ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"325"> de l'empire, qu'un bonnet rouge, dont les rebords, ou selon l'ancien terme, les rebras sont d'hermine. Voyez Couronne.

Dans l'université de Paris, la cérémonie de la prise du bonnet, soit de docteur, soit de maître - es - arts, apres les examens, theses ou autres exercices préliminaires, se fait ainsi: le chancelier de l'université donne la bénédiction apostolique, & impose son bonnet sur la tête du récipiendaire, qui reçoit l'un & l'autre à genoux. Voyez Docteur, Maistre - ès - Arts. (G)

Bonnet verd (Page 2:325)

Bonnet verd, (Jurisprud.) étoit une marque d'infamie à laquelle on assujettissoit ceux qui avoient fait cession en justice, de peur que le bénéfice de cession n'invitât les débiteurs de mauvaise foi à frauder leurs créanciers: on n'en exceptoit pas même ceux qui prouvoient qu'ils avoient été réduits à cette misérable ressource par des pertes réelles & des malheurs imprévûs; & si le cessionnaire étoit trouvé sans son bonnet verd, il pouvoit être constitué prisonnier: mais à présent on n'oblige plus les cessionnaires à porter le bonnet verd. Il ne nous en reste que l'expression, porter le bonnet - verd, qui signifie qu'un homme a fait banqueroute, & qui a passé en proverbe. (H)

Bonnet à Prêtre (Page 2:325)

Bonnet à Prêtre, (en terme de Fortification) est une tenaille double construite vis - à - vis un bastion ou une demi - lune, dont le front forme deux tenailles simples, c'est - à - dire un angle saillant & deux angles rentrans. Voyez Tenaille - double, & Angle mort . (Q)

Bonnet de prêtre (Page 2:325)

Bonnet de prêtre ou Bonnet à prêtre, evonymus, (Jardinage.) espece de citrouille, qui demande la même culture, & que l'on rame comme le susain, qu'on appelle aussi bonnet de prêtre, parce que son fruit en a la figure. Voyez Fusain. (K)

Evonmus vulgaris granis ubentibus C. B. P. 428. On n'en sauroit faire usage intérieurement sans danger; son fruit est d'une qualité nuisible. Théophraste assûre quelle fait du mal aux bestiaux; Matthiole & Ruelle confirment ce sentiment, & rapportent que les brebis & les chevres, quelqu'avides qu'elles soient des bourgeons des plantes, ne touchent jamais à celle - là. Trois ou quatre de ses baies purgent par haut & par bas. Les paysans se servent de la poudre du fruit pour tuer les poux, & lavent leurs cheveux avec la decoction de ses graines.

Ce fruit employé extérieurement est émollient & résolutif: il tue les vers, & guérit la teigne & la gratelle. Dale. (N)

Bonnet (Page 2:325)

Bonnet, s. m. dans les Arts, on donne en général ce nom à tout ce qui est destiné à couvrir la partie supérieure & sphérique d'une machine, d'un instrument, &c.

Cette métaphore est prise de la partie de notre habillement appellée bonnet.

Bonnet (Page 2:325)

Bonnet, en terme d'Orfevre en grosserie, se dit de la partie supérieure d'un encensoir, commençant au bouton, & finissant aux consoles où passent les chaînes: il forme un dome un peu écrasé.

Bonnet de turquie (Page 2:325)

Bonnet de turquie, c'est, parmi les Patissiers, un ouvrage en forme de bonnet ou turban à la Turque, fait d'une pâte à biscuit, ou autre.

Bonnets (Page 2:325)

Bonnets, en termes de Bottier, sont les genouillieres échancrées des bottes de Courier, ainsi nommées de leur forme qui approche beaucoup de celle d'un bonnet.

Bonneter (Page 2:325)

Bonneter, ou selon d'autres, coeffer un artifice; c'est en couvrir l'amorce d'un papier collé, pour que le feu ne puisse s'y insinuer que lorsqu'on le veut, en cassant ce papier qu'on appelle aussi bonnetage.

BONNETERIE (Page 2:325)

* BONNETERIE, s. f. manufacture de bonnets, de bas, de camisoles, de jupons, de chaussons, & autres ouvrages en laine pure ou en laine & soie, qu'on appelle castor & vigogne. Voyez Laine, Soie, Castor & Vigogne

Les Bonnetiers achetent la laine, & la donnent à des ouvriers qui la font passer par toutes les opérations qui la mettent en état d'être emplovée à leurs marchandises. Ces préparations sont à peu près les mêmes que pour la draperie. Voyez l'article Draperie.

Le dégrais, le battage & l'engrais, trois de ces préparations, dont il sera fait mention à l'article Draperie, se font chez le Bonnetier même. Il n'y a que la carde & le filage qui se fassent dehors.

La premiere attention du Bonnetier doit être de se mettre à couvert de la friponnerie du Cardeur & du Fileur; il peut être trompé sur le filage, en ce qu'il peut être plus ou moins fin; il peut être trompé sur la quantité de la laine qu'on lui rend filee, en ce qu'on en peut diminuer la quantité, en augmentant lo poids par une addition d'huile. Exemple: dans l'engrais de douze livres de laine qui se fait chez le Bonnetier, il entre trois livres d'huile; ce qui fait quinze livres de poids: mais la livre de laine peut aller jusqu'à quatre srancs, & la livre d'huile ne va qu'à douze sols; le Cardeur & le Fileur peuvent donc être tentés de substituer de l'huile à de la laine.

Le Bonnetier estimera la finesse du filage par une machine semblable à celle du Drapier. V. l'article Draperie. C'est une espece de devidoir qui indique le nombre de tours, & par conséquent la longueur du fil, qu'on peut toujours comparer avec le poids. Il est évident que la finesse du filage est en raison composée de la diecte du nombre des tours, & de l'inverse du poids, ou que le filage est d'autant plus fin, que le nombre des tours est grand, & le poids de l'échcveau petit.

Quant à la quantité de la laine; s'il veut s'assûrer de la fidélité de l'ouvrier, il a qu'à la peser en la recevant; & après l'avoir parfaitement dégraissée, le dégrais de quinze livres de laine aura d'abord emporté les trois livres d'huile qu'elles avoient reûes dans l'engrais, & le poids de laine restant devroit être de douze livres, s'il n'y avoit point eu de déchet dans la carde & le filage: mais il y a eu du décher; & ce déchet est estimé - à deux onces par livre de seize onces.

Le Bonnetier reçoit la laine file, & la distribue à des Faiseurs de bas au métier & à des Tricoteuses, pour être employée: ces gens lui endent la laine employée aux ouvrages dont nous avons parlé ci - dessus. Mais il ne faut pas croire qu'alors ces ouvrages puissent se vendre; ils ont à passer par un grand nombre d'opérations dont nous allons rendre compte, & qui sont proprement du ressort du manufacturier Bonnetier: aussi se font - elles ordinairement chez lui.

La premiere de ces opérations est la foule. La foule demande la construction d'une machine telle qu'on la voit Plan. du Bonnetier en face fig. 1. de côté fig. 3. Cette machine s'appelle une fouloire. La fouloire a été construite jusqu'à présent en bois de chêne: mais son peu de durée & de folidité a déterminé le sieur Pichard, marchand Bonnetier fabriquant rue Mouffetard, à la faire construire de pierre.

Au reste la forme de la fouloire en pierre est la même que de la fouloire en bois que nous allons décrire, parce qu'elle est bcaucoup plus ordinaire. abcd, fig. 1. est une planche de chêne échancrée. Les échancrures a e, e d, ont été pratiquées pour faciliter l'action des bras de l'ouvrier. La partie élevée e correspond au ventre de l'ouvrier. Le fond de la fouloire F, fig. 3. est fait d'une forte planche de chêne appuyée sur le bâtis de bois incliné h i k l. Entre les piés m n o p & sous ce bâtis, est placé un grand panier d'osier. Sur le fond F de la fouloire est fixée à clous une planche oblongue, sur un pié de hauteur & sur un peu plus de longueur; cette planche est percée de rangées de trous, au nombre environ de cent vingt. On prend des dents de boeuf qu'on entortille de filasse, & qu'on [p. 326] fait entrer dans ces trous. Cette planche F garnie de dents de boeuf, s'appelle le ratelier. On voit même planche du Bonnetier, fig. 7. le ratelier séparé: il seroit mieux que le ratelier, au lieu d'être fixé à clous sur le fond de la fouloire, y fût enchassé, de maniere qu'il n'y eût que les dents qui desafleurassent, & c'est ce que le sieur Pichard a fait observer dans les siennes. Des robinets g, g donnent à discrétion dans la fouloire, de l'eau chaude qui vient d'une chaudiere B, fig. 2. assise sur un fourneau C, au - dessous duquel on remarque un petit bûcher D, & au - dessus un réservoir A d'eau froide, qui fournit à la chaudiere B.

Pour fouler, on ouvre les robinets g, g, fig. 3. l'eau chaude tombe dans la fouloire; l'ouvrier a du savon dans un sac de toile; il prend ce sac, & le promene dans l'eau chaude. La précaution du sac est bonne; par ce moyen il ne passe dans l'eau que les particules plus fines du savon, le gros tacheroit l'ouvrage. Cette eau imprégnée de savon, s'appelle eau neuve. Quand l'eau neuve est prête, l'ouvrier prend sur la planche 1, 2, 3, 4, au lieu 1, une certaine quantité d'ouvrage qu'on appelle une poignée. Si ce sont des bas d'homme, il n'en faut qu'une paire pour faire une poignée. Cette poignée a déjà souffert plusieurs préparations dans la fouloire, avant que de passer dans l'eau neuve, ainsi qu'on le verra par la suite de l'opération que nous décrivons. L'ouvrier foule cette poignée: son travail consiste alors à tourner, retourner, & presser à plusieurs réprises sa poignée sur les dents du ratelier; observant de la faire toucher à chaque mouvement à l'eau qui s'éleve dans la fouloire jusqu'à la hauteur de deux rangées de de dents les plus voisines du fond. Il continue son opération pendant une bonne heure au moins, ayant soin de ne pas fouler à sec; car sa marchandise en deviendroit cassante. Cela fait, il tord bien son ouvrage pour en faire sortir l'eau, le plie & le met dans le panier qui est sous la fouloire.

Son ouvrage serré dans le panier, il ouvre les robinets g, g; il tombe de l'eau chaude dans la fouloire; cela s'appelle réchauffer. Cette eau réchauffée une premiere fois s'appelle eau d'imprime. L'eau d'imprime étant préparée, l'ouvrier prend une poignée d'ouvrage au lieu 2; il met cette poignée dans l'eau d'imprime, l'y agite, & commence à la fouler un peu. Cette manoeuvre dure un quart d'heure; au bout de ce tems, au lieu de jetter cette poignée dans le panier, comme la premiere, il la met sur la planche au lieu 1, après l'avoir tordue.

Cela fait, il réchauffe l'eau: cette eau réchauffée s'appelle eau de dégrais à fait: il prend une autre poignée au lieu 3; il a du savon noir dans un barril; il en frotte sa poignée à la quantité d'une demi - livre, ensuite il l'agite dans l'eau, & la presse fortement sur le ratelier pour en faire sortir la graisse. Cette manoeuvre dure un quart - d'heure: au bout de ce tems, il tord sa poignée & la met sur la planche au lieu 2.

Il réchauffe l'eau: cette eau réchauffée s'appelle eau grasse. Il prend une autre poignée au lieu 4; il la met dans l'eau grasse sans la frotter de savon, il se contente de l'agiter & de la presser fortement contre le ratelier. Cette manoeuvre dure encore un quartd'heure; au bout de ce tems il tord sa poignée & la met sur la planche au lieu 3.

Pour cette fois il ne réchauffe point, il prend seulement une nouvelle poignée au lieu 5; cette poignée est d'ouvrage tel qu'il sort des mains du fabriquant, & sans aucune préparation. Il jette sa poignée dans l'eau, l'y agite, & presse contre les dents. Cette manoeuvre dure un quart - d'heure; au bout de ce tems il la tord & la met sur la planche au lieu 4.

Cela fait, il vuide toute la fouloire par un bouchon qui est au fond, & la nettoye exactement. Quand la fouloire est bien nettoyée, il refait de l'eau neuve pour recommencer la suite d'opérations que nous venons de décrire, & dans lesquelles consiste la foule.

Doù l'on voit que nous avons supposé la fouloire en train: mais si elle n'y eût point été, on eût fait une eau neuve avec du savon noir, & on eût continué le travail dans l'oudre que nous avons prescrit: mais le commencement eùt été coûteux & n'eût pas donné un ouvrage si parfait. Le but de la foule est de dégraisser, & de rendre l'ouvrage plus sort & plus serré.

L'ouvrier est payé trois sous la poignée: mais tous les ouvrages ne sont pas également durs. Les bas d'homme, de Segovie, sont les plus durs; les bas de femme sont de deux paires à la poignée. L'ouvrage de foule le moins pénible, ce sont les calottes de castor, quoiqu'il y en ait huit à la poignée.

Si l'on veut avoir de bel & bon ouvrage, il ne faut le fouler ni aux piés ni au moulin; ces deux manieres rendent les bas durs & inégalement foulés.

La seconde opération est celle de la forme. Au sortir des mains du foulon, dans le même jour, il faut ensormer les marchandises: si on les laissoit sécher, on ne pourroit plus les enformer sans les moller, ce qui les gâteroit. La forme n'est autre chose qu'un morceau plat de bois de hétre, dont le contour est, à proprement parler, la ligne de profil de la piece à enformer. On la fait entrer dans les ouvrages soules, qu'on tend fortement sur elle, avec de petits clous qu'on plante, soit dans l'ouvrage, soit dans une lisiere ou allonge qu'on y attache: ordinairement on met des lisieres aux jupons. On laisse les marchandises en forme jusqu'à ce qu'elles soient seches, ce qui demande au - moins douze heures, sans feu ni soleil. Quand on est pressé, on porte les marchandises enformées dans une étuve ou cabinet échaussé par une poelle de seu: il ne saut aux marchandises qu'une heure d'êtuve pour les sécher: mais il vaut mieux les laisser sécher à l'air.

La troisieme opération consute à les racoutrer. Racoutrer, n'est autre chose que réparer les défauts que les marchandises rapportent, soit du métier à bas, soit de la foule. Cette réparation se fait à l'aiguille & avec la même matiere: il faut qu'elle soit la plus solide & la plus propre qu'il est possible.

La quatrieme opération est le draper. Pour draper, on a une broche double: cette broche double est une espece de fourche de fer, telle qu'on la voit fig. 5. On a monté sur chaque fourchon, un chardon de ceux qu'on appelle chardon à bonnetier ou drapier ou foulon; ces chardons peuvent se mouvoir ou tourner sur les deux fourchons, & y sont arrêtés par une planchette qui en est traversée, & une clavette qui les traverse. L'ouvrier prend la queue de cette broche ou fourche entre l'index & le doigt du milieu de sa droite; place son ouvrage sur son genou gauche, qu'un petit marche - pié tient élevé, & passe dessus, les deux chardons, jusqu'à ce qu'il s'apperçoive qu'il s'est formé assez de duvet. Les chardons en roulant sur la marchandise, se chargent de bourre. Quand ils en ont trop, on a une carde telle qu'on la voit fig. 6. sur laquelle on les roule, ce qui s'appelle debourrer.

La cinquieme opération est la tonte. Cette opération est très - délicate, & il faut une certaine habitude pour aller vîte & ne pas tondre on échelle ou inégalement: pour cet effet le tondeur se ceint d'une ceinture telle qu'on la voit fig. 8; elle a une boucle ordinaire à son extrémité, & elle traverse un morceau de bois fait en coeur, dont on auroit coupé la pointe, & au milieu duquel on auroit pratiqué une ouverture quarrée. Il arrête ce morceau de lois, qu'on appelle coussinet, sur son flanc droit. Il prend dans sa main gauche un rouleau ou morceau de bois rond, couvert de serge, qu'on voit fig. 10. Ce rouleau ou morceau de bois a un pié de long sur quatre pouçes de

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