillis; c'est elle qui dans les endroits bas & dans les petits vallons, supprime continuellement les jeunes rejettons, & empéche le bois de s'élever; en un mot, elle fait aux bois un aussi grand tort qu'à toutes les autres productions de la terre; & si ce tort a jusqu'ici été moins connu, moins sensible, c'est que la joüissance d'un taillis étant éloignée, le propriétaire y fait moins d'attention, & se console plus aisément de la perte qu'il fait: cependant cette perte n'est pas moins réelle, puisqu'elle recule son revenu de plusieurs années. M. de Busson a tâché de prévenir, autant qu'il est possible, les mauvais effets de la gelée, en étudiant la façon dont elle agit; & il a fait sur cela des expériences qui lui ont appris, que la gelée agit bien plus violemment à l'exposition du midi, qu'à l'exposition du nord; qu'elle fait tout périr à l'abri du vent, tandis qu'elle épargne tout dans les endroits où il peut passer librement. Cette observation, qui est constante, fournit un moyen de préserver de la gelée quelques endroits des taillis, au moins pendant les deux ou trois premieres années, qui sont le tems critique, & où elle les attaque avec plus d'avantage. Ce moyen consiste à observer, quand on les abat, de commen<cb->
Un pere de famille, un homme arrangé qui se trouve propriétaire d'une quantité un peu considérable de bois taillis, commence par les faire arpenter, borner, diviser, & mettre en coupe réglée; il s'imagine que c'est - là le plus haut point d'oeconomie; tous les ans il vend le même nombre d'arpens; de cette façon ses bois deviennent un revenu annuel, il se sait bon gré de cette regle; & c'est cette apparence d'ordre qui a fait prendre faveur aux coupes réglées: cependant il s'en faut bien que ce soit là le moyen de tirer de ses taillis tout le profit qu'on en peut tirer. Ces coupes réglées ne sont bonnes que pour ceux qui ont des terres éloignées qu'ils ne peuvent visiter; la coupe réglée de leurs bois est une espece de ferme; ils comptent sur le produit, & le reçoivent sans s'être donné aucun soin; cela doit convenir à grand nombre de gens: mais pour ceux dont l'habitation se trouve sixée à la campagne, & même pour ceux qui vont y passer un certain tems toutes les années, il leur est facile de mieux ordonner les coupes de leurs bois taillis. En général, on peut assûrer que dans les bons terreins on gagnera à attendre, & que dans les terreins où il n'y a pas de fond, il faudra les couper fort jeunes: mais il seroit bien à souhaiter qu'on pût donner de la précision à cette regle, & déterminer au juste l'âge où l'on doit couper les taillis. Cet âge est celui où l'accroissement du bois commence à diminuer. Dans les premieres années, le bois croît de plus en plus, c'est - à - dire, la production de la seconde année est plus considérable que celle de la premiere, l'accroissement de la troisieme année est plus grand que celui de la seconde; ainsi l'accroissement du bois augmente jusqu'à un cértain âge, après quoi il diminue: c'est ce point, ce maximum qu'il faut saisir, pour tirer de son taillis tout l'avantage & tout le profit possible.
M. de Buffon a donné, dans les Mémoires de l'Académie, année 1738, le moyen qu'il a trouvé d'augmenter la force & la solidité du bois: rien n'est plus simple; car il ne s'agit que d'écorcer les arbres, & les laisser ainsi sécher & mourir sur pié avant que de les abattre; l'aubier devient par cette opération aussi dur que le coeur de chêne; il augmente considérablement de force & de densité, comme M. de Buffon s'en est assûré par un grand nombre d'expériences; & les souches de ces arbres écorcés & séchés sur pié, ne laissent pas de repousser & de reproduire des rejettons: ainsi il n'y a pas le moindre inconvénient à établir cette pratique, qui, en augmentant la force & la durée du bois mis en oeuvre, doit en diminuer la consommation, & par conséquent doit être comptée au nombre des moyens de conserver les bois. Les Allemands, chez qui les Hollandois vont chercher leurs bois de menuiserie, n'ont point d'autre secret pour leur donner cette qualité qui les rend si propres à être travaillés. Au printems, lorsque l'écorce commence à se lâcher, on écorce l'arbre; on lui laisse passer l'année: le printems suivant, l'arbre écorcé ne pousse plus que de petites feuilles; on lui laisse achever encore cette année sur pié; on ne le coupe que dans la saison où l'on coupe les arbres.
Regles pour semer le bois. Pour semer une terre forte & glaiseuse, il faut conserver le gland pendant l'hyver dans de la terre, en faisant un lit de deux pouces de gland sur un lit de terre d'un demi - pié, puis un lit de terre & un lit de gland, toûjours alternativement, & enfin en couvrant le magasin d'un pié de terre, pour que la gelée ne puisse y pénétrer. On en tirera le gland au commencement de Mars, & on le plantera à un pié de distance. Ces glands qui [p. 299]
Si l'on veut semer du bois dans les terreins qui sont d'une nature moyenne entre les terres fortes & les terres légeres, on fera bien de semer de l'avoine avec les glands, pour prévenir la naissance des mauvaises herbes, qui sont plus abondantes dans ces especes de terreins, que dans les terres fortes & les terres légeres; car ces mauvaises herbes, dont la plûpart sont vivaces, font beaucoup plus de tort aux jeunes chênes, que l'avoine qui cesse de pousser au mois de Juillet.
M. de Buffon a reconnu par plusieurs expériences, que c'est perdre de l'argent & du tems que de faire arracher de jeunes arbres dans les bois pour les transplanter dans des endroits où on est obligé de les abandonner & de les laisser sans culture; & que quand on veut faire des plantations considérables d'autres arbres que de chêne ou de hêtre dont les graines sont fortes & surmontent presque tous les obstacles, il faut faire des pépinieres où on puisse élever & soigner les jeunes arbres pendant les deux premieres années, après quoi on les pourra planter avec succès pour faire des bois.
Dans les terreins secs, légers, mêlés de gravier, & dont le sol n'a que peu de profondeur, il faut faire labourer une seule fois, & semer en même tems les glands avant l'hyver. Si l'on ne seme qu'au printems, la chaleur du soleil fait périr les graines. Si on se contente de les jetter ou de les placer sur la terre, comme dans les terreins forts, elles se dessechent & périssent; parce que l'herbe qui fait le gason de ces terres légeres, n'est pas assez garnie & assez épaisse pour les garantir de la gelée pendant l'hyver, & de l'ardeur du soleil au printems. Les jeunes arbres arrachés dans les bois, réussissent encore moins dans ces terreins que dans les terres fortes; & si on veut les planter, il faut le faire avant l'hyver, avec de jeunes plants pris en pépiniere.
Le produit d'un terrein peut se mesurer par la culture; plus on travaille la terre, plus elle rapporte de fruits: mais cette vérité d'ailleurs si utile, souffre quelques exceptions; & dans les bois une culture prématurée & mal entendue, cause la disette, au lieu de produire l'abondance. Par exemple, on imagine que la meilleure maniere de mettre un terrein en nature de bois, est de nettoyer ce terrein & de le bien cultiver avant que de semer le gland ou les autres graines qui doivent un jour le couvrir de bois; & M. de Buffon n'a été desabusé de ce préjugé qui paroît si raisonnable, que par une longue suite d'observations. M. de Buffon a fait des semis considérables & des plantations assez vastes; il les a faites avec précaution: il a souvent fait arracher les genievres, les bruyeres, & jusqu'aux moindres plantes qu'il regardoit comme nuisibles, pour cultiver à fond & par plusieurs labours les terreins qu'il vouloit ensemencer. M. de Buffon ne doutoit pas du succès d'un semis fait avec tous ces soins: mais au bout de quelques années il a reconnu que ces mêmes soins n'avoient servi qu'à retarder l'accroissement des jeunes plants; & que cette culture précédente qui lui avoit donné tant d'espérance, lui avoit causé des pertes considérables: ordinailement on dépense pour acquérir; ici la dépense nuit à l'acquisition.
Si l'on veut donc réussir à faire croître du bois dans un terrein, de quelque qualité qu'il soit, il faut imiter la nature, il faut y planter & y semer des épines & des buissons qui puissent rompre la force du vent, diminuer celle de la gelée, & s'opposer à l'intempérie des saisons. Ces buissons sont des abris qui garantissent les jeunes plants, & les protegent contre l'ardeur du soleil & la rigueur des frimats. Un terrein couvert, ou plûtôt à demi - couvert, de genievre, de bruyeres, est un bois à moitié fait, & qui peut - être a dix ans d'avance sur un terrein net & cultivé.
Pour convertir en bois un champ, ou tout autre terrein cultivé, le plus difficile est de faire du couvert. Si l'on abandonne un champ, il faut vingt ou trente ans à la nature pour y faire croitre des épines & des genievres: ici il faut une culture qui dans un an ou deux puisse mettre le terrein au même état où il se trouve après une non - culture de trente ans.
Le moyen de suppléer aux labours, & presqu'à toutes les autres especes de culture, c'est de couper les jeunes plants jusqu'auprès de terre: ce moyen, tout simple qu'il paroît, est d'une utilité infinie; & lorsqu'il est mis en oeuvre à propos, il accélere de plusieurs années le succès d'une plantation.
Tous les terreins peuvent se réduire à deux especes; savoir, les terreins forts & les terreins légers: cette division, quelque vague qu'elle paroisse, est suffisante. Si l'on veut semer dans un terrein léger, on peut le faire labourer; cette opération fait d'autant plus d'effet, & cause d'autant moins de dépense, que le terrein est plus léger; il ne faut qu'un seul labour, & on seme le gland en suivant la charrue. Comme ces terreins sont ordinairement secs & brûlans, il ne faut point arracher les mauvaises herbes que produit l'été suivant; elles entr>tiennent une fraîcheur bienfaisante, & garantissent les petits chênes de l'ardeur du soleil; ensuite venant à périr & à se sécher pendant l'automne, elles servent de chaume & d'abri pendant l'hyver, & empêchent les racines de geler. Il ne faut donc auçune espece de culture dans ces terreins sablonneux; il ne faut qu'un peu de couvert & d'abri pour faire réussir un semis dans les terreins de cette espece. Mais il est bien plus difficile de faire croître du bois dans des terreins forts, & il faut une pratique toute différente: dans ces terreins les premiers labours sont inutiles, & souvent nuisibles; la meilleure maniere est de planter les glands à la pioche, sans aucune culture précédente: mais il ne faut pas les abandonner comme les premiers au point de les perdre de vûe & de n'y plus penser; il faut au contraire les visiter souvent; il faut observer la hauteur à laquelle ils se sont élevés la premiere année, observer ensuite s'ils ont poussé plus vigoureusement à la seconde: tant que leur accroissement va en augmentant, ou même tant qu'il se soûtient sur le même pié, il ne faut pas y toucher. Mais on s'apperçoit ordinairement à la troisieme année que l'accroissement va en diminuant; & si on attend la quatrieme, la cinquieme, la sixieme, &c. on reconnoîtra que l'accroissement de chaque année est toûjours plus petit: ainsi dès qu'on s'appercevra que sans qu'il y ait eû de gelées ou d'autres accidens, les jeunes arbres commencent à croître de moins en moins, il faut les faire couper jusqu'à terre au mois de Mars, & l'on gagnera un grand nombre d'années. Le jeune arbre livré à lui - mêmc dans un terrein fort & serré, ne peut étendre ses racines; la terre trop dure les fait refouler sur elles - mêmes; les petits filets tendres & herbacées qui doivent nourrir l'arbre & former la nouvelle production de l'année, ne peuvent pénétrer la substance trop ferme de la terre; ainsi l'arbre languit privé de nourriture, & la production annuelle diminue fort souvent jusqu'au point de ne donner que des feuilles & quelques bou<pb-> [p. 300]
Dans un terrein qui n'est que ferme, sans être trop dur, il suffira de couper une seule fois le jeune plant pour le faire réussir.
Les auteurs d'agriculure sont bien éloignés de penser comme M. de Buffon sur ce sujet; ils répetent tous les uns après les autres que pour avoir une futaie, pour avoir des arbres d'une belle venue, il faut bien se garder de couper le sommet des jeunes plantes, & qu'il faut conserver avec grand soin le montant, c'est - à - dire, le jet principal. Ce conseil n'est bon que dans certains cas particuliers: mais il est généralement vrai, & M. de Buffon assûre, après un très grand nombre d'expériences, que rien n'est plus efficace pour redresser les arbres, & pour leur donner une tige droite, que la coupe faite au pié. M. de Buffon a même observé souvent que les futaies venues de graine ou de jeunes plants, n'étoient pas si belles ni si droites que les futaies venues sur de jeunes souches: ainsi on ne doit pas hésiter à mettre en pratique cette espece de culture, si facile & si peu coûteuse.
Il n'est pas nécessaire d'avertir qu'elle est encore plus indispensable lorsque les jeunes plants ont été gelés; il n'y a pas d'autre moyen pour les rétablir que de les couper. On auroit dû, par exemple, réceper tous les taillis de deux ou trois ans qui ont été gelés au mois d'Octobre 1740: jamais gelée d'automne n'a fait autant de mal. La seule façon d'y remédier, c'est de couper: on sacrifie trois ans pour n'en pas perdre dix ou douze.
Le chêne & le hêtre sont les seuls arbres, à l'exception des pins & de quelques autres de moindre valeur, qu'on puisse semer avec succès dans les terreins incultes. Le hêtre peut être semé dans les terreins légers; la graine ne peut pas sortir dans une terre forte, parce qu'elle pousse au - dehors son enveloppe au - dessus de la tige naissante; ainsi il lui faut une terre meuble & facile à diviser, sans quoi elle reste & pourrit. Le chêne peut être semé dans presque tous les terreins. M. de Buffon a donné en 1739, dans les Mémoires de l'Académie, les différens procédés suivant les différens terreins. Toutes les autres especes d'arbres peuvent être élevées en pépiniere, & ensuite transplantées à l'âge de deux ou trois ans.
Il faut éviter de mettre ensemble les arbres qui ne se conviennent pas: le chêne craint le voisinage des pins, des sapins, des hêtres, & de tous les arbres qui poussent de grosses racines dans la profondeur du sol. En général, pour tirer le plusd'avantage d'un terrein, il faut planter ensemble les arbres qui tirent la substance du fond en poussant leurs racines à une grande profondeur, & d'autres arbres qui puissent tirer leur nourriture presque de la surface de la terre, comme sont tous les arbres dont les racines s'étendent & courent à quelques pouces seulement de profondeur, sans pénétrer plus avant.
Lorsqu'on veut semer du bois, il faut attendre une année abondante en glands, non - seulement parce qu'ils sont meilleurs & moins chers, mais encore parce qu'ils ne sont pas dévorés par les oiseaux, les mulots & les sangliers, qui trouvant abondamment du gland dans les forêts, ne viendront pas attaquer
Bois (Page 2:300)
Par cette simple exposition de la texture du bois, on voit que la cohérence longitudinale doit être bien plus considérable que l'union transversale: on voit que dans les petites pieces de bois, comme dans un barreau d'un pouce d'épaisseur, s'il se trouve quatorze ou quinze couches ligneuses, il y aura treize ou quatorze cloisons; & que par conséquent ce barreau sera moins fort qu'un pareil barreau qui ne contiendra que cinq ou six couches, & quatre ou cinq cloisons. On voit aussi que dans ces petites pieces, s'il se trouve une ou deux couches ligneuses qui soient tranchées, ce qui arrive souvent, leur force sera considérablement diminuée: mais le plus grand défaut de ces petites pieces de bois, qui sont les seules sur lesquelles on ait fait des expériences, c'est qu'elles ne sont pas composées comme les grosses pieces. La position des couches ligneuses & des cloisons dans un barreau est fort differente de la position de ces mêmes couches dans une poutre; leur figure est même différente; & par conséquent on ne peut pas estimer la force d'une grosse piece par celle d'un barreau. Un moment de reflexion fera sentir ce que je viens de dire. Pour faire une poutre il ne faut qu'équarrir l'arbre, c'est - à - dire, enlever quatre segmens cylindriques d'un bois blanc & imparfait qu'on appelle aubier: le coeur de l'arbre, la premiere couche ligneuse, reste au milieu de la piece; toutes les autres couches enveloppent la premiere en forme de cercles ou de couronnes cylindriques; le plus grand de ces cercles entiers a pour diametre l'épaisseur de la piece: au - delà de ce cercle tous les autres sont tranchés, & ne forment plus que des portions de cercle qui vont toûjours en diminuant vers les arrêtes de la piece: ainsi une poutre quarrée est composée d'un cylindre continu de bon bois bien solide. & de quatre portions angulaires tranchées d'un bois moins solide & plus jeune. Un barreau tiré du corps d'un gros arbre, ou pris dans une planche, est tout autrement composé: ce sont de petits segmens longitudinaux des couches annuelles, dont la courbure es, insensible; des segmens qui tantôt se trouvent pesés parallelement à une des surfaces du barreau, & tantôt plus ou moins inclinés; des segmens qui sont plus ou moins longs & plus ou moins tranchés, & par conséquent plus ou moins forts: de plus il y a toûjours dans un barreau deux positions, dont l'une est plus avantageuse que l'autre; car ces segmens de couches ligneuses forment autant de plans paralleles: si vous posez le barreau en sorte que ces plans soient verticaux, il résistera davantage que dansune position horisontale; c'est comme si on faisoit rompre plusieurs planches à la fois, elles résistero ent bien davantage étant posées sur le côté, que sur le plat. Ces remarques font déjà sentir combien on doit peu compter sur les tables calculées ou sur les formules que différens auteurs nous ont données de la force du bois, qu'ils n'avoient éprouvée que sur des pieces, dont les plus grosses étoient d'un ou deux pouces d'épaisseur, & dont ils ne donnent ni le nombre des couches ligneuses que ces barreaux contenoient, ni la position de ces couches, ni le sens dans lequel se sont trouvées ces couches lorsqu'ils ont fait rompre le barreau; circonstances cependant essentielles, comme on le verra par les expériences de M. de Buffon, & par les soins qu'il s'est donnés pour découvrir les effets de toutes ces différences. Les Physiciens qui ont fait quelques expériences sur la force du bois, n'ont fait aucune attention à ces inconvéniens: mais il y en a d'autres, peut - être encore plus grands, qu'ils ont aussi négligé de prévoir & de prevenir. Le jeune bois
M. de Buffon a trouvé que la force du bois est proportionnelle à sa pesanteur; de sorte qu'une piece de même longueur & grosseur, mais plus pesante qu'une autre piece, sera aussi plus forte à peu près en même raison. Cette remarque donne les moyens de comparer la force du bois qui vient de différens pays & de différens terreins, & étend infiniment l'utilité des expériences de M. de Buffon: car lorsqu'il s'agira d'une construction importante, ou d'un ouvrage de conséquence, on pourra aisément au moyen de sa table, & en pesant les pieces, ou seulement des échantillons de ces pieces, s'assûrer de la force du bois qu'on employe; & on évitera le double inconvénient d'employer trop ou trop peu de cette matiere, que souvent on prodigue mal - à - propos, & que quelquefois on ménage avec encore moins de raison.
Pour essayer de comparer les effets du tems sur la résistance du bois, & pour reconnoître combien il diminue de sa force, M. de Buffon a choisi quatre pieces de dix huit piés de longueur, sur sept pouces de grosseur; il en a fait rompre deux, qui en nom<pb-> [p. 302]
Tous les auteurs qui ont écrit sur la résistance des
solides en général, & du bois en particulier, ont donné
comme fondamentale la regle suivante: la résistance
est en raison inverse de la longueur, en raison directe
de la largeur, & en raison doublée de la hauteur. Cette
regle est celle de Galilée, adoptée par tous les Mathématiciens, & elle seroit vraie pour tous les solides
qui feroient absolument inflexibles & qui romproient
tout - à - coup: mais dans les solides élastiques, tels que
le bois, il est aisé d'appercevoir que cette regle doit
être modifiée à plusieurs égards. M. Bernoulli a fort
bien observé que dans la rupture des corps él>tiques
une partie des fibres s'allonge, tandis que l'autre partie
se racourcit, pour ainsi dire, en refoulant sur elle - même.
Voyez son mémoire dans ceux de l'Académie,
année 1705. On voit par les expériences précédentes,
que dans les pieces de la même grosseur, la regle
de la résistance en raison inverse de la longueur s'observe
d'autant moins que les pieces sont plus courtes.
Il en est tout autrement de la regle de la résistance en
raison directe de la largeur & du quarré de la hauteur.
M. de Buffon a calculé la table septieme, à dessein
de s'assûrer de la variation de cette regle; on
voit dans cette table les résultats des expériences, &
au - dessous les produits que donne cette regle; il a
pris pour unités les expériences faites sur les pieces
de cinq pouces d'équarrissage, parce qu'il en a fait
un plus grand nombre sur cette dimension que sur les
autres. On peut observer sur cette table, que plus les
pieces sont courtes, & plus la regle approche de la
vérité; & que dans les plus longues pieces, comme
celles de 18 & de 20 piés, elle s'en éloigne; cependant
à tout prendre, on peut se servir de la regle géné>ale avec les modifications nécessaires pour calculer
la résistance des pieces de bois plus grosses & plus
longues que celles dont M. de Buffon a éprouvé la résistance;
car en jettant les yeux sur cette septieme
table, on voit un grand accord entre la regle & les
expériences pour les différentes grosseurs, & il regne
un ordre assez constant dans les différences par rapport
aux longueurs & aux grosseurs, pour juger de la
modification qu'on doit faire à cette regle. Voyez
Le bois sur pié prend différentes dénominations selon ses différentes qualités. Il s'appelle
Bois arsin (Page 2:304)
Bois blanc (Page 2:304)
Bois bombé (Page 2:304)
Bois carié (Page 2:304)
Bois chamblis (Page 2:304)
Bois charmé (Page 2:304)
Bois en défends (Page 2:304)
Bois défensable (Page 2:304)
Bois encroué (Page 2:304)
L'ordonnance défend d'abattre les bois sur lesquels d'autres sont encroüés.
Bois en étant (Page 2:304)
Bois à faucillon (Page 2:304)
Bois gelif (Page 2:304)
Bois marmentaux (Page 2:304)
Bois mort (Page 2:304)
Bois mort en pié (Page 2:304)
Bois en pueil (Page 2:304)
Bois rabougri (Page 2:304)
Bois recépé (Page 2:304)
Bois sur le retour (Page 2:304)
Bois de haut revenu (Page 2:304)
Bois vif (Page 2:304)
Le bois abattu ou pris selon la premiere acception du terme bois, ou relativement aux usages qu'on en fait dans la société, peut se distribuer en bois de charpente, de sciage, de charronage, & de chauffage.
Des bois de charpente. La provision des bois de charpente, pour la fourniture de Paris, se fait par trois sortes de marchands, les sorains domiciliés, les forains qui vendent en arrivant, & les regratiers, qui ont leurs magasins dans la ville & les fauxbourgs, mais ailleurs que sur les ports. Ces marchands forment trois corps séparés, mais sans communauté ni entr'eux ni en particulier. C'est un commerce libre. L'île Louvier a été le lieu d'abordage des bois à bâtir. Tous les marchands ont eu le même droit d'y descendre. Chacun prenoit la place qui lui convenoit, sans payer de droit, observant seulement de ne pas occuper trop de terrein. Les forains domiciliés tiennent en tout tems leur chantier ouvert pour le service du bourgeois; il n'est sujet à aucune visite de police: le forain non domicilié est obligé de tenir port pendant trois jours, afin de donner le tems au bourgeois de se pourvoir; les charpentiers & menuisiers ont la préférence sur les regratiers, & peuvent même rompre leur marché. Le regratier peut faire exploiter pour son compte: mais il ne peut laisser son bois sur les ports; il faut qu'il le fasse entrer dans ses chantiers immédiatement après l'achat.
Le commerce des bois, soit de chaussage, de charpente ou de menuiserie, pris en grand & dans la forêt, demande une grande expérience: on peut y perdre ou y gagner beaucoup; le moindre mécompte sur l'étendue du terrein, la quantité des bois, leur qualité, l'exploitation & le transport, tirent à des conséquences immenses; & tel marchand croit sa fortune faite, tant que son bois est sur pié, qui se trouve à moitié ruiné quand il est abattu.
Le bois de chêne est le meilleur de tous les bois pour la charpente, à cause qu'il ne pourrit point facilement quand il est employé sur terre & dans l'eau, & qu'il est plus fort que les autres bois.
Le bois de châtaignier est bon pour les mêmes ouvrages, pourvû qu'il soit à couvert. La plûpart des anciens édifices ont leur charpente de ce bois.
Le bois d'aune ne pourrit point non plus dans l'eau, [p. 305]
Les chênes, pour pouvoir en faire du bois bon pour l'usage de la charpenterie, ne doivent point être abattus avant soixante ans, & plus tard que deux cents ans; parce que passé deux cents ans ce bois dépérit, & qu'avant soixante ans il est trop jeune.
Dans la charpente on employe de deux sortes de bois, le bois de brin & le bois de sciage.
Le bois de brin est celui qui se fait en ôtant les quatre dosses & flache d'un arbre en l'équarrissant.
Le bois de sciage se tire ordinairement des bois courts & trop gros, ou des pieces moins saines. On en parlera plus au long ci - dessous.
Le bois de chêne qu'on nomme bois gras ou doux, est celui qui est moins poreux & sans fil, & a moins de noeuds que le bois ferme; & il n'est bon pour l'usage des menuisiers, que pour faire des panneaux & des assemblages qui ne fatiguent point; car il ne vaut rien pour les bâtis de portes, & tout ce qui peut souffrir la moindre fatigue.
Le bois dur ou rustique, est celui qui a le fil gros. Il vient dans les terres fortes & fonds pierreux & sablonneux, & au bord des forêts.
Les bois légers sont les bois blancs, comme sapins, tilleuls, trembles, &c. Les charpentiers ne s'en servent que dans les cloisons au défaut du chêne.
Bois (Page 2:305)
Le bo s de charpente prend différentes dénominations selon ses différentes qualités; il s'appelle:
Bois affoibli (Page 2:305)
Bois apparent (Page 2:305)
Bois blanc (Page 2:305)
Bois bouge (Page 2:305)
Bois cantiban (Page 2:305)
Bois corroyé (Page 2:305)
Bois déchiré (Page 2:305)
Bois déversé (Page 2:305)
Bois d'échantillon (Page 2:305)
Bois échauffé (Page 2:305)
Bois d'entrée (Page 2:305)
Bois d'équarrissage (Page 2:305)
Bois flache (Page 2:305)
Bois gissant (Page 2:305)
Bois en grume (Page 2:305)
Bois lavé (Page 2:305)
Bois mouline (Page 2:305)
Bois (Page 2:305)
Bois refait (Page 2:305)
Bois de refend (Page 2:305)
Bois rouge (Page 2:305)
Bois roulé (Page 2:305)
Bois sain & net (Page 2:305)
Bois tortu (Page 2:305)
Bois tranché (Page 2:305)
Bois vermoulu (Page 2:305)
Bois vif (Page 2:305)
Bois de charronage (Page 2:305)
Bois de chauffage (Page 2:305)
Les marchands de bois flotté sont ceux qui font venir leurs bois des provinces plus éloignées. Ils les jettent d'abord à bois perdu sur les ruisseaux qui entrent dans les rivieres sur lesquelles ce commerce est établi; ensuite ces mêmes rivieres les amenent elles - mêmes encore à bois perdu jusqu'aux endroits où il est possible de les mettre en trains, pour les conduire à Paris; après néanmoins les avoir rétirés de l'eau avant de les flotter en train, & les avoir fait sécher suffisamment, sans quoi le bois iroit à fond. Ces marchands font les deux autres tiers de la provision.
Il y a quelques siecles que l'on étoit dans l'appréhension que Paris ne manquât un jour de bois de chauffage; les forêts des environs se détruisoient, & l'on prévoyoit qu'un jour il faudroit y transporter le bois des provinces éloignées; ce qui rendroit cette marchandise si utile & d'un usage si général, d'un prix exorbitant occasionné par le coût des charrois. Si l'on eût demandé alors à la plûpart de ceux qui sentent le moins aujourd'hui le mérite de l'invention du flottage des bois, comment on pourroit remédier au terrible inconvénient dont on étoit menacé, ils y auroient été, je crois, bien embarrassés; l'accroissement & l'entretien des forêts eussent été, selon toute apparencè, leur unique ressource. C'est en effet à ces moyens longs, coûteux & pénibles, que se réduîsit alors toute la prudence du gouvernement; & la ca<pb-> [p. 306]
Entre les marchands de bois flotté, les uns sont bourgeois, les autres forains; il y a beaucoup plus de bourgeois que de forains, qui fassent le commerce du bois, qui vient du pays d'amont; au contraire il y a beaucoup plus de forains que de bourgeois, qui fassent commerce du pays d'aval.
Tout ce qui concerne le bois de chauffage se réduit à sa façon, au tems de le tirer des ventes, à sa voiture & à son déchargeage, à la diligence de voiture, à son arrivée, à sa vente dans les chantiers, & aux officiers qui y veillent.
Façon. Il est enjoint de donner à tous les bois à brûler, trois piés & demi de longueur; au bois de moule, dix - huit pouces de tour; au bois de corde de quartier ou de traverse, autant. Si le bois de quartier, de traverse, ou fendu, a dix - huit pouces de tour, il se mesure au moule; s'il n'en a que dix sept, il va avec le bois de corde dans la membrure. Le bois taillis doit avoir six pouces de tour. Le bois d'Andelle a la même grosseur: mais il est plus court; il n'a que deux piés & demi ou environ.
Sortie des ventes. Les marchands sont tenus de faire couper & sortir les bois des ventes, dans les tems qui leur auront été fixés, eu égard aux lieux & à la qualité des arpens.
Voitures. Il est permis de voiturer depuis les forêts jusqu'aux rivieres, à travers toutes terres, en avertissant dix jours auparavant par des publications aux prônes; de jetter les bois dans les rivieres; de les pousser par les ruisseaux, étangs, fossés de châteaux, &c. sans qu'ils en puissent être empêchés par qui que ce soit.
Diligence. Il est défendu de séjourner en chemin sans nécessité, & de décharger ailleurs qu'à Paris.
Vente. Il est enjoint de les mettre en chantier, & ils ne peuvent être vendus ailleurs.
Officiers. La Ville commet des personnes à elle pour veiller à cette distribution. Toute la différence qu'il y a entre les bois de chauffage soit neuf, soit flotte, se tire de la taille, de la voiture, & de la mesure.
Relativement à la taille, il se distribue en gros bois & en menu bois; à la voiture; en bois neuf & en bois flotté; à la mesure, en bois de moule & de compte, & en bois de corde.
Tout le gros bois est compris sous le nom générique de bûches; chaque bûche, de quelque bois que ce soit, doit avoir, ainsi que nous l'avons déjà dit, trois piés & demi de long.
Les plus grosses bûches sont nommées bois de moule, ou de moulure, ou de compte; parce qu'elles se mesurent
dans le moule ou l'anneau. Voyez
Le bois de traverse suit immédiatement en grosseur le bois de compte ou de moule; il doit avoir dix - sept pouces de tour. Il y en a qui comprennent sous la même dénomination tout le bois blanc.
On appelle bois taillis, tout celui qui n'a que cinq à six pouces de tour.
Le bois de corde doit avoir au moins dix - sept pouces;
il est appellé bois de corde, parce que les Bucherons plantent à l> corde quatre pieux en quarré, dont
le côté a huit piés, & chaque pieu a quatre piés de
haut. C'est - là leur mesure ou corde qui contient, comme
on voit, quatre fois 64 ou 256 piés cubes de bois.
Cette méthode de mesurer le bois a duré jusqu'en
1641, qu'il fut ordonné de se servir d'une membrure
de charpente, qui retint le nom de corde. Voyez
Le menu bois est ou coteret, ou fagot, ou bourrée.
Il y a des coterets de bois taillis fendu, ou des coterets de bois rond.
Ceux - ci viennent par l'Yonne: mais ils doivent avoir les uns & les autres deux piés de long, sur dixsept à dix - huit pouces de tour.
Les fagots sont faits de branches d'arbres menues. Ils doivent avoir trois piés & demi de long, sur dixsept à dix - huit pouces de tour.
La bourrée, qui est une espece de fagot, est faite de brossailles d'épines & de ronces, &c.
Voici encore quelques dénominations qu'on donne au bois de chauffage.
Bois en chantier (Page 2:306)
Bois flotté (Page 2:306)
Bois perdu (Page 2:306)
Bois canards (Page 2:306)
Bois volans (Page 2:306)
Bois échappés (Page 2:306)
Bois neuf (Page 2:306)
Bois pelard (Page 2:306)
Bois de gravier (Page 2:306)
Bois d'Andelle (Page 2:306)
Bois tortillard (Page 2:306)
Bois boucan (Page 2:306)
Jene finirai point cet article du bois de chauffage, qui forme un objet presqu'aussi important, que celui de construction & de charpente, sans observer que nous sommes menacés d'une disette prochaine de l'un & l'autre; & que la cherté seule du premier peut avoir une influence considérable sur l'état entier du royaume. Le bois de chauffage ne peut devenir extrèmement rare & d'un grand prix, sans chasser de la capitale un grand nombre de ses habitans; or il est constant que la capitale d'un royaume ne peut être attaquée de cette maniere, sans que le reste du royaume s'en ressente. Je ne prévois qu'un remede à cet inconvénient, & ce remede est même de nature à prevenir le mal, si on l'employoit des à présent. Quand les forêts des environs de la ville furent épuisées, il se trouva un homme qui entreprit d'y amener à peu de frais les bois des forêts éloignées, & il réussit. Lorsque la négligence dans laquelle on persiste aura achevé de détruire les forêts éloignées, il est certain qu'on aura recours au charbon de terre; & il est heureusement démontré qu'on en trouve presque par - tout. Mais pourquoi n'en pas chercher & ouvrir des carrieres dès aujourd'hui? pourquoi ne pas interdire l'usage du bois à tous les états & à toutes les professions dans lesquels on peut aisément s'en passer? car il en faudra venir là tôt ou tard; & si l'on s'y prenoit plûtôt, on donneroit le tems à nos forêts de se restituer; & en prenant pour l'avenir d'autres précautions que celles qu'on a prises pour le passé, nos forêts mises une fois sur un bon pié, pourroient fournir à tous nos besoins, sans que nous eussions davantage à craindre qu'elles nous manquassent. Il me semble que les vues que je propose sont utiles: mais j'avoue qu'elles ont un grand défaut, celui de rega>der plûtôt l'intérêt de nos neveux que le nôtre; & nous vivons dans un siecle philosophique où l'on fait tout pour soi, & rien pour la posterité.
Bois (mouleur de (Page 2:307)
Bois (Marchand de (Page 2:307)
Bois de sciage. On entend par bois de se age, celui
qui est debité en soliveaux & coupé en planches
à l'usage de la menuiserie. On comprend sous ce nom
tout celui qui a moins de six pouces d'équarrissage,
beaucoup de bois tendres, sur - tout pour la boiserie,
le parquetage, les lambris, & plafonds. On fait façonner
le bois de sciage, ou par des scieurs de long,
ou dans des moulins à scie. Voyez
Le bois de sciage s'appelle:
Bois mi - plat (Page 2:307)
Bois ouvré (Page 2:307)
Il y a encore le bois d'ouvrage & celui de merrein.
Le bois d'ouvrage, est celui qu'on travaille dans les forêts, & dont on fait des sabots, des pelles, des seaux, des lattes, des cercles, des éclisses.
Le bois de chêne s'appelle bois de merrein, quand il
est débité en petits ais ou douves pour faire des tonneaux,
des cuves, des seaux, &c. Voyez
Il ne nous reste plus qu'à ajoûter à cet article quelques sortes de bois, parmi lesquelles il y en a qui ont peu de rapport avec les précédentes.
Bois fossile (Page 2:307)
Bois pétrifié (Page 2:307)
Bois d'aloès (Page 2:307)
On peut distinguer trois sortes d'agallochum: la premiere est celle que les Indiens appellent calambac, c'est la plus rare & la plus précieuse, elle vient de la Cochinchine. Le calambac est tendre: il y en a de plusieurs couleurs, par lesquelles on a voulu le distinguer, & plusieurs especes. Si on le met sur les chaibons ardens, il semble se fondre plûtôt que brûler, tant il est résineux; la fumée qu'il rend est fort épaisse & de bonne odeur.
La seconde passe communément sous le nom de bois d'aloès ou bois d'aigle; on la trouve comme la premiere dans la Cochinchine, mais il y en a aussi à Cambaye & à Sumatra: le bois d'aloès est plus commun dans ce pays - ci que le calambac, parce qu'il n'est pas si cher. Le bois d'aigle est compact & pesant; sa substance est percée de plusieurs cavités, elle semble être cariée; sa couleur est rousse, son goût est un peu acre & aromatique, il bouillonne sur les charbons ardens, sa fumée est d'une odeur fort agréable.
La troisieme espece d'agallochum est appellée calambour ou calambouc; il est d'une couleur verdâtre & quelquefois rousse; son odeur est agréable & pénétrante. On l'apporte des iles de Solor & de Temor en g. osses bùches; & on en fait des étuis, des boîtes, des chapelets, & plusieurs autres ouvrages.
On ne sait pas si ces trois especes d'agallochum viennent chacune d'un arbre particulier, ou s'il n'y a qu'une seule espece d'arbre pour les trois. Ce dernier sentiment a été soûtenu par plusieurs botanistes: ils ont assûré que l'arbre ressembloit à un olivier, & qu'il portoit de petits fruits rouges.
On dit que les Indiens laissent les troncs de ces arbres dans la boue pour faire pourrir l'écorce & l'aubier; il ne reste que le coeur, qui prend seulement une couleur brune, & qu'il conserve par la résine qu'il contient. On a prétendu que ce bois étant sur pié ou coupé récemment, rendoit un suc laiteux d'une mauvaise qualité: s'il en entroit dans les yeux, on en perdoit la vûe; s'il en tomboit sur la peau, il s'élevoit des boutons. On a vû que ce suc étant épaissi & desséché formoit la résine qui préserve de la pourriture les parties du bois auxquelles il s'attache. Celles qui en contiennent une grande quantité sont le vrai calambac: on dit qu'elles se trouvent ordinairement au pié du tronc. D'autres assurent qu'il faut que les arbres se dessechent & se pourrissent d'eux - mêmes sur les montagnes, pour former du calambac. Quoi qu'il en soit, il est certain que ce bois est fort rare, même chez les Indiens, puisqu'ils l'achetent souvent au poids de l'argent, & même de l'or. Ils l'estiment beaucoup à cause de la bonne odeur qu'il rend lorsqu'on le brûle; c'est un parfum délicieux qu'ils réservent pour les temples des dieux & pour les palais des rois. Si le bois d'aloès n'a pas une aussi bonne odeur que le calambac, on ne laisse pas que d'en faire grand cas dans ce pays - ci. [p. 308]
Il a une qualité chaude & dessiccative, il est cordial, il sortitie les nerfs & le cerveau, il ranime les esprits, il prévient les défaillances & les maladies de la matrice; on le fait entrer dans les cordiaux & dans la thériaque.
On l'employe dans les boutiques de Paris au lieu de l'aspalath.
Bois de Rhodes (Page 2:308)
Celui auquel on donne aujourd'hui ce nom est jaunâtre lorsqu'il est nouvellement coupé; sa couleur devient brune avec le tems Il est dur, compact, noüeux, & résineux; il a une odeur de rose, c'est pour cela qu'on l'a appellé bois de rose; & parce que l'arbre duquel on le tire croît dans l'ile de Rhodes & de Chypre, on a donné au bois les noms de bois de Rhodes & de bois de Chypre. On trouve aussi ce bois aux Canaries & à la Martinique.
Bois de Bresil (Page 2:308)
On le surnomme différemment suivant les divers lieux d'où il vient; ainsi il y a le bresil de Fernambouc, le bresil du Japon, le bresil de Lamon, le bresil de sainte Marthe, & enfin le bresillet ou bois de la Jamaique qu'on apporte des îles Antilles.
L'arbre de bresil croît ordinairement dans des lieux secs & arides, & au milieu des rochers. Il devient fort gros & fort grand, & pousse de longues branches, dont les rameaux sont chargés de quantité de petites feuilles à demi - rondes. Son tronc est rarement droit, mais tortu & raboteux, & plein de noeuds à peu près comme l'épine blanche. Ses fleurs, qui sont semblables au muguet & d'un très - beau rouge, exhalent une odeur agréable & très - amie du cerveau qu'elle fortifie. Quoique cet arbre soit très - gros, il est couvert d'un aubier si épais, que lorsque les Sauvages l'ont enlevé de dessus le vif du bois, si le tronc étoit de la grosseur d'un homme, à peine reste - t - il une bûche de bresil de la grosseur de la jambe.
Le bois de bresil est très - pesant, fort sec, & pétille beaucoup dans le feu, où il ne fait presque point de fumée à cause de sa grande sécheresse.
Toutes ces différentes sortes de bresil n'ont point de moelle, à la réserve de celui du Japon. Le plus estimé est le bresil de Fernambouc.
Pour bien choisir ce dernier, il faut qu'il soit en bûches lourdes, compact, bien sain, c'est - à - dire sans aubier & sans pourriture; qu'après avoir été éclaté, de pâle qu'il est il devienne rougeâtre, & qu'étant mâché il ait un goût sucré.
Le bois de bresil est propre pour les ouvrages de
tour, & prend bien le poli: cependant son principal
usage est pour la teinture, où il sert à teindre en
rouge, mais c'est une fausse couleur qui s'évapore
aisément, & qu'on ne peut employer sans l'alun &
le tartre. Voyez
Du bois de bresil de Fernambouc on tire une espece
de carmin par le moyen des acides: on en fait aussi
de la lacque liquide pour la mignature. V.
Bois de fustet (Page 2:308)
Bois lettré (Page 2:308)
Bois de sainte Lucie (Page 2:308)
Bois d'inde, Bois dela Jamaïque (Page 2:308)
On a remarqué que si l'on met de cette teinture dans deux bouteilles, & que l'on mêle dans l'une un peu de poudre d'alun, celle - ci deviendra d'un très beau rouge clair, qu'elle conservera, & l'autre deviendra jaunâtre en moins d'un jour, quoique les deux bouteilles soient fermées de même; & si on laisse à l'air quelque peu de cette décoction, elle deviendra noire comme de l'encre dans le même espace de tems.
Bois de fer (Page 2:308)
Bois néphrétique (Page 2:308)
L'arbre qui donne ce bois s'appelle arbor Americana Coatli. M. Tournefort en donne la description suivante. Il a la substance & la grandeur du poirier; les feuilles disposées alternativement sur les rameaux de l> forme de celles du pois chiche, mais plus épaisses, sans découpures, longues d'un demi - pouce, larges de quatre lignes, d'un verd brun, parsemées d'un duvet fort doux, reluisantes en dessous où ce duvet est argenté, avec une nervure assez grosse; la fleur attachée au bout des rameaux. Hernandès dit qu'elle est d'un jaune pâle, petite, longue, & disposée en épi, & que son calice est d'une piece, partagé en cinq quartiers, semblable à une corbeille, & couvert d'un duvet roux. Cet arbre croît dans la nouvelle Espagne.
On recommande l'usage de ce bois pour les maladies des reins & la difficulté d'uriner. On le coupe par petites lames, qu'on fait macérer dans de l'eau: cette eau acquiert au bout d'une demi - heure la couleur d'un bleu clair; on la boit; on en ajoûte de nouvelle, qu'on prend encore, & l'on continue jusqu'à ce que le bois ne colore plus.
Les uns prennent un verre de cette teinture tous les matins; d'autres la mêlent avec du vin: quelques-uns en ont été soulagés dans la gravelle, & autres maladies relatives aux reins & à la vessie.
Bois puant (Page 2:309)
Bois rouge (Page 2:309)
Différentes acceptions du terme bois dans les Arts méchaniques.
Bois de grille (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Les bois de raquettes sont faits de branches de bois de frêne fendues en deux.
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Il y a aussi des bois de fusils à deux coups, qui ne different de celui - ci que parce qu'il est plus large, & qu'il y a deux moulures pour y placer les deux canons, deux entailles pour y placer les deux platines, l'une à droite & l'une à gauche, & par - dessous une seule entaille pour placer la baguette.
Bois (Page 2:309)
Bois (Page 2:309)
Bois sacrés (Page 2:310)
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